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Des souris et du fromage

Le tic-tac des horloges, on dirait des souris qui grignotent le temps.

Alphonse Allais

Nous sommes juste après le douzième coup de minuit, quand le carrosse redevient citrouille et que les chevaux se transforment en souris, en profitant au passage pour faire des trous dans le gruyère avant de changer de conte et de crèmerie. Pas de quoi en faire un fromage. Ni même une omelette aux champignons magiques (tous les œufs ayant été réquisitionnés pour Pâques). Ce mois-ci, contrairement à son homologue, le trèfle à quatre feuilles, le quatre de trèfle n'est pas un gage de chance. Il nous met plutôt en garde contre les imprévus et nous prévient que toute forme d'excès peut d'avérer néfaste à notre développement personnel. D'ailleurs, dans le célèbre oracle Lenormand, les souris (qui rongent au propre comme au figuré) sont également de mauvaise augure, annonciatrices de soucis, de pertes, ou de vol. 

Souris, c'est pour la photo !

Que dire de ce charmant petit rongeur si ce n'est, qu'à son sujet, les légendes foisonnent et les mythes perdurent autant qu'ils ont la dent dure. 

Ainsi d'aucuns prétendent que Satan aurait créé la souris au moment de l'arche de Noé, tandis que d'autres affirment qu'elle serait un fléau tombé du ciel pendant une tempête. Dans la Torah, elle apparaît parmi les animaux impurs (Lévitique 11:29). Et dans l'Ancien Testament, elle est considérée comme le Mal, un signe de destruction et un mauvais présage.

Paradoxalement, en Europe, même à l'époque médiévale, la souris était pourtant également synonyme de contact avec le divin, où l'on croyait qu'elle transportait les âmes des défunts vers l'au-delà, se faisant la passerelle entre ciel et terre.

En Inde, la légende raconte que Ganesh, le dieu à tête d'éléphant, chevauchait une souris, sa monture symbolisant la connaissance et la ruse à surmonter les obstacles afin de pénétrer dans n'importe quel environnement.

Ailleurs, il est dit encore que la souris représenterait un certain contrôle sur l'ego.

Aussi populaire que le Père Noël chez les enfants francophones, qui n'a jamais entendu parler de la fameuse Petite Souris qui vient collecter les dents de lait sous l'oreiller en échange d'une pièce de monnaie ? Même si, dans le reste du monde, on l'appelle la Fée des dents. Le mythe tirerait son origine d'un conte du XVIIIe siècle, écrit par la baronne d'Aulnoy, dans lequel une fée se change en souris pour aider une reine à se défendre contre un méchant roi en se cachant sous son oreiller et lui faisant tomber toutes ses dents (source de pouvoir). Mais elle s'inspire également d'une croyance plus ancienne selon laquelle une dent mangée par un animal en prendrait les caractéristiques. Ainsi les parents donnaient parfois les dents de lait de leurs enfants à une souris afin que les nouvelles soient aussi dures et aiguisées que celles du petit rongeur.

Quid de l'idée reçue et totalement fausse selon laquelle le fromage serait sa nourriture favorite ? Les souris mangeant ce qui est à leur portée, il est fort probable que ce mythe remonte aux temps où, contrairement aux autres aliments qui étaient soit suspendus ou soigneusement enfermés dans des sacs hermétiques, le fromage était plus accessible car laissé à l'air libre pour s'affiner.

Entre la poire et le gruyère

Une fois que l'on a mangé le gruyère, que deviennent les trous ?

Jean-Loup Chiflet

Connaissez-vous le paradoxe du gruyère ou « paradoxe du fromage à trous » (bien plus juste car ce qu'on appelle communément gruyère en France est, en fait, de l'emmental, le gruyère originaire de Suisse n'ayant pas de trous) ? Il repose sur le syllogisme1 suivant : « Plus il y a de fromage, plus il y a de trous ; or plus il y a de trous, moins il y a de fromage ; donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage. » Une forme sournoise de polysémie qui amalgame deux notions antagonistes dans une même phrase pour aboutir à un non-sens.

« Un peuple qui a créé plus de 400 fromages ne saurait disparaître » disait Churchill à propos de la France. Comment se fait-il que le français soit si pauvre en idiomatismes fromagers alors que l'anglais en dispose d'un si vaste florilège ? 

Littéralement, pour les anglophones, le fromage c'est facile2, par contre, quand il est dur3, on ne peut rien y faire ; tout ce qui a la consistance du fromage4 est de mauvais goût mais quand c'est fromage5, c'est génial ; si lorsqu'on lâche un prout, on coupe le fromage6, pour sourire, il faut dire « fromage ! »7. Tout ce qui coûte bonbon en France, coûte cheddar8 au Royaume-Uni, où les gros bonnets deviennent de gros fromages9, les mous du bulbe des fromages mous10, et nos excuses pleines de trous se remplissent de frometon11. Il vaut mieux éviter les mangeurs de fromage12 qui trahissent leurs amis et il n'est pas bon d'écarter quelqu'un à coups de fromage13 car pour le coup, il risque d'en faire tout un fromage en France. On ne prend pas non plus la poudre d'escampette mais le fromage14.

Il n'y a pas à dire, nous et les Anglais, on est vraiment comme craie et fromage15. Mais quand on sait que l'origine du mot fromage, en français, vient du latin formaticus [caseus] qui signifie « [fromage] moulé dans une forme », on comprend pourquoi toutes les boules de fromage16 sont des crétins.

La souricière matricielle

Mais petite Souris, tu n'es pas seule,
À prouver que prévoyance peut être vaine :
Les plans les mieux élaborés des souris et des hommes
Tournent souvent mal,
Et ne nous laissent que chagrin et douleur,
En lieu et place de la joie promise !

"To a Mouse", Robert Burns (1785)

À l'image de la souris, l'humain sert de cobaye aux manipulations archontiques et doit sans cesse lutter pour des miettes, qu'il s'agisse de nourriture, de confort, de sécurité, de savoir, d'amour ou de reconnaissance sociale. Comme elle, il est traqué en permanence par toutes sortes de prédateurs visibles (majoritairement humains) et invisibles (les entités astrales), s'évertuant à actionner, jusqu'à épuisement, la roue de sa cage intangible qui lui donne l'impression d'avancer sans jamais se rendre compte qu'il tourne en rond.

L’homme, dans la matrice, fonctionne exactement comme une souris de laboratoire dressée pour réagir à des stimuli. Conditionné par la récompense (argent, statut, approbation sociale) et la punition (chômage, exclusion, oppression) selon s'il obéit au système ou tente de s'en libérer, il reste prisonnier d'un cycle sans fin en quête d'une carotte illusoire (succès, amour, abondance matérielle).

Les deux ont l'illusion du libre arbitre. Ils peuvent se déplacer librement mais leurs choix sont, pour l'un, limités à l'environnement qui lui a été imposé et pour l'autre, prédéterminés par les règles de la matrice. La roue est une métaphore parfaite du samsara matriciel, la réincarnation forcée qui garde l'homme prisonnier de cette réalité dans laquelle il accumule les expériences sans jamais en sortir, car il est coupé de son Esprit qui, autrement, lui permettrait de transcender ce cycle.

Le fromage, quant à lui, pourrait représenter l'intellect formaté et façonné par les archontes pour qui, le cerveau humain est comme une masse molle et malléable, que les anglophones assimilent, d'ailleurs, à du fromage (your brain is like cheese) ou à une pensée ayant la consistance du fromage (cheesy thinking) pour désigner un esprit influençable ou peu affûté. Le fromage est fermenté, transformé et enfermé dans un moule exactement comme le mental humain l'est par l'éducation, les médias et les dogmes. 

Peu importe qu'il s'agisse ou non de son aliment préféré, la souris est attirée par le fromage qu'on lui met sous le nez et dès l'instant où elle l'atteint, le piège se referme sur elle. Pour l'homme, ce sont les illusions (plaisirs, faux éveils, religion, pouvoir). Dans la matrice, tout ce qui semble être une porte de sortie est souvent un leurre. Les archontes jouent sur le désir humain d’élévation pour le garder captif d’un autre système de croyance.

J'espérais que nous ferions de réels progrès
Mais il semble que nous ayons perdu cette faculté.
Le moindre petit pas en avant
Est comme une goutte d'eau dans l'océan.
Nous faisons du sur place
Comme nous l'avons toujours fait et le ferons toujours.

"Running on the Spot", The Jam (1982)

En 1968, l'ethnologue américain John Calhoun a mené une célèbre expérience baptisée « Mouse Utopia » (l'utopie des souris) qui ferait une excellente métaphore de notre monde actuel. Des souris furent placées dans un environnement parfait (nourriture à volonté, aucun prédateur). Au début, elles se mirent à prospérer, mais au bout de plusieurs générations, elles devinrent agressives, apathiques et finirent par disparaître. La cause ? Une dégénérescence comportementale due à une absence de défi évolutif.

Dans la matrice, on observe un phénomène similaire avec une société de plus en plus aseptisée et contrôlée qui voit une stagnation de la conscience avec des individus abrutis de divertissements et de surconsommation. Il en résulte une perte de vitalité et d'instinct de survie (baisse du taux de natalité, augmentation des maladies mentales).

De trous de gruyère en trous de souris

Tous les trous d'un coup
Prennent vie, se libèrent
Hors de vue et oubliés,
Les solitaires et leurs proies

"Tinker Tailor Soldier Sailor", Radiohead (2016)

Dans l'Ancien Testament du Démiurge, la souris est considérée comme impure et associée à la peste et aux fléaux parce qu'elle symbolise ce qui ronge et érode les fondations de son monde. Elle échappe à son contrôle et vit dans l'ombre, hors des structures officielles, comme les hérétiques et les rebelles qui questionnent le système. Car l'éveil à l'Esprit est perçu comme un acte de rébellion contre le programme matriciel. 

La clé pour s'en libérer passe d'abord par la prise de conscience du piège qui consiste à identifier les conditionnements et illusions de la simulation archontique. Il s'agit également de se détourner des « morceaux de fromage » stratégiquement placés sur notre chemin, les faux éveils ou « bacs à sable » (spiritualité astrale, religions, matérialisme) qui nous en détournent, pour enfin briser la roue et ne plus être esclaves des cycles émotionnels et réincarnations forcées. Le but ultime étant de se libérer de l'astral et de fusionner avec sa conscience originelle.

Avis à toutes les souris écolos qui ne courent qu'au labo : ces messieurs tout là-haut, s'ils vous attrapent par la queue, feront de vous des escargots tout chauds.

Notes et références

  1. ^ Le syllogisme est un outil logique essentiel, façonnant les fondements de la pensée critique et du raisonnement déductif depuis Aristote. Cette structure argumentative repose sur deux prémisses menant à une conclusion inévitable, si les prémisses sont vraies. Souvent utilisé pour tester la validité des arguments, il s’articule autour d’une forme majeure, une forme mineure, et une conclusion. Examiner des exemples concrets de syllogismes aide à saisir leur puissance et leur potentiel piège, car une forme logique valide ne garantit pas la vérité des prémisses, et donc de la conclusion. La maîtrise du syllogisme est fondamentale pour affiner la pensée logique et argumentative. (Source)
  2. ^ As easy as cheese = c'est du gâteau.
  3. ^ Tough cheese = c'est pas de bol.
  4. ^ Cheesy.
  5. ^ That's cheese! = c'est génial !
  6. ^ To cut the cheese = péter.
  7. ^ Say "cheese"!
  8. ^ To cost cheddar.
  9. ^ The big cheese.
  10. ^ Cheeseheads.
  11. ^ Excuses full of cheese.
  12. ^ Cheese eaters.
  13. ^ To cheese somebody off = mettre quelqu'un en rogne.
  14. ^ Cheese it! = décampe !
  15. ^ To be like chalk and cheese = être très différents.
  16. ^ Cheeseballs.

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L'Odyssée des rails

Fêtes de fin d'année obligent, j'ai décidé de me faire plaisir et de vous gâter par la même occasion. Du coup, voici un nouveau podcast directement adapté d'un autre article écrit dans le cadre du projet Eklabugs sur le thème du voyage. Sauf que ce sera tout sauf un long fleuve tranquille. N'oubliez pas votre parachute, la compagnie n'en fournit pas (restrictions budgétaires) et le pilote n'a même pas le permis ! 

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Le jour où l'on mit les cons sur orbite

Après l'histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry revue par mes soins, voici un autre article écrit dans le cadre du projet Eklabugs, adapté en podcast cette fois-ci. Si le concept vous plaît, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaires.

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Mettre un terme à l'auto-envoûtement

En discutant avec une amie thérapeute qui m'expliquait à quel point le recours aux métaphores pouvait grandement aider les gens à comprendre certains principes autrement abscons pour eux, elle émit toutefois une réserve quant à l'emploi de ces figures de style pour exprimer des émotions. À mon grand étonnement, elle argua que le cerveau ne faisant pas la différence entre le propre et le figuré, ces tournures idiomatiques, que l'on aime tant à répéter pour exprimer des émotions passagères, pouvaient finir par se cristalliser dans la matière sous forme d'affections ou maladies psychosomatiques.

Combien de poignards métaphoriques, par exemple, a-t-elle ainsi dû retirer des corps subtils de personnes se sentant trahies qui s'étaient auto-envoûtées à force de répéter qu'elles s'étaient pris un couteau dans le dos. Mieux vaut donc exprimer clairement et proprement nos états d'être passagers — une émotion est toujours passagère, elle ne définit personne même si, malheureusement, beaucoup d'individus finissent par s'identifier à leur colère ou leur tristesse, rarement à leur joie — car le subconscient ne distingue pas le propre du figuré.

À ce propos, peu importe l'émotion qui vous traverse, ne dites jamais « je suis… » (définitif) mais « je me sens… » (passager). Imaginez que vous ayez passé la journée à déménager et que le soir, tous vos muscles et articulations se rappellent à votre bon souvenir et que la fatigue vous envahit. Ne dites jamais « je suis mort » ou « je suis crevé » ni même « je suis fourbu » mais plutôt « je me SENS fourbu » car votre cerveau ne retiendra que les mots-clefs à savoir « suis/mort/crevé/fourbu ». C'est là le principe même de la loi d'attraction et du pouvoir du verbe.

Bien sûr, une ou deux fois, ce n'est pas suffisant pour vraiment s'imprégner mais vous aurez certainement pu constater qu'à l'instar des tics de langage, les gens ont tendance à répéter sans cesse les mêmes expressions de manière quasi automatique et totalement inconsciente. Et si les autres le font, vous le faites aussi. On le fait tous.

Un exemple que j'entends souvent pour exprimer son plaisir après avoir dégusté un plat particulièrement délicieux : « C'est une vraie tuerie ! » Eh bien, imaginez que vous le répétiez suffisamment à chaque fois que vous mangez quelque chose de bon, il y a de grandes chances pour que ces gourmandises finissent par avoir un effet néfaste sur votre corps car vous pensez que ce sont des « tueries ». Surtout si vous avez déjà d'autres facteurs aggravants. Encore une fois, le subconscient ne sait pas distinguer la réalité d'une suggestion pas plus qu'il ne fait la différence entre les premier et second  degrés.

Ces métaphores qui font sale quand prises au propre

Voici, présentée de façon ludique, une petite compilation non-exhaustive d'expressions courantes pouvant s'avérer délétères si vous les employez trop souvent.

Le dos

Ludo en a plein le dos. Kévin s'échine et Blaise, ça lui pèse.

Au final, tous les trois souffrent de douleurs dorsales. Au sens métaphysique, le dos est la structure sur laquelle nous nous appuyons mais c'est aussi notre bouclier de protection. On fait le dos rond, on courbe l'échine, ou on tourne le dos pour se protéger d'une situation ou d'une personne. Ludo, Kévin et Blaise devraient plutôt se sentir dépassés, agressés, car « se sentir » n'est pas « être » mais juste exprimer une émotion pour lui permettre de sortir de l'ombre sans en faire un état permanent comme lorsqu'on en a plein le dos.

Les genoux

Jean-Loup est sur les genoux, Ursule sur les rotules.

À force de le répéter avec conviction, les pauvres ne peuvent plus marcher car ça bloque au niveau de l'articulation. Le genou est à la fois symbole de flexibilité et d'humilité. Il représente le rapport à l'autre (je/nous) et la souveraineté. Peut-être que Jean-Loup et Ursule ne savent pas dire non ou veulent tout contrôler tous seuls et se retrouvent confrontés dans leur orgueil.

Les pieds

Maïté me casse les pieds.

Du coup, j'ai peut-être des cors qui me font mal, un oignon ou des douleurs dans la voûte plantaire ou au talon. Le pied est avant tout notre point d'ancrage. On attend quelqu'un de pied ferme. Je devrais plutôt me sentir entravée par Maïté, ça m'éviterait le podologue.

Les fesses

Manu en a plein le cul.

Bien fait pour lui s'il a des hémorroïdes ! Le popotin étant la partie charnue sur laquelle on s'assoit et prend sa place, il représente le pouvoir. Les hémorroïdes traduiraient ainsi une faiblesse intérieure identitaire. Manu n'a qu'à être moins vulgaire et se sentir pas à sa place sur le trône !

Les organes génitaux

Jacquouille s'en bat les couilles. Marie-Claire s'en bat les ovaires.

S'il tenait vraiment à ses bijoux de famille, Jacquouille en prendrait davantage soin. À force, sa virilité ou son pouvoir de procréer vont en prendre un coup. Pareil pour Marie-Claire au féminin.

Les Anglais ont une expression quand ils se sentent énervés, excédés, contrariés qui est « pissed off », impossible à traduire littéralement mais qui implique le mot « pisse » qui, à force de réitérations, est susceptible d'induire cystites, infections urinaires voire incontinence d'origine psychosomatique.

L'estomac

Nicole en a ras-le-bol et Gustave, ça le gave.

Autant dire que l'estomac se met en grève parce qu'il n'arrive plus à assimiler les expériences ou les émotions du fait d'un trop plein. Et hop, ça remonte en reflux acides (le bol fait ici référence au bol alimentaire stomacal).

Pareil si René vous donne la nausée et si Vladimir est à vomir.

Par contre si André est ulcéré, c'est qu'il se sent rongé par quelque chose. Et qu'est-ce qui ronge ? Le cancer. Attention donc en exprimant l'inquiétude, le doute, la colère, les remords et même la curiosité. Ne prenez pas l'habitude de laisser ces émotions vous bouffer par le verbe. Sentez-vous plutôt inquiet, dubitatif, etc.

Les intestins

Aristide, ça lui fait mal au bide mais moi ça me gonfle.

Là c'est quand j'ai des difficultés à lâcher-prise d'une situation ou d'une personne. je ne peux pas contrôler et donc ça provoque des ballonnements.

Chloé, ça la fait chier et Deirdre, ça l'emmerde.

Les intestins sont le siège même des émotions (deuxième chakra). Le rejet, la non-acceptation, la peur nous emmerdent (désolée pour ce langage grossier mais ce sont des expressions très usitées) et donc syndrome du côlon irritable et diarrhées peuvent être un des effets psychosomatiques des gens qui ne devraient pas se laisser atteindre par le caca mais juste le ressentir et tirer la chasse.

La gorge

Georges, ça lui reste en travers de la gorge.

Il n'a pas su s'exprimer et à force de le répéter, il risque l'extinction de voix, la laryngite, l'angine ou autres problèmes affectant la gorge.

Les dents

Adam est sur les dents.

C'est son dentiste qui va être content. Les dents symbolisent le pouvoir de décision et le libre-arbitre d'où les expressions « avoir du mordant » et les « sans-dents ». Et quand on enrage trop souvent, la rage se propage aux dents.

Les glandes

Raoul a les boules. Audrey est nouée.

Deux angoissés qui risquent de se retrouver avec des problèmes glandulaires.

Les nerfs

Jennifer est sur les nerfs. Hervé est énervé.

Problèmes de communication. Beaucoup de douleurs en perspective. Sentez-vous, ne soyez pas.

Les oreilles

Mireille lui casse les oreilles. Avec Alexandre, elle ne peut s'entendre.

Les oreilles sont le siège de la réceptivité intérieure et extérieure.

Le cœur

Fleur, ça lui fend le cœur.

Quand notre centre émotionnel est atteint les conséquences peuvent être gravissimes car aucun problème cardiaque n'est bénin (sauf les myocardites de Pfizer). Et il y a tellement d'expressions métaphoriques qui malmènent le cœur que ce n'est vraiment pas anodin.

Les poumons

Yvonne s'époumone. Dorothée en a le souffle coupé.

Les poumons représentent la vie et quand une personne éprouve un profond mal de vivre, du désespoir, du découragement ou de la tristesse, les poumons sont souvent affectés.

Les allergies

Monique est allergique. Solange, ça la démange. Et Robert, ça lui donne de l'urticaire.

Réaction d'autodéfense du système immunitaire face à une agression. Quand on se sent agressé par la personnalité de quelqu'un, on emploie souvent ce type d'expression. Autant utiliser une paraphrase moins imagée que de s'infliger un tel sortilège.

La tête

Odette en a ras-la-casquette. Juliette lui prend la tête.

Migraines, céphalées, etc. La tête nous permet de garder le contrôle. Avoir toute sa tête, c'est être en possession de tous nos moyens, en contrôle. Quand on nous la prend, c'est qu'on ne l'a plus (lapalissade).

Abdoul, ça le saoule. Jérémie lui file le tournis.

Problèmes d'équilibre qui s'installent. Ce qui en dit long aussi sur les rapports énergétiques entre les personnes.

Si Céline hallucine trop souvent, elle risque peut-être des problèmes cognitifs.

Les surrénales

Agnès est HS. Louise, ça l'épuise.

À force, déplétion d'énergie, fatigue chronique invalidante. Surtout pour Agnès hors service. Usure prématurée.

La mort qui tue

Casimir s'ennuie à mourir. Eve a la crève. Lulu ça la tue. Mais Victor est mort.

Là, on risque d'aller direct au cimetière sans passer par la case maladie. Même quand on a une mort joyeuse par le rire ou que l'on aime à mourir.

Les chutes

Véro tombe de haut mais Mumu est sur le cul.

On se demande des fois pourquoi on a des accidents mais à force d'avoir ce genre d'incantation inconsciente…

Je terminerai avec les plus glauques tellement elles sont violentes :

  • Matthieu en mettrait sa main au feu et Xavier la donnerait à couper.
  • Ombe, les bras lui en tombent.
  • Arnaud a reçu un coup de poignard dans le dos.
  • José est damné. Et pour Albert, c'est l'enfer.

Loin de moi l'idée de vous glacer le sang et de vous pétrifier d'effroi mais quand même ! Prendre les mots à la légère, c'est un peu comme jongler avec des poignards les yeux bandés.

Transformer nos automatismes

Pour ma part, je me suis rendu compte que j'utilisais très souvent l'expression « ça me gave » pour tout ce qui m'est insupportable ou toutes les situations que je ne parviens pas à assimiler. Résultat, j'ai de sérieux problèmes d'estomac tant ce dernier est « gavé » des mauvais sorts que je lui jette sans m'en rendre compte. Il ne fait qu'obéir à mes injonctions ! Et je fais pourtant bien tout ce qu'il faut pour lui faciliter le travail de digestion. Mais le pouvoir du verbe est tout-puissant surtout lorsqu'on n'a pas conscience de ce qu'on se dit.

Je vais donc apprendre à m'écouter parler pour essayer de repérer mes expressions fétiches afin de leur trouver des substituts inoffensifs — ce qui va demander pas mal d'efforts mais si vous avez la chance d'avoir des personnes dans votre entourage volontaires pour vous corriger dès que vous prononcerez les mots fatidiques, cela pourra accélérer votre reconditionnement, sachant qu'il faut en général trois semaines pour établir de nouveaux circuits neuronaux. Et si jamais vous vous surprenez à replonger, il suffit de dire « Stop, j'annule » et de reformuler autrement.

J'espère que cet article vous aura été utile. N'hésitez pas à venir poser vos questions en commentaires ou à apporter votre témoignage.

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : Erik Mclean

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La langue secrète de l'esprit

La langue des oiseaux (langue des anges, langue secrète ou encore langue de l'esprit) est une langue fictive qui consiste, par des jeux de langages et de codes, à donner un sens autre à des mots ou à une phrase. Elle peut reposer sur des jeux de sonorités (homophonie), de mots (verlan, anagrammes, fragments de mots, etc.) ou sur la symbolique des lettres.

La langue des oiseaux n’est pas dépendante d’une langue précise ; en réalité chaque langue possède un système de codification analogue fondé sur le lexique, la syntaxe, la phonétique et la sémantique.

Son origine remonterait au Moyen-Âge où elle se retrouve dans le système de codage inventé par les poètes et troubadours afin de déjouer la censure ecclésiastique. Et chez les alchimistes.

Le tarot de Marseille posséderait également cette dimension cryptique (par exemple, la Tempérance ou « temps errance » ; la Maison-Dieu, « l'âme est son Dieu » ; le Bateleur, « le bas te leurre » ; l'Ermite, « l'air mythe »). Le rêve utiliserait aussi beaucoup la langue des oiseaux pour exprimer de manière parallèle une réalité psychique.

Dans la transcription d'un extrait d'interview ci-dessous, Lulumineuse explique notamment son problème pour orthographier correctement les mots du fait qu'elle les perçoit beaucoup au niveau de cette fameuse « langue des oiseaux ». Je trouve cela intéressant car de plus en plus, je note que même les personnes qui, d'ordinaire, ne font jamais de fautes, commettent de plus en plus d'« heurts au graphe » lorsqu'elles écrivent en ligne. Est-ce que nos écrans n'auraient pas pour effet de nous déconnecter de notre cerveau gauche (structure, règles, logique) au profit du droit (intuitif) plus proche du langage onirique (et réceptif aux messages subliminaux) ?

La magie, c'est quand l'âme agit et qu'ainsi le verrou est ouvert.

Ey@el

Transcription : La langue des oiseaux

Tu es bilingue en langue des oiseau. C'est une compétence assez rare sur linkedin ! Est-ce que tu peux nous parler un peu plus que cette langue ?

LULUMINEUSE : Oui, c'est rigolo ! Je ne sais pas qui a appelé ça comme ça, je n'en sais rien du tout. Tout ce que je sais, c'est que c'est venu du fait que quand vous apprenez à écrire et quand vous lisez finalement, vous ne lisez pas, vous reconnaissez les mots. Donc quand vous écrivez, ce sont des mots de l'image que vous écrivez, ce qui fait que vous avez pas de problème d'orthographe.

Moi, j'ai un gros problème d'orthographe parce que quand je lis, je lis vraiment. C'est-à-dire que je lis comme quand on apprend à lire. Si c'est écrit «  retiré », je vais lire « retiré ». Ce n'est pas le mot que je reconnais, je lis. Donc quand j'écris, je fais par le son. Quand il y a des mots compliqués, ça me prend la tête. Parce que si ça se prononce pas comme ça s'écrit, il va falloir vraiment que je galère. Et si je n'ai pas l'image du mot , et bien, je vais faire des fautes parce que je passe par le son des choses. Si je dis : « table » et ben moi quelqu'un va voir peut-être le mot table écrit. Moi, pas du tout. Et si j'ai pas l'image du mot eh bien, je vais faire des fautes parce que je passe par le son des choses.

Donc du coup, ça me parait naturel quand j'utilise des mots qu'ils aient un double sens et qu'en fait, ce n'est même pas un double sens. Il y a juste le sens commun et le sens profond. Ce n'est pas un hasard que les mots soient transformés et qu'on les utilise actuellement. Nous sommes pourvus d'une intelligence énorme. C'est cette même intelligence qui a créé la nature. Elle a créés nous. Elle s'exprime à travers nous exactement comme le fait que il y ait les rayons du soleil dans un fruit.

Cette intelligence s'exprime à travers nous. Donc nous n'avons pas tout inventé. Ce que nous inventons finalement, c'est une prolongation de cette intelligence. Aussi quand nous avons commencé à dire des mots, à développer des langues, c'est imprégné d'intelligence qui est invisible — cette espèce de petit matrice invisible. C'est de l''intuition, c'est exactement la même chose. Donc du coup, quand on va dire des mots, on aura cette invisibilité du mot qui est super importante.

Par exemple, récemment j'ai partagé que j'étais un peu surprise du fait qu'on puisse vénérer quelqu'un après une expérience que j'ai eue. Si on lit « vénéré » à l'envers ça fait « énervé ». Ce n'est pas pour rien. Vénéré c'est énervé. C'est exactement le même mot dans l'autre sens.

Langue des oiseaux je sais pas, je pourrais le voir n'importe où. Ça veut dire que quand je lis un truc, ça me saute aux yeux. Et ça me fait ça tout le temps.

Le titre de ta BD Allô moi-m'aime est « m'aime » au lieu de « même ».

LULUMINEUSE : Allô moi-m'aime, merveilleux...

Comment tu décortiques merveilleux?

LULUMINEUSE : Mer, c'est une mère. Veilleux, c'est la mère qui veille. « Bien », bi-un. Deux un. « Union », ça fait uni et on. Il y en a un très connu qui circule : « universel », uni vers elle.

En espagnol, moi, j'ai le mot « paella » qui quand on parle un petit peu vite veut dire pour elle. Donc tu peux cuisiner pour elle. Enfin, tu cuisines à travers la paella dans une poêle pour elle. Il y a plein de façons de détourner le truc mais justement je me suis souvent posé cette question. Typiquement ma mère a toujours dit « tu as un problème au genou, c'est un problème entre le je et le nous ». OK, certes, on l'a entendu des millions de fois sauf que moi, par exemple, j'avais mon grand père espagnol qui avait un problème au genou je lui ai dit : « Mais est ce que ça fonctionne pour lui parce qu'en espagnol on dit rodilla, on dit pas genou ». Donc du coup ce jeu de mots....

LULUMINEUSE : En fait, « genou » c'est je et nous mais c'est aussi je noue.

Ah oui, je fais des nœuds !

LULUMINEUSE : Et la langue des oiseaux, c'est dans toutes les langues.

Mais du coup les interprétations peuvent être un petit peu différentes en fonction des langues ?

LULUMINEUSE : En fait, ils n'ont pas les mêmes mots mais eux aussi dans leurs termes, ils peuvent retrouver le sens profond de chaque mot. C'est vraiment pareil mais ce n'est pas une histoire d'interprétation parce qu'une langue est une fréquence et finalement ils vont s'y retrouver. Quand tu vis et parles une autre langue et quand, en plus, c'est ta langue maternelle, tu es dans une autre fréquence et tu es dans une autre manière de penser. Alors ce que ça va émaner de cette langue-là, c'est vraiment bon pour toi parce que de toute façon il y a un inconscient collectif sur un langage.

Si on regarde vraiment la science des langues, parler de telle langue c'est penser d'une telle manière. Mais vraiment, là encore, il n'y a pas longtemps, lors d'un cours de portugais, j'ai appris que le mot « sorte » voulait dire chance. Je me suis dit : « Mais un truc de fou ! Ça veut dire que ce qu'on utilise pour « tirage au sort », c'est la même chose pour « sorte ».  Ça signifie que nous on va dire « tirer au sort » et ils vont dire « tirer au sort » mais ça veut aussi dire « chance », le même mot. C'est hallucinant ! Pour moi c'est vraiment un symbole de fou. Et l'opposé de « sorte », c'est « azar ». Mais mon dieu, ça veut dire « malchance ».  Hallucinant quand même, la hasard fait la malchance... Oui « azar » ça veut dire « malchance ». C'est fou quand même ! Je trouve que symboliquement, c'est incroyable. Pour eux, c'est inconscient parce qu'ils l'utilisent tous les jours mais ça veut juste dire tout : on a une fatalité dans le sort.

Il y a beaucoup de sens, comme ça. En italien, « tourner à gauche » par exemple se dit « sinistra ». Donc tu vas avoir un sinistre, c'est horrible !

LULUMINEUSE : Ça me fait penser au côté caché : la gauche, c'est le yin ; c'est le féminin sacré. Le coté caché — et je pense que c'est bien de l'obscurité — c'est très simple de retrouver ça.

La langue des oiseaux existe dans toutes les langues en fait, c'est ça ? Donc en chinois ça va être un peu plus compliqué de capter les subtilités...

LULUMINEUSE : C'est clair. On pourrait y arriver. En chinois, je suis sûre que quand c'est ta langue maternelle... parce que le chinois, c'est une tonalité. Il y a 300 sons différents et quand tu es a l'oral et que c'est ta fréquence, ça doit être bien plus riche que l'on croit. Je trouve ça fantastique, les fréquences de la langue.

Texte original de LULUMINEUSE transcrit par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Comment le langage nous limite et nous libère

Les limites de mon langage sont celles de mon univers.

Ludwig Wittgenstein

Les êtres humains perçoivent tout au sein de leurs réalités par le biais de leurs cinq sens élémentaires que sont le goût, le toucher, l'ouïe, la vue et l'odorat (nous limiterons cet article aux cinq sens alors qu'en réalité ils peuvent aller jusqu'à 20). En découvrant les sensations de la réalité qui nous entoure, nous créons une compréhension subjective de ce qu'est ladite réalité et de la manière dont elle semble construite. Si l'on en croit la perspective évolutive communément admise de la race humaine, le langage ne serait apparu que très récemment.

Il s'agit d'un aspect de l'expérience humaine qui est passablement nouveau et tellement complexe qu'il requiert l'intervention de plus d'un des cinq sens élémentaires. Prenez un livre, par exemple. Dedans, il y a des mots et ces mots font appel au sens de la vue afin de percevoir ce qu'évoquent les formes-pensées exprimées. Si quelqu'un vous lisait ce livre, le sens de l'ouïe serait nécessaire pour comprendre les schémas de pensée transmis par cette personne. Le lecteur (dans la plupart des cas) aurait également besoin d'avoir recours au sens du toucher afin de pouvoir tourner la page vers le prochain flux de mots formulant une autre forme-pensée ou pour continuer un précédent.

Cet exemple simple est choisi pour illustrer la complexité du processus du langage qui s'accompagne d'un formidable pouvoir. Ce pouvoir est si fort qu'il peut, en fait, influencer notre manière de penser. Dans son roman 1984, George Orwell donne un exemple de l'influence du langage sur la pensée avec le terme de double langage qui est un langage qui dissimule, dénature ou inverse délibérément le sens des mots… ce qui a pour effet de changer ce que nous pensons d'un sujet ou forme-pensée donnés. Le langage peut s'avérer un outil incroyable pour le changement aussi bien positif que négatif. On peut le voir servir à conquérir des nations entières et inspirer je ne sais combien de milliards de personnes. Selon le linguiste Benjamin Lee Whorf, « le langage lui-même façonne les notions fondamentales de l'homme ».

L'influence du langage sur notre manière de penser et de percevoir les aspects de la réalité est si grande qu'elle peut fondamentalement altérer notre perception de cette dimension que nous appelons le temps. Par exemple, la tribu Hopi en Amérique n'a pas de passé pour conjuguer les verbes ce qui pourrait modifier leur perception du temps au sens où ils ne seraient pas en mesure de penser si facilement au passé. Ils se focalisent sur le moment présent puisque c'est le seul qui n'existera jamais.

La perception modifiée du temps n'est pas la seule manière dont le langage influence notre mode de pensée. Notre identité proprement dite est également significativement altérée… surtout lorsque l'on est bilingue. Selon la langue utilisée, l'identité de la personne bilingue change. Les différences peuvent devenir si grandes que cela modifie sa personnalité. J'ai vu cela à l'œuvre sur moi puisque je suis bilingue et je note que lorsque je parle polonais ou pense dans cette langue, ma personnalité prend presque un semblant d' «alter ego ».

D'autres personnes bilingues rapportent la même expérience qui a été fermement démontrée par des études menées dans les années 90 et 2000 sur des immigrés asiatiques en Amérique du Nord. Lorsqu'elles se décrivaient en anglais, leurs auto-descriptions était généralement canadiennes (elles exprimaient principalement des auto-affirmations et humeurs positives). Lorsqu'elles réagissaient en chinois, elles étaient typiquement chinoises (elles étaient plus en accord avec les valeurs chinoises et comportaient une somme égale d'auto-affirmations et d'humeurs positives et négatives). Leur utilisation du langage façonnait littéralement ce qu'elles pensaient d'elles-mêmes.

En affirmant que la langage influence la manière dont nous pensons, il faudrait comprendre que cela ne signifie pas qu'il détermine absolument notre manière de penser en permanence. Certaines tribus en Papouasie-Nouvelle-Guinée, par exemple, n'utilisent pas le langage pour communiquer des formes-pensées et pourtant elles semblent percevoir les choses tout comme le font les autres. Le langage a toutefois bien une grande influence sur notre manière de pensée.

L'emploi de mots comme « Il », « l'Homme » et « Dieu », par exemple, transmettent une certaine perception de concepts supposés universels avec des termes qui ne le sont pas. L'utilisation générique de ces mots est dangereuse en ce sens qu'elle peut entraver la compréhension du concept en la limitant à une catégorie ou construction en particulier. C'est pourquoi d'autres mots (humanité, source, etc.) sont préférables pour ces termes mentionnés plus haut pour décrire ces formes-pensées de manière plus inclusives et universelle. Le fait-même qu'il n'existe aucun mot en anglais pour un être non genré (c'est impersonnel et ne peut donc s'appliquer) démontre qu'il peut y avoir une entrave ou une limite à la capacité d'un individu à percevoir quelque chose dans la réalité.

Le pouvoir du langage à influencer la pensée rend cruciale l'élaboration du vocabulaire dans l'éducation. Développer le langage revient à accroître l'aptitude à réfléchir. Nous pouvons le voir chez les enfants dont la pensée se développe de pair avec le langage. Introduire des mots nouveaux à notre vocabulaire (qu'il s'agisse de termes établis ou de néologismes que nous avons créés) contribue grandement à accroître notre « pouvoir des mots » pour enseigner de nouvelles idées et nouveaux modes de pensée. L'accroissement du pouvoir des mots s'étend à ceux qui sont privés du sens de l'ouïe grâce à l'invention moderne de la langue des signes. Depuis sa création, cette dernière a permis aux personnes sourdes de devenir pleinement alphabètes.

Que nous soyons sourds ou non, le langage transforme le vécu et nous lie aussi bien au passé qu'à l'avenir. Le langage éveille l'imagination. Le langage nous relie les uns aux autres. Prenez conscience de l'importance du langage dans notre perception de la réalité et de tous ses divers aspects. Vous n'avez rien à perdre et tout à gagner. Vous pouvez vous réaliser au-delà de vos limitations actuelles, s'il y a lieu, et élargir votre conscience au-delà des limites entravantes du lexique linguistique.

Texte original de PAUL LENDA traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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L'Art du Rat

En période de tourmente
En des moments comme celui-ci
De croyances contagieuses
Qui propagent la maladie
Ces pitoyables bêtises
Traversent désormais vos âmes
Pour ne jamais lâcher
Pour ne jamais lâcher
Les rats ! (Les rats, les rats, les rats)

"Rats", Ghost (2018)

Ah comme elle me manque cette période Eklabugs où l'on se retrouvait chaque fin de mois entre Eklablogueurs à partager nos articles autour d'un thème commun ! Malheureusement le raffiot fut victime de vents contraires ; la coque heurta un récif et prit l'eau. Dès lors où les rats commencèrent à quitter le navire, il ne servit bientôt plus à rien de continuer à s'échiner à écoper. Ah les rats !

Seul rescapé du Coule Raoul après que J.V. Alanage se soit noyé, le commandant Costaud, qui s'ennuyait comme un rat mort sur son rat d'eau, dériva longtemps sur les flots tantôt huileux tantôt houleux de l'océan cybernétique avant de venir s'échouer sur les rivages inhospitaliers de Wokelandie.

La Cité de l'Odieux Rat

Ça crie et ça pleure dans la cité HLM
C'est un piège à rats, Billy
Tu es déjà pris dedans
Mais tu peux t'en sortir si tu le veux
Ou si tu es prêt à le faire

"Rat Trap", The Boomtown Rats (1978)

Un vrai nid à rats1 peuplé de rats à capuche2, des rats plein la tête3, faits comme des rats – mais oublieux du fait — et courant comme tels dans un boyau d'égout4 à la foire d'empoigne5. À première vue, on pourrait croire qu'ils y sont comme rats en paille6 (à coke) ou dans un fromage7. Ah les rats !

Rat Lala (ou Rat Jean) le rat batteur – un rat beau certes, mais un rat vain tout de même — se trouve en fait gueux comme un rat8 à force de se prendre toujours des rats9 et de se faire payer en chats et en rats10 par des rats goûtants (ou dégoûtants). Bref, des rats gueux ou dégueu.

Quand toutefois, ce rat joue. Au sein de groupes de rats pelés, de rats laids et de rats bottés dans des bouges miteux qui empestent l'alcool, la drogue, le sexe et le rat mort. Dans des clubs mal famés comme le Rat colleur ou le Rat trappeur. Telle est la galère dans laquelle le rat fut et le rat meurt désormais.

L'Haut Rat et le Rat du bol

Ce rat doté d'un talent certain pour l'auto-sabordage (le rat scie la branche sur laquelle il s'est rassis) n'est pourtant pas un rat porteur. Ni un rat visseur. Juste un rat tisseur d'emmerdes.

Heureusement, à bon chat bon rat11, ce rat compte sur personne. Ce rat vit au lit et la nuit il (le rat) longe les murs la peur au ventre. Ce rat lit pour se convaincre du réchauffement climatique car souvent, il (le rat, toujours) caille.

Il ne tient qu'à lui de devenir un rat mûr. Un rat commode. Pas un rage mage, un rat juste. Il ne s'agit toutefois pas que le rat baisse sa garde. Simplement qu'il cesse de jouer les rats menés chaque fois qu'il flaire un rat12. N'oublions pas qu'un rat visé en vaut deux.

C'est triste à dire mais personne n'aime les rats
Tout le monde adore haïr les petits rongeurs.
Aaahh ! C'est triste à dire mais personne n'aime les rats.
Sale rat !

No-One Loves A Rat", Starshine Singers (2010)

Un tiens vaut mieux que deux tue l'Haut Rat

J'espère que cette petite histoire de rats sans queue ni tête (idéologie woke oblige) vous aura amusés autant que bibi et que votre tête ne vous aura pas trop fait de misères. Sinon, faites comme les petits rats lorsqu'ils sortent de l'opéra de Paris et allez vous ressourcer au parc Montsouris.

Merci de ne pas être des rats et de me laisser un commentaire ou, à défaut, un bout de gruyère pour la petite souris.

P. S. : Un grand merci à mon équipe de choc (qui se reconnaîtra) pour l'inspiration !

Notes et références

  1. ^ Un nid à rats est une pièce ou un logement étroit, obscur (et sale).
  2. ^ Hood rat = en argot américain des ghettos, quelqu'un qui couche avec tout le monde dans le quartier.
  3. ^ Avoir des rats = avoir des caprices, des bizarreries, des fantaisies.
  4. ^ Like a rat up a drainpipe = rapide comme un vautour sur une carcasse.
  5. ^ Rat race = compétition féroce pour le succès, la richesse ou le pouvoir sans jamais s'amuser.
  6. ^ Être comme rat en paille = fort à son aise.
  7. ^ Être comme un rat dans un fromage = trouver tout en abondance sans qu'il en coûte rien.
  8. ^ Être gueux comme un rat = pauvre.
  9. ^ Se prendre un rat = manquer son coup.
  10. ^ Payer en chats et en rats = payer avec des choses de peu de valeur.
  11. ^ À bon chat bon rat = bien attaqué, bien défendu.
  12. ^ To smell a rat = soupçonner quelque  chose.

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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