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Le doigt sur son étoile

Une petite histoire écrite dans le cadre du projet Eklabugs ressortie des fagots d'il y a cinq ans que j'ai pris grand plaisir à adapter en vidéo. Inspiration Bowie, Indochine et Saint-Exupéry. J'espère que le résultat vous plaira.

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Mythe de toujours et fable au goût du jour

Il ne fait pas bon vivre sous le soleil de Satan où l'herbe calcinée marque une période de vaches maigres pour tous les courageux mousquetaires de la blogosphère qui livrent de leur plume le plus noble des combats : celui de la liberté d'expression. Il n'en demeure que le projet Eklabugs ne fait point exception, victime de cette décérébration massive qui sévit aux quatre coins du globe — une expression consacrée par ailleurs totalement absurde, vous en conviendrez. Loin de renoncer, nous, vaillantes guerrières de lumière, décidâmes de surfer à contre-courant de cette vague de noire peur pour nous faire plaisir en vous contant des fables. Et de la cigale et la fourmi au chat et la souris, il n'y avait qu'un petit entrechat auquel je me suis allégrement livrée, foi d'aspirante petit rat aux pieds plats qui dut sacrifier ses rêves d'opéra d'antan à jamais gravés dans son cœur d'enfant.

Le chat et la souris

Le chat qui, ayant été confiné
Tout le printemps durant,
Ne rêvait que de croquer
Des souris à pleines dents,
Se trouva fort contrarié,
Quand vint l'été,
De devoir garder ses distances
Pour s'assurer pitance.

La souris, quant à elle, ayant dansé
Tout son saoul et tout son content,
Se trouva fort ennuyée
De reprendre sa vie d'antan,
Contrainte et forcée
À rester cachée
Et renoncer à cette insouciance
Pour sa propre survivance.

« Holà, petit rat ! » fit le chat
Qui se trouvait à passer par là,
Par l'odeur du tutu alléché
Et les vapeurs de gel éméché.

« Je ne suis point un rat »
Rétorqua la souris à ce goujat
De gros minet masqué
À l'odeur surannée.

« Qu'importe qui tu es,
Te voilà bien faite comme un rat »
Ricana le vilain chat
Avant de la dévorer
Sans autre forme de procès.

Moralité :
Il n'y en a pas.
Cette fable est totalement immorale.

Projet EklaBugs #61

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Des sorcières et des fées

Une session Eklabugs un peu spéciale ce mois-ci pour célébrer la cinquième année d'existence du projet. J'obéirai donc aux fameux adages, « Qui aime bien, châtie bien » et « En mai, fesse qui te plaît ».

Les trois sorcières à l'ouest

Les Folles Sœurs, main dans la main,
Voyageuses par mer et terre,
Vont alentour à tous chemins ;
Trois fois pour toi, et trois pour moi,
Encore trois fois faisant neuf fois.
Paix ! car le charme va se faire.

Macbeth, William Shakespeare

Fruit souffreteux des incantations des trois sorcières Swadloon, Nyeh et Queenie, dans l'illusion d'optique de conquérir la toile en hypnotisant les Eklablogueurs pour les inciter à voter chaque mois afin de décider à quel supplice intellectuel les forcer à se soumettre (de leur plein gré consenti par la ruse), ce projet ultra louche fit aussitôt mouche, attirant dans ses fils gluants une myriade de petits papillons innocents.

Et ce, avec la bénédiction de la Grande Prêtresse Stéphanie qui s'empressa de les épingler « Reines du jour », détrônant au passage la fée Mutine de sa gloire éphémère de phalène suprême — et qui entendit bien se venger de cet affront.

L'aventurière solitaire

Égarée dans ce projet infernal,
L'héroïne s'appelle la fée Mutine.
À la rescousse des causes perdues,
Elle brandit toujours ses thèmes tordus
Avec son amie la fée Pachié,
Sauvée de justesse de la débandade,
Stop au trafic des casse-bonbons,
En cale sèche sur l'opération d'Aquabon.

"L'aventurière", Indochouine (2020)

C'est à l'occasion de leur troisième méfait, sous l'identité de couverture de la très caustique Dame Eyael, qu'elle infiltra leur couvent. Un acte héroïque désopilant qui signa sa perte. Car Mutine se laissa envoûter à son tour et ne s'en remit d'ailleurs jamais point (virgule), même après un tragique accident de baguette magique dans la forêt interdite qui la transforma en Féfée Brindacier (point à la ligne).

Malheureusement, les effets du sortilège ne tardèrent pas à se dissiper. Au fil des lunes, les Moldus se firent de moins en moins nombreux à se joindre à leurs sabbats menstruels et la benjamine prit bientôt le large. Ou la poudre de cheminette (en fait, personne ne se souvient si elle se tailla en balai ou par la cheminée).

C'est après la défécation de Queenie qu'entra en scène Dame Eyael pour officier officieusement au quatorzième sabbat (pas folle la fée, elle n'allait pas se taper le treizième) et passer, à l'occasion, un petit coup de balai de la cave au grenier (fée du logis oblige).

Du temporaire qui ne tarda pas à se transformer en pacte irrévocable quand Swadloon, la chef du clan, rendit à son tour sa serpillière et son balai, suivie de peu par Nyeh, inconsolable, qui sombra cors et rames dans les flots sombres de son seau d'encre invisible, laissant Mutine seule comme une vieille chaussette dépareillée à la barre del barco de papel sin timonel perdido en mar.

Le vent des blogs

Je ne suis pas marine,
Je suis capitaine,
Je suis capitaine,
Je suis capitaine,
Ba-ba-bamba !
Ba-ba-bamba !

"La Bamba", Ritchie Valens (1958)

Certes elle n'avait beau être ni Marine (halleluia !) ni Florence, Sainte Rowena soit louée (tonnerre de Brest !), elle parvint à garder le rafiot à flot (et non avec Flo) avec sa petite baguette légèrement élastique de 27,5 cm en bois de poirier et crin de licorne dégotée chez Ollivander.

Prises de remords ou d'amertume (la mer tue aussi car plus amer, tu meurs), deux des sorcières tentèrent quelques apparitions erratiques (à ne pas confondre avec érotiques) qui, loin d'effrayer Mutine, lui firent les fées inverses.

La fée kiffa même le caméo fantomatique de Swadloon (doucement les herbes médicinales), pas encore guérie de son addiction au gouda (toujours pas dégoudée), et de Nyeh la teigneuse qui avait recouvré sa visibilité après un séjour prolongé au soleil de minuit (l'heure des sorcières six mois par an).

C'est d'ailleurs à son retour de Laponie (après que son igloo ait fondu suite à une explosion de chaudron et où, en panne de balai, elle fut prise en stop par le Père Noël) qu'elle décida de revenir torturer les Moldus. Mais la fée Mutine alias Dame Eyael veille au grain. Et à dire vrai, à l'ivraie aussi. Et l'ivresse.

Parce que voyez-vous, elle l'aime ce projet. Il tient à peine debout mais elle l'aime. Oh oui, elle l'aime, c'est beau comme elle l'aime.

Et si vous l'aimez aussi, je vous conjure d'aller lire les déclarations (d'amour, pas d'impôts) des autres participants dont vous trouverez la liste sous le tas de gravats et toiles d'araignées.

Projet EklaBugs #58

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : Stefan Keller

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Dix minutes

Il y a quatre ans, Gaellah a créé un blog appelé Concours où elle lance de petits défis littéraires : écrire une histoire courte à partir d'un thème donné et le privilège d'avoir peut-être la première place sur le podium pour le récit sélectionné par ses soins. Malheureusement, son projet est plus ou moins à l'abandon faute de participants et surtout d'exposition suffisante. Comme son idée m'a plu, j'ai décidé de me prêter au jeu, non pas pour participer officiellement mais juste pour m'amuser et voir si j'allais arriver à quelque chose. Parce que croyez-moi, c'est moins facile quand on se retrouve devant une page blanche sans la moindre idée de ce que l'on va écrire. Dans ce cas précis, l'histoire m'a littéralement traversée. Je n'avais absolument pas l'intention d'aller dans cette direction mais je n'ai pas choisi : les personnages se sont mis à parler tout seuls et je n'ai pas eu d'autre choix que de les suivre. Je m'excuse auprès de Gaellah si j'ai un peu détourné le thème (10 minutes pour faire ses valises et fuir un danger) mais comme je me positionne hors concours, je pense que cela n'a pas une grande importance. Et puis, qui sait si l'histoire avait été plus longue (oui, pour une fois, j'ai fait très court), mon personnage dont je ne connais même pas le nom aurait peut-être emmené la valise ? À vous d'imaginer la suite et de me dire. C'est un peu le but de la manœuvre : déverrouiller l'imagination de chacun.

♦ ♦ ♦

Dix minutes. C'était le temps qu'il lui restait pour tout fourrer dans la valise et mettre les bouts. Dix putain de minutes avec le palpitant qui se tapait un pogo dans le carburateur et les genoux qui jouaient des castagnettes.

« Dix minutes, je n'y arriverai jamais. Bordel, c'est mort !

— Non, ça c'est si tu ne te bouges pas le cul et restes planté-là, tétanisé, à attendre qu'on vienne te refroidir.

— N'empêche que c'est chaud... Marrant, le chaud avant le froid. Se faire fumer pour finir au congel, tu parles d'une équation. To be or not to be.

— Bouge-toi, merde ! C'est pas le moment de philosopher sur les ironies du langage.

— Quoi, t'aimes pas Shakespeare ?

— Non, mais le chat qu'expire, ça pourrait bien être toi si tu ne t'actives pas.

— Le chat du Cheshire, c'est mieux. Allez, où qu'elle est cette foutue valise qu'on en finisse ?

— Là, sur le bureau, à ta gauche. Tu devrais la voir. Tu déverrouilles le code et tu insères le dispositif en faisant gaffe à ne pas frôler les capteurs.

— Et si ça foire ?

— Ça ne peut pas. C'est notre unique chance, tu le sais.

— Qui ne dit mot consent.

— Ta gueule et fais-le ! »

Dix minutes pour jouer les héros et sauver l'humanité d'un cauchemar irréversible, c'était tout ce qu'il lui restait pour faire la différence. Il se sentit soudain investi d'une force nouvelle, presque surnaturelle, qu'il n'aurait jamais cru avoir en lui. Il allait sauver le monde et personne n'en saurait jamais rien. Mais c'était sans importance parce qu'à ce moment-là, il sentit que le monde et lui ne faisaient plus qu'un.

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : radiuoz

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Maudits mots

Pour cette dernière session de l'année du projet Eklabugs, nous avons carte blanche pour ce qui est du thème avec toutefois la contrainte de dix mots (à la onc), sélectionnés par un algorithme, qu'il faudra caser bon gré mal gré (Ô misère) dans le corps de nos articles.

Contagion mentale

Autant vous l'avouer d'entrée : à l'instant où je tape ces lignes sur la page vierge de mon écran, ma muse s'est portée gréviste pour une durée illimitée, m'obligeant à trouver une solution à l'arrache pour assurer le service minimum. Je vous prie donc de m'excuser par avance de la piètre qualité et de la brièveté exceptionnelle de cette bafouille.

Je venais juste de me raviser de vous balancer une vanne facile sur Muse quand un tweet de Matt Bellamy est apparu soudainement dans mon fil d'actus. Pour une coïncidence...

Alors comme ça, le père Matthiou aurait débauché ma précieuse collaboratrice en la conviant à la fête d'anniversaire de sa jeune et ravissante épouse ? Et moi alors, même pas droit à une larmichette de champ ? Une ch'tite miette de gâteau tutti rikiki ?

« Nan, aux pâtes et à l'eau ! Moi muse, toi esclave. »

Ne te méprends pas, ma chérie,
Tu vas perdre à ton propre jeu...

"Plug In Baby", Muse (2001)

OK, je prends acte. Elle ne perd rien pour attendre cette p... ! Tenez, pour le coup, je me mettrais bien en grève moi aussi. Histoire de lui montrer que sans moi, sa traductrice, sa metteuse en mots, son canal d'expression, ses idées de génie elle peut se les carrer dans le... trou noir supermassif.

Et toc, on fait moins sa fière, là !

Mégalomanie

Non mais, écoutez-le ce charlatan de Voldemuse débiter sa propagande sous le tonnerre d'applaudissements des hordes de Moldus hurluberlus, hypnotisées par ses lunettes stroboscopiques et le torrent de décibels vomi par des amplis hauts comme des immeubles qui défigurent le paysage sonore.

Un, deux, trois, quatre,
Vos yeux s'enflamment
Et le chaos défie l'imagination...

"Panic Station", Muse (2012)

Tétanisée par l'onde de choc, je ressemble à un greffier au poil hérissé d'électricité statique en pleine crise d'épilepsie. Houlà, vite que je me bouche les écoutilles, les mirettes et que je me terre dans ma carapace de tortue (non pas la tête où vous pensez, je ne suis pas souple à ce point).

Le côté obscur

Et hop, réalité virtuelle augmentée, je me retrouve propulsée sur l'autoroute de l'enfer (sur fond de cloches assourdissantes) parsemée de péages et de parcomètres. Qu'on avance ou pas, dans tous les cas, il faut raquer.

Je renoncerais bien à tout ça
Pour relâcher la pression.
Encore 15.000 km à parcourir,
Encore 500 heures avant de rentrer..

"Something Human", Muse (2018)

Je me sens un peu comme Déméter descendue aux enfers pour en ramener Perséphone. En l’occurrence, moi, c'est ma muse que je viens chercher.

Quand j'ai l'esprit confus,
Je ne trouve pas les mots.
J'ai parcouru la moitié du monde
Pour te dire que tu es ma muse.

"I Belong To You (Mon cœur s'ouvre à ta voix)", Muse (2010)

Et voilà. Le périple fut long et laborieux mais elle a quand même fini par entendre raison et nous nous sommes réconciliées.

Je ne te laisserai jamais partir
Si tu promets de ne pas disparaître.

"Starlight", Muse (2006)

Petite précision avant de vous téléporter chez les autres participants dont vous devriez trouver la liste ci-dessous : cet article est à prendre au second voire au troisième degré. Je n'ai absolument rien contre Muse ni Matt Bellamy (que je remercie d'ailleurs pour avoir été mon Deus ex machina sur ce coup là). Je sais que la majorité l'aura compris mais je sais aussi que nous ne sommes pas tous égaux dans nos cerveaux.

Rendez-vous l'année prochaine !

Projet EklaBugs #53

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Le doigt sur son étoile

Pour cette nouvelle session Eklabugs du mois raccourci, nous avons décidé de nous extraire de la routine et sortir des sentiers battus pour aller explorer les voies nébuleuses de notre imagination avec pour seul guide cette image d'un jeune photographe-artiste visuel de génie dont je vous invite d'ailleurs à visiter la galerie sur DeviantArt. N'oubliez pas non plus de consulter les découvertes des autres participants dont vous trouverez la liste à la fin de ce billet.

Ne tirez pas sur la comète

Naufragé stellaire de la nuit des temps, surfant sur la Voie Lactée, entre gaz, poussières, naines bleues, blanches, rouges, jaunes, brunes ou noires — la tête encore dans les nuages et pleine de nébuleuses, à califourchon sur son astéroïde austère, ne cherchant qu'à décrocher la lune — l'aventurier singulier se fit happer par la gravité terrestre.

Ne vois-tu pas venir
Une comète éclatée ?
Voir de loin un danger
D'un monde ignoré.

"Black Sky", Indochine (2017)

Fauché en pleine orbite au dessus de l'Étoile par un tir de flashball malencontreux des foudres de Jupiter, l'homme des étoiles en vit une multitude en plein midi1 — de belles étoiles jaunes fluo — et puis plus rien. Trou noir supermassif.

À force de tirer sa comète par la queue, sa bonne étoile avait fini par pâlir2 avant de filer vers d'autres cieux moins belliqueux.

L'homme des étoiles

Il y a fort longtemps de cela — des années-lumières, alors qu'il n'était encore qu'un tout jeune prince, l'homme des étoiles hérita du trône de son père. Et il commença à se sentir bien seul sur sa toute petite planète tutti rikiki du fin fond du rectum de l'univers.

Une planète tellement minuscule et insignifiante qu'elle n'avait même pas de nom. Juste un code alphanumérique que lui avait attribué un jour un astronome turc après l'avoir longuement observée du bout de sa lorgnette.

Il y a un homme des étoiles qui attend dans le ciel,
Il aimerait bien venir à notre rencontre
Mais il pense que ça nous ferait péter un câble.

"Starman", David Bowie (1972)

S'occupant principalement à ramoner les volcans pour éviter qu'ils ne détruisent son astéroïde et à arracher les baobabs avant qu'ils ne l'envahissent, cette inlassable routine lui pesait si mortellement qu'il finit par broyer du noir. Beaucoup de noir. Si bien qu'un beau soir, par une nuit d'encre, surgit du sol rocailleux une rose noire sublime qu'il aima du feu de dieu3 jusqu'à la lune aller-et-retour4.

Mais la belle, nourrie au soufre, aimait tellement jouer avec le feu qu'elle lui en mit plein la vue. Elle lui fit voir la lune en plein midi5 et miroiter de s'envoyer en l'air pour atteindre le septième ciel.

J'ai demandé à la lune
Et le soleil ne le sait pas.
Je lui ai montré mes brûlures
Et la lune s'est moquée de moi.

"J'ai demandé à la lune", Indochine (2002)

Mais en guise de lune de miel, il n'eut qu'un déjeuner de soleil6 pour finir par devoir faire briller la lune7 lui-même et la prendre avec les dents8 pour en retirer une à une, les quatre épines de sa rose inconséquente.

L'Electrastar

La Lune s'étant éclipsée, il entreprit de compter les étoiles9 de la voûte céleste en hurlant à l'astre sélène qu'il finirait bien par l'avoir.

Alors commença son odyssée en quête de la lune et de la pluralité qui mettrait fin à sa singularité.

Là-haut sur la mer étoilée,
Sur mon bateau j'observerai
Dans l'espace et les galaxies
Où poser mon satellite.

"Satellite", Indochine (1996)

Mais avant même d'avoir posé quoi que ce soit sur Terre, il se retrouva terrassé par un éclair aveuglant et aussitôt placé en garde à vue, lui qui n'y voyait plus rien.

Ils essayèrent bien de lui faire cracher le morceau — qu'il avait pris dans l'œil (les sots), révéler le pot-aux-roses. À coups de castagnettes. Autant d'épées dans l'eau car il était également devenu sourd comme un pot.

Et puis, de toute manière, sur sa planète, il n'y avait ni pot ni sot ni eau. Juste une rose sulfureuse qu'il commençait finalement à regretter.

« Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : "Ma fleur est là quelque part…" Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! ».10

Ses paroles vibrèrent si sincèrement au diapason de son cœur si pur et si innocent qu'il conquit la Terre entière. Du moins, ceux des Terriens à qui il restait encore un soupçon d'humanité. C'est-à-dire pas beaucoup. Mais suffisamment pour inverser la vapeur, éteindre les volcans et déraciner les baobabs.

Qui sait, tu pourrais le trouver ici
Sur le rocher du Pays Noir
Il parait que la vue est incroyable
Mais tu pourrais changer d'optique.

"Black Country Rock", David Bowie (1970)

« Les yeux, ajouta-t-il, sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur. »11

Et ainsi, sans l'avoir cherché du tout, d'ailleurs, le prince éborgné, venu d'ailleurs, se retrouva roi au royaume des aveugles.

Notes et références

  1. ^ Voir des étoiles en plein midi : recevoir un coup violent qui éblouit.
  2. ^ Voir son étoile pâlir : voir sa chance tourner.
  3. ^ Du feu de dieu : terriblement.
  4. ^ To love to the moon and back again : aimer plus que tout au monde (expression anglaise).
  5. ^ Faire voir la lune en plein midi : abuser de la crédulité de quelqu'un.
  6. ^ Déjeuner de soleil : quelque chose qui dure peu.
  7. ^ Moonlighting : ramer, galérer (expression anglaise).
  8. ^ Prendre la lune avec les dents : faire l'impossible.
  9. ^ Compter les étoiles : entreprendre une action impossible.
  10. ^ Extrait du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry (1943), la source d'inspiration principale de cet article et sans doute mon tout premier livre de chevet avant même de savoir lire (il existait un coffret vinyle de l'histoire narrée par Gérard Philippe).
  11. ^ Ibid. 10.
  12. Autres sources d'inspiration, vous l'aurez deviné : les textes de Nicola Sirkis d'Indochine qui, avec son nouveau look capillaire, me fait penser de plus en plus au Petit Prince — et David Bowie, l'inventeur du Space Rock qui a inspiré cette image à l'artiste.

Projet EklaBugs #43

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : Christophe Kiciak

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Cygne d'étang

Cygnes sauvages, cygnes blancs,
Vous vous cachiez loin des méchants,
Mais sur la Terre, vous l'avait-on dit,
Une princesse pleurait la nuit,
Pleurait ses souvenirs d'enfant.

"Les Cygnes sauvages", Michel Fugain (1974)

Pressée de voir son rejeton quitter le nid, la Reine-mère lui organise un speed-dating pour ses dix-huit ans. Furax, le prince, pas encore majeur (et surtout pas vacciné contre la grippe aviaire), fugue et se retrouve tout seul dans les bois en pleine nuit. Là, il voit passer au-dessus de lui des cygnes qui lui lâchent une bouse. Vénère, il les suit jusqu'à l'étang, bien décidé à en flinguer un pour le petit déj et tombe nez à bec avec une belle poulette uniquement vêtue de plumes blanches et qui n'a rien d'une oie sauvage.

La dame du lac s'appelle Odette (et non, perdu : lui c'est pas Arthur mais Siegfried). Une princesse victime d'un sort lancé par un c***ard de sataniste jaloux avec un nom à coucher dehors (Rote quelque chose... Rothschild ? Rottweiler ?) qui a décidé que s'il ne pouvait l'avoir dans son pieu, nul autre ne le pourrait. Donc la nuit, elle danse à poil sur les eaux gelées de la mare de larmes et le jour, elle fouille la vase avec ses congénères emplumés.

Le Prince bien évidemment la kiffe grave au premier regard. Et comme l'amour est la plus puissante des énergies de tout l'univers du monde, leur love story fait capoter illico presto le schmilblick maléfique et rappliquer le c***ard de sataniste. L''amoureux transi saisi d'effroi (forcément à danser toute la nuit pieds nus sur la glace) cherche à lui voler dans les plumes mais Odette s'interpose dans leur prise de bec car faudrait surtout pas que le Rottweiler clamse avant que le sort soit brisé sinon elle resterait pour l'éternité le bec dans l'eau.

Alors que faire, hein ? Je vous le donne en mille : lui passer la bague au doigt. Fastoche ! Sauf que le c***ard de sataniste a une fille appelée Odile qu'il déguise en Odette version cygne noir et que Siegfried (qui est daltonien ou en a un petit coup dans l'aile) n'y voit que des plumes et s'apprête à épouser la dinde. C'est à cet instant que débarque la poulette (ou cygnette, devrais-je dire) et que le jeune blanc-bec réalise qu'il s'est fait pigeonner.

Trop tard ! Odette va devoir fouiller la vase éternellement pour toujours et quitte à bouffer des vers, autant que ce soit eux qui la bouffent, et dans l'eau de là-bas elle se jette avant de perdre à jamais forme humaine. Siegfried, qui n'a aucune envie d'avoir une dinde pour épouse et un Rottweiler pour beau-père, dans le haut du lac se jette aussi.

Mais comme l'amour est la plus puissante de toutes les énergies de tout l'univers du monde, le c***ard de sataniste se retrouve bien ni**é et les amoureux entourés de plumes au paradis.

C'est pourquoi chaque fois qu'il neige en hiver, ce sont, en réalité, les anges qui se bastonnent pour tenter d'obtenir les faveurs de Sa Majesté du Lac (et non les effets du réchauffement climatique comme on aimerait bien vous le faire croire).

Joyeux solstice à tous et gare aux coups de lune !

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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