Aimants

Ancien mannequin, victime de torture et d'abus sexuels durant son enfance et son adolescence, Teal Swan, de son vrai nom Teal Scott, est une « coach spirituelle » renommée aux États-Unis. Comme à l'habitude, sa beauté, son non-conformisme, sa réussite sociale et surtout sa grande popularité déplaisent et attisent les haines et la controverse. À l'instar de Laura Marie par chez nous mais à plus grande échelle, certains la considèrent de fait comme un gourou toxique et pire encore (si cela vous intéresse, cet article en anglais vous permettra de vous faire une opinion plus éclairée et documentée, même si le contenu de ce qui suit ne sera en aucun cas invalidé par la supposée authenticité ou non authenticité de son auteure).

Petite précision utile donc : je ne suis pas en train de faire son apologie pas plus que je ne compte la dénigrer ; je ne la connais pas suffisamment pour avoir une opinion. Je n'en vois d'ailleurs pas l'intérêt du fait que je ne suis adepte d'aucun courant, je ne suis personne, je prends ce qui me parle, je fais preuve de discernement en mon être et non en mon mental conditionné et je me contrefiche de ce que pensent les uns et les autres car je choisis ma voie sans l'imposer à autrui. Par conséquent, comme toujours (je me répète mais parfois c'est nécessaire et puis je tiens compte du lecteur occasionnel de passage qui tomberait par hasard sur ce billet et ne me connaîtrait pas), je ne fais que partager mes croyances et ressentis du moment, susceptibles d'évoluer et d'être remis en question au fil de mon évolution personnelle et je ne les pose pas en vérités. Je n'en attends pas moins en échange et ne tolérerai pas qu'on me demande de me justifier ou qu'on se serve de cet argument pour lancer une polémique. Ce n'est pas le lieu et si ça ne vous plaît pas, il vous suffit de passer votre chemin, merci.

Pour ceux qui ont choisi de rester, je voudrais ajouter qu'il est bien normal voire tout à fait sain d'avoir des réserves sur tout (même sur ce que je raconte). C'est même là une grande marque de sagesse. Mais de là à diaboliser ou à encenser, cela n'a non seulement aucun sens, et c'est une perte de temps et d'énergie inutile qui ne fait pas avancer le schmilblick pour autant. Par contre, c'est jouer le jeu de ceux qui nous divisent pour mieux régner. Comme on dit, si vous voulez vivre en noir et blanc, évitez la lumière. N'oubliez pas que la nuit les chats ne sont ni blancs ni noirs, ils sont gris. Alors tous à vos grigris, sus aux aigris !

Bref, tout ce blabla pour poser le contexte de cet article de nature très personnelle de la part de son auteure puisqu'elle y annonce la dissolution de son couple. J'ai trouvé sa pensée extraordinairement lucide et sage même si sa douleur reste perceptible. Quel que soit le type de relation auquel on doive renoncer d'ailleurs. Pas juste dans le domaine amoureux conjugal. Il peut s'agir de sa famille, par exemple, quand on a vécu dans le déni de maltraitances psychologiques parce qu'on se compare aux autres (le pire que soit qui permet de relativiser est aussi dangereux dans le sens où il fait accepter l'inacceptable et que tout ce qui cause des blessures irréversibles et détruit une vie ou tout un pan de vie n'a pas à être minimisé). Teal parle aussi des relations aux choses matérielles ou immatérielles (et non juste aux personnes) qui peuvent être des possessions ou des croyances. Car vivre l'effondrement de tous nos repères ou bases, qu'ils soient matériels ou psychologiques, peut s'avérer aussi douloureux qu'une séparation avec un être cher. Dans tous les cas, le dénominateur commun demeure l'ATTACHEMENT dont la seule issue semble être le LÂCHER-PRISE.

Entre fatalité et bisounoursisme, il existe tout un monde de nuances aussi variées que peut l'être l'arc-en-ciel et plus encore si l'on considère que ce dernier ne reflète que le spectre visible perçu par nos sens et non tout ce qui est. Il faut donc du courage pour lâcher prise. Mais c'est le seul moyen d'espérer prendre un jour son envol. Cette terrible réalisation que rien ni personne d'extérieur à nous ne nous apportera jamais cette unité et cette connexion que nous recherchons tant mais ne pourra que, au mieux, nous permettre de nous en rapprocher ou au pire, nous en éloigner.

Ey@el

Nous ne nous séparons pas. Nous mettons fin à la résistance. Parfois, le rapprochement amplifie la déconnexion. Comme deux aimants mal azimutés. Quand on n'arrive pas à les faire tenir ensemble, quand on ne peut pas les retourner, il y a un sentiment d'échec, de perte. L'incapacité désespérée à être... ensemble. Dans des moments comme ceux-là, il faut lâcher prise de comment vous aimeriez que les choses soient.

La vie repose sur les relations. Tout bien considéré, dans un milieu où l'individuation existe, la vie n'est rien d'autre qu'un ensemble de relations. Vous avez une relation avec votre travail, avec vos pensées, avec vos désirs, avec vos amis, avec votre partenaire, avec les objets qui vous entourent... Un enseignant spirituel ou luminaire n'est rien d'autre qu'une personne qui vous apprend à gérer vos relations. Ce qui rend les choses bien pires quand vous êtes ce genre de personne et qu'une de vos relations justement s'engage dans une direction que vous ne choisiriez pas d'emprunter.

Nous avons cette idée en tête de la tournure que nous aimerions que chacune de nos relations prenne. Parfois, c'est justement cette idée qui nous empêche d'entretenir de bons rapports. La société nous imprègne également de concepts rigides sur la manière dont devraient évoluer les relations. Et à cause de cela, nous finissons par nous retrouver en position de résistance. Parfois, nous essayons de réunir les deux pôles d'aimants mal azimutés.

Personne ne se lance dans un partenariat, en particulier le mariage, en pensant qu'il prendra fin. Ce n'est pas la vision que vous avez en tête. L'idée de la tournure que devrait prendre cette relation est si puissante que nous pouvons lutter contre la réalité des années durant à tenter de la rendre différente. Il y a des choses que l'on ne peut forcer à changer. En matière de relations, il y a des choses qu'aucun outil spirituel ne peut résoudre et qu'aucun savoir quant à la manière de les faire fonctionner ne pourra améliorer. Les relations sont en perpétuelle mutation, semblables à l'eau. Surtout lorsqu'une personne s'engage sur la voie de l'éveil, l'être évolue sans cesse et l'authenticité est constamment révélée. Celui ou celle que vous êtes aujourd'hui n'est pas le ou la même que celui ou celle que vous serez demain. Cela implique que même s'il y aurait beaucoup à dire sur la notion d'apprendre à connaître quelqu'un sur la durée avant de s'engager, vous ne pourrez jamais être sûr de rien en matière de relations. La vie change et les gens aussi. Il n'existe aucun moyen de garantir que vous êtes véritablement compatible avec la personne que vous aimez aujourd'hui ni que vous le resterez.

Nous sommes conditionnés à croire que l'amour triomphe de tout, que si nous sommes vraiment quelqu'un de bien, nous devrions être en mesure d'entretenir une relation épanouissante avec tout un chacun, peu importe le rôle de ces personnes dans notre vie. Mais il y a une grande différence entre aimer une personne et être compatible avec elle. Par exemple, un oiseau peut aimer un poisson mais si le désir de partenariat leur impose de vivre au même endroit, il n'y a aucun moyen que cela puisse se faire sans tuer l'un ou l'autre.

Lorsqu'il y a incompatibilité au sein d'une relation, il est souvent très difficile aux deux partis de l'admettre, de changer la nature de leurs rapports, le rôle de chacun dans la vie de l'autre ni d'y mettre un terme. C'est si pénible parce que ce à quoi vous êtes confrontés est tellement impensable pour votre cœur que vous ne pouvez l'admettre avant d'avoir épuisé toutes les options possibles. C'est alors que la réalité s'effondre par vagues et par couches quant au fait que tenter de trouver un moyen d'être compatibles n'aura jamais aucune chance d'aboutir.

Il s'est passé beaucoup de choses au cours de ces trois dernières années pour mon mari et moi et entre nous. Mais sous les couches de guérison qui se sont insérées entre nous  au cours de ce laps de temps réside une incompatibilité du fait que l'un de nous deux s'apparenterait à un poisson et l'autre à un oiseau.

C'est donc avec une profonde tristesse que je vous annonce sur ce blog que Ale et moi allons divorcer. La douleur que je ressens encore à présent à cause de cela est si intense que l'on a du mal à croire que l'on respire encore. C'est dans des moments comme celui-ci qu'être une personnalité publique, en particulier lorsque l'on est censée être un exemple vivant du concept sociétal de l'union heureuse et durable, s'avère être un cauchemar. En plus de l'enfer de perdre la vie que je m'étais construite, en tant que personnalité publique, je dois correspondre aux opinions et projections de tout un chacun sur la question. Pour être honnête, j'ai appréhendé ce communiqué. Beaucoup sont venus pour le rêve de ce notre couple représentait et de ce que nous pourrions faire ensemble dans ce monde. Certains d'entre vous étaient même présents à notre mariage. Et aujourd'hui, malheureusement il faut renoncer à cette vision de dénouement heureux, pas seulement moi mais tout ceux qui s'y raccrochaient comme à un espoir.

Passé le choc d'une telle expérience, l'immobilisme s'empare de l'être. Je suis dans cet état d'immobilité... L'immobilité qui transforme les minutes en heures... L'immobilité de chaque cellule de votre corps essayant de retrouver ses marques dans une réalité qu'aucune ne semble parvenir à digérer. Une expérience semblable à une brisure en milles morceaux. Et après avoir reposé immobiles sur le sol, la seule voie possible pour ces fragments épars est de se recoller. Il n'est d'autre voie que la lente et souvent douloureuse résurrection du Soi. Le mortier constitué de colère, de tristesse, d'impuissance, de compromis, d'acceptation et de chagrin... La poésie d'en arriver à se briser pour éventuellement reformer un tout.

Texte original de TEAL SWAN traduit de l'anglais par EY@EL
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