L'arbre de Noël

Cette nouvelle sur le thème de Noël — tombée dans le domaine public et dont j'ai créé un petit livre électronique que je vous propose au téléchargement — est en fait la toute première publiée dans Household Words (Mots d'usage courant), l'hebdomadaire à large diffusion dont Charles Dickens, son auteur,  fut le directeur et le rédacteur en chef de 1850 à 1859. Le nom de ce journal serait d'ailleurs inspiré d'un vers de Shakespeare dans la pièce Henry V, « Familiers dans sa bouche comme des mots d'usage courant ». À noter, que la tradition populaire du feuilleton littéraire lancée, en Angleterre, par Dickens a été reprise à notre époque par Stephen King pour son roman La Ligne verte qu'il publia en six tomes d'une centaine de pages chacun, sans aucune idée ni du nombre d'épisodes qu'il allait écrire ni de la tournure qu'allait prendre l'histoire.

Je viens de passer la soirée avec une joyeuse compagnie d’enfants réunis autour de ce charmant jouet venu d’Allemagne qu’est un arbre de Noël. Cet arbre, planté au milieu d’une large table ronde et s’élevant au-dessus de leurs têtes, était magnifiquement illuminé par une multitude de petites bougies et tout garni d’objets étincelants. Il y avait des poupées aux joues roses qui se cachaient derrière les feuilles vertes ; il y avait des montres, de vraies montres, ou du moins avec les aiguilles mobiles, de ces montres qu’on peut remonter continuellement ; il y avait de petites tables vernies, de petites chaises, de petits lits, de petites armoires et autres meubles en miniature, fabriqués à Wolverhampton, qui semblaient préparés pour le nouveau ménage d’une fée ; il y avait de petits hommes à la face réjouie, beaucoup plus agréables à voir que bien des hommes réels, — car si vous leur ôtiez la tête, vous les trouviez pleins de dragées ; — il y avait des violons et des tambours ; il y avait des tambourins, des livres, des boîtes à ouvrage, des boîtes de peinture, des boîtes de bonbons, toutes sortes de boîtes ; il y avait, pour les filles aînées de la maison, des bijoux bien plus brillants que des bijoux en or et en diamants des grandes demoiselles ; il y avait des corbeilles et des pelotes à épingles ; il y avait des fusils, des sabres et des drapeaux ; il y avait des sorcières en carton, qui se tenaient par la main pour danser la ronde du sabbat ; il y avait des totons, des sabots, des toupies, des étuis à aiguilles, des essuie-plumes, des flacons de sels, des carnets de bal, des porte-briquets, des fruits naturels artificiellement convertis en fruits d’or, et des imitations de pommes, de poires et de noix, contenant des surprises ; bref, comme le disait tout bas devant moi un charmant enfant à un autre charmant enfant, son meilleur ami : « Il y avait de tout, et plus encore. » En admirant cette collection si variée d’objets de toutes formes qui pendaient à l’arbre comme des fruits magiques et fascinaient les regards de tous ces frais visages, dont quelques-uns pouvaient à peine se mettre au niveau de la table et dont quelques autres exprimaient leur timide étonnement sur le sein d’une jolie mère, d’une jeune tante ou d’une fraîche nourrice, j’éprouvai de nouveau toutes les sensations de ma propre enfance et me laissai aller à l’idée que rien dans la vie réelle ne vaut peut-être les douces illusions de l’âge des arbres de Noël et de tant d’autres arbres enchantés.

"L'Arbre de Noël", Charles Dickens

Pour lire ce livre électronique, vous pouvez utiliser la liseuse fournie avec Calibre.

Bonne lecture !

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