La chasse aux sorcières

Les justes se lèvent, les yeux brûlants
De haine et de malveillance.
Des fous nourris de peur et de mensonges
Pour frapper, brûler et tuer.

"Witch Hunt", Rush (1981)

Voici revenu le temps des citrouilles qui fut autrefois celui des navets — et désormais l'apanage des mauvais scénarios et des couards. À l'image du 10 de pique en cartomancie ou de son équivalent au tarot illustré d'un personnage gisant face contre terre, le dos transpercé de dix épées, octobre est un mois sombre, souvent porteur d'un sentiment d'angoisse et d'appréhension. Connu occultement sous le nom d'octobre rouge, mois de la récolte, du sang versé, de l'immobilisme et de la perte de contrôle, il se termine par des mascarades où l'on joue à se faire peur en se grimant en monstres, fantômes ou sorcières pour se rassurer. Mais le nombre 10 est aussi un symbole de transition, comme un pont entre deux mondes puisque la mort, au sens vrai, n'est qu'un transfert d'un état à un autre. Dans l'oracle Lenormand, le 10 de pique est d'ailleurs associé au vaisseau qui s'éloigne vers des rivages inconnus que l'on pourrait presque assimiler à la barque de Charon1.

Les sorcières mal-aimées

Le mythe des sorcières est à l'image de la profondeur abyssale de l'ignorance humaine, des religions hypocrites et des psychopathes qu'elles encensent. Comme l'a écrit l'historien Michel Pastoureau, « les sorcières ne sont pas l’affaire du Moyen Âge mais de l’époque moderne. » En effet, la haine envers le principe féminin ne date pas d'hier, mais semble atteindre de nouveaux paroxysmes aujourd'hui. Il suffit, pour s'en rendre compte, d'observer les dérives de plus en plus violentes de la propagande transgenriste ou de l'obscurantisme religieux poussé à l'extrême qui tente de s'imposer dans les civilisations occidentales. 

Contrairement aux histoires que l'on raconte, ce n'est pas à l'époque médiévale qu'a été commis le plus grand nombre de crimes contre les « sorcières » mais à la Renaissance. Les femmes considérées comme telles étaient en majorité des guérisseuses, des sages-femmes ou des herboristes, issue de la classe populaire et détentrices d'un savoir ancestral qui concurrençait le credo humaniste reposant sur la science et la connaissance (et non le savoir). Leur pratique fut donc qualifiée de « magique » pour permettre l'ouverture de la chasse aux sorcières.

Les « sorcières » ne dérangeaient pas les hommes en tant qu’individus, mais le système archontique qui utilisait les institutions (Église, justice, médecine officielle) pour éliminer ce qui échappait à son contrôle.

On leur reprochait ainsi d'en savoir trop et bien plus que les institutions en place. Leur connaissance des cycles lunaires et des correspondances naturelles leur permettait, en outre, de sortir des formes imposées et toucher à l'archi-structure du « vivant ». C'est pourquoi on les accusait de se transformer ou de métamorphoser les autres, reflet déformé de leur aptitude vibratoire à briser les formes, à fluidifier ce que la matrice veut figer — autrement dit, elles démontraient que la matière est énergie et que toute énergie est malléable. 

Ce regard malicieux et aguicheur
Qui met ma conscience à nu,
C'est de la sorcellerie.
Et je n'ai aucun moyen de m'en défendre,
La chaleur est trop intense pour cela.
À quoi servirait le bon sens en tel cas ?

"Witchcraft", Frank Sinatra (1957)

À mille lieues de l'archétype de la vieille femme repoussante flanquée d'une verrue sur le nez, les « sorcières » étaient coupables de leur indépendance et du désir qu'elles suscitaient chez les hommes. Il s'agit certainement là du plus grand non-dit car il perdure encore dans certaines religions. Beaucoup de procès de sorcières furent, en effet, nourris de fantasmes masculins inavouables. Comme les hommes ne maîtrisaient pas leurs pulsions, on projetait la faute sur la femme : « tentatrice » ou « alliée du diable ». La faiblesse cherchant toujours à blâmer, la dissonance cognitive était par trop insupportable pour le sexe dit « fort ». Au grand bénéfice de la clique archontique manipulant les émotions humaines.

Enfin, en tant qu'archétype du principe féminin insoumis (à l'image de Lilith, la première femme d'Adam, accusée d'avoir tenté Eve en prenant la forme d'un serpent), les sorcières rappelaient que l'incarnation dans la chair ne peut se faire sans ce principe fondamental.  Dans un monde régi par un dieu patriarcal jaloux, cette puissance est insupportable, car irréductible.

Quand l'Âme agit sans l'Esprit

Et c’est bien là que le piège se referme : tout ce qui échappait au contrôle institutionnel fut requalifié en « magie ». Mais qu’est-ce que la magie, sinon l’« Âme qui agit » ? Une force qui manipule les formes, mais sans passer par l’Esprit. Or, une âme qui agit sans esprit finit toujours par s’enchaîner elle-même : ce qu’elle attire par ignorance, elle devra tôt ou tard le payer.

En français, le mot sorcier (ou sorcière) vient du latin sortiarius, « diseur de sorts » dérivé de sors, le sort ou le destin. La magie est donc une énergie codée et le sort, une intention exprimée qui peut être brisée instantanément par une fréquence supramentale (d'où l'importance de toujours vibrer haut). Le non-consentement produira un effet boomerang qui non seulement rendra inopérant tout acte de magie, mais cette énergie devra trouver une cible et ce seront ceux qui l'auront émise qui écoperont. Le sort rebondira ainsi en triple intensité vers ses auteurs.

Revêts-toi d'ombre
File à travers les ondes
À la rencontre de la fierté et de la vérité
Le danger est une grande joie
L'obscurité brille de l'intensité d'un feu

"Witches' Song", Marianne Faithfull (1979)

À noter que la magie, qu'elle soit noire ou blanche, demeure la même puisque c'est là encore une affaire de polarités interchangeables. La polarisation est, d'ailleurs, un piège pernicieux qu'il faut impérativement s'appliquer à dépasser. Ainsi prier pour autrui est une forme de magie, peu importe la louabilité de l'intention. D'où l'adage bien connu mais mal compris : « l'enfer est pavé de bonnes intentions ». 

En outre, le terme sort, en français2, n'est pas sans rappeler le verbe sortir. La sorcière est celle qui sort des cadres et brise les cercles. Sous sa forme intransitive, elle s'extrait du lot, de la norme, des boucles matricielles ; sous sa forme transitive, elle expose ce qui est occulté : le savoir, les secrets, les forces invisibles.

Des friandises ou un sort 

Mais « sortir », c’est parfois aussi « déballer ». Car la Matrice adore nous offrir ses papillotes scintillantes, promesses de douceurs et de réconfort. Comme dans les Dragées surprise de Bertie Crochue, on prend un risque à chaque bouchée : 

— Fais attention avec ça, dit Ron. On peut vraiment avoir des surprises en mangeant ces trucs-là. Il y a toutes sortes de parfums. Si tu as de la chance, tu peux avoir chocolat, menthe ou orange, mais parfois, on tombe sur épinards ou foie et tripes. George dit qu'un jour il en a eu un au sang de gobelin.

Harry Potter à l'école des sorciers, J.K. Rowling (1997)

Voilà bien l’image de la Matrice : un emballage séduisant, mais un goût aléatoire — et plus souvent immonde que délicieux.

Et dans le genre friandises piégées, les pervers narcissiques sont de véritables maîtres confiseurs. Extérieurement, ils se parent de papiers brillants et chatoyants. Mais à l’intérieur, ce n’est pas du chocolat : c’est de la matière déjà digérée, recyclée et reconditionnée. On pourrait croire que l'odeur finit par trahir l'emballage, mais malheureusement, ils réussissent toujours à convaincre leur entourage que ce n’est pas eux qui sentent mauvais, mais leur victime sur laquelle ils s'acharnent jusqu’à la faire craquer.

Ces papillotes humaines ne sont pas que des individus dysfonctionnels : ils servent bien souvent de relais aux sous-êtres archontiques. Leur rôle ? Déclencher la réaction émotionnelle de l’autre pour ensuite inverser les rôles. Ils provoquent, harcèlent, manipulent, jusqu’à ce que la victime s’effondre. Alors, ils pointent le doigt : « Voyez, le monstre, c’est elle ». Et tant que personne n’ose déballer la papillote, le stratagème continue.

Ce qui est en haut comme ce qui est en bas

Car des papillotes humaines aux confiseries archontiques, le principe reste identique : les « grands de ce monde », apprentis sorciers de la magie noire et de l’illusion, emballent toujours leur poison dans les papiers chatoyants du « progrès », de la « morale » ou de « l’inclusivité ». Les friandises changent, mais le goût amer du politiquement correct demeure aussi infect que l’humainement abject.

Ces élites, relais consentants de la matrice, occupent les sièges du pouvoir pour mieux inverser les rôles : hypnotiser les foules, projeter leur culpabilité sur ceux qui échappent à leur contrôle, et désigner des coupables à brûler — hier sur les bûchers, aujourd’hui par la culture de l’annulation, les purges politiques ou médiatiques.

Et que l’on ne s’y trompe pas : les chasses aux sorcières ne sont pas un souvenir poussiéreux des âges sombres. En Afrique (et ailleurs), des femmes et des enfants sont encore torturés et tués sous prétexte de sorcellerie, comme en témoignent les rapports d’Amnesty International3.

Quand je regarde par ma fenêtre,
Il y a tant de choses à voir.
Et quand je regarde à l'intérieur,
Il y a tant de personnalités différentes à adopter.
C'est étrange, tellement étrange :
Il faut reprendre chaque point d'assemblage.
Ce doit être la saison des sorcières.

"Season of the Witch", Donovan (1966)

Les archontes recyclent éternellement les mêmes scénarios, non pas pour que les âmes prisonnières apprennent — à quoi bon quand on efface et manipule les mémoires ? —  mais pour entretenir la boucle qui les nourrit.

Notes et références

  1. ^  Dans la mythologie grecque, Charon est le nocher (le passeur) des Enfers. Il est le fils d'Érèbe (l'Obscurité) et de Nyx (la Nuit). Sur les marais de l'Achéron, il faisait traverser le Styx avec sa barque, contre une obole, aux âmes des morts ayant reçu une sépulture, d'où la coutume de placer une obole sous la langue du mort avant son enterrement. Ceux qui ne pouvaient payer, faute d'avoir été enterrés convenablement, devaient errer sur les bords du fleuve Styx pendant cent ans.
  2. ^ Chaque langue possède une fréquence spécifique qui va bien au-delà des mots. Le français se classe parmi les langues initiatiques. Historiquement, il était et reste encore utilisé dans les hautes loges occultes, notamment en raison de sa structure riche et précise, qui permet une codification complexe des idées et des rituels. 
  3. ^ Accusée d’être une sorcière, Akua Denteh, 90 ans, a été lynchée et battue à mort dans les rues de Mempeasem en juillet 2020. Dans certaines régions d’Afrique, les sorcières font peur et sont pourchassées. Selon Amnesty International en Gambie, plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées et placées en détention. Ces personnes sont torturées et forcées à boire une boisson hallucinogène les contraignant à avouer leur sorcellerie. 

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Biorythmes : la partition invisible de nos vies

Avez-vous déjà remarqué ? Lorsque vous êtes plein de vitalité, souvent la personne la plus proche de vous est à plat. Quand l'autre est de bonne humeur, c'est vous qui êtes irritable. Et quand vous avez les idées claires, l’autre semble confus. Comme s'il existait des schémas énergétiques récurrents qui entretenaient ces phases de désalignement.

C'est là qu'intervient l'étude des horloges biologique ou biorythmes. Il s'agit d'un ensemble de trois cycles réguliers, calculés à partir de notre date de naissance. Le premier de 23 jours affecterait notre vitalité physique ; le second de 28 jours nos humeurs et nos émotions ; et enfin, le troisième de 33 jours notre mental et notre communication. 

Ces cycles ne sont d'ailleurs pas sans rappeler, respectivement, ceux du Soleil, de la Lune et de Mercure, réputés pour avoir le même type d'influence dans le thème astrologique.

Les biorythmes sont représentés sous forme d'ondes sinusoïdales avec des phases optimales (pics), dépressionnaires (creux) ou critiques lorsque la courbe atteint l'abscisse (ou point zéro).

La question ici n'est pas de débattre de la réalité scientifique de ces cycles ni de leur bienfondé, puisque chacun peut les observer et décider par lui-même. La vraie question serait plutôt : si ces cycles sont naturels, quel intérêt servent ces déphasages intermittents — aussi bien au niveau individuel que collectif ?

Et si, à l'instar du thème astrologique (ou astral), ces rythmes biologiques relevaient purement d'une programmation matricielle ? Une manière de nous maintenir dans des oscillations prévisibles, de limiter nos pics, et surtout… d’empêcher que nous soyons trop souvent en phase avec les autres.

Visualisez une onde sonore. Les ingénieurs du son ont souvent recours à un système d'écrếtage des pics, appelé limiteur, pour maintenir le volume dans une plage contrôlée. 

Et si les biorythmes jouaient exactement ce rôle pour nous ? 

Des limiteurs invisibles qui empêcheraient nos pics d’énergie, d’émotion ou de clarté intellectuelle de durer trop longtemps.

Encore plus subtil : lorsque deux (ou plusieurs) ondes sonores se rencontrent, si elles sont en phase, elles peuvent s’additionner, amplifiant ainsi le volume et la puissance. Mais si elles sont déphasées, elles s’annulent partiellement, ce qui réduit l’élan.

Et si la matrice organisait ce déphasage en permanence ? 

Quand vous êtes en haut, l’autre est en bas. Quand l'autre est clair, vous êtes confus. Quand vous avez envie de bouger, l'autre n’a aucune énergie. Résultat : jamais vraiment en phase. Toujours un peu de friction.

Et que génère cette friction ? Le fameux loosh, cette énergie émotionnelle dont le système se nourrit. 

Dans cette logique, les biorythmes ne seraient pas seulement des courbes individuelles. Ils serviraient aussi à organiser nos relations, nos rencontres, nos conflits.

Deux personnes rarement en phase produisent beaucoup plus de tension, donc beaucoup plus d’énergie exploitable pour la matrice. Comme si nous étions tous branchés sur une partition invisible, qui s’assurait que l’harmonie reste rare, et que la dissonance soit la norme.

Alors, la prochaine fois que vous sentirez ce déphasage avec un proche, au lieu d'accepter cette fatalité comme un phénomène pseudo-naturel contre lequel vous ne pouvez rien, demandez-vous plutôt ce qu'il adviendrait si vous pouviez refuser d''entrer dans ce jeu et retrouver votre propre fréquence.

Parce que si ces cycles existent, le plus grand pouvoir reste le vôtre : celui de choisir de ne pas y croire, et de vous réaligner en conscience à votre axe.

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