Le pouvoir en soi

Pour cette quarante-cinquième session Eklabugs, nous allons aborder (succintement) la plus grande problématique de l'humanité, source de toutes les luttes depuis la nuit des temps : le pouvoir.

Dans les entrailles du pouvoir

Trois choses font un bon maître : savoir, pouvoir et vouloir.

Proverbe allemand

Le terme pouvoir du latin posse est dérivé du verbe composé potis sum (« je suis maître de »). Le même maître étant issu du latin magister ( « celui qui commande ou dirige, maître qui enseigne »).

Le verbe pouvoir est également employé en tant qu’auxiliaire modal (du latin modus, « mode, manière ») permettant d'exprimer une modalité, à savoir présenter un fait comme possible, impossible, nécessaire, permis, obligatoire, souhaitable, vraisemblable.

Toutes les définitions du pouvoir ramènent donc à une notion de possibilité. Possibilité dépendant d'une capacité intrinsèque ou d'une limitation extérieure (obstacle, entrave) ou intérieure (peur, fausse croyance). Il faut donc réunir un ensemble de conditions pour l'obtenir : « À l'échelle individuelle, avoir le pouvoir signifierait avoir la possibilité de faire. Le tout dans les limites imposées par la réalité ». (Source)

Fait intéressant, le verbe pouvoir ne se conjugue pas à l'impératif. Le pouvoir ne s'ordonne ni ne se conseille.

Autre particularité de conjugaison du verbe pouvoir : à la première personne, on peut dire « je peux » ou « je puis », le premier étant sémantiquement plus autoritaire que le second. Par contre, en inversion pour formuler une demande, on ne peut dire que « puis-je ». Intéressant, n'est-il pas ?

Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait.

Mark Twain

À noter que nos amis belges utilisent souvent le verbe savoir au lieu de pouvoir, un belgicisme qui en dit long sur l'implication de la connaissance dans la capacité et la possibilité. 

Dans le même ordre d'idée, nombre de personnes enlisées dans les limitations de leur système de croyances personnelles ou collectives substituent souvent pouvoir à vouloir, exprimant ainsi inconsciemment leur volonté de ne pas faire quelque chose — une certaine forme de renoncement à leur pouvoir et sans doute à l'origine du fameux adage « Vouloir, c'est pouvoir ».

La main sur vous

Corruption — vous êtes corrompus
Et vous corrompez tout ce que vous touchez.
Emprise — vous contemplerez
Et serez coupables de tout ce que vous aurez fait.
Sort — vous avez jeté un sort
Et ensorcelé le pays que vous dirigez.
Risque — vous êtes prêts à tout risquer
Et mettre leurs existences et leurs âmes en péril.

"Take A Bow", Muse (2006)

Par métonymie, les dirigeants d'un pays sont désignés comme les « pouvoirs en place », les élites comme les « tout-puissants », ceux qui disposent des « pleins pouvoirs ». On dit également qu'ils sont « investis de pouvoir » et de ceux à qui ils délèguent une partie de cette autorité, qu'ils sont « fondés de pouvoir ». 

Rien à voir donc avec quoi que ce soit d'inné ou d'acquis (comme de facultés extraordinaires ou paranormales) mais bien l'expression d'une volonté égotique de domination.

Le sociologue allemand Max Weber définit ainsi le pouvoir comme la capacité d'imposer sa volonté aux autres, malgré l'absence de consentement ou en cas de résistance plus ou moins manifeste de ceux qui subissent cette autorité : « Le pouvoir désigne la possibilité, dans une relation sociale, de mettre en œuvre sa volonté en dépit de la résistance qu'elle peut rencontrer, et ceci indépendamment de la base sur laquelle repose cette possibilité ». (Source)

Un « ordre établi des choses » qui perdure depuis si longtemps qu'il semble à la fois inéluctable et immuable. Pourtant il ne s'agit que d'une illusion. Alors comment l'humanité en est-elle arrivée là ? Comment une si infime minorité parvient-elle à avoir la mainmise sur les milliards que nous sommes ? Et pourquoi ?

Sauve qui peut

Qui a peur d'une chose lui donne pouvoir sur lui-même.

Proverbe marocain

Comme nous l'avons évoqué lors de la session précédente où il était question de lumière, l'univers est un vaste champ d'énergie dont nous sommes tous issus et avec lequel nous ne faisons qu'un. Même si nous sommes en apparence tous séparés et bien distincts, nous sommes tous les expressions multiples d'une seule et unique source de vie dont nous sommes en majorité déconnectés. Nous cherchons donc à survivre en volant cette énergie vitale aux autres selon quatre grands mécanismes récurrents (intimidation, interrogation, culpabilisation, indifférence) qui illustrent les luttes de pouvoir à tous les niveaux sur cette planète.

Le texte parlait de la quatrième révélation ; il affirmait qu'un jour les hommes comprendraient que le monde comporte une seule énergie dynamique, qui peut nous tenir en vie et répondre à nos attentes. Mais nous comprendrions aussi que nous avons été coupés de cette source d'énergie et que c'est la raison de notre inconfort, de notre faiblesse, de nos angoisses. Devant ce manque, les hommes ont toujours tenté d'augmenter leur énergie personnelle de la seule manière qu'ils connaissent : en essayant de la voler aux autres avec des armes psychologiques. Cette concurrence inconsciente explique tous les conflits entre les hommes dans le monde.

La Prophétie des Andes, James Redfield

Plus les individus manquent d'énergie, plus ils se sentent démunis, perdus, impuissants. Plus ils sont déconnectés de la source, plus ils ressentent la séparation, le manque d'amour et donc le besoin d'être reconnus, acceptés. Parce que c'est par le biais de leurs rapports à autrui qu'ils peuvent obtenir cette énergie et cette connexion qui leur fait tant défaut et donne un sens à leur vie.

Les plus déconnectés sont ceux qui cherchent le plus à nous dominer et à nous asservir depuis toujours en nous maintenant dans l'ignorance de ce que nous sommes réellement, dans un état de peur et de division permanent afin de se nourrir de notre énergie vitale comme on élève du bétail pour les mêmes raisons.

La peur, c'est elle qui fait tourner
Les moulins de l'homme moderne.
La peur qui nous maintient dans les rangs.
La peur de tous ces étrangers,
La peur de tous leurs crimes.
Est-ce là la vie que nous voulons vraiment ?
Ce doit être le cas en effet
Puisque nous sommes une démocratie
Et que tous nos désirs sont des ordres.

"Is This The life We Really Want?", Roger Waters (2017)

Leur unique pouvoir réside donc sur la peur qui elle-même est le résultat d'une illusion, d'un mensonge rendu possible par cette déconnexion à la Source.

Ils peuvent toujours courir

Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement.

Eleanor Roosevelt

Pourtant, tout aussi implacable et immuable qu'il puisse paraître, le pouvoir des « tout-puissants » de ce monde repose sur du vent car il dépend uniquement de notre volonté, de notre consentement (conscient ou non) à leur abandonner le nôtre.

Leur peur est plus grande que la nôtre. Ils vivent dans la crainte permanente que nous nous réveillions un jour, que nous nous reconnections à la source et que nous réalisions ainsi que notre pouvoir est immense.

Ils sont terrorisés à l'idée que nous nous rendions compte que l'énergie vitale est illimitée, qu'il suffit de la puiser à la source et non de la voler. Parce que ce serait alors la fin de leur règne et parce que leurs âmes sont tellement morcelées qu'ils sont dans l'incapacité de recouvrer ce vrai pouvoir qu'ils détenaient aussi à l'origine.

Jadis vous déteniez tous les secrets du monde à votre disposition,
Désormais vous n'êtes plus que des grains de sable parmi les autres.
Autrefois vous étiez les premiers, vénérés jusqu'au dernier,
Aujourd'hui on ne parle que de votre disgrâce.

"How The Mighty Fall", The Alarm (1989)

Une sorte de magie

Cette rage qui perdure depuis des millénaires
N'aura bientôt plus lieu d'être.
Cette flamme qui m'anime,
J'entends ses harmonies secrètes
Comme une sorte de magie.

"A Kind Of Magic", Queen (1986)

Lors d'un récent webinaire, Kari Samuels nous rappelait que dans l'univers toutes les énergies similaires s'attirent selon une loi spirituelle connue sous le nom de loi d'attraction. C'est pourquoi ceux qui se nourrissent de nos énergies (qu'il s'agisse des élites, de nos patrons, de nos supérieurs hiérarchiques, de nos parents, conjoints, proches ou autres) ont impérativement besoin de les abaisser à leur niveau.

Kari nous expliquait également qu'au-dessus de la loi d'attraction souvent utilisée contre-productivement en raison des peurs que nous refoulons dans notre subconscient et qui de fait dominent notre vibration à notre insu (loi d'intention paradoxale), il existe une autre loi encore plus puissante appelée loi d'entraînement qui est activée lorsque deux fréquences ou plus avec des cycles différents se mettent à se synchroniser entre elles. Ainsi lorsque deux entités vibrent, celle qui aura la fréquence la plus forte (et non forcément la plus élevée) obligera les autres à se caler sur la sienne.

C'est ce qui se produit à tous les niveaux dans nos interactions sociales lorsque nous nous sentons vidés par notre environnement malgré tous nos efforts pour tenter de maintenir notre joie de vivre (d'où l'expression « rabat-joie »). De fait, nous avons tendance à fuir ces personnes et situations, ce qui, à tour, nous oblige à mettre nos énergies en veilleuse dans le but de nous protéger et finit par affaiblir notre champ énergétique en nous rendant encore plus vulnérables aux influences extérieures et attirer davantage de ce que nous essayons d'éviter.

La solution est donc de devenir l'énergie la plus puissante. En développant une énergie positivement radieuse et forte, les autres calqueront leur vibration sur la nôtre et nous serons en mesure de changer le monde sans effort.

Si le principe est simple à comprendre, la mise en pratique demande beaucoup d'honnêteté vis à vis de soi-même, de patience et de volonté.

Le bonheur absolu

Tout en toi est ce que j'aimerais être,
Ta liberté semble innée.
Tout en toi respire le bonheur
Et désormais je n'en attendrai pas moins.
Confère-moi toute la paix
Et la joie de ton esprit.

"Bliss", Muse (2001)

Un truc que j'ai redécouvert par hasard et réellement mis à profit jusqu'ici avec succès est le rire.

Chaque fois que je ressens une émotion négative ou limitante m'envahir qu'il s'agisse de colère, de frustration, de tristesse, de désespoir, de découragement, d'impuissance ou même de peur, je n'essaie plus de la refouler. Je l'accueille comme une amie. Je la nomme, je la regarde, je la remercie de son message et je me force à rire à gorge déployée (attention il ne s'agit nullement de ricaner mais de rire de bon cœur). Au début, c'est un peu difficile : il faut se forcer et éviter de se juger, l'entourage s'en chargera (mais rien qu'à l'idée, ça m'aide encore plus à rire). Le rire étant un réflexe naturel, il finit par couler de source. Comme tout réflexe, il faudra donc le cultiver pour qu'il devienne un automatisme (21 jours sont généralement nécessaires pour ancrer une habitude).

R-I-D-I-K-U-L-U-S !

Un réflexe sain qui augmente instantanément les vibrations et prend tout l'espace dans votre champ énergétique. Vous verrez que les esprits chagrins qui généralement réussissent toujours à vous faire craquer en vous mettant en rogne ou vous sapant le moral, se casseront les dents sans trouver de parade à part la fuite. S'ils rient avec vous alors vous aurez réussi à augmenter leur vibration. Ils se forceront sans doute dans le but de vous énerver en vous imitant mais ce faisant ils se prendront au jeu parce que le rire est plus puissant que la peur ou la colère et les dissout.

Pour moi, le bonheur absolu ne réside pas dans l'ignorance contrairement à l'adage mais dans la sérénité intérieure. Le pouvoir ultime est dans l'immuabilité de l'esprit qui se laisse traverser par les émotions et les expériences sans jamais s'y attacher et poursuit sa route immaculé. La permanence dans le changement.

Je ne sais pas ce qu'en penseront les autres participants dont je vous invite à lire les articles qui figurent dans la liste ci-dessous, mais pour moi c'est à la fois une évidence et mon but ultime dans la vie.

Projet EklaBugs #45

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Atlantico

Comme promis dans mon billet précédent, voici le récit du rêve étrange et marquant que j'ai fait récemment accompagné d'une tentative d'illustration et d'interprétation. La raison pour laquelle je vous en fait part est parce bien que forcément très personnel à la base, il s'inscrit néanmoins dans l'actualité des mouvements planétaires — notamment le fameux bras de fer entre Jupiter-Neptune ou les dieux du ciel (Zeus) et de la mer (Poséidon) s'affrontent au summum de leur puissance puisque chacun transitant le signe dont il a la maîtrise astrologique, à savoir le Sagittaire et les Poissons. Mais plus encore dans l'élévation de la fréquence vibratoire de Gaïa, à savoir le passage à la 5D qui pour les esprits trop enlisés dans la densité matérielle de la 3D sera toujours sujet à rire et moqueries voire à agression parce que « ce que mon mental est incapable de concevoir ne peut être acceptable donc vrai ». Bref, tout cela pour dire que si vous êtes pris dans la tourmente de confusion actuelle et avez perdu vos repères, ce message qui s'adressait à moi personnellement, vous concerne peut-être aussi. À vous de voir et à incuber le vôtre en demandant à votre subconscient de vous éclairer le soir avant de vous endormir.

Mon rêve

Je ne me souviens malheureusement pas du rêve dans son intégralité, uniquement du final digne d'un scénario catastrophe hollywoodien. Le contexte est un voyage en métro où je dois retrouver une personne dont je ne me souviens plus qui elle est mais que je ressens comme une autre part de moi-même. Je loupe la correspondance en oubliant de descendre et m'en rends compte trop tard. La prochaine station se nomme Atlantico Nord mais le trajet est long. Très long. Bien plus long qu'un trajet entre deux stations de métro ou de RER. En fait le train sort de terre pour emprunter une voie aérienne et longer, sur la droite, une gigantesque falaise de granit noir, tellement abrupte qu'on a l'impression d'être à la verticale. Le ciel est chargé de gros nuages, noirs également, si sombres qu'on dirait qu'il fait nuit noire. En regardant par les fenêtres, on peut voir, sur la gauche, une mer houleuse aux flots opaques écumants venant asperger les vitres. Ayant depuis toujours une phobie de l'eau, je me sens prise de panique et ma peur d'être submergée se matérialise aussitôt sous forme d'une gigantesque vague se dressant au-dessus du toit transparent du wagon pour s'y plaquer tel un monstre marin tentant de l’entraîner vers les bas fonds. Mais le train poursuit sa route sans vaciller. À l'intérieur, les autres passagers, habitués du trajet, me rassurent que c'est toujours comme ça et qu'il n'y a rien à craindre car le wagon est équipé pour. Effectivement, passée cette forte zone de turbulence, le ciel s'éclaircit, le soleil apparaît et le paysage accidenté laisse place à une vision harmonieuse de courbes et de verdure où scintille au loin une mer turquoise sans le moindre remou. Bienvenue à Atlantico Sud !

Les archétypes et leur signification

Cette fois, le message était suffisamment clair pour que je puisse me passer des éclairages de livres sur les rêves. Néanmoins, pour rappel, voici quelques-uns des archétypes présents en sachant que certains mots employés dans mon récit (comme le monstre marin) ne sont que des retranscriptions conscientes du souvenir de mon ressenti et également que dès que l'on se souvient de quelque chose, on a tendance à le modifier par le simple fait de le ramener à la conscience. De fait, je ne suis plus très sûre de la transparence du toit du wagon, par exemple, ni trop de la luminosité très sombre ou bien nuit noire. Il s'agit probablement d'un transfert de ressenti vers une interprétation visuelle. D'où l'importance de noter ses rêves au réveil car plus on attend, plus les détails se modifient.

D'après les quelques ressources sérieuses que j'ai pu consulter, l'eau représenterait notre énergie émotionnelle et son état en lien avec notre état émotionnel.

Selon Tristan Frédéric Moir, la mer « est cette partie cachée de nous, qui échappe à notre contrôle, mais qui constitue la partie la plus importante de notre personnalité ». Ce type de rêve comme le mien dans lequel la mer est « déchaînée, agitée par d'énormes vagues qui emportent et submergent tout sur leur passage » serait assez fréquent. Il explique que « souvent, une personne, face à une situation critique, est obligée de créer inconsciemment des remous, des vagues pour éprouver son entourage, voir ce qui subsistera après une telle tempête ».

Ainsi une vague symbolise « cette montée irrésistible des profondeurs de l'inconscient qui échappe à notre contrôle. Elle est souvent nécessaire et salvatrice pour celui qui la génère. Elle procède d'une pulsion vitale qui, malheureusement, peut faire des dégâts autour d'elle ». Ce qui, heureusement, n'est pas le cas dans mon rêve puisque ni moi ni les passagers ou même le train sont affectés.

La noir prédominant « représente les énergies stagnantes, les forces qui nous entraînent vers le bas. C'est la couleur de l'indifférencié, ce qui n'est pas encore reconnu et qui échappe à la conscience ». Il peut s'agir également de « parts inconscientes ou inconnues de nous-même que nous avons rejetées par peur ».

Les nuages « obscurcissent le ciel » et « nous coupent de cette lumière ». Les nuages noirs sont souvent signe « de faible énergie, de dépression » et annonciateurs de « déluge émotionnel ». Personnellement, j'y vois la fameuse nuit noire de l'âme qui se produit immanquablement avec l'éveil spirituel et que je traverse depuis un certain temps par « vagues » ou « poussées ».

La falaise indique « une étape de la vie qui appelle un changement radical ». Il est clair qu'elle est l'obstacle à franchir à travers les émotions et la confusion pour accéder à la lumière. Elle symbolise aussi un certain ancrage de par sa solidité et sa résistance qui permet au train de s'appuyer dessus et de poursuivre sa route sans se faire emporter par les flots.

À noter que la mer (émotions) est à gauche et la falaise (ancrage) est à droite, soit inversés par rapport aux hémisphères cérébraux qui devraient leur correspondre, le gauche étant celui de la logique et du rationnel et le droit celui de l'intuition et de la créativité. J'y vois une corrélation évidente avec cette société hyper-matérialiste qui nous dit et nous impose même quoi penser et croire à tel point que notre mental est submergé et incapable de discernement devant tout ce déferlement de non-sens qui revendique pourtant avec virulence son appartenance à la logique tout en se justifiant par son incohérence et ses pulsions de peur. L'ancrage qui nous permettra de traverser cela et d'aller vers la lumière se trouve dans notre part intuitive et spirituelle reliée à la terre et au ciel (la falaise enfoncée profond sous l'eau et si haute qu'elle touche le ciel). La falaise pourrait même être perçue comme une tour en extrapolant un peu.

Le train est un symbole très présent dans les rêves. « Il représente une action en cours, un nouveau départ ou une continuité sur le chemin de notre vie ». Ici il s'agit d'un métro (ou RER) qui englobe la notion de souterrain puisque c'est justement de là où il part. Il s'agit d'un « monde inconscient déjà reconnu, avec des repères, balisé et éclairé par la présence de l'homme [...] Ce monde souterrain n'est pas obscur et la pensée humaine a appris à se déplacer à l'intérieur ». Sauf que je rate la station où je devais changer de ligne et je me retrouve entraînée dans les hauteurs mais dans un endroit totalement inconnu.

Dans les rêves, l'axe nord-sud indiquerait la verticalité. Selon la tradition astrologique, le nord représenté par le nadir ou imum coeli (fond de ciel) se trouve donc sous l'horizon (minuit). Il est associé au signe du Cancer régi par la lune (émotions) et la maison IV qui représente les racines, les fondements, la tradition, le passé, l'enfance, la mère, la gestation, l'intériorité. Et le sud, le zénith ou medium coeli (milieu du ciel) se positionne bien évidemment à l'opposé soit au-dessus de l'horizon (midi) là où se trouve la lumière. Associé au signe du Capricorne (animal mythique mi-chèvre mi-dauphin capable aussi bien d'escalader les montagnes que de se propulser hors de l'eau) régi par Saturne (le temps, la sagesse, l'endurance) et la maison X qui représente l'incarnation, l'ambition, le rayonnement, la culmination, la maturité, le père, l'extroversion. Dans la culture amérindienne, l'animal totem du nord est la tortue et celui du sud, le papillon. Ce qui est un peu l'idée de ce rêve qui passe de la lourdeur et la noirceur d'Atlantico Nord à la légèreté et la clarté d'Atlantico Sud au terminus.

Alors Atlantico quésaco ? D'après le résultat de mes recherches, c'est le nom d'un site d'information néo-conservateur dont le slogan est « un vent nouveau sur l'info » ou encore un département de la Colombie situé en bordure de la mer des Caraïbes. Pour ma part, je pense qu'il ne faut retenir que la sonorité et la racine du nom. Atlantique issu du titan Atlas qui soutenait la voûte céleste, le o étant la phonétique de « haut ».

Voilà, je vous laisse tirer les conclusions que vous voudrez quant au sens général de ce rêve qui, je le rappelle tout de même, s'adressait d'abord à moi. J'espère que la démarche d'analyse (un peu superficielle car j'ai dû mettre de côté les éléments trop personnels de ma vie) vous aura été utile sur la manière de procéder.

Sources

  • The Dream Book: Symbols For Self-Understanding, Betty Bethards, Element Books Inc., 1995
  • Images et symboles du rêve, Tristan Frédéric Moir, Editions Fernand Lanore, 1997

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L'ancien doit céder la place au nouveau

Dans mon article précédent, j'évoquais pêle-mêle mes ressentis quant à l'incendie de Notre-Dame qui me semblait s'inscrire dans quelque chose de bien plus grand que l'on ne peut imaginer et en particulier le rapprochement que je ne pouvais m'empêcher de faire avec le seizième arcane du tarot, à savoir la Maison-Dieu qui représente une tour frappée par la foudre. Depuis la rédaction de ce billet, je n'ai fait que « tomber » sur des vidéos et articles venant confirmer mes ressentis, notamment de la configuration astrologique actuelle très karmique du stellium formé par Saturne (la responsabilité), Pluton (la transformation), Éris (la controverse) et le Nœud sud (ce dont il faut se détacher) en Capricorne (le pouvoir, le zénith) en rapport avec le transit d'Uranus (la foudre) en Taureau (les valeurs, le patrimoine). Je voulais donc partager ce bout d'article avec vous parce que c'est exactement la sensation que j'éprouve actuellement d'être entre deux mondes et de ne plus trop savoir où je me situe puisque mes anciens repères (et souvenirs) s'effacent de plus en plus. Je ne me reconnais en rien. Et vous ? De plus, ce qui est expliqué par le biais du symbole chandrique fait étonnament écho au message d'un rêve récent dont je compte vous parler prochainement dans le cadre de ma rubrique onirique.

À voir en complément, une nouvelle vidéo d'Antoine de Nouvelle Terre qui rejoint à peu près ce qui a été dit mais plus encore et qui vous explique notamment en long et en large l'importance des méridiens :

Notre-Dame de Paris, hypocrisie émotionnelle, temporisation de l'ombre

Ey@el

Du temps de la 3D, après des événements d'une aussi grande ampleur que ceux entourant la pleine lune de la semaine passée, on aurait pu s'attendre à ce que les choses s'apaisent et retournent à la « normale ». Il va falloir s'habituer car il n'y aura désormais plus d'interlude entre entre les chocs de l'existence — c'est la nouvelle norme. Les trois énormes passages de vitesse transpersonnels actionnés par Chiron sur la ligne d'horizon événementielle en Bélier, Uranus en Taureau et le stellium Saturne/Pluton/Éris sont déjà en train de faire apparaître un décor totalement dépaysant aussi bien dans notre réalité intérieure qu'extérieure. Le début d'une restructuration à la fois de la géométrie planétaire — glissement des plaques tectoniques et des pôles magnétiques au beau milieu du changement climatique — et des systèmes internationaux — sociaux, politiques, économiques et écologiques.

Cette semaine, le Soleil entre en conjonction avec Uranus l'Éveilleur pour la première fois depuis mars dernier où ce fauteur de trouble est entré en Taureau pour un transit dans ce signe se reproduisant tous les 84 ans — c'est là que vous allez commencer à ressentir les premières secousses électriques sismiques à la fois du système planétaire et de votre propre système. Un orage de foudre et de tonnerre qui, sept ans durant, dispensera son éveil perturbateur, ses révélations et son illumination transformatrice en brisant en éclats toutes formes de pensée désuètes. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Voyez cela comme une tempête solaire géomagnétique qui foutrait en l'air tout votre système éthérique, physique et nerveux — une métaphore parfaitement adaptée à cette immense marche d'escalier évolutionnaire que nous nous apprêtons à gravir. N'espérez pas un ralentissement de cette vitesse infernale de sitôt — c'est à ce moment que vous sentirez le passage de la fusée propulsée hors du passé effacé vers l'avenir de la Grande Transformation.

C'est à Pluton l'Éliminateur, stationnaire toute la semaine et à son impact maximal avant d'entamer demain (le 24 avril) une rétrogradation de cinq mois, que revient la suppression des anciennes lignes temporelles et l'orientation vers un avenir radicalement différent. Mercure et Vénus sont tous deux conjoints à Chiron sur la ligne d'horizon événementielle en Bélier — un point hypersensible sur l'axe mondial où la politique devient personnelle et vice versa.

Attendez-vous à davantage de révélations concernant la corruption et les jeux de pouvoir en coulisse. Pluton rétrograde dévoile la vérité et l'expose au grand jour.

Symbole chandrique de la conjonction Soleil/Uranus à 3 degrés en Taureau

Un somnambule

Tout ce que nous avons à faire est de n'opposer aucune résistance au milieu des tensions. Nous ne faisons que traverser un ancien monde en longeant ses frontières. L'autre monde dans lequel nous nous retrouvons est tellement interne, magique et profond. Un univers de ravissement intérieur d'appartenir à des lieux oubliés et cachés. Cependant, nous ne sommes pas en mesure d'y rester non plus parce que nous nous sommes engagés à parcourir les limites pour en révéler les possibilités luminales. Notre esprit est en ébullition. Nous dansons entre les mondes. Nous chantons. Nous devenons magiques à tel point que l'ancien monde acquiert une dimension supplémentaire d'étrangeté. Lorsque vous êtes suffisamment loin à l'intérieur, tout est à l'intérieur, tous les mondes sont réels.

Laissez la vie prendre le dessus.

Texte original de LORNA BEVAN traduit de l'anglais par EY@EL
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Autres sons de cloche

Depuis lundi soir, les médias du monde entier ne parlent plus que de ça : l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. Pile-poil quand Jupiter devait enfumer les Français en direct. Et tandis qu'au même moment, à des milliers de kilomètres, al-Aqsa, la plus grande mosquée de Jérusalem, troisième lieu saint de l'Islam, prenait également feu (source). Que de coïncidences purement fortuites !

Les veines du Dragon

Deux magnifiques édifices religieux hautement symboliques, bâtis sur deux des vortex énergétiques les plus puissants de la planète : l’Île de la Cité et le Mont du Temple. Objets de convoitise des forces de l'ombre car qui domine les énergies, domine le monde.

Parmi les quelques connaissances avancées que nous avons hérité des Templiers, il y a la science de l'énergie tellurique, ce réseau de lignes entrecroisées possédant une force magnétique, et qui sont connues sous le nom de laies, veines du dragon ou méridiens. Les principaux sites sacrés sont construits sur les croisements de ces laies, générant d'énormes vortex énergétiques. Si vous exécutez un rituel de magie noire et un sacrifice humain en ces endroits, la forte énergie négative produite est véhiculée sur ces lignes de force émanant du vortex, et elle est aspirée à travers tout le réseau. Ceci affecte la qualité des vibrations terrestres qui constituent le champ d'énergie magnétique dans lequel nous vivons tous. Si ce champ énergétique contient beaucoup de peur, les gens ressentiront encore plus cette émotion. La « peur » est un petit mot de quatre lettres qui contrôle le monde entier.

L'arme la plus puissante de la Fraternité depuis sa création est de manipuler par la peur.

Il n'y a rien de tel pour limiter la capacité d'un humain à exprimer sa véritable essence. On comprend alors pourquoi autant d'églises chrétiennes ont été construites sur d'anciens sites païens et la raison pour laquelle de nombreux rituels sataniques se déroulent dans des églises lorsque la nuit est tombée. Ce sont les Templiers, détenant toutes ces connaissances ésotériques, qui ont financé la construction des cathédrales gothiques européennes de l'an 1130 à 1250. [...]

La cathédrale Notre-Dame [de Paris] (Notre Dame : Isis/Sémiramis/Ninkharsag) a été construite sur un site consacré à la déesse Diane, et Chartres a été située sur un ancien site sacré qui attirait autrefois les druides de toute l'Europe. [...]

Les cathédrales de Chartres et de Notre-Dame de Paris ont été des lieux de culte pour la Vierge Noire, une autre obsession des Templiers. Le culte de la Vierge Noire n'était pas relié à Marie, la mère de Jésus, quoique c'est l'impression qu'on voulait donner aux gens. [...]

La Vierge Noire symbolise l'usage négatif de l'énergie féminine « lunaire », tandis que le Soleil Noir représente l'usage négatif de l'énergie masculine solaire, en plus d'être un nom occulte pour le Soleil galactique autour duquel tourne notre système solaire. [...]

L'usage très répandu du dôme ou de la « matrice-utérus » par la Fraternité y fait également référence.

Le système de croyances du Nouvel-âge est fréquemment tombé dans le piège qui fait croire que l'énergie féminine est bienfaisante et que l'énergie masculine est négative parce que les gens croient que le monde est dominé par les mâles. En fait, la planète est dominée par les extrêmes des énergies masculine et féminine. Je ne parle pas ici des corps masculins ou féminins, mais bien de l'énergie que l'homme et la femme ont le potentiel d'exprimer. Lorsqu'un homme réprime son énergie opposée, l'énergie féminine, il devient un phallocrate, un macho, et il pense que le seul moyen d'être un « vrai mec » c'est en étant dominant et agressif. Cette énergie masculine excessive est reflétée par les soldats armés qui manifestent ouvertement l'agression et le pouvoir. Donc nous pensons que le monde est dominé par les mâles parce que nous observons les manifestations extrêmes de l'énergie masculine au journal télévisé tous les soirs. C'est évident, on ne peut le nier. L'énergie féminine extrême est toutefois derrière les situations de manipulation, préparant en coulisse les événements et les conflits que l'énergie masculine peut extérioriser en public. En d'autres mots, on ne peut pas la voir. C'est l'énergie que les agents de la Fraternité utilisent et ils la représentent avec des noms comme Sémiramis, Isis et tout le reste. Ils savent également que l'énergie féminine est une force créatrice qui propulse l'énergie masculine. L'énergie féminine, comme toutes les énergies, est neutre. Nous pouvons créer quelque chose de bienveillant ou de malveillant, mais pour les accomplir, on doit employer l'énergie féminine créatrice. Voilà pourquoi la Fraternité utilise ce constant symbolisme féminin sous toutes ses formes. Ce qu'ils essaient de supprimer, c'est l'expression positive et équilibrée de l'énergie féminine, et non l'énergie féminine elle-même.

David Icke, Le Plus Grand Secret (1999)

La mal-édiction de Notre-Dame

Ceux d'entre vous qui suivent la Pensine assidûment depuis plusieurs années se souviendront peut-être de mon exercice de style d'il y a trois ans où je m'étais servie d'une photo de nuit ratée de Notre-Dame pour laisser libre cours à mon imagination. L'une des compositions (voir ci-contre) montrait Esmeralda devant la cathédrale en flammes d'où s'échappait un dragon. Je vous jure que je n'ai fait que me laisser piloter par mon inspiration (y compris pour le titre) en expérimentant avec les filtres et juxtaposant des éléments qui allaient bien ensemble sans chercher à véhiculer un message quelconque. Imaginez donc le choc a posteriori en découvrant les images de l'incendie. Le plus curieux c'est que j'avais remis ça avec le graphisme en chapô d'article, il y a tout juste six mois, à l'occasion des 50 ans de Thom Yorke. Une forme d'humour noir qui s'est avérée pas drôle du tout.

Visiblement je ne suis pas la seule à avoir capté ce feu dans le champ morphique (ou champ de conscience unitaire).

Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure. À mesure qu’ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s’élargissaient en gerbes, comme l’eau qui jaillit des mille trous de l’arrosoir. Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel. [...]

Deux jets de plomb fondu tombaient du haut de l’édifice au plus épais de la cohue. Cette mer d’hommes venait de s’affaisser sous le métal bouillant qui avait fait, aux deux points où il tombait, deux trous noirs et fumants dans la foule, comme ferait de l’eau chaude dans la neige. On y voyait remuer des mourants à demi calcinés et mugissant de douleur. Autour de ces deux jets principaux, il y avait des gouttes de cette pluie horrible qui s’éparpillaient sur les assaillants et entraient dans les crânes comme des vrilles de flamme. C’était un feu pesant qui criblait ces misérables de mille grêlons.

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

À noter que dans le célèbre roman de Victor Hugo, l'incendie est en fait une diversion de Quasimodo pour distraire les « méchants » (sans commentaire).

La Maison Dieu

Autre « détail » m'ayant frappée : selon la numérologue Natalie Pescetti, le mois d'avril 2019 serait un mois universel 16 (2+0+1+9+4), correspondant au seizième arcane du Tarot de Marseille, à savoir la Maison-Dieu. Pour moi, cela évoque surtout l'image d'une tour enflammée frappée par la foudre comme illustré dans le Tarot de Thelema (voir ci-contre) qui m'inspire beaucoup plus que la version traditionnelle.

Je ne sais pas pourquoi, cela me fait également penser à ce chapitre de Harry Potter et le Prince de sang-mêlé intitulé "La tour frappée par la foudre" dans lequel les Mangemorts parviennent à s'introduire à l'intérieur de Poudlard et font apparaître la Marque des Ténèbres dans le ciel au-dessus de la plus haute tour du château après avoir assassiné Dumbledore (notez que je ne fais qu'exprimer des ressentis, rien de plus).

La Maison Dieu a pour fonction de faire chanceler l’ordre des choses (ordre qui n’est en vérité qu’un désordre orchestré. Les boules blanches, rouges et bleues marquent les retombées de ce désordre sur tous les plans : spirituel, intellectuel et physique.), elle se dresse donc contre ce qui l’a érigée : la volonté de puissance. La tour occupe un espace important et nous place devant la notion de verticalité, d’ascension, d’élévation mais dans quel but ? Là est la question essentielle. L’idée de destitution y est manifeste. Après avoir assis son pouvoir, son règne animé par un désir de domination, d’avidité, les puissances supérieures viennent frapper, débouter celui ou celle qui, par orgueil, veut dominer à la fois l’en-haut et l’en bas. En effet, la tour fait symboliquement office de tunnel par lequel circulent les énergies. Elle capte les courants d’énergie pour s’en rendre maîtresse. (Source)

Tant de choses ont été dites sur cet incendie que la confusion est à son summum — ce qui à mon avis (et selon ma perception personnelle) est l'effet escompté. Après, il est clair que si beaucoup de monde s'interroge à juste titre sur les causes réelles de cet « accident providentiel » à bien des niveaux (je parle des élites et de leurs pantins bien entendu) et au vu du torrent de réactions pavloviennes instantanées que le simple fait de s'interroger suscite (propagateurs de « fake news », conspirationnistes), il n'y a pas de fumée sans feu... en l'occurrence pas de feu sans enfumage.

Alors opération de diversion ? Psy-op ? Destruction volontaire de quelque chose qu'ils ne peuvent plus contrôler ? Main du destin ?

Une chose est sûre c'est que cet événement qui survient au démarrage de la semaine sainte a quelque chose de pas catholique.

La Maison Dieu, c'est aussi la « destruction violente des masques et autres montages fallacieux ». N'est-ce pas exactement ce à quoi nous sommes en train d'assister ?

Victor Hugo remercie tous les généreux donateurs prêts à sauver Notre-Dame de Paris et leur propose de faire la même chose avec Les Misérables. (Source)

Un tweet qui illustre parfaitement le fond de ma pensée. L'humanité est officiellement scindée en deux. L'heure des choix a sonné. Dévolution ou évolution ? Ombre ou lumière ? Vie ou anti-vie ? La zone floue entre les deux vient d'être aspirée par le trou noir supermassif récemment photographié par la NASA.

Réveillez-vous et attention au retour de cloches.

Joyeuses Pâques !

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La révolution ne connaîtra pas de fin hollywoodienne

Après avoir lutté tout au long de son histoire contre ses propres tendances auto-destructrices, l'humanité a désormais franchi le cap où il y a des chances pour que son combat aboutisse, d'une manière ou une autre, à une résolution à laquelle la plupart de nos lecteurs pourront connaître de leur vivant.

Le scénario de cette lutte a été écrit avec deux fins possibles. Dans la première, nous somme incapables de surmonter nos tendances à nous auto-détruire et les derniers de notre espèce meurent empoisonnés par les radiations ou étouffés par les poussières d'une planète inhabitable. Dans la seconde, nous évoluons en dépassant ces mêmes tendances et développons des relations saines avec notre mental, avec notre écosystème et avec nos congénères.

Aucune de ces fins ne fonctionnerait dans un film hollywoodien à gros budget. Dans la première, l'humanité meurt non pas avec éclat mais en gémissant suite à des retombées nucléaires ou à un effondrement climatique. Dans la seconde, les conflits et le drames que nous connaissons cesseront à mesure que nous nous en désengagerons et cesserons d'alimenter les schémas auto-destructifs qui nous y ont conduits. Soit nous conserverons cette même trajectoire de destruction et connaîtrons très vite son aboutissement inéluctable, soit nous la dévierons pour quelque chose de radicalement différent. Dans les deux cas, le héros n'embrassera pas la fille au générique de fin, il ne s'éloignera pas calmement de l'explosion et n'éjectera pas le méchant du haut d'une falaise d'un coup de pied tournoyant après une tirade mémorable.

Je précise ceci parce qu'il semblerait que beaucoup de gens s'attendent plus ou moins à une fin hollywoodienne. Ils espèrent que Donald Trump sera arrêté pour avoir conspiré avec la Russie, qu'on le traîne avec des chaînes et que tout retourne à la normale. Ou que le Président Trump asséchera le marais, mettra Hillary Clinton sous les verrous, arrêtera les trois quarts du Capitole pour abus sexuels sur des enfants, et détruira l'état profond. Les gens s'attendent à ce qu'il y ait une révolution violente qui viendra restaurer la souveraineté individuelle de chaque citoyen. Ou à une révolution pacifique qui chassera la classe dirigeante et remplacera le statut quo par leur souche personnelle préférée de gauchisme. Inconsciemment, chacun recherche un grand dénouement mémorable où les gentils obtiendront justice et les méchants seront traduits devant cette dernière.

Et les choses ne vont pas se passer comme ça.

Si vous avez été un tant soit peu attentif au comportement humain dans votre vie, vous saurez que nous nous répétons fidèlement les mêmes schémas jusqu'à ce qu'une guérison interne et une croissance personnelle se produisent. Si vous en avez fait l'expérience, vous saurez que cette dernière est généralement décevante. La guérison véritable est un jeu de soustraction et va dans le sens opposé des scénarios égoïquement satisfaisant pour le mental que Hollywood est passé maître dans l'art de nous abreuver. Lorsqu'une guérison intérieure véritable se produit, elle n'offre pas matière à un récit passionnant et ses effets passent souvent inaperçus pendant un certain temps parce qu'ils ne se matérialisent non pas par l'ajout de quelque chose de nouveau mais par la soustraction de quelque chose d'ancien. Vous examinez les souvenirs de vos anciens schémas de comportement malsains et vous trouvez bizarre d'avoir eu ce type d'attitude.

Si l'humanité transcende ses schémas malsains à la fin du film, les choses se passeront un peu de la même manière. Non pas de façon gratifiante pour l'ego où les personnages politiques que nous détestons le plus seraient punis et nos préférences idéologiques personnelles rehaussées, mais par le simple effondrement de nos anciens schémas. Si la conscience humaine évolue au point de lui permettre d'éviter sa propre destruction, alors c'est que nous aurons nécessairement abandonné les schémas égoïques de peur, de cupidité et de négativité qui nous enchaînent à nos anciens comportements destructeurs. Si cela se produisait, nous aurions probablement du mal à nous souvenir de ce qui nous stressait et nous enrageait en regardant l'état de notre monde.

Rien d'autre ne le fera. Si nous en atteignons un paroxysme satisfaisant pour l'ego où tous les oligarques et les bellicistes seront guillotinés et leur fortune redistribuées aux nécessiteux ou autres, alors ce ne sera pas la fin du film. Nous ne serons pas parvenus au stade où nous aurons transcendé nos anciens schémas, nous n'aurons, dans ce cas précis, fait que voir ces derniers se manifester de manière agréable à l'ego. Et nous les reverrons rapidement se manifester de manière bien moins agréable.

Nous n'atteindrons pas de dénouement heureux tant que nous ne guérirons pas collectivement ses anciennes addictions égoïques au drame et aux conflits. Même si nous parvenions en quelque sorte à créer une utopie sans nous débarrasser de ces addictions, elle serait rapidement détruite et le compte à rebours de l'apocalypse réactivé par la boucle des schémas grinçants qui, pour commencer, nous avaient menés au bord de l'extinction.

Parce que devinez quoi ? Du point de vue de notre état actuel de conscience collective accro aux drame et aux conflits, un monde sans drame et sans conflit serait ennuyeux et sans intérêt. Ces addictions nous maintiendront sur la voie de notre destruction jusqu'à ce que nous nous en débarrassions, ne serait-ce que par notre inaptitude psychologique à vivre dans un monde de paix et d'harmonie.

Êtes-vous capable de vivre dans un monde de paix et d'harmonie ? Un monde ennuyeux pour l'ego et inadapté aux scénarios hollywoodiens ? Quand je vois le comportement de nombreux militants sur les réseaux sociaux, c'est comme si beaucoup avaient plus peur de la fin du drame et des conflits que de la fin du monde. C'est drôle à dire mais je pense que c'est légitimement le cas pour bon nombre de personnes. Notre addiction au drame et aux conflits est si forte et notre aptitude à être tout simplement en paix dans l'instant si faible que qu'empêcher les choses de devenir harmonieuses peut être perçu comme un besoin  existentiel de vie ou de mort. Et nous connaissons tous des gens avec un très forte prédisposition à alimenter le drame pour satisfaire à ce besoin illusoire.

Pour être en mesure de vivre dans un monde de paix dans lequel nous collaborerons harmonieusement avec notre écosystème et congénères humains, nous devrons transcender notre incapacité à nous contenter d'être. Pour obtenir un monde dans lequel toute l'ingéniosité humaine se focalise à la création d'un monde meilleur au lieu d'inventer de nouveaux moyens de produire des décharges pour la consommation de masse et de nouvelles manières de tuer et de s'exploiter les uns les autres, nous allons devoir avoir des esprits capables de survivre dans un environnement avec beaucoup moins de conflits et, dès que cette ingéniosité sera mise en route, beaucoup moins de travail également. Des esprits pouvant se reposer facilement sans affairement frénétique ni drame. De tels esprits sont actuellement rares au sein de notre espèce.

La raison pour laquelle pourquoi tant de films hollywoodiens parlent d'avenir dystopique et pratiquement jamais d'avenir utopique est parce qu'il n'y a ni drame ni conflit dans l'utopie. Les films hollywoodiens ramassent beaucoup d'argent en étant agréables à l'ego — quels régals pour ce dernier que de regarder des héros éjecter des méchants d'une falaise à coup de pieds aux fesses parce que nous pouvons nous transposer dans ce rôle de protagoniste et nous imaginer sortir triomphant du drame et des conflits présentés à l'écran.

C'est pourquoi je me désigne comme une « survivaliste de l'utopie ». Pour avoir un monde de paix et d'harmonie, nous allons devoir avoir des esprits réceptifs à une telle chose. Je considère que cultiver un tel esprit comme la chose la plus importante que je fasse pour ouvrir la voie au paradis sur terre, en me délestant de tout ce qui me rattache à mes anciennes façons de faire et en ouvrant la voie en moi pour quelque chose de nouveau. Il faudra nécessairement que cela se produise parmi nous si nous voulons que le film ait un dénouement heureux et si nous y parvenons, cela n'aura rien de spectaculaire. Cela ne sera pas gratifiant pour l'ego. Nous cesserons simplement de nous engager dans des schémas malsains de manière paroxystique, nous nous mettrons à canaliser notre ingéniosité pour améliorer le monde, et de temps en temps peut-être nous nous pencherons sur l'histoire en trouvant bizarre d'avoir fait ce genre de chose.

Texte original de CAITLIN JOHNSTONE traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Révolution

Ma petite sœur a peur,
Elle a déchiré toutes ses poupées.
Ma petite sœur a peur,
Elle a fait brûler tous ses cahiers.

Ma petite sœur, elle pleure,
On lui a touché son intimité.
Nos parents sont séparés,
Il n'y a rien à faire dans sa boîte en fer.

Et je sais qu'elle a compris
Ce que sera sa vie,
Qu'un matin très ordinaire,
Elle pourrait tout...
Elle pourrait tout foutre en l'air.

Mes deux frères sont en guerre,
Armés jusqu'aux dents par ce qui les attend.
Mes deux grands-frères sont en guerre,
Contre l'univers et la terre entière.

Et je ne sais plus quoi faire
Pour calmer leurs colères,
Juste leur dire qu'un beau jour-là
Et qu'ils pourraient...
Qu'ils pourraient tout foutre en l'air.

Ma mère n'est plus tranquille,
Elle a vu son fils en talons de fille.
Et mon père bien au contraire,
S'est distingué par sa liberté.

Et je fais ma prière
Pour casser ma colère,
Ce qu'il me faudrait faire,
Je pourrais bien
Demain tout foutre en l'air.

Et je sais ma sœur, mes frères,
Apaiser nos colères,
Ce qu'il nous faudrait faire,
On pourrait bien
Demain tout foutre en l'air.

Texte original de NICOLA SIRKIS

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Dissidence fabriquée : le mouvement altermondialiste est financé par les élites corporatives (2)

Le Forum économique mondial : « Tous les chemins mènent à Davos »

Le mouvement populaire a été détourné. Des intellectuels et des dirigeants d'organisations syndicales et de la société civile (dont Oxfam, Amnesty International, Greenpeace) sont sélectionnés et systématiquement invités au forum économique mondial de Davos où ils côtoient les acteurs économiques et politiques les plus influents de la planète. Ce mélange d'élites corporatives mondiales et de « progressistes » triés sur le volet fait partie du rituel sous-jacent au processus de « fabrication de la dissidence ».

La manœuvre consiste à sélectionner soigneusement des dirigeants de la société civile « dignes de confiance » et de les intégrer à un « dialogue », les couper de leur base, leur faire sentir qu'ils sont des « citoyens du monde » agissant pour le compte de leur collègues de travail mais les faire agir d'une manière qui serve les intérêts de l'ordre établi corporatif :

La participation des ONG à la rencontre annuelle de Davos est la preuve que [nous] cherchons délibérément à intégrer un large spectre des grandes parties prenantes de la société en [...] définissant et faisant avancer l'agenda mondial [...] Nous pensons que le forum économique mondial [de Davos] fournit au milieu des affaires le cadre idéal pour travailler en collaboration avec les autres principales parties prenantes [les ONG] de l'économie mondiale afin « d'améliorer l'état du monde », ce qui est là la mission de ce forum.

(Communiqué de presse du Forum économique mondial du 5 janvier 2001).

Le FEM ne représente pas la vaste communauté des entreprises. Il s'agit d'un rassemblement élitiste dont les membres sont de gigantesques multinationales (avec un chiffre d'affaires annuel de 5 milliards de dollar minimum). Les organisations non gouvernementales (ONG) sélectionnées sont considérées comme des partenaires sociaux et également comme des « porte-parole [utiles] pour les sans-voix qui sont souvent laissés à l'écart des processus de décision ». (World Economic Forum – Non-Governmental Organizations, 2010)

En s'associant au Forum pour améliorer l'état de notre monde, [les ONG] remplissent diverses fonctions dont celles de servir de passerelle entre le monde des affaires, le gouvernement et la société civile, d'assurer la communication entre les décideurs et la base populaire, de mettre en avant des solutions pratiques [...]

(Ibid)

La société civile « en partenariat » avec les grosses multinationales pour le compte des « sans voix » qui sont « exclus » ?

Les responsables syndicaux sont également cooptés au détriment des droits des travailleurs. Les leaders de la Fédération syndicale internationale (FSI), de l'AFL-CIO, de la Confédération européenne des syndicats (CES), et du Congrès du travail du Canada (CTC) pour ne citer qu'eux, sont systématiquement invités à assister aux réunions annuelles du FEM à Davos, en Suisse, ainsi qu'aux sommets régionaux. Ils participent également à la Communauté des dirigeants syndicaux du FEM qui se concentre sur des modèles de comportement mutuellement acceptables pour le mouvement ouvrier. Le FEM « pense que la voix des travailleurs est importante pour le dynamisme de la discussion sur les problèmes de mondialisation, de justice économique, de transparence et responsabilité, et pour assurer la santé du système financier international ».

« Assurer la santé [d'un] système financier international » forgé par la fraude et la corruption ? Le problème des droits des travailleurs n'y est pas mentionné. (World Economic Forum – Labour Leaders, 2010)

Le Forum social mondial : « Un autre monde est possible »

À bien des égards, c'est le contre-sommet de Seattle en 1999 qui a jeté les bases du Forum social mondial (FSM).

La première réunion internationale du Forum social mondial eut lieu en janvier 2001, à Porto Alegre, au Brésil, rassemblant des dizaines de milliers de militants issus d'organisations populaires et d'ONG.

Ce rassemblement d'ONG et d'organisations progressistes du FSM se tint au même moment que celui du WEF à Davos dans l'intention de manifester son opposition et sa dissension au Forum économique mondial des dirigeants de multinationales et ministres des finances.

Le FSM fut, au départ, initié par l'organisation française ATTAC et plusieurs ONG brésiliennes :

[...] En février 2000, Bernard Cassen, directeur de la plateforme française d'ONG ATTAC, Oded Grajew, directeur d'une organisation patronale brésilienne, et Francisco Whitaker, directeur d'une association d'ONG brésiliennes se rencontrèrent pour discuter d'une proposition pour une « rencontre internationale organisée par la société civile » ; en mars 2000, ils obtinrent officiellement l'appui des autorités municipales de Porto Alegre et des autorités fédérales de Rio Grande do Sul, toutes deux à l'époque sous le contrôle du Parti des travailleurs brésiliens (PT) [...] Un groupe d'ONG françaises dont ATTAC, les Amis de l'humanité et les Amis du monde diplomatique, sponsorisèrent un Forum social alternatif à Paris intitulé "Un an après Seattle" afin de préparer un programme de manifestations à mettre en place pour le prochain sommet de l'Union Européenne à Nice. Les intervenants demandèrent que « l'on réoriente certaines institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale, l'OMC... pour créer une mondialisation par le bas » et « construire un mouvement citoyen international non pas pour détruire le FMI mais réorienter ses missions ».

(Research Unit For Political Economy, The Economics and Politics of the World Social Forum, Global Research, January 20, 2004)

Dès le départ en 2001, le FSM s'appuyait sur le financement de base de la fondation Ford, connue pour avoir des liens avec la CIA remontant aux années 50 : « La CIA se sert des organismes de bienfaisance comme moyen le plus efficace pour injecter d'importantes sommes d'argent à des projets de l'agence sans alerter les bénéficiaires de leur source ». (James Petras, The Ford Foundation and the CIA, Global Research, September 18, 2002)

On retrouva la même procédure de donation finançant les contre-sommets qui marquèrent les sommets populaires des années 90 dans le Forum social mondial :

[...] parmi les autres financeurs du FSM (ou « partenaires » comme ils sont désignés dans sa terminologie), se trouvaient la fondation Ford, — nous nous contenterons de dire qu'elle a toujours opéré en étroite collaboration avec l'Agence centrale de renseignement américaine et l'ensemble des intérêts stratégiques du pays ; la fondation Heinrich Boll, qui est contrôlée par le parti vert allemand, partenaire du gouvernement allemand actuel [2003] et partisan des guerres en Yougoslavie et en Afghanistan (son directeur, Joschka Fischer [était] ministre des Affaires étrangères en Allemagne) ; et d'autres grands organismes de financement comme Oxfam (Royaume-Uni), Novib (Pays-Bas), ActionAid (Royaume-Uni), et ainsi de suite.

Étonnament, un membre du conseil international du FSM rapporte que les « sommes considérables » reçues de ces agences n'ont pas « jusqu'ici suscité d'importants débats [au sein des organes du FSM] quant aux éventuels rapports de dépendance que cela pourrait engendrer ». Il admet pourtant qu'« afin d'obtenir un financement de la fondation Ford, les organisateurs durent les convaincre que le Parti ouvrier n'était pas impliqué dans le processus ». Deux points méritent d'être soulignés ici. Tout d'abord, ceci établit que les financeurs ont pu forcer la main et décider du rôle des différentes courants au sein du FSM — ils avaient besoin qu'on les « convainque » des compétences de ceux qui seraient impliqués. Deuxièmement, si les financeurs objectaient à la participation du Parti ouvrier totalement domestiqué, ils s'opposeraient d'autant plus farouchement à ce que l'on accorde de l'importance à des forces véritablement anti-impérialistes. Qu'ils aient objecté de la sorte sera mieux compris avec la description de qui fut inclus et de ce qui fut exclus des seconde et troisième réunions du FSM [...]

[...] La question du financement [du FSM] ne figure même pas dans sa charte de principes adoptée en juin 2001. Étant matérialistes, les marxistes feraient observer qu'il faudrait examiner la base matérielle du forum pour saisir sa nature. (Nul besoin en effet d'être marxiste pour comprendre que « celui qui paie les violons choisit la musique ».) Mais le FSM n'est pas de cet avis. Il peut obtenir des fonds d'institutions impérialistes comme la fondation Ford tout en combattant « la domination du monde par le capital et toute forme d'impérialisme »

(Research Unit For Political Economy, The Economics and Politics of the World Social Forum, Global Research, January 20, 2004)

La fondation Ford a fourni les appuis fondamentaux du FSM avec des contributions indirectes aux « organismes partenaires » participants de la fondation McArthur, de la fondation Charles Stewart Mott, de la fondation Friedrich Ebert, de la fondation W. Alton Jones, de la Comission européenne, de plusieurs gouvernements européens (dont le gouvernement travailliste de Tony Blair), du gouvernement canadien ainsi que d'un certain nombre d'organismes de l'ONU (dont l'UNESCO, l'UNICEF, le PNUD, l'OIT et la FAO). (Ibid)

Outre cet appui initial de la fondation Ford, bon nombre d'organisations participantes de la société civile perçoivent des fonds de grandes fondations ou œuvres caritatives. En retour, les ONG basées aux États-Unis et en Europe agissent souvent comme agences de financement secondaires acheminant l'argent des Ford et Rockefeller vers les organisations partenaires des pays en voie de développement dont les mouvements populaires paysans et ceux pour les droits de l'homme.

Le Conseil international (CI) du FSM est constitué de représentants d'ONG, de syndicats, de médias alternatifs, et d'instituts de recherche pour la plupart lourdement subventionnés par des fondations ainsi que les gouvernements. Les mêmes syndicats qui sont systématiquement invités à se mêler aux PDG de Wall Street à l'occasion du Forum économique mondial de Davos (FEM) — dont le AFL-CIO, la Confédération européenne des syndicats et le Congrès du travail du Canada (CTC) — siègent également à ce conseil international. Pour les ONG siégeant au IC du FSM et financées par de grosses fondations figure l'Institut des politiques du commerce et de l'agriculture (IATP) qui supervise l'Observatoire du commerce à Genève.

De part son statut d'observateur du FSM, le Réseau des financeurs du commerce et de la mondialisation (FTNG) joue un rôle capital. En acheminant les fonds de soutien au FSM, il fait office de centre d'échanges pour les grosses fondations. Le FTNG se décrit lui-même comme « une alliance de subventionneurs qui s'engagent  à bâtir des communautés justes et équitables à travers le monde ». Les membres de cette alliance sont la fondation Ford, les frères Rockefeller, Heinrich Boell, C.S. Mott, la fondation de la famille Merck, l'Institut pour la société ouverte et Tides parmi tant d'autres. Le FTNG opère en tant qu'entité collectrice de fonds au nom du FSM.

Les gouvernement occidentaux financent les contre-sommets et répriment le mouvement de contestation

Le paradoxe veut que ce soient les gouvernements, dont l'Union européenne, qui accordent l'argent pour financer des groupes progressistes (comme le FSM) impliqués dans l'organisation de manifestations à l'encontre de ces mêmes gouvernements qui financent leur activités :

Les gouvernements aussi ont investi des fonds conséquents dans les groupes contestataires. La Commission européenne, par exemple, a financé deux groupes qui ont mobilisé un grand nombre de personnes pour protester contre les sommets de l'UE à Göteborg et à Nice. La loterie nationale de Grande-Bretagne, supervisée par le gouvernement, a contribué au financement d'un groupe au cœur du contingent britannique aux deux manifestations.

(James Harding, Counter-capitalism, FT.com, October 15 2001)

Nous avons affaire à un processus diabolique : le gouvernement du pays hôte finance le sommet officiel ainsi que les ONG activement impliquées dans le contre-sommet et subventionne également l'opération de police anti-émeute de plusieurs millions de dollars mandatée pour réprimer les participants au contre-sommet y compris les membres des ONG directement fiancées par lui.

Ces opérations combinées dont les actes violents de vandalisme perpétrés par des flics en civil déguisés en activistes (G20 Toronto 2010) ont pour but de discréditer le mouvement contestataire et d'intimider ses participants. L'objectif principal étant de transformer le contre-sommet en un rituel de contestation qui sert à protéger les intérêts du sommet officiel et du gouvernement hôte. C'est la logique qui a prévalu dans de nombreux contre-sommets depuis les années 90.

Lors du Sommet des Amériques dans la ville de Québec en 2001, les subventions du gouvernement fédéral canadien aux ONG et syndicats traditionnels furent accordées à certaines conditions. Une bonne partie du mouvement contestataire fut de fait exclue du sommet populaire. Ce qui en soi mena à la formation d'une seconde tribune populaire que certains observateurs décrivirent comme un contre-sommet populaire. En retour, en accord avec les autorités provinciales et fédérales, les organisateurs dévièrent la marche de protestation vers un site distant, à une dizaine de kilomètres de la ville au lieu du centre historique où se tint le sommet officiel de la ZLEA derrière un « périmètre de sécurité » étroitement protégé.

Plutôt que de défiler vers la clôture de périmètre et les réunions du Sommet des Amériques, les organisateurs des manifestations choisirent un itinéraire partant du Sommet populaire pour s'écarter de la clotûre en traversant des quartiers résidentiels en grande partie vides jusqu'au parking d'un stade situé dans une zone déserte à plusieurs kilomètres de là. Henri Masse, le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) déplora « que nous soyons si loin du centre-ville [...] Mais c'était une question de sécurité ». Mille maréchaux du FTQ assurèrent le cordon de sécurité de la marche. Lorsque vint le moment où certains militants projetèrent de se départir des rangs pour remonter la colline jusqu'à la clotûre, ils firent signe au contingent de Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) qui marchaient derrière le SCFP [syndicat canadien de la fonction publique] de s'assoir pour arrêter la marche afin qu'ils puissent verrouiller le cordon et empêcher les autres de quitter l'intinéraire officiel.

(Katherine Dwyer,  Lessons of Quebec City, International Socialist Review, June/July 2001) 

Le Sommet des Amériques se déroula à l'intérieur d'un « bunker » de quatre kilomètres tout en béton armé et entouré d'une clôture en acier galvanisé. Le « Mur de Québec » de trois mètres de haut encerclait une partie du centre-ville historique dont le quartier parlementaire de l'Assemblée nationale, des hôtels et des zones commerçantes.

Les dirigeants d'ONG contre leur base

La mise en place du Forum social mondial (FSM) en 2001 fut sans conteste un grand pas dans l'histoire, rassemblant des dizaines de milliers de militants engagés. Il constitua une tribune importante qui permit l'échange d'idées et l'établissement de liens de solidarité.

L'enjeu véritable, c'est le rôle ambivalent des dirigeants des organisations progressistes. Leurs liens intimes et courtois avec le cercle restreint du pouvoir, les subventions des grandes entreprises et des gouvernements, les agences humanitaires, la Banque mondiale, etc., nuisent à leur relation et leurs responsabilités envers leurs membres. Ce qui est précisément le but de la dissidence fabriquée : créer un fossé entre les dirigeants et leurs troupes pour mieux les réduire au silence et affaiblir les actions de terrain.

Le financement de la dissidence est également un moyen d'infiltrer les ONG pour y glaner des renseignements confidentiels sur les stratégies de manifestation et de résistance des mouvements populaires.

La plupart des organisations de ce type participant au Forum social mondial et comptant parmi elles des paysans, des ouvriers et des étudiants fermement déterminés à combattre le néolibéralisme, n'étaient pas au courant des liens du Conseil international du FSM avec le financement corporatif négocié dans leur dos par une poignée de dirigeants d'ONG les reliant à des fonds à la fois officiels et privés.

Le subventionnement des organisations progressistes n'est pas sans condition. Son objectif est de « pacifier » et manipuler le mouvement contestataire. Les conditionnalités précises sont établies par les agences de financement et en cas de non respect, les versements sont suspendus et l'ONG bénéficiaire se retrouve de fait en faillite par manque de fonds.

Le FSM se définit lui-même comme « un espace collectif ouvert de pensée réflective, de débat démocratique d'idées, de formulation de propositions, de libre échange d'expériences et d'interconnexion pour agir efficacement, par des groupes et mouvements de la société civile opposés au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d'impérialisme et déterminés à bâtir une société centrée sur la personne humaine ». (Fórum Social Mundial , 2010)

Le FSM est une mosaïque d'initiatives individuelles qui ne menacent pas directement et ne remettent pas en question la légitimité du capitalisme mondial et de ses institutions. Il se réunit une fois par an et se caractérise par une multitude de séances et d'ateliers. À ce sujet, une des particularités du FSM fut de conserver le cadre « artisanal » distinctif des contre-sommets populaires au G7 des années 90 financés par des donateurs.

La désorganisation manifeste de cette structure est intentionnelle. Tout en favorisant le débat sur un certain nombre de sujets individuels, le cadre du FSM ne contribue pas à la formulation d'un programme commun cohérent ni d'un plan d'action dirigé contre le capitalisme mondial. En outre, la guerre menée par les États-Unis au Moyen-Orient et en Asie centrale, qui éclata quelques mois après la tribune inaugurale du FSM à Porto Alegre en janvier 2001, n'a pas occupé le cœur des débats du forum.

Ce qui prévaut, c'est un immense réseau complexe d'organisations. Invariablement, les organismes populaires bénéficiaires dans les pays développés ignorent que les ONG partenaires aux États-Unis ou dans l'Union européenne qui les approvisionnent en fonds, sont elles-mêmes subventionnées par de grosses fondations. L'argent est reversé, imposant des contraintes aux actions de terrain. Bon nombre de ces dirigeants d'ONG sont des individus engagés et bien intentionnés agissant au sein d'un cadre qui définit les limites de la dissidence. Ils sont souvent cooptés sans même se rendre compte qu'ils ont les mains liées du fait de ce financement par les grandes entreprises.

Le capitalisme mondial finance l'anti-capitalisme : une relation absurde et contradictoire.

« Un autre monde est possible « mais ne saurait être atteint de manière effective par le système actuel. Un remaniement du Forum social mondial, de sa structure organisationnelle, de ses méthodes de financement et de ses dirigeants est nécessaire.

Il ne peut y avoir de mouvement de masse effectif dès lors que la dissidence est généreusement financée par les mêmes intérêts corporatifs qui sont également la cible du mouvement contestataire.

Pour reprendre les propos de McGeorge Bundy, président de la fondation Ford (1966-1979) :

On pourrait considérer que tout ce que la fondation [Ford] a accompli visait à « créer un monde sécuritaire pour le capitalisme » et réduire des tensions sociales en contribuant à consoler les affligés, fournir des soupapes de sécurité aux courroucés et améliorer le fonctionnement du gouvernement.

Texte original de PR MICHEL CHOSSUDOVSKY traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Dissidence fabriquée : le mouvement altermondialiste est financé par les élites corporatives (1)

Dizzidence Politik
Hopital psychiatrique
Staliniste politique
Douche froide et Mogadon
Destruction de ton nom
Amphétamine et autre médecine
Politbureau pas super mine

"Dizzidence Politik", Indochine (1982)

Signe des temps ? Même s'il n'y a plus de cygnes dans l'étang, ça me détend. Le fond de l'air est rouge, c'est la révolution dans ce monde qui ne tourne plus rond (dissidence cognitive ?). Et ron et ron petit patapon, Pâques s'en vient et la bergère commence à s'inquiéter de ce que l'on va peut-être crucifier son roi. Ou le décapiter. Mais de quelle révolution parle-t-on au fait ? De celle où on vire le bouffon pour se faire mettre échec et mat parce qu'on a pas capté qu'on participait à une gigantesque partie d'échecs en tant que vulgaires pions ? Ou de celle où on a pigé qu'il fallait descendre de la grande roue avant qu'il ne soit trop tard (crac, boum, badaboum) ? Un article très documenté qui je l'espère pourra apporter un peu d'eau au moulin dans l'immense confusion régnante et vous aider à mieux exercer votre discernement en faisant des choix éclairés.

NOTE : Au vu de sa longueur et des longues heures passées à le traduire sans contrepartie autre que mon désir d'éveiller les consciences qui souhaitent l'être, j'ai décidé de le scinder en deux pour vous laisser le temps d'assimiler surtout si la politique et l'économie ne sont pas à priori votre tasse de thé. À ceux qui n'aiment pas le principe du « à suivre », je vous invite à patienter jusqu'à la parution du prochain volet pour pouvoir lire les deux parties bout à bout.

Ey@el

En fournissant le financement et le cadre d'action aux nombreuses personnes dévouées et concernées qui travaillent dans les milieux caritatifs, la classe dirigeante est en mesure de coopter la direction des communautés de base... et de rendre le financement, la comptabilité, et les composantes de l'évaluation de l'œuvre tellement coûteux en temps et en argent de sorte que, dans de telles conditions, tout travail de justice sociale devienne virtuellement impossible.

Paul Kivel, You Call this Democracy, Who Benefits, Who Pays and Who Really Decides

Sous le Nouvel Ordre Mondial, le rituel d'inviter les chefs de la « société civile » à rejoindre les cercles restreints du pouvoir — tout en réprimant parallèlement ses simples agents — joue plusieurs rôles importants. Tout d'abord, il fait savoir au monde entier que les détracteurs de la mondialisation « doivent faire des concessions » pour obtenir le droit d'interagir. En second lieu, il donne l'illusion que même si — sous tout ce qu'on appelle par euphémisme une démocratie — les élites mondiales devraient être sujettes à la critique, cela ne les empêche pas pour autant de régner en toute légitimité. Enfin, il nous dit qu'il n'y a « aucune alternative » à la mondialisation, que tout changement profond est impossible et que le mieux que nous puissions espérer est d'engager un « compromis » inefficace avec ces dirigeants.

Quand bien même ces « Mondialisateurs » adopteraient quelques phrases progressistes pour faire montre de leurs bonnes intentions, leurs objectifs fondamentaux ne sont pas remis en question. Et cette « interaction de la société civile » ne sert qu'à renforcer la mainmise de l'ordre établi corporatif tout en affaiblissant et en divisant le mouvement contestataire. Il est important de comprendre ce processus de cooptation...

Les gens prennent part aux manifestations altermondialistes parce qu'ils rejettent l'idée que l'argent est tout et refusent l'appauvrissement de millions de personnes et la destruction de notre Terre si fragile pour qu'une minorité puisse s'enrichir davantage. Ces simples acteurs ainsi que certains de leurs leaders doivent être applaudis. Mais nous devons faire plus. Nous devons remettre en question le droit des « Mondialisateurs » à diriger. Ce qui demande que nous repensions notre stratégie de protestation. Pourrions-nous passer à un plan supérieur en lançant des mouvements de masse dans nos pays respectifs — des mouvements véhiculant le message de ce que la mondialisation fait aux gens ordinaires ? Parce que ce sont eux la force qui doit être mobilisée pour affronter ceux qui pillent la planète.

Consentement fabriqué vs dissidence fabriquée

Le terme de « consentement fabriqué » a été inventé par Edward S. Herman et Noam Chomsky.

Il désigne un modèle de propagande utilisé par les médias corporatifs pour influencer l'opinion publique et « inculquer aux individus des valeurs et des croyances... » :

Les médias sont utilisés pour communiquer des messages et des symboles à  la population en général. Leur rôle est d'amuser, divertir, informer et inculquer aux individus les valeurs, les croyances et les codes de conduite qui les intégreront dans les structures institutionnelles de la société dans son ensemble. Dans un monde de concentration des richesses et de grands conflits d'intérêts de classes, assumer ce rôle requiert une propagande systématique.

Manufacturing Consent: The Political Economy of the Mass Media d'Edward S. Herman et Noam Chomsky

Le « consentement fabriqué » implique la manipulation et le formatage de l'opinion publique. Il établit une conformité et une acceptation de l'autorité et de la hiérarchie sociale. Il vise au respect d'un ordre social établi. Le « consentement fabriqué » décrit la soumission de l'opinion publique à ce qui est rapporté par les médias officiels, leurs mensonges et leurs inventions.

Dans cet article, nous nous focalisons sur un concept afférent, à savoir le procédé subtil de « dissidence fabriquée » (plutôt que du « consentement »), qui joue un rôle décisif pour servir les intérêts de la classe dirigeante.

Sous le capitalisme contemporain, l'illusion de la démocratie doit prévaloir. Il est dans l'intérêt des élites corporatives d'accepter la dissidence et la contestation comme caractéristique du système en ce sens qu'elles ne menacent pas l'ordre social établi. Le but n'est pas de réprimer la dissidence mais au contraire de façonner et modeler le mouvement constestaire pour fixer les limites extérieures de la dissidence.

Pour préserver leur légitimité, les élites économiques encouragent les formes d'oppositions limitées et contrôlées en vue d'empêcher le développement de formes de contestation radicales qui pourraient ébranler les fondations mêmes et les institutions du capitalisme mondial. En d'autres termes, la « dissidence fabriquée » agit comme une « soupape de sécurité » assurant la protection et la durabilité du Nouvel Ordre Mondial.

Toutefois, pour être efficace, le procédé de « dissidence fabriquée » doit faire l'objet de réglementations strictes et d'un suivi attentif de la part de ceux qui font l'objet de ce mouvement contestataire.

Financement de la dissidence

Comment s'effectue la fabrication de la dissidence ?

Principalement en  la « finançant », à savoir en affectant les ressources financières de ceux qui font l'objet des mouvements de contestation à ceux impliqués dans leur organisation.

La cooptation ne se limite pas à acheter les faveurs des politiciens. Les élites économiques — qui contrôlent les grandes fondations — supervisent également le financement des nombreuses ONG et organisations de la société civile qui ont de tous temps été impliquées dans le mouvement de contestation contre l'ordre économique et social établi. Les programmes de nombreuses ONG et des mouvements populaires dépendent beaucoup du financement  de fondations publiques mais également privées dont les fondations Ford, Rockefeller et McCarthy parmi tant d'autres.

Le mouvement altermondialiste s'oppose à Wall Street et aux géants pétroliers du Texas contrôlés par Rockefeller et autres. Pourtant, les fondations et œuvres de charité de ces derniers financeront généreusement aussi bien les réseaux anti-capitalistes progressistes que les écologistes (opposés aux pétroliers) dans le but final de surveiller et influencer leurs diverses activités.

Les mécanismes de la « fabrication de la dissidence » requièrent un contexte de manipulation, un procédé de mesures coercitives et la cooptation subtile des individus au sein des organisations progressistes dont les coalitions anti-guerre, les écologistes et le mouvement altermondialiste.

Tandis que les médias officiels « fabriquent le consentement », le réseau complexe des ONG (y compris certains segments des médias alternatifs) est utilisé par les élites corporatives pour forger et manipuler le mouvement contestataire.

Suite à la déréglementation du système financier mondial dans les années 90 et l'enrichissement fulgurant des organismes financiers, le financement par le biais de fondations et œuvres de bienfaisance a augmenté de manière spectaculaire.

L'ironie du sort est qu'une partie des plus-values financières frauduleuses à Wall Street de ces dernières années a été recyclée dans les fondations et œuvres caritatives exonérées d'impôts des élites. Ces bénéfices financiers exceptionnels ont non seulement servi à acheter des hommes politiques mais ont également été affectés à des ONG, des instituts de recherche, des centres communautaires, des groupes religieux, des écologistes, des médias alternatifs, des groupes de défense des droits de l'homme, etc. La « dissidence fabriquée » s'applique aussi à la « gauche corporative » et aux médias « progressistes » financés par les ONG ou directement par les fondations.

L'objectif intrinsèque est de « fabriquer la dissidence » et d'établir les frontières d'une opposition « politiquement correcte ». En conséquence, de nombreuses ONG sont infiltrées par des informateurs agissant souvent  pour le compte d'agences de renseignement occidentales. En outre, un segment de plus en plus important des médias d'information alternatifs sur internet est devenu dépendant du financement des fondations et œuvres caritatives corporatives.

Activisme sporadique

L'objectif des élites corporatives a été de fragmenter le mouvement populaire en une vaste mosaïque en « self-service ». La guerre et la mondialisation n'occupent plus les premières lignes de l'activisme de la société civile. Ce dernier a tendance à être sporadique. Il n'intègre aucun mouvement altermondialiste antiguerre. La crise économique n'est pas perçue comme ayant un lien avec la guerre menée par les États-Unis.

La dissidence a été compartimentée. On encouragera et financera généreusement des  mouvements contestaires séparés « axés sur des problèmes » (ex : l'environnement, l'altermondialisme, la paix, le droit des femmes, le changement climatique) plutôt qu'un mouvement de masse unifié. Cette mosaïque existait déjà dans les contre-sommets anti G7 et les sommets populaires des années 90.

Le mouvement altermondialiste

C'est systématiquement le contre-sommet de Seattle en 1999 que l'on brandit comme un triomphe pour le mouvement altermondialiste : « une coalition historique d'activistes a mis fin au sommet de l'organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, la fameuse étincelle qui a donné naissance à un mouvement anticorporatif mondial ». (Naomi Klein, Copenhagen: Seattle Grows Up, The Nation, November 13, 2009)

Seattle fut en effet un carrefour important dans l'histoire du mouvement de masse. Plus de 50.000 personnes d'horizons divers, des organisations de la société civile, des syndicats ouvriers et des droits de l'homme, des écologistes s'étaient réunis pour une action commune. Leur but était de faire usage de la force pour démanteler l'agenda néolibéral y compris sa base institutionnelle.

Mais Seattle a également marqué un revirement important. Avec la montée des contestations dans tous les secteurs de la société, le sommet officiel de l'OMC avait désespérément besoin de la participation symbolique des dirigeants de la société civile « à l'intérieur » pour se donner « à l'extérieur » l'apparence d'une « démocratie ».

Tandis que des milliers de personnes convergeaient vers Seattle, ce qui se produisit en coulisses fut une victoire de facto pour le néolibéralisme. Une poignée d'organisations de la société civile, formellement opposées à l'OMC avaient contribué à légitimer l'architecture commerciale mondiale de cette dernière. Loin de la remettre en question comme organe intergouvernemental illégal, elles convinrent d'un dialogue avant le sommet avec l'OMC et les gouvernement occidentaux. « Les participants accrédités des ONG furent inviter à se mêler aux ambassadeurs, ministres du commerce et magnats de Wall Street dans un environnement convivial à l'occasion de plusieurs événements officiels y compris les nombreux cocktails et réceptions ». (Michel Chossudovsky, Seattle and Beyond: Disarming the New World Order, Covert Action Quarterly, November 1999)

L'agenda caché était d'affaiblir et diviser la contestation en orientant le mouvement altermondialiste vers des domaines qui ne menaceraient pas directement les intérêts de l'ordre établi des affaires.

Financées par des fondations privées (dont les fondations Ford, Rockefeller, celles des frères Rockefeller, de Charles Stewart Motte et pour l'écologie profonde), ces organisations « accréditées » de la société civiles se sont positionnées en groupes de pression, agissement officiellement au nom du mouvement populaire. Dirigées par des militants connus et engagés, elles avaient les mains liées et contribuèrent finalement (involontairement) à affaiblir le mouvement altermondialiste en acceptant la légitimité d'une organisation illégale à la base. (Le sommet de l'accord de Marrakech en 1994 qui aboutit à la création de l'OMC au 1er janvier 1995). (Ibid)

Les dirigeants des ONG avaient pleinement conscience d'où venait l'argent. Pourtant, au sein de la communauté des ONG américaines et européennes, les fondations et œuvres caritatives sont présumées indépendantes des organismes de bienfaisance et des grandes entreprises ; notamment la fondation des frères Rockefeller, par exemple, considérée comme séparée et distincte de l'empire familial des Rockefeller constitué de banques et de compagnies pétrolières.

Les salaires et les frais opérationnels étant tributaires de fondations privées, cela devint une pratique courante. Selon une logique tordue, la lutte contre le capitalisme corporatif était menée en utilisant les fonds de fondations exonérées d'impôts appartenant au capitalisme corporatif.

Les ONG se retrouvèrent coincées dans un carcan, leur existence même dépendant des fondations et leur activités étroitement surveillées. Selon une logique tordue, la nature même du militantisme anticapitaliste était indirectement contrôlée par le capitalisme via ses fondations indépendantes.

Sentinelles progressistes

Dans cette saga en évolution, les élites corporatives — celles dont les intérêts sont dûment servis par le FMI, la Banque mondiale et l'OMC — financeront volontiers (via leurs diverses fondations et œuvres de bienfaisance) des organisations chefs de file du mouvement contestataire contre l'OMC et les institutions financières internationales de Washington.

Subventionnées par l'argent des fondations, les ONG mirent en place diverses autorités régulatrices afin de surveiller l'implémentation des politiques néolibérales sans toutefois soulever la question plus large de la manière dont les accords de Bretton Woods et l'OMC ont, au moyen de leur politique, contribué à l'appauvrissement de millions de personnes.

Le Réseau international pour l'étude concertée de l'ajustement structurel (SAPRIN) fut établit par l'Écart en matière de développement, une ONG de Washington financée par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et la Banque mondiale.

Amplement attestée, l'imposition du programme d'ajustement structurel (SAP) du FMI et de la Banque mondiale aux pays en voie de développement constitue une forme manifeste d'ingérence dans les affaires d'états souverains au nom d'institutions créancières.

Au lieu de contester la légitimité du « poison économique mortel » du FMI et de la Banque mondiale, le noyau central du SAPRIN chercha à établir un rôle participatif pour les ONG, travaillant main dans la main avec l'USAID et la Banque mondiale. L'objectif était de conférer un « visage humain » à l'agenda politique néolibéral plutôt que de rejeter d'emblée le cadre stratégique du FMI et de la Banque mondiale :

Le SAPRIN est le réseau mondial de sociétés civiles qui doit son nom à l'étude concertée de l'ajustement structurel (SAPRI) qu'il a instauré avec la Banque mondiale et son président Jim Wolfensohn en 1997.

Le SAPRI est conçu comme un exercice tripartite de rassemblement des organisations de la société civile, de leurs gouvernements et de la Banque mondiale par l'examen conjoint de programmes d'ajustement structurel (SAP) et l'exploration de nouvelles options politiques. Conçu pour indiquer dans quels secteurs des changements de politique économique et des processus d'élaboration de politiques sont nécessaires, il légitime un rôle actif de la société civile dans les prises de décision économiques.(source)

De même, l'Observatoire du commerce (anciennement WTO Watch) sis à Genève, est un projet de l'institut pour l'agriculture et les politiques commerciales (IATP) de Minneapolis, lequel est généreusement financé par Ford, Rockefeller et Charles Stewart Mott parmi tant d'autres (voir paragraphe suivant). Cet organisme est mandaté pour surveiller l'organisation mondiale du commerce (OMG), l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et la zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) envisagée. ( IATP: About Trade Observatory) L'Observatoire du commerce doit également élaborer des données et informations ainsi que favoriser « gouvernance » et « responsabilité ». Responsabilité envers les victimes des politiques de l'OMC ou envers les protagonistes des réformes néolibérales ? Les fonctions des sentinelles de l'Observatoire du commerce ne menacent en aucune manière l'OMC. C'est plutôt le contraire : la légitimité des organisations et accords commerciaux n'est jamais contestée.

Les plus grands donateurs de l'institut d'agriculture et de politique commerciale de Minneapolis

  • Fondation Ford : 2.612.500 $ de 1994 à 2006
  • Fond des frères Rockefeller : 2.320.000 $ de 1995 à 2005
  • Fondation Charles Stewart Mott : 1.391.000 $ de 1994 à 2005
  • Fondation McKnight  : 1.056.600 $ de 1995 à 2005
  • Fondation Joyce : 748.000 $ de 1996 à 2004
  • Fondation Bush :  610.000 $ de 2001 à 2006
  • Fondation de la famille Bauman : 600.000 $ de 1994 à 2006
  • Fond de protection des Grands Lacs : 580.000 $ de 1995 à 2000
  • Fondation John D. & Catherine T. MacArthur : 554.100 $ de 1991 à 2003
  • Fond John Merck : 490.000 $ de 1992 à 2003
  • Fondation Harold K. Hochschild : 486.600 $ de 1997 à 2005
  • Fondation pour l'écologie profonde : 417.500 $ de 1991 à 2001
  • Fondation Jennifer Altman : 366.500 $ de 1992 à 2001
  • Fondation Rockefeller : 344.134 $ de 2000 à 2004


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À suivre : deuxième partie à paraître prochainement

Texte original de PR MICHEL CHOSSUDOVSKY traduit de l'anglais par EY@EL
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