Q n'est pas la réponse mais la question

Supposons, pour les besoins de cet article, que Q-Anon soit bien tel qu'un consensus de ses partisans le conçoivent, à savoir une alliance de personnages haut-placés dans les domaines de la politique, du renseignement et de l'armée qui, en coordination avec Donald Trump, cherchent à éjecter de sa position de pouvoir l'imposante structure de contrôle communément appelée État profond. Que vous soyez partisan de Q ou non, le sens de cet article demeure inchangé.

Incontestablement, le mouvement Q a galvanisé bon nombre d'Américains (et d'autres dans le monde entier) soucieux de la constitution et de l'état de droit, que Q désigne comme « patriotes ». Ce groupe de personnes s'est trouvé quelque chose en quoi croire. Ils ont bon espoir que la conduite délictueuse voire l'acte de trahison perpétrée officieusement dans chaque sphère d'activité — politique, sociale, économique — sera totalement mise en lumière et qu'un terme définitif y sera mis.

Tout à leur honneur. Mais ceux d'entre nous qui s'identifient à des patriotes ou à des chercheurs de vérité devons nous poser la question de savoir si d'un point de vue personnel nous accomplissons là la part de notre mission pour laquelle tout ce combat contre les « forces de l'ombre » a été initialement conçu.

Le grand réveil

Ne vous y trompez pas, tous les êtres humains de cette planète sont bel et bien en train de se réveiller en masse — ce que, dans ses lâchers d'information, Q qualifie de « grand réveil ». Toutefois il est important de prendre conscience que le phénomène Q-Anon n'est pas le moteur de ce « grand réveil » mais tout au plus l'une de ses conséquences multiples. Le réveil de l'humanité à ce moment précis de l'histoire — celui qui mène à « sursaut » d'évolution, une ascension vers un plan supérieur d'existence — avait été évoqué et prophétisé par de nombreuses traditions spirituelles de par la monde il y a des milliers d'années de cela.

Parallèlement, les individus à l'origine du phénomène Q-Anon n'ont pas une si longue histoire derrière eux et peuvent être considérés comme des acteurs relativement tardifs dans le déploiement du plan d'ensemble pour l'humanité. Il ne s'agit nullement de nier l'importance de leurs actions, à savoir œuvrer à révéler les sombres opérations d'une imposante structure de contrôle et traduire en justice les auteurs de ces horribles crimes de trahison, dégageant ainsi, dans les faits, la voie pour permettre à l'humanité d'avancer dans le monde matériel.

Cependant, il faut bien préciser que ce « grand réveil » ne se résume pas uniquement à la prise de conscience que de sombres agissements tels les sacrifices rituels sataniques, la pédophilie, les expériences sur des êtres humains et le contrôle mental qu'on nous a caché pendant des siècles ni même au fait que les auteurs de ces crimes vont devoir affronter les foudres de la loi. Il s'agit de la prise de conscience du fait qu'en tant qu'individus nous sommes des êtres véritablement souverains et que notre plus haute aspiration collective est de gérer notre civilisation sans classe dirigeante ni maître.

La souveraineté humaine

Nombreux sont les patriotes qui envisagent Q comme leur sauveur et sont incapables de se projeter au-delà du moment où justice sera rendue. Mais la plus grande question est de savoir par quoi allons-nous remplacer ces lignées et leurs serviteurs qui nous ont gouvernés depuis le début de l'histoire que l'on connaît quand ces derniers seront brusquement destitués ? Est-ce que ces agents militaires, politiques et du renseignement qui estiment qu'il leur appartient directement de démanteler l'État profond vont simplement reprendre le commandement ? Sur la base de quelle autorité ? De leurs opinions sur la manière dont il faudrait diriger le monde ?

Oui, nous avons une constitution, nous avons des principes moraux ainsi que des poids et contrepoids à placer autour du pouvoir qui, pourvu qu'on les suive, pourraient, pour la plupart, certainement mener à une existence plus confortable. Mais allons-nous nous contenter de remplacer un dirigeant par un autre, quoiqu'un peu plus bienveillant ? Et allons-nous restez tranquillement là à accepter une gouvernance bienveillante qui se déléguera progressivement comme la plupart des relations maître-esclave lorsque le pouvoir se met à corrompre de par sa nature ? Allons-nous continuer à rechercher des dirigeants plutôt que de rechercher en nous l'éclat doré de notre souveraineté ?

Il faut que nous réalisions que nous serons sans doute confrontés à un défi similaire à celui rencontré par Jésus il y a des milliers d'années lorsqu'il tenta de son mieux d'expliquer aux gens leur mécanisme d'autoguidage inhérent en suivant la volonté de leur Soi supérieur (le « Père »). À l'époque, peu étaient en mesure de le percevoir autrement que comme un sauveur dont ils devaient suivre la parole plutôt que de réfléchir par eux-mêmes et apprendre de leurs propres expériences. Ce dilemme est illustré avec humour dans l'extrait ci-dessous de La Vie de Brian des Monty Python.


Brian :
S'il vous plait, je vous en prie, écoutez-moi. J'ai une ou deux choses à vous dire.
La foule : Dis-nous ! Dis nous ces deux choses !
Brian : Écoutez, vous faites fausse route. Vous n'avez pas besoin de me suivre. Vous n'avez besoin de suivre personne. Vous devez penser par vous-mêmes. Vous êtes tous des individus.
La foule : Oui, nous sommes tous des individus !
Brian : Vous êtes tous différents.
La foule : Oui, nous sommes tous différents !
Un homme dans la foule : Je ne suis pas...
La foule : Chuuut !
Brian : Vous devez trouver la solution tous seuls.
La foule : Oui, nous devons trouver la solution tous seuls !
Brian : Exactement.
La foule : Dis-nous en plus !
Brian : Non, vous n'avez rien compris : ne l'aissez personne vous dire quoi faire.

En conclusion

Beaucoup de patriotes intreprètent le célèbre slogan de Q « Où va l'un nous allons tous » comme être unis en tant que patriotes dans le combat contre les criminels de l'État profond, en faisant le cri de ralliement de la mentalité du « nous contre eux » dans laquelle nous nous voyons comme les « gentils » affrontant les « méchants ». Certes, beaucoup des informations divulguées par Q laissent à supposer que c'est exactement ainsi que la plupart des gens derrière ce mouvement envisagent les choses et c'est là que résident les limites. C'est pourquoi Q n'est pas la solution — du moins la solution ultime — à notre quête de salut.

Mais une chose est certaine, les révélations de Q tendent davantage vers des interrogations que des énoncés de faits, ce qui incite à la participation active et favorise la maîtrise de la situation avec l'assurance calme que tout est sous contrôle et qu'en définitive nous allons réussir. L'intention derrière la litanie d'interrogations de Q pourrait très bien suggérer que si nous voulons avancer, nous devons trouver nous-mêmes les solutions.

Une autre manière d'envisager « Où va l'un nous allons tous » serait dans le contexte de toute l'humanité, où le plan ultime serait que patriotes et traîtres, bons et méchants, opprimés et oppresseurs s'unissent pour ne faire qu'un au sein du collectif humain. Cela ne sera possible que si nous parvenons à atteindre l'humilité et le pardon en reconnaissant qu'en tant qu'individus à l'échelle humaine nous sommes tous reliés de manière égale à la noirceur humaine qui a dominé cette planète pendant si longtemps.

Chacun de nous doit passer par sa propre guérison et devenir auto-responsable, souverain dans sa propre vie. Il faut que nous dépassions le besoin qu'on nous dise quoi faire et que nous développions une connexité et une identification à l'ensemble de la race humaine. Ce n'est que lorsque nos yeux s'ouvriront véritablement, que nous nous verrons comme ne faisant qu'un et que nous évoluerons vers le service inconditionnel au tout que la prochaine étape de l'évolution collective de l'humanité pourra être réalisée.

Texte original de RICHARD ENOS traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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