Les chaînes invisibles de la liberté

Ce mois-ci, dans le cadre du projet Eklabugs, nous avons choisi de parler d'un concept fondamental à la condition humaine qui, tout à la fois, dérange et exalte les esprits, mais sert surtout à les enchaîner. Je veux bien sûr parler de cette sacro-sainte liberté qu'on nous vend à toutes les sauces pour nous manipuler et qui semble être la fin justifiant tous les moyens. Mais qu'en est-il de la liberté nue, une fois délestée de tous les préjugés et de la subjectivité qui l'habillent ?

La liberté, c'est l'esclavage

Tu es libre jusqu'à ce que tu t'écroules.
Tu es libre jusqu'à ce que tu n'en puisses plus,
Mais ce que tu ne comprends pas
C'est qu'il n'y a pas de parachute...

"Ripcord", Radiohead (1993)

Dérivé du latin libĕr signifiant « sans entrave, indépendant », la liberté est un concept difficile à appréhender tant il a été déformé dans l'inconscient collectif et par les croyances que nous nourrissons au niveau individuel et qui font qu'aucune définition officielle ne corresponde à nos aspirations profondes. Tentons donc d'aborder le sujet à l'envers en essayant de déterminer ce que la liberté n'est pas par rapport à ce qu'on voudrait nous convaincre qu'elle est.

Vous voulez une aspirine ? Non ? Très bien, libre à vous !

De façon générale, nous apprend-t-on sur Wikipédia (l'encyclopédie-hôpital qui se fout de la charité en se prétendant « libre »), « la liberté est un concept qui désigne la possibilité d'action ou de mouvement. Pour le sens commun, la liberté s'oppose à la notion d'enfermement ou de séquestration. Une personne qui vient de sortir de prison est dite libre ».

La liberté de mouvement, parlons-en, dans un monde où il faut des passeports et des visas pour se rendre d'un point A à un point B, où il faut raquer chaque fois qu'on se déplace et où on se fait régulièrement prendre en otage par des gens qui reportent l'oppression sur autrui en refusant de voir qu'ils ne font que répondre à une injustice en en perpétrant une autre.

Moins tu auras de nécessités, plus tu auras de liberté.

Proverbe français (1827)

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois comme on dit. Et cela n'a rien à voir avec la fatalité ou le déterminisme, n'en déplaise aux « c'est-la-vie » dont l'ignorance en la matière n'a d'égale que l'arrogance de vouloir en faire une vérité absolue — ce n'est pas la vie, c'est leur vie !

On aura beau dire : non, le système n'est pas défaillant. Il est conçu pour fonctionner ainsi. Dans son ouvrage Les Enfants de la Matrice, David Icke nous explique qu'« en contrôlant la création et la circulation de l’argent, la terre et les ressources, les Illuminati limitent les choix et créent la dépendance envers eux. Leurs devises et la Banque centrale mondiale sont conçues pour imposer ce contrôle encore plus férocement. Leur équation est simple : Pénurie = dépendance = contrôle. Abondance = choix = liberté ».

La liberté de penser

Libéré, oui, je suis libéré
De vos tentations.
Il y a un problème :
Vous ne pouvez pas m'endoctriner...

"Defector", Muse (2015)

On parle aussi beaucoup de liberté d'expression mais qu'en est-il de la liberté de penser ?

C'est la même chose, me direz-vous. Eh bien non, parce qu'avant de pouvoir s'exprimer librement, il faut d'abord être en mesure de penser librement. Et s'il y a bien un endroit qui ressemble beaucoup à une prison, c'est notre esprit. Les barreaux y sont certes invisibles mais bien présents.

La pire des prisons est celle où s’enferment les personnes qui ont toujours peur de ce que pensent les autres. Libérez-vous de ces barreaux invisibles !
Les Mots Positifs.com

Comment en arrivons-nous à être nos propres geôliers ?

En ne remettant jamais en question ce qui nous traverse l'esprit, qu'il s'agisse de pensées « originales » émanant de nous ou pas. D'ailleurs, à vrai dire, peu viennent vraiment de nous. Nous ne faisons, en fait, généralement, qu'interpréter ce qu'on nous refourgue depuis l'enfance qui se transforme en croyances puis en expériences dans une boucle auto-alimentée à l'infini. Nos peurs nourrissent nos croyances qui elles-mêmes alimentent nos expériences et ainsi de suite.

Sauf que derrière ces peurs, il y a aussi des blessures et qu'aller confronter ses peurs, c'est aussi revivre ses blessures. Et plus les traumatismes sont importants, plus l'esprit se ferme pour se protéger. C'est d'ailleurs le principe même du MK Ultra où l'on fait subir des traumas à une personne pour obliger son esprit à se morceler, engendrant ainsi diverses personnalités indépendantes (alter egos) au sein d'un même individu sans qu'aucune n'ait jamais conscience de l'existence des autres. Ce qui permet de les programmer à leur insu sans qu'ils n'en aient le moindre souvenir. En théorie, car à la pratique, ça finit toujours pas buguer. Auquel cas, les victimes seront éliminées si elles ne peuvent être « reprogrammées ».

De l'autre côté du miroir

Si je vous avais dit ce qu'il fallait
Pour atteindre les plus hauts sommets,
Vous m'auriez ri au nez en me disant
Que rien n'est aussi simple.
Pourtant le Messie vous l'a souvent répété
Avant de vous indiquer la sortie
Mais personne n'a eu le cran de quitter le temple.
Je suis libre ! Je suis libre !
Et la liberté a un goût de réalité.
Je suis libre ! Je suis libre !
Et j'attends que vous me suiviez...

"I'm Free", The Who (1969)

Justement en parlant de trauma, c'est en franchissant le mur invisible de la prison sensorielle qu'il avait érigé en lui-même après avoir été témoin, dans sa petite enfance, du meurtre de son père par l'amant de sa mère, que Tommy, adulte, recouvre miraculeusement l'ouïe, la vue et la parole dans l'opéra rock éponyme des Who porté à l'écran par Ken Russell dans les années 70. Il lui aura suffi de traverser le miroir au propre comme au figuré pour briser l'illusion (et le miroir avec) et de s'en af-franchir en acceptant de voir par ses propres yeux et non au travers du regard des autres ; d'écouter au lieu d'entendre ; et d'exprimer la voix de son âme plutôt que celle de sa persona.

Il essaiera bien de montrer la voie à ceux qui l'érigent aussitôt en gourou mais ces derniers, avides de solutions toutes faites et recherchant plutôt la fuite que l'affrontement nécessaire de leurs blocages, préféreront se révolter contre lui. Tommy s'enfuira alors pour poursuivre son ascension (toujours au propre comme au figuré), seul, en se réfugiant au sommet de la montagne où il fut conçu.

La morale de cette histoire étant que nul autre que vous-même ne peut vous apporter la liberté à laquelle vous aspirez. Tout au plus vous indiquer la direction mais ce sera à vous de faire le chemin.

Même s'il n'existe aucun raccourci, cela ne veut pas dire pour autant que la tâche sera nécessairement laborieuse et de longue haleine. Comme le résume Christian H. Godefroy dans les Histoires magiques du Club-Positif, « nous sommes hypnotisés par l’idée que ce qui est acquis sans effort n'a pas de valeur, que ce qui en vaut la peine doit être difficile ; que les meilleurs fruits de la vie sont hors de notre portée. Mais ce sont ces pensées elles-mêmes qui sont ce que le Pr. Lozanov nomme des "barrières". Nous nous enfermons dans un monde bien clos... et cette clôture est celle de nos pensées ».

La Loi Une

Je suis libre d'être tout ce que —
Tout ce que je choisis d'être
Et de chanter le blues si ça me chante...

"Whatever", Oasis (1994)

Par ailleurs, si la liberté est souvent perçue par une absence de contrainte, le paradoxe veut également que notre liberté s'arrête avec celle des autres, ce qui en soit est une contrainte.

En fait, il n'y a pas vraiment de paradoxe dans cet énoncé si l'on prend en compte la Loi Une comme nous le rappelle David Wilcock : « Les expériences pénibles cessent de se répéter dès que nous avons assimilé le plus grand enseignement de l’univers : nous sommes tous Un, et il n’existe qu’une seule individualité. Quand vous aurez approfondi cette nouvelle réalité et l’aurez observée se manifester dans votre vie, vous prendrez rapidement conscience qu’aucun d’entre nous n’est exempté de ce système de comptabilité, quelles que puissent être ses croyances ».

Selon la Loi Une, le libre arbitre est la plus importante loi universelle que tous sont tenus de respecter au sein de cet univers bienveillant.

David Wilcock, la Clef de la synchronicité 

Un rappel que l'on retrouve formulé différemment dans l'article 6 de la Constitution française du 24 juin 1793 où il est stipulé que « la liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui : elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : "Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait". »

La liberté est un état d'être

Il met de la magie, mine de rien, dans tout ce qu'il fait.
Il a le sourire facile, même pour les imbéciles.
Il s'amuse bien, il ne tombe jamais dans les pièges.
Il ne se laisse pas étourdir par les néons des manèges.
Il vit sa vie sans s'occuper des grimaces
Que font autour de lui les poissons dans la nasse.
Il est libre Max ! Il est libre Max !
Il y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler...

"Il est libre Max", Hervé Cristiani (1981)

« L'homme libre est celui qui n'a pas le statut d'esclave » nous dit encore Wikipédia. Une lapalissade bien plus subtile qu'il n'y parait. Car l'esclavage ne se borne pas à l'exploitation et la privation de liberté d'un individu par d'autres individus mais peut également se traduire par l'asservissement à une substance, un sentiment, une croyance.

Et là, on se retrouve dans la fameuse prison mentale évoquée plus haut où nous tombons sous le joug de nos croyances, de nos peurs, du regard et des comportements d'autrui. « L'enfer, c'est les autres » disait Jean-Paul Sartre dans Huis clos. Et cela demeurera vrai tant que nous continuerons à leur accorder ce pouvoir. Ouille !

L'empire sur soi-même est la liberté vraie.

Proverbe français (1855)

Contrairement aux notions les plus répandues de liberté, toutes fluctuantes et dépendantes du bon vouloir d'autrui et/ou des circonstances, pour moi, la liberté vraie se veut un état permanent qu'aucune circonstance extérieure ne peut altérer. Un état d'être qui ne s'obtient qu'en réunissant les différentes pièces de son puzzle intérieur que certains appellent l'alignement.

La liberté serait donc de se laisser traverser par la vie et ses remous sans jamais plus s'éparpiller en mille morceaux. Briller sans craindre de faire de l'ombre aux autres ni de se faire éclipser, sachant que l'ombre ne saurait occulter la lumière.

En clair, être tellement bien ancré à soi-même que rien ne puisse nous arracher à cette connexion. Et c'est à cette liberté-là que j'aspire le plus ardemment. Je n'y suis pas encore mais j'y travaille.

Je vous laisse libres de vos conclusions et vous invite maintenant à aller lire les articles des autres participants dont vous trouverez la liste ci-dessous. Merci de me laisser un petit com si cet article vous a plu ou si vous avez des questions.

Projet EklaBugs #52

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Partager :

Aucun commentaire:

À l'affiche

La panthère du lac

À l'approche d'Halloween, je comptais publier un article d'Alanna Ketler sur la symbolique véritable du chat noir que je m'...

Derniers articles

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *