Pour cette première session Eklabugs de l'année, nous avons choisi LE sujet épineux qui fâche et au cœur de tous les conflits et de toute la souffrance que nous rencontrons sur cette planète, aussi bien au niveau collectif qu'individuel et ce, quelle que soit notre position dans la pyramide sociale. Je veux parler de cette petite voix dans notre tête qui passe son temps à juger, critiquer aussi bien les autres que nous-mêmes. Cet éternel insatisfait qui ne profite jamais du présent et ne vit que dans le passé ou l'avenir.
Je inégaux
Toute la journée :
"I Me Mine", The Beatles (1970)
« Je moi mon, je moi mon, je moi mon ».
Et toute la nuit :
« Je moi mon, je moi mon, je moi mon ».
Ils ont vraiment peur de lâcher prise
Tous là à l'agiter en permanence
Comme des forcenés.
L'ego, tout le monde en parle mais toujours de celui des autres, jamais du sien. En fait, le terme a tellement été galvaudé qu'il en a perdu tout son sens. Normal, l'ego est la pierre angulaire de notre société et n'aime pas se sentir démasqué. Parce qu'une fois que l'on comprend qu'il n'est pas nous, on cesse de l'écouter et de s'identifier à lui et cet imposteur retourne à l'office, là où est sa place.
Mais qui est l'ego ? Ou plutôt qu'est-ce que l'ego ?
L'ego n'est pas ce que l'on est en réalité. C'est une image de soi, un masque social, un rôle que l'on joue et qui se nourrit de l'approbation. Il veut le contrôle et ne survit que par le pouvoir parce qu'il vit dans la peur.
Deepak Chopra
Du grec et du latin signifiant « moi » ou « je », l'ego est l'opinion que l'on a de soi-même, la partie du mental qui perçoit et s'adapte au monde réel.

Comme nous l'explique en détails Sandrine Muller Bohard dans une
vidéo
pour se libérer de la tyrannie du mental, il existe deux pensées en nous :
celle du mental et celle de l'âme.
La pensée du mental/ego est castratrice en ce qu'elle a toujours quelque chose à redire aux émanations de l'âme. En psychanalyse, on l'appelle la pensée analytique. Elle ne fait que comparer en référence à ce qu'elle connaît, notamment les expériences du passé, et elle est totalement dépourvue d'imagination (l'imagination transcendant les limites du connu et du possible du mental).
La seconde, dite « pensée extra-neuronale », se situe dans le deuxième cerveau, au niveau du ventre (sous le nombril) où naissent les émotions. C'est par ce chakra sacré, connu depuis 2500 ans sous le nom de hara, que rayonne notre force vitale. Appelé également « océan de l'énergie », il est considéré comme le centre de la vie instinctive et intuitive dont dépendent toutes nos fonctions physiologiques mais aussi psychologiques. C'est le siège de l'âme, la pensée qui nous nourrit et nous survit. D'où l'expression « penser avec ses tripes » où tripes se trouve être l'anagramme d'esprit.
Le con trôle et le juge ment
Et là où le bât blesse,
"Just", Radiohead (1995)
C'est que tu t'infliges ça tout seul.
C'est toi et personne d'autre
Qui te fais subir ça.
L'ego n'a qu'une envie : prendre le contrôle sur l'âme et sur le corps. Pourquoi ?
Parce que le Je de l'ego est une construction mentale — notre instinct de survie. Encore faudrait-il que nous soyons perpétuellement en danger. Alors il s'invente des menaces imaginaires aux seules fins de se rendre utile et de pouvoir ainsi exister.
Il faut bien comprendre que, contrairement à notre corps qui est recyclé pour nourrir la terre et à notre âme qui repart s'incarner ou ascensionne vers d'autres dimensions, il est le seul qui mourra après notre incarnation. Conscient de son éphémérité, à l'instar de Voldemort dans Harry Potter, cette idée lui est insupportable et il est prêt à tout pour tromper la mort.
C'est une illusion, bien sûr, car dans sa vaine et puérile tentative de tout contrôler y compris la mort, il ne fait que précipiter sa fin en gaspillant notre énergie vitale, abaissant notre vibration et endommageant ce corps physique sans lequel il ne peut être.
Contrairement à l'âme, notre Moi (ou Soi) véritable, qui n'a pas besoin de se prouver à elle-même ou à quiconque qu'elle existe puisqu'elle est et se contente d'être.
Ego à gogo
Je suis lui
"I Am The Walrus", The Beatles (1967)
Tout comme tu es lui
Et tu es moi
Et nous sommes tous ensemble.
L'ego est comme une gigantesque base de données alimentée par nos expériences personnelles, nos croyances, notre éducation/conditionnement et les expériences du collectif dans lequel nous baignons. Notre société, comme mentionné plus haut, repose entièrement sur l'ego à tous les niveaux. C'est l'ego qui fait que les uns se sentent menacés par les autres et choisissent l'attaque et la domination par peur de perdre leur utilité et par delà leur existence. C'est lui encore qui crée les égrégores qui se matérialisent dans le monde physique, conférant ainsi une assise à ses craintes tout en les renforçant.
L'ego est également constitué de nos blessures que l'on appelle à tort blessures d'âme. L'enfant intérieur, c'est lui. On le voit bien à cette manière puérile et capricieuse qu'il a de réagir quand il n'obtient pas ce qu'il veut ; à cette fuite permanente des responsabilités ; à cet illogisme et cette aburdité morbide qui, tel l'Ouranos ou le serpent qui se mord la queue, le conduisent irrémédiablement à sa perte. En anglais, mental signifie également « dérangé, fou, aliéné ».
L'ego dit : « Quand tout rentrera dans l'ordre, je serai en paix ».
Marianne Williamson
L'esprit dit : « Trouve ta paix et tout rentrera dans l'ordre ».

Le concept d'ego a malheureusement tellement été galvaudé qu'on le confond souvent avec l'amour de soi qui conduit justement à s'aligner à l'âme en reléguant l'ego à son rôle de chien de garde qui doit rester à la niche. Ou encore avec ses caractéristiques les plus yang comme l'orgueil, la vanité, la susceptibilité, la cupidité, l'agressivité ou la tyrannie.
Mais l'ego yin, c'est aussi le complexe d'infériorité, la
culpabilité, la victimisation, le vampirisme, le déni, l'autodestruction. Ou
pire encore, l'ego spirituel, considéré comme la forme la plus insidieuse et
la plus enfermante où ce dernier se défait de sa nature matérialiste pour
revêtir son habit à paillettes de lumière en se faisant passer pour l'âme.
Quel est donc le dénominateur commun à tous ces egos inégaux, de
l'égocentrique qui n'écoute jamais l'autre, du tyran qui veut tout contrôler,
du vaniteux qui se barricade dans sa tour d'ivoire, et de celui qui se hait ou
cherche à s'autodétruire par la mutilation ou le suicide ?
La peur.
La peur, toujours et encore, qui se décline sous diverses formes mais reste bien le nœud gordien de l'humanité toute entière.
La tempête des egos
Sept cent millions de Chinois
"Et moi et moi et moi", Jacques Dutronc (1966)
Et moi, et moi, et moi...
Avec ma vie, mon petit chez-moi,
Mon mal de tête, mon point au foie,
J'y pense et puis j'oublie.
C'est la vie, c'est la vie...
L'âme est hermétique à la peur parce qu'elle est dans l'amour. Deux fréquences
extrêmes qui s'opposent sur l'échelle vibratoire.
L'ego a beau être
puéril et dangereux au point de se transformer parfois en notre pire ennemi,
il n'est pas mauvais pour autant. Il est juste inconscient. Et totalement
dépourvu de bon sens. Ou de sens tout court. À nous de lui en trouver
un.
Plus il y a de savoir, moins il y a d'ego. Moins il y a de savoir, plus il y a d'ego.
Albert Einstein
Pourquoi ?
Parce qu'il est nécessaire à notre survie dans ce monde.
Comment ?
En s'observant pour déjouer ses pièges et désamorcer les tempêtes émotionnelles qu'il provoque en envoyant de l'amour là où ça fait mal (l'antidote) — ou de l'humour pour lui casser ses effets dramatiques et relever notre vibration.
En guérissant ses blessures comme nous l'avons vu dans d'autres articles.
En reprenant les commandes et en lui assignant un rôle bien défini où il n'aura plus à jouer les pilotes automatiques. Parce que, finalement, l'ego n'est rien d'autre qu'un sale gosse mal éduqué.
Mais, au fond de moi, quelque chose me dit que la mort supposée de l'ego ne
serait rien d'autre qu'un concept de plus du New Age, une création de la
Matrice destinée à nous égarer pour nous obliger à revivre nos incarnations en
boucle, l'ego devant être transcendé pour faire partie intégrante de l'âme et
lui permettre d'ascensionner vers d'autres états d'être (un bon argument pour
convaincre l'ego de se rallier au Soi).
Ainsi, lorsque chacun aura
ré-encodé son ego au diapason de son âme, la Matrice-prison dans laquelle nous
évoluons disparaîtra de notre réalité.
À moins de préférer pédaler en rond comme un hamster dans l'illusion d'avancer
sur une ligne imaginaire. Le choix vous appartient. Sauf si vous laissez votre
ego décider à votre place, auquel cas vous aurez au moins de bons mollets !
À
défaut de couscous, je vous invite maintenant à aller déguster quelques parts
de melon chez les autres participants dont vous trouverez la liste ci-dessous.
Projet EklaBugs #54
- Eyael_ : Le Je de l'ego ⇐ Vous êtes ici
- Pipiou : Miroir, mon beau miroir
- louna.déelle : The Crown 4
- Nyeh : Et ... GO !
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