Comment réveiller une personne ?

Beaucoup ont analysé pourquoi les gens sont endormis : psychose de masse suite à la peur du Covid, confiance dans le gouvernement, manque d'intérêt… C'est très bien de comprendre le passé. Mais je me demande ce qu'on pourrait faire maintenant. Quels seraient des processus efficaces pour réveiller une personne lambda ?

Il me semble comme dit plus haut que beaucoup refusent même de réfléchir sur le sujet. A un moment, on est face à un mur.

Jusqu'ici j'ai posté des faits, des analyses, des vidéos. L'argument « logique » ne marche pas sur tout le monde, cela implique de faire une pause pour penser à ces faits.

Je vois d'ailleurs une véritable indifférence à chaque nouvelle étude, chaque nouveau décès ou effet secondaire suite au vaccin.

Peut-être que c'est la mauvaise stratégie ?

Comment on pourrait hacker cela ? Au lieu d'affirmer dans nos tweets, dans nos tracts ou nos discussions, ce serait de changer d'angle pour accéder à leur cerveau.

Par exemple, plutôt par une question? Une affirmation est rejetée d'emblée quand ça ne correspond pas à un système de croyance.

Vous vous rappelez tous les sondages style Figaro en 2021: « Faut-il reconfiner ? », « Faut-il mettre le pass vaccinal ? ». Toutes ces questions étaient des nudges, des suggestions pour faire accepter la suite.

Ici, on peut utiliser un processus semblable, mais en mode de contre-propagande : des questions directes.

« Est-ce que les vaccins Covid nous rendent malades ? »

« Est-ce que les médias nous ont menti sur les traitements Covid ? »

Le simple fait de voir la question lance la réflexion. Il faut bien sûr les rendre visible, dans la rue, le métro, des stickers ou sur les réseaux. Même si la personne lambda ne la voit pas au début. L'idée c'est de répéter ces questions. Ce qu'on cherche, c'est de relancer un genre de début de processus cognitif.

Je ne suis pas psy. Mais si on veut sortir des gens d'une psychose de masse, peut-être que c'est à explorer. Votre avis m'intéresse.

Texte original de MOMOTCHI

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Perception Majuscule (3)

MK-Ultra

RUDY : Il y a un passage où je traite de certaines théories du complot dont une en particulier qui est en fait très vivace à Montréal parce qu'elle est née en partie à Montréal. C'est ce qu'on appelle le le projet MK-Ultra, un projet de contrôle mental par des voies qui sont pas toujours forcément très cool à décrire.

J'ai essayé de laisser ce côté les passages les plus sordides et les plus dégueulasses de tout ça. Je veux que ce bouquin attire l'attention sur ce sujet-là. MK-Ultra est un sujet ou où il y a beaucoup de choses très troublantes à dire. Les personnes qui ont envie d'aller creuser peuvent aller creuser. C'était juste pour dire que ça existe.

J'ai essayé de donner des éléments de recherche aux gens, en particulier une vidéo que je t'avais envoyée (Les dernières images du documentaire. – Ed.) où on voit des choses très troublantes qui permettent après de se poser des questions.

Si tu as envie d'aller creuser, tu vas creuser. Mais le but du jeu, c'était pas non plus d'en faire un livre politique – un livre pour orienter les gens dans une certaine direction politique. Le choix est ouvert. Tu as envie de te dire : « Ah ça c'est un bouquin de fantastique » et de laisser ça comme ça, je n'ai pas de problème avec ça.

EYAEL : Je ne verrais pas MK-Ultra comme une théorie du complot parce que c'est quelque chose d'avéré maintenant. Officiellement, c'est terminé mais officieusement ça continue.

RUDY : Bien sûr ! C'est ma compréhension aussi. Mais ce que je veux dire c'est que ce n'est PAS une théorie du complot, mais c'est une théorie du complot dans le sens où ça n'est pas rentré dans le cerveau de Monsieur Tout-le-Monde qui regarde TF1.

Non seulement, ils l'ignorent si tu leur en parles mais tu leur montres des preuves, ils auront cette espèce de réaction de rejet : « Non, ça ne correspond pas avec la vision de la réalité que j'ai, donc c'est une théorie du complot, donc c'est les fous qui en parlent et donc je ne m’intéresse pas au sujet. Je vais retourner dans mon confort, dans mon cocon TF1-BFM ».

Et je propose aux gens un choix : si tu n'as jamais entendu parler de ça... Je mentionne que Bill Clinton en a parlé à un moment donné, il a fait une déclaration quand il était président sur le sujet – ce qui me paraît être un argument de poids, un président des États-Unis en exercice qui parle de ça et qui fait des excuses. Après si tu n'as pas envie de creuser ça...

Mais oui, la réalité par rapport à la fausse réalité qu'on nous présente comme la vérité, c'est au centre de mes préoccupations quotidiennes. Certainement beaucoup plus en fait depuis que ces deux ans et demi qui viennent de s'écouler.

Et je vais te dire un truc parce que là quand je parle de ces deux ans et demi, je fais évidemment référence au Covid et tout. Et ça me pose pas mal de problèmes pour la suite de mon bouquin. Parce que le récit commence le mardi 11 juin 2019. Donc nécessairement, là on arrive en 2020 et moi quand j'ai commencé à écrire ça, il n'y avait pas de Covid, il n'y avait pas tout ça.

EYAEL : Tu pourrais situer ça dans un monde parallèle où il n'y a pas le Covid ?

RUDY : J'en sais rien du tout. Il y a un petit clin d'œil au Covid à un moment donné où quelqu'un fait une réflexion sur les masques des Japonais dans le métro. Je ne sais pas trop comment ça va évoluer de ce côté-là mais ça me gratte un peu la tête. Je ne sais pas comment je vais résoudre ce problème. On verra.

Les personnages

EYAEL : Tes personnages centraux sont des héros vraiment atypiques. Et surtout, ils évoluent à une vitesse fulgurante sur le laps de temps assez court dans lequel se déroule le récit. C'est étonnant.

RUDY : Ils ont pris des claques dans la tête aussi !

EYAEL : On a un peu l'impression qu'ils s'éveillent à eux-mêmes, que d'un coup, ils se découvrent des capacités incroyables. Ils ont tous plus ou moins des blocages psychologiques et là ils se prennent des claques et sont capables de faire des choses incroyables. Je pense notamment à Wendy. Et Yvan aussi.

RUDY : Wendy – petit spoiler – est en fait un personnage qui existe pour de vrai. Il s'agit d'une vraie personne qui s'appelle réellement comme ça. C'est une ex à moi. Bon c'est terminé, il n'était pas question de régler des comptes ou quoi que ce soit. Wendy est donc une personne atypique. D'ailleurs je lui ai dit, je lui ai envoyé le texte en lui disant qu'elle faisait un bon personnage de roman.

Mais  finalement, de ce personnage qui est la personne que j'ai rencontrée et avec qui j'ai eu une relation pendant deux ans, il y a des années, c'est devenu un personnage à part entière dont je m'inspire et qui après je cherche à savoir ce qui lui arrive. Le but du jeu n'est vraiment pas de régler ses comptes. Et je pense que la Wendy du bouquin ressort comme un personnage sympathique.

EYAEL : Et les autres personnages ?

RUDY : Il y a deux personnages, Yvan et Gauthier, qui sont colocataires et les meilleurs amis du monde. Il y a une partie de moi dans chacun de ces personnages. Par exemple, à un moment donné, on demande à Yvan sa date de naissance et il se trouve que c'est celle de mon frère.

Donc c'est un peu moi, un peu d'autres personnes. Pas uniquement dans un seul personnage mais réparti sur différents personnages. Je ne sais pas, c'est le premier livre que j'écris mais je vois difficilement comment on peut écrire un bouquin qui n'a pas une part de soi-même, une part autobiographique à l'intérieur, d'une manière ou d'une autre.

EYAEL : Et Ginette alors ? C'est de la pure fiction ou tu connais quelqu'un comme elle ?

RUDY : Oui, c'est de la pure fiction mais c'est vrai quand j'y pense...

Tu sais, je suis arrivé à Montréal, ça fait dix ans et je faisais du théâtre avant d'aller y vivre. J'avais envie de continuer (maintenant je n'en fais plus), de reprendre ça et donc j'ai fait une pièce amateur à Montréal, Douze hommes en colère qui est d'ailleurs une très bonne pièce de théâtre. Moi, j'étais le méchant n°5 – le plus en colère des douze hommes en colère, on va dire. Et dans les onze personnes avec qui je partageais la scène, il y avait une dame qui était dans la tranche d'age de Ginette et quand je pensais à Ginette, c'était sa tête à elle qui m'apparaissait. Mais par contre, elle ne partage rien d'autre que l'apparence.

Et donc c'est marrant parce que les deux personnages que j'ai, notamment Yvan et Ginette, proviennent d'un exercice que ma prof d'écriture nous avait donné à faire : "Inventez deux personnages. Écrivez une scène avec deux personnages."

J'ai donc écrit une scène où j'étais dans un métro et je faisais face à un personnage qui deviendra Yvan par la suite, dont la caractéristique, on l'apprend dès le début, est que c'est une espèce de colosse, une force de la nature. Il est très grand, il est très fort, il est très musclé, et très timide aussi.

J'ai écrit cette scène avec ce personnage : il est une heure du matin, je suis dans le métro et face à moi, il y a un type hyper imposant physiquement. C'est ce personnage qui m'a accompagné. L'autre c'est Ginette que j'avais inventée dans le cadre de cet exercice-là. Puis après j'ai écrit une scène, puis une autre, puis une troisième et finalement différentes scènes.

Ah oui, ça je ne te l'ai pas dit : il y a plusieurs scènes dans le bouquin que j'ai écrites au cours d'exercices que j'ai faits dans ce cours-là et que j'ai intégrées par la suite.

EYAEL : Et pour Rara, comment t'est venue l'idée ?

RUDY : Difficile d'en parler sans spoiler. Rara est un personnage qui sort de nulle part et c'est une petite bête bleue qui parle et qui est grossière, vulgaire, qui regarde du porno, fume des joints et accompagne Yvan qui, à ce moment-là de sa vie, est dans une phase où il est paumé, ne sait pas où il est, ce qu'il fait ni pourquoi il est en vie alors que dans sa tête il devrait être mort. Et il voit ce personnage-là et se demande : « Est-ce que je suis fou ? Est-ce que je suis pas fou ? »

On parlait tout à l'heure de la rencontre d'Yvan avec son demi-frère et la discussion philosophico-spirituelle qui s'ensuit – ça en fait, ce sont des enseignements que j'ai pris dans une espèce d'éveil spirituel.

Tu sais, moi, pendant très longtemps j'étais complètement coupé de Dieu et tout ça et depuis la naissance de mon fils, je m'en suis rapproché. Et il y a différentes personnes, par le biais de vidéos YouTube principalement, qui m'ont aidé à évoluer sur ce plan-là et donc certains de ces enseignements viennent de là.

EYAEL : En fait, sans spoiler, ce que ce personnage représente dans l'histoire, ça existe réellement ?

RUDY : Ça existe réellement.. Oui, toutes les explications qu'on donne, d'où ça vient, les textes qui y font référence et tout ça sont des choses authentiques. Du moins, c'est MA compréhension de choses authentiques parce qu'on parle de sujets très pointus et il y a peut-être quelqu'un qui dira « Ah oui, il y a un détail qui ne marche pas ». J'ai donc fait ce que j'ai pu.

EYAEL : Il est très sympathique ce Rara et vers la fin, j'ai l'impression qu'il devient plus humain dans le sens où il veut vraiment aider alors que ce n'est pas vraiment son but premier.

RUDY : C'est expliqué pourquoi. Au début, son rôle n'est pas d'aider mais Yvan se retrouve dans la cosmologie de l'univers à une place très particulière qu'il ne comprend pas du tout et à ce moment-là, le personnage de Rara qui, normalement est plutôt quelqu'un qui doit lui pourrir la vie, a le mandat de venir l'aider dans sa quête.

EYAEL : Il me fait un peu penser au djinn de la Trilogie de Bartiméus avec sa façon de parler et son humour un peu similaire.

RUDY : Tu m'as parlé de ça, je ne l'ai pas lu, il faudrait que je le fasse.

Il y a une petite fille qui intervient vers la fin du bouquin qui s'appelle Amélia. Du fait que c'est une petite fille, j'ai un attachement particulier pour ce personnage-là qui se retrouve dans une situation personnelle qui est horrible.

EYAEL : Ce n'est pas tellement de la fiction ce qui lui arrive.

RUDY : Non, tristement non. Je passe ce côté horrible – l'horreur des sujets dont je parle est abordée très légèrement. Le but n'est pas d'effrayer les gens mais plutôt de les faire sourire et de les faire réfléchir. Ce n'est pas que j'ai un attachement particulier pour elle mais je ne suis pas vraiment sûr de ce qui va lui arriver et j'y pense beaucoup.

Réalité vs fiction

EYAEL : Avec les sujets que tu abordes justement, tu avais donc l'intention de planter des graines dans l'esprit des lecteurs pour les inciter un petit peu à creuser ?

RUDY : Quand j'ai commencé le livre, oui, c'était ça l'objectif. Et puis 2020, 2021 et 2022 sont arrivés et là, je pense que c'est vraiment une problématique qui est centrale, dans le monde, de voir qu'il y a la réalité de la télévision et la Réalité et que ces réalités divergent de manière gigantesque.

© Ey@el

On est dans une espèce de grand écart. Et pour quiconque n'a ne serait-ce que un petit peu les yeux ouverts sur l'information – je parle pas de spiritualité, je ne parle pas de foi, je ne parle pas de ces sujets qui peuvent bloquer certains – mais juste tu ouvres un petit peu tes yeux sur ce qui s'est passé. Soit tu es encore dans un endoctrinement total, soit tu as réellement pris conscience du fait qu'il y a sérieusement quelque chose qui cloche dans notre société aujourd'hui.

Pour te donner un exemple, moi, je suis confiné au Canada jusqu'au 20 juin et depuis pratiquement un an et demi ou plus, je n'ai plus le droit de prendre l'avion parce que j'ai pris une décision médicale me concernant, de ne pas me prendre une injection et de tous les problèmes que ça cause et tout ça.

(Pour l'anecdote, quelques jours après cet entretien, le Canada levait cette restriction et nous avons pu nous rencontrer en chair et en os ! - Ed.)

Tu te rends compte que quand je suis arrivé au Canada, il y a dix ans, dans ma tête et dans la tête de tout le monde, c'était le pays des droits de l'Homme, des libertés, où on aime la nature, les gens. Les gens sont gentils, ils sont pacifiques. Et au niveau individuel, c'est vrai mais au niveau politique, c'est devenu un enfer.

Tu as vu les camionneurs canadiens et ce que notre dictateur Justin Trudeau est en train de faire, à couper des comptes en banque parce qu'il y a des gens qui manifestent pacifiquement pour exprimer leur désaccord face à des décisions politiques qui sont prises. Là, on est à une croisée des chemins et je pense qu'il est important d'en parler.

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Perception Majuscule (2)

Auto-édition

EYAEL : Qu'est-ce qui t'a semblé le plus difficile ou t'a freiné dans ton processus d'écriture ?

RUDY : Ce qui était le plus difficile clairement dans ce bouquin, c'était la correction, PAS la phase d'écriture. Une fois que tout le bouquin est écrit, la correction de cohérence et même la correction orthographique – et pourtant j'avais quelqu'un qui m'aidait...

EYAEL : Sans doute aussi parce qu'en tant qu'auteur auto-publié, tu n'as pas bénéficié de l'assistance des correcteurs des maisons d'édition ?

RUDY : Je ne connais pas le monde de l'édition. J'ai un peu mis le doigt dedans quand j'ai commencé et puis en fait, je me suis rendu compte que c'était hyper compliqué.

« Ah non, il faut nous envoyer votre manuscrit, on ne prend pas les versions électroniques. »
« Il faut nous envoyer ça de manière imprimée, ça coûte 100 € mais on s'en fout. »
« Peut-être qu'on vous le renvoie, peut-être qu'on ne vous le renvoie pas. »
« Peut-être vous aurez une réponse, peut-être que non. »
« Nous, on ne veut que la moitié du bouquin. »
« Nous, on veut une lettre de motivation. 
»

C'est bon les gars, j'ai écrit un bouquin ! Tu lis les vingt premières pages, si ça te plaît tu continues, si ça ne te plaît pas, tu me dis « non merci » et puis on arrête...

De plus, j'avais conscience du fait que (même si c'est une idée préconçue que j'avais car je ne connais pas vraiment le monde de l'édition), mon bouquin ne rentrait pas dans les cases. Parce que c'est un peu policier, un peu philosophique, un peu fantastique ; il y a quelques touches d'horreur parce que j'ai voulu faire un petit peu frissonner les gens... Aussi je ne pense que ça ne rentrait pas vraiment dans la case fantastique. Pour le mettre en vente, j'ai été obligé de le caser dans la section Urban Fantasy. Je n'aime pas trop être mis dans des cases.

Et puis franchement, s'il y a un bénéfice financier sur ce bouquin-là, ce sera la cerise sur le gâteau. Mais ce que je veux surtout, c'est un espace à moi.

Je ne veux pas que quelqu'un me dise : « Il est vachement bien ton livre mais par contre, ce passage-là, tu l'enlèves. » Alors re-corriger un passage pour être optimisé, oui. Je suis un écrivain débutant, il n'y pas de problème. Mais par exemple, si on me demandait d'enlever le passage philosophique, la discussion entre les deux frères, ça pour moi c'était non négociable.

Et donc la priorité pour moi, c'est de garder cet espace de liberté dans lequel je peux m'exprimer. Ensuite, s'il y a dix ou cent ou un million de personnes qui le lisent, c'est indépendant de ça en fait.

EYAEL : Est-ce qu'au moment où tu as opté pour l'auto-publication, le service d'impression de livres à la demande d'Amazon existait déjà ? Je me trompe peut-être mais il me semble que c'est assez récent.

RUDY : J'ai décidé de me faire publier assez récemment. Pour moi, avant de passer à la publication, l'objectif pendant trois ans, c'était de finir le livre.

Pour être franc, le côté Amazon me dérange un peu mais leur service est excellent quand même. Et puis tu peux faire les corrections quand tu veux. Dans la première version du bouquin, il y avait pas mal de fautes d'orthographe qui étaient restées.

Prochain tome

EYAEL : Est-ce qu'au départ, tu avais prévu d'écrire plusieurs tomes ?

RUDY : Non, pas dès le début. Très rapidement dans l'histoire je me suis rendu compte qu'un des conseils qu'on m'avait donnés pour l'écriture que je n'avais pas du tout suivi, c'est-à-dire pour ton premier bouquin, essaie de faire un truc simple, un truc maîtrisé. Non, moi je suis parti direct dans l'histoire que j'avais envie d'écrire et très rapidement je me suis rendu compte que tout n'allait pas tenir !

EYAEL : Et donc, actuellement, tu travailles à la suite ?

RUDY : Pas encore. Je n'ai pas commencé. C'est une excellente question que tu me poses !

Mais juste pour terminer le point précédent, je m'étais mis un jalon : cette espèce de cliff-hanger à la fin, dès le début je savais que c'était là que je voulais m'arrêter. Si j'arrive là, je serai à la fin du bouquin.

Là depuis un moment (le livre a été publié il y a 3-4 mois), la suite commence à se développer dans ma tête même si je ne sais pas encore où ça va se passer mais j'ai pas mal d'éléments... D'ailleurs il y a des indices à la toute fin du premier tome.

Et pour répondre à ta question, non, je me laisse un peu de temps parce que c'est vrai que la phase de correction finale était très éprouvante. Non seulement ce n'est pas créatif, mais à la fin tu as tellement la tête dedans que tu n'as plus le recul nécessaire. En un mois où je l'ai lu trois ou quatre fois d'affilée, je commençais à le trouver nul mon bouquin. Alors que je ne sais pas s'il est bien mais en tout cas, c'est un travail dont je suis fier. Et donc je saturais, je n'en pouvais plus de ces personnages, je ne voulais vraiment plus entendre parler d'eux ! Aussi là, je me suis laissé 3-4 mois.

Livre pour enfant

RUDY : C'est marrant parce que ce matin, en fait, j'ai eu une idée de peut-être un petit projet de bouquin intermédiaire — rien à voir, pas du tout le même public. Tu as peu être entendu parler d'un livre qui a été écrit par un Américain qui s'appelle Kash Patel dont on parle des fois dans les informations ? Il a écrit un petit livre qui parle de la situation politique aux États-Unis mais pour les enfants.

À l'heure où la propagande pour les enfants est monumentale – il faut voir dans les écoles... C'est un sujet qui me touche beaucoup. Si on s'intéresse à ce qui se passe dans les écoles, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, c'est vraiment là où j'ai mon focus. Il y a des choses qui m'inquiètent un peu.

Et en fait, ce livre-là prend un peu le contre-pied. Vous voulez jouer à la propagande avec les enfants ? Vous avez compris que c'est de la contre-propagande.

Il y a quand même un enjeu politique important et j'ai trouvé cette idée super intéressante particulièrement par rapport à la situation en France. Parce que bon, moi, je suis Français mais je vis au Canada et je vois mon pays qui se délite depuis une dizaine d'années de manière accélérée. Et voilà, saisir l'opportunité d'expliquer ça à de jeunes enfants...

J'ai un gamin qui n'a pas tout à fait 6 ans. Ces deux dernières années, avec ma femme, on a fait tout ce qu'on a pu pour le protéger des masques, du Covid et des affaires comme ça, et j'aimerais bien pouvoir avoir la chance d'expliquer aux enfants l'autre versant du Covid.

J'ai donc cette idée qui m'a traversé la tête ce matin et me quitte pas et en général, c'est un signe... Aussi je pense que je vais prendre quelque temps pour faire ça. C'est un livre pour enfant mais il y aura peut-être une partie graphique. Je vais sans doute avoir besoin d'un illustrateur ou bien je vais le faire moi-même ou avec ma femme, je ne sais pas. Mais ça ce sont des petites histoires que j'ai envie de raconter.

(Pour info, Rudy m'a envoyé un message le lendemain même pour m'annoncer qu'il avait écrit le livre ! – Ed.)

Et là, j'ai des vacances de prévues. J'ai besoin de me déconnecter de tout. Je pense que vers le mois d’août ou septembre, je vais commencer l'écriture de la suite.

Références littéraires

EYAEL : L'influence de Stephen King est plus qu'évidente et tu en as déjà parlé. Mais est-ce que, par hasard, il n'y aurait pas aussi un peu de Neil Gaiman ?

RUDY : Oh oui, bien vu ! Qu'est-ce qui t'a fait penser à ça ?

EYAEL : La scène avec les âmes à la fin du livre. Il y a un passage un peu similaire dans l'Entremonde.

RUDY : Neil Gaiman, j'en ai lu pas mal. Il a écrit American Gods qui est un très bon bouquin. Il y a un livre que j'ai beaucoup aimé avec un autre auteur que j'aime beaucoup, c'est Terry Pratchett...

EYAEL : Ah, j'allais t'en parler justement. J'ai reconnu l'humour !

RUDY : Une de mes références, clairement, est un livre qu'ils ont co-écrit tous les deux qui s'appelle De bons présages. C'est triste mais en mode Monty Python ridicule. C'est un livre qui m'a arraché des larmes de rire tellement j'ai ri. Il y a une série sympathique qui a été faite...

EYAEL : Le Disque-monde ?

RUDY : Oui, c'est Terry Pratchett. J'ai pas mal lu le Disque-monde. Il y a l'humour du Disque-monde... tu sais quoi ? Tu viens de me faire réaliser un truc, c'est clairement une influence dont je n'avais pas conscience.

EYAEL : La petite bête velue ?

RUDY : Ah non, pas celle-là. Une grande bestiole avec une faux !

EYAEL : Ah oui, effectivement. On ne peut pas trop en parler mais j'étais morte de rire en lisant ce passage.

RUDY : Oui, clairement Terry Pratchett et Neil Gaiman sont aussi des influences inconscientes. Peut-être moins conscientes que Hakami et Stephen King. Maintenant que tu me le dis, oui, effectivement.

EYAEL : Ça, je sais ça ne va pas te plaire mais je vois Dan Brown pour le rythme, le  déroulement des scènes, la manière d'aborder le suspens.

RUDY : Tu sais quoi ? Ce n'est pas que ça ne va pas me plaire. Ça me plait beaucoup !

Moi, ce que je reproche au Da Vinci Code, c'est sa fin. Parce qu'on te fait un système où on te monte, on te monte... c'est impressionnant. Et à la fin, moi, personnellement, j'ai l'impression que le contrat n'a pas été rempli parce qu'on fait monter en puissance un bouquin et finalement, c'est un soufflé qui s'effondre sur lui-même. Et donc toute cette excitation qu'on a bâti en toi a généré chez moi une grande frustration quand j'ai lu Da Vinci Code.

Donc oui, le rythme de Dan Brown... J'ai essayé de faire un « page-turner », un livre où tu lis et tu as envie de savoir la suite.

EYAEL : C'est parfaitement réussi.

RUDY : Merci beaucoup. Mais par contre, c'est super important pour moi la cohérence du bouquin. Parce que moi, Da Vinci Code, je l'ai lu une fois ça fait des années mais la fin...

EYAEL : C'est le seul que tu as lu de Dan Brown ? Personnellement, ce que je lui reproche c'est de prendre des sujets « conspirationnistes » pour les retourner de manière politiquement correcte comme le font les médias mainstream.

RUDY : Ça fait longtemps que je l'ai lu. Peut-être que ça vaudrait le coup que je rejette un coup d'œil à ce qu'il a écrit mais je me souviens très clairement que moi, ce qui m'avait déçu de Dan Brown, c'est à la fin, la promesse qu'on fait de « Ouah, où elle va cette histoire ? »

Et quand j'ai fini le bouquin, je me suis dit : « Je me suis fait arnaquer ». Je n'ai jamais eu envie de lire un autre bouquin de Dan Brown alors qu'il n'y a que les quinze dernières pages qui m'avaient vraiment dégoûté, le reste du bouquin était un plaisir à lire.

EYAEL : Je ne sais pas si c'était son premier livre mais effectivement ça avait fait le buzz. C'était à une époque où on ne parlait pas tellement des théories du complot donc on se disait : « Ouah, quelqu'un ose en parler ! »  Et plus tu avançais en lecture, tu te disais  : « Mais non, c'est pas possible, il raconte n'importe quoi ».

RUDY : Et tu vas vérifier et tu te rends compte que « Ah oui, c'est vrai ça – tiens oui, ça aussi ça correspond ».

À suivre : troisième et dernière partie à paraître prochainement.

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Perception Majuscule (1)

Comme promis, j'ai l'honneur, le plaisir et la fierté de vous présenter ci-dessus le projet sur lequel j'ai travaillé d'arrache-pied pendant plusieurs semaines.

Ce court documentaire est ma vision et le condensé d'un récent entretien avec Rudy, un jeune auteur français vivant au Québec, qui vient de publier son premier roman sur Amazon (disponible en version papier et Kindle).

Un thriller fantastique palpitant qui vous tiendra en haleine tout au long de ces 450 et quelques pages.

Vous trouverez ci-dessous une adaptation de la retranscription intégrale de cette passionnante conversation de plus d'une heure qui, pour des raisons de longueur, sera publiée en trois parties.

Ce documentaire est donc mon tout premier. Il est le fruit de très longues heures de recherche et de travail. Merci de votre indulgence et du temps que vous passerez à le regarder et peut-être aussi à lire ce qui suit.

Pour la petite histoire, il y a un mois, je ne savais même pas que j'allais interviewer Rudy ou même faire cette vidéo. Encore moins comment ni avec quoi. L'idée s'est simplement imposée d'elle même, en douceur, comme une inspiration du cœur et non une aspiration du mental.

Je l'ai suivie parce qu'elle me mettait tellement en joie qu'au fond de moi je savais que j'allais être guidée dans toutes les étapes. Et ce fut effectivement le cas jusque dans les moindres détails. J'ai juste fourni les efforts et la patience car il m'a fallu apprendre sur le tas.

À mon crédit, malgré les décennies et les moyens techniques radicalement différents, j'ai tout de même pu, sans vraiment y réfléchir, mettre à profit certains rudiments glanés sur les bancs d'une école d'audiovisuel que j'ai fini par quitter parce que jusqu'à récemment je n'avais jamais cru suffisamment fort en moi et en mes rêves pour les réaliser. Ce documentaire est donc, en quelque sorte, une revanche sur le passé, un défi personnel ou encore la matérialisation de quelque chose qui sommeillait en moi depuis trop longtemps. Est-ce que ça va continuer ? Je ne sais pas. j'irai où ma joie intérieure me portera et non plus là où les peurs des uns et limitations des autres me dicteront d'aller.

Un grand merci à Rudy pour son immense sollicitude, sa grande disponibilité, sa précieuse collaboration dans l'élaboration de ce projet et surtout pour le souffle d'inspiration créatrice qu'il a su réveiller en moi.

Premier roman

EYAEL : Est-ce que Perception Majuscule est ta première expérience littéraire ?

RUDY : C'est la première fois que je finis un projet littéraire !

EYAEL : Donc tu avais déjà commencé ?

RUDY : Ah, j'ai plein de débuts d'histoires ! Mais le plus achevé, avant celui là, c'était quand j'étais jeune. J'avais 21-22 ans et j'avais commencé un début d'histoire. Et puis, à un moment donné, un petit blocage, une petite faille, un petit caillou qui va bien dans l'engrenage et puis la motivation n'est plus là. Après, tu relis ton texte un an plus tard et ce n'est plus du tout ça que tu as envie d'écrire – tu n'es plus la même personne et tout ça.

En fait, j'ai commencé quand j'ai découvert que j'avais un goût pour l'écriture quand j'avais quatorze ans. Je suis tombé amoureux d'une fille, Hélène, qui était plus âgée que moi. Il ne s'est jamais rien passé ou quoi que ce soit mais on est restés proches pendant des années et des années – même encore maintenant, on s'envoie un mail de temps en temps. Et on s'est écrit des lettres pendant un certain temps – le genre de lettres à l'ancienne, avec un timbre, une enveloppe et tout ça. Et voilà le jeune Rudy adolescent amoureux...

En fait, j'ai découvert que ces lettres-là me permettaient d'exprimer quelque chose que je ne pouvais pas nécessairement exprimer avec mon téléphone, en parlant ou des choses comme ça. Et il y a le goût du mot juste qui a commencé à se développer en moi. D'ailleurs, Perception Majuscule, c'est un peu ça aussi. C'est le goût du mot juste.

J'ai un bon exemple pour pour illustrer ça : vers seize ans ou un petit peu plus tard, j'avais un prof d'anglais qui s'appellait Spenato – comme un des personnages secondaires du bouquin – qui nous faisait faire beaucoup de versions, c'est-à-dire qu'il fallait faire des traductions d'un texte en anglais vers le français. Mais ce n'était pas à faire à la va-vite. Il fallait que ce soit vraiment le mot juste.

Et à un moment donné, il nous avait fait traduire un texte de 1984. Je me souviens très bien que la phrase qu'il fallait qu'on traduise, c'était en anglais : « the locked loneliness in which anyone has to live » qui se traduit donc par « la solitude fermée dans laquelle nous devons tous vivre ». Ce terme-là, « solitude fermée », c'est la traduction immédiate et j'étais sûr qu'il y avait mieux que ça.

Je ne sais pas comment l'expliquer mais dans ma tête, au niveau de la langue, je sentais que ce n'était pas la traduction optimale. Donc j'avais le bouquin traduit en français, je trouve le passage : « solitude fermée ». On arrive avec le prof d'anglais qui était quand même très à cheval sur les traductions : « solitude fermée ». OK, je garde cette idée qu'il y a une meilleure traduction – LA meilleure traduction.

Cette idée m'est restée dans la tête pendant presque 25 ans, jusqu'à ce qu'il y a un an ou deux, j'étais en train de conduire. On était à Laval sur l'A40 et là paf ! Comme une balle dans ma tête, ça me traverse. J'ai trouvé ce qu'était cette traduction que je savais existait : « la claustration solitaire ». Moi, je savais que c'était ce truc pendant 25 ans – je n'ai pas pensé 25 ans en continu à ça bien entendu, mais je l'avais en background dans ma tête et donc cette idée-là est une espèce de soulagement. Bon, ça n'a pas changé ma vie du tout en fait. Mais 25 ans, je me suis traîné ça !

Et donc comment ça s'est passé ? Le goût du mot juste, un peu des lettres que j'ai écrites où jai pu développer – mais ça ne t'écrit pas une histoire en fait. Et ça m'embêtait. Parce qu'il manquait quelque chose pour écrire une histoire.

Et donc j'ai décidé, c'était en 2018 je crois, de m'inscrire à un cours d'écriture. J'ai tapé : « cours d'écriture pour adultes » et je suis tombé sur une dame qui s'appelle Myriam, qui nous a fait un cours. Elle est écrivaine elle-même et elle nous a donné des exercices – notamment des exercices sur les personnages. Et je me rends compte que c'était-là ce qui me manquait. Plutôt que d'essayer d'écrire une histoire, invente des personnages et fais-les vivre, fais-les avancer dans ton histoire.

J'avais lu, un jour, une interview de Stephen King qui est un de mes auteurs de référence, et il t'explique que lui en fait, il invente ses personnages puis après, il les fait vivre. Il fait vivre ses personnages, il ne sait pas qu'est ce qui va leur arriver jusqu'à ce qu'il soit en train d'écrire.

Alors dans une trame qui était quand même un petit peu préexistante, j'avais quelques vagues idées. Et en fait, quand j'ai commencé à écrire mon histoire, j'avais un passage. C'est celui où Yvan, le héros principal du livre, à un moment donné, discute avec son frère, qui se trouve être un pratiquant de la religion juive, et ils ont une espèce de discussion. C'est un peu une pause dans l'action du livre – une pause de réflexion, de discussion un peu philosophique.

Et ça l'inspiration, c'est 1984 où, à un moment donné, on donne au héros, Winston, un livre qui parle de politique. Et on a 50-80 pages où on va décrire le contenu de ce livre. Et donc là, on a une pause dans le récit, une pause dans l'action, une pause dans le narratif pour avoir une bulle d'explication politique qui était vraiment de très bonne qualité et on comprend tout un tas de choses en lisant ça. Et je voulais un petit peu faire la même chose. Il se trouve que ça, c'était l'idée que j'avais quand j'ai commencé le livre.

Et c'est marrant parce qu'en fait, dans le bouquin, ça arrive à la page 235. Et avant de pouvoir écrire la scène initiale que j'avais en tête dans le livre, il y a eu quand même 235 pages avant et donc pratiquement un an et demi à deux ans de travail en fait.

Un des premiers enseignements que j'ai chopés dans cet exercice d'écriture dans sa durée de trois ans en fait, pratiquement, c'est qu'il faut faire preuve de beaucoup de patience. Tu as une idée : « Tiens, je vais écrire ça ! «  Si tu commences à écrire ce que tu as envie d'écrire comme je faisais avant, moi personnellement ça n'a pas fonctionné.

Processus littéraire

EYAEL : Tu as créé un plan ou bien tu t'es contenté de suivre le fil de ton inspiration ?

RUDY : J'ai essayé de créer un plan... heu, ça n'a pas vraiment marché. J'ai lu des livres sur la théorie de comment écrire, faire des schémas et tout ça. J'ai pris des éléments en me disant : « Tiens, ça c'est intéressant » et je les ai gardés pour moi.

Donc oui, il y a certains éléments de structure du rythme du récit, c'est-à-dire à un moment ça tombe, puis ça remonte jusqu'à arriver à un climax final ou quelque chose comme ça. D'autant, qu'en fait, tu l'as lu, le livre ne se termine pas. Les derniers mots sont : « Fin du premier tome ».

Donc non, je n'ai pas vraiment suivi de plan. J'avais cette scène, cette idée en tête que je voulais écrire.

J'avais mes personnages, les deux personnages principaux : Yvan, le protagoniste et Ginette, une vieille dame qu'il va rencontrer dans l'ascenseur complètement par hasard. Et à partir de cette rencontre ont découlé des choses plus étranges dans la vie d'Yvan et dans la vie de son proche entourage.

J'avais donc ces deux personnages et mon processus d'écriture était que j'écrivais une scène et après, une fois qu'elle était écrite... J'écrivais à peu près une fois par semaine. Le jeudi soir, où j'avais quelques heures pour écrire, j'allais à la bibliothèque avec mon ordinateur et hop, j'écrivais une dizaine ou une quinzaine de pages. Et donc pendant toute la semaine qui me séparait d'un jeudi à l'autre, ça tournait en background : » Qu'est-ce qui se passe dans la prochaine scène ? Dans les vingt prochaines pages du livre, c'est ça qui va se passer ».

Et c'est intéressant parce que, des fois, il y a des scènes qui font sacrément peur...

Des fois, tu restes coincé avant l'écriture de la scène pendant des semaines car ellete fait peur. Tu ne sais pas comment l'écrire. Tu ne sais pas comment l'aborder. Tu es devant l'ordinateur, tu n'arrives pas à taper le premier mot.

Et puis à un moment donné, tu arrives, tu tapes le premier mot et ça coule et la scène s'écrit finalement toute seule. Franchement, ce sont des choses dont je n'avais pas conscience qui allaient arriver, que ça faisait partie du processus d'écriture. J'ai découvert ça.

EYAEL : Dans ton roman qui est une sorte de thriller fantastique, il y a quand même une trame narrative assez structurée donc tu n'as pas écrit de façon linéaire ?

RUDY : Si, si je l'ai écrit de façon linéaire. C'est pour ça que j'ai dû attendre 235 pages avant de pouvoir écrire la scène que j'avais en tête !

EYAEL : Donc tu balances des indices dès le début et tu n'avais pas idée de ce que ça allait donner ?

RUDY : Pour être franc, un petit peu, en fait.

Par exemple, le premier chapitre, c'est l'exposition. Il y a deux personnages qui sont en colocation. On se rend compte qu'ils n'ont pas une vie super enrichissante ; ils jouent à des jeux vidéo, ils fument des joints, ils mangent de la pizza... Mais ce sont des copains, ils sont contents. Ils sont sympas, ils sont dans leur trentaine, ils profitent un peu de leur vie, de leur argent et ça va.

Dans la deuxième scène, on passe à un registre complètement différent. On a une vieille personne , on voit qu'elle est vieille, qu'elle est riche, qu'elle est mystique, qu'elle lit des bouquins un peu bizarres et qu'elle est stressée. Elle attend la visite de quelqu'un.

Ce quelqu'un finit par arriver, on ne sait rien de lui, juste son prénom : il s'appelle Siegfried. Et le vieillard, qui s'appelle Jebediah et qui est un personnage important dans le bouquin, va lui donner une dent dont on apprend que c'est sa dent et qu'il se l'est arrachée lui-même à la main.

Donc je savais un peu où j'allais – c'était une idée que j'avais. Mais à part ça, souvent les indices que je balance, des fois, c'était juste : « Bah tiens, on va taper ça et puis on va voir ce que ça va donner dans le futur... »

Et bon, je dois être franc, des fois tu reviens dans le passé, tu dis : ça je n'arrive pas du tout à le faire converger ni quoi que ce soit », donc tu re-modifies un peu le passé. C'est non linéaire mais dans le sens où j'écris de manière linéaire et je reviens dans ce que j'ai déjà écrit pour le corriger pour faire que le futur et le passé correspondent.

EYAEL : C'est vraiment suivre le fil de son inspiration.

RUDY : Ah mais complètement. Je voulais prendre du plaisir à faire ça.

Inspiration

EYAEL : Tu as eu beaucoup de recherches à faire pour ton roman ou pareil, tu t'es laissé porter ?

RUDY : Je n'ai pas eu de recherches à faire pour mon roman. Ce sont des recherches que j'ai eu à faire pour autre chose mais il y a certains éléments pour lesquels je me suis dit : tiens ça, j'ai envie de le partager. On parlait par exemple de la philosophie tout à l'heure...

EYAEL : Pour les lieux, par exemple, ce sont des lieux que tu as inventés ou bien qui existent vraiment comme le fameux manoir de Jebediah ?

RUDY : Ah non, ça c'est dans ma tête.

En fait, une de mes références est Stephen King et une autre est un écrivain japonais qui s'appelle Haruki Murakami. Il a écrit des bouquins comme 1Q84Kafka sur le rivage ou les Amants du Spoutnik.

C'est un écrivain chez qui c'est toujours un peu la même structure, c'est-à-dire que tu as une situation un peu normale de gens normaux et d'un coup, il y a quelque chose qui sort de l'ordinaire, de la normalitéqui se produit. Pas genre les extraterrestres qui arrivent mais quelque chose d'un peu bizarre et la bizarrerie augmente crescendo dans la vie des personnages.

Et c'est un peu le rythme que je voulais faire paraître ici. Et effectivement en mettant des thèmes qui me sont chers comme... on ne va spolier mais on va dire comme certains thèmes politiques ou certains thèmes philosophiques.

La douleur du rejet, aussi violente soit-elle, finit par disparaître. Le doute quant à lui est nettement moins douloureux sur le moment. C'est pour ça qu'il constitue la solution de facilité, mais parfois, au lieu de s'atténuer et de disparaître dans l'oubli, le doute reste, s'intensifie, et devient une question lancinante et inévitable qui emplit tout ton esprit, tous tes moments de joie, tout ton être, une question qui te ronge et te consume, jour après jour, pour ne laisser derrière elle qu'une coquille vide.

Perception Majuscule p42

EYAEL : Il y a beaucoup de sagesse d'ailleurs dans certaines répliques des personnages.

RUDY : Merci.

Donc après ça se passe à Montréal qui est la ville dans laquelle j'ai commencé à écrire le bouquin. Maintenant je suis dans un village dans les bois au Québec. Ça parle donc de Montréal mais c'est MA version de Montréal.

D'ailleurs c'est une géographie assez bizarre parce qu'il n'y a pas vraiment de collines à Montréal. En fait, c'est volontairement que j'ai voulu faire transparaître cette espèce de structure un peu bizarre pour que les gens qui connaissent les lieux soient un petit peu perdus.

Si tu regardes bien attentivement (parce que moi, le bouquin avec toutes les corrections, j'ai dû le lire entre douze ou quinze fois peut-être) au niveau de la chronologie, il y a des choses un peu bizarres aussi. On a une vague chronologie mais parfois le temps est un peu dilaté, le temps est un peu contracté.

Des fois, tu arrives dans un endroit, on est en plein hiver et tu te retrouves dans une espèce de truc genre botanique printanière et tout ça. J'ai voulu mettre ce côté un peu surréaliste plutôt qu'irréaliste pour qu'on baigne dans cette ambiance mystérieuse qui fasse décrocher de la réalité terre-à-terre.

J'ai découvert aussi qu'il était difficile d'établir une chronologie dans un bouquin. Pour la suite, dès le début j'aurais une ligne de temps avec les événements et quand ils se passent parce que si tu ne fais pas ça, après tu te paumes et c'est compliqué.

À suivre : deuxième partie à paraître prochainement

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