Les 25 règles de la désinformation

Nous vivons à l'ère post-constitutionnelle des États-Unis, une époque où le gouvernement fait ce que bon lui semble à qui il veut et où il n'y a rien que l'on puisse faire contre cela.

Comment ce peut-il qu'un président soit en mesure de bombarder un pays étranger ou de brandir la menace d'une guerre totale à l'échelle internationale sans même faire état de l'intervention nécessaire du Congrès, sans parler de soumettre une déclaration de guerre au vote ?

La réponse tient en deux mots : désinformation et propagande, la spécialité des médias grand public. Lorsque les gens nagent dans la confusion, qu'on leur cache la vérité, que les agendas sont présentés comme des options de vie ou de mort et que le public n'a pas la moindre idée des lois que le gouvernement est tenu de respecter, tout est possible.

1. Ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire

Peu importe ce que vous savez, n'abordez pas le sujet — surtout si vous êtes un personnage public, un présentateur de JT, etc. Si l'on en parle pas, ça n'est jamais arrivé et vous n'aurez pas à traiter la question.

2. Faites montre d'incrédulité et d'indignation

Évitez d'évoquer les questions clés en vous concentrant plutôt sur celles qui sont secondaires et peuvant servir à présenter le sujet comme critique envers certains groupes ou thèmes sinon sacro-saints. C'est ce que l'on appelle également la tactique du « comment osez-vous ».

3. Créez des propagateurs de rumeurs

Esquivez les questions en décrivant toutes les charges, peu importe le lieu ou les preuves, comme de simples rumeurs et accusations farfelues. D'autres expressions incompatibles avec la vérité peuvent également faire l'affaire. Cette méthode fonctionne particulièrement bien avec le silence médiatique parce que le seul moyen pour le public de prendre connaissance des faits sera par le biais de telles « rumeurs discutables ». Si vous pouvez associer le tout à Internet, servez-vous de ce fait pour certifier qu'il s'agit bien d'une « rumeur insensée » reposant sur aucun fait.

4. Servez-vous de faux-fuyants

Trouvez ou créez quelque chose qui saute aux yeux dans l'argumentation de votre adversaire que vous pourrez aisément démonter et vous valoriser ainsi au détriment de ce dernier. Soit vous inventez un problème dont vous pourrez, sans risque, suggérer l'existence en vous fondant sur votre interprétation de votre rival et/ou de ce qu'il avance/sa situation, soit vous sélectionnez le maillon faible des accusations les moins solides. Exagérez leur portée et détruisez-les de telle sorte que cela passe pour une démystification de toutes les charges, vraies ou fausses, esquivant ainsi les vraies questions.

5. Égarez vos adversaires avec des quolibets et des railleries

Le stratagème élémentaire de l'attaque du messager, même s'il existe d'autres variantes de ce type d'approche. Affublez-les de titres aussi impopulaires que « cinglés », « droitistes », « libéraux », « terroristes », « férus de complots », « radicaux », « miliciens », « racistes », « fanatiques religieux », « déviants sexuels » et ainsi de suite. Cela rend les autres hésitants à leur apporter leur soutien de peur de se voir coller la même étiquette, ce qui vous permet d’esquiver les questions.

6. Pratiquez le délit de fuite

Sur les forums publics, lancez une brève pique à votre adversaire ou à la position adverse puis décampez avant qu'ils ne puissent vous répondre, ou bien encore, ignorez les réponses. Cela fonctionne à merveille sur Internet et dans les services de rédaction des médias où l'on peut compter sur un flot interrompu de nouvelles identités pour ne pas avoir à expliquer le fondement de ses critiques — il suffit juste de lancer une accusation ou une attaque sans jamais débattre des questions et donner suite aux réactions suscitées car cela donnerait du crédit au point de vue de votre adversaire.

7. Mettez en doutes les motivations

Déformez ou amplifiez tout fait qui, pris ainsi, pourrait insinuer que votre adversaire poursuit un agenda caché ou autre but détourné. Cela permet d'esquiver les questions et oblige l'accusateur a être sur la défensive.

8. Invoquez l'autorité

Déclarez-vous ou associez-vous à l'autorité en présentant votre argumentation avec suffisamment de « jargon » et de « détails » pour bien montrer que vous faites partie de « ceux qui savent » et bornez-vous à affirmer que ce n'est pas vrai sans débattre des problèmes ni d'étayer par des exemples concerts ou en citant vos sources.

9. Faites mine de ne rien savoir

Peu importe les preuves ou les arguments logiques présentés, esquivez le débat en niant toute crédibilité, toute signification, en réfutant toute preuve, tout point, toute logique ou étaiement de conclusion qu'ils pourraient contenir. Mélangez bien pour maximiser l'effet.

10. Assimilez les charges de l'accusation à de l'histoire ancienne

Un dérivé de « l'homme de paille » (ou faux-fuyants), généralement dans n'importe quel contexte de visibilité à grande échelle où quelqu'un va très vite lancer des accusations assez faciles à réfuter ou qu'il l'ont déjà été. Lorsque c'est prévisible, arrangez-vous pour que votre camp soulève un faux problème et traitez-le d'emblée dans le cadre du plan d'urgence initial. Les charges à venir pourront, peu importe leur validité ou les nouveaux aspect abordés, être associées à celle de départ et écartées comme simple resucée sans avoir ầ être débattues — ce qui est d'autant mieux si votre adversaire est ou était à l'origine de cette dernière.

11. Établissez et comptez sur des positions de repli

Servez-vous d'une question ou élément secondaire dans les faits, faites preuve de « rectitude morale » et « reconnaissez » avec candeur qu'en y repensant, une petite erreur a bien été commise — mais que vos adversaires ont saisi cette opportunité pour tout exagérer, insinuant des crimes bien plus graves ce qui « n'est pas vrai du tout ». D'autres pourront par la suite en rajouter une couche pour vous ultérieurement. Bien manœuvré, cela peut vous attirer de la sympathie et du respect pour sortir « blanchi » en « assumant la responsabilité » de vos erreurs sans vous attaquer à des questions plus sérieuses.

12. Les énigmes sont insolubles

En vous appuyant sur le cadre de l'actualité globale qui entoure le crime et sur la multitude d'acteurs et d'événements, dépeignez l'affaire comme trop complexe à élucider. Ce qui poussera ceux qui, autrement suivraient ces questions, à s'en désintéresser plus rapidement sans avoir à les traiter.

13. Alice dans la logique du Pays des Merveilles

Évitez de débattre des problèmes en raisonnant à contre-courant sans apparente logique déductive de manière à exclure tout fait matériel.

14. Exigez des solutions complètes

Éludez les questions en demandant à vos adversaires de résoudre complètement le crime invoqué, une tactique qui fonctionne mieux dans les cas relatifs à la règle n°10.

15. Faites correspondre les faits aux conclusions alternatives

Ce qui requiert une part d'imagination créative à moins que le crime en question n'ait été planifié et que des conclusions de circonstance aient été organisées.

16. Disparition des preuves et des témoins

S'ils n'existent pas, ce n'est pas factuel et vous n'avez donc pas à traiter la question.

17. Changez de sujet

Souvent en rapport avec une des autres tactiques listées ici, trouvez un moyen d'étouffer le débat par des commentaires acerbes ou litigieux dans l'espoir de détourner l'attention vers un nouveau sujet plus facile à gérer. Cela fonctionne particulièrement bien avec des comparses qui pourront « discuter » avec vous du nouveau thème et polariser le champ de discussion de manière à esquivez d'autres problèmes importants.

18. Émouvez, antagonisez et harcelez vos adversaires

Quand il n'y a rien d'autre à faire, blâmez et provoquez vos adversaires en les entrainant dans des réactions émotionnelles qui auront tendance à les tourner en ridicule et à les faire paraître surmotivés, ce qui rend souvent leur discours moins cohérent pour le coup. Non seulement, vous esquiverez les questions en premier lieu, mais quand bien même leur réaction émotionnelle serait en rapport avec le problème, vous pourrez toujours l'éluder en vous recentrant sur leur « sensibilité à la critique ».

19. Ignorez les preuves qu'on vous présente, exigez-en des impossibles à fournir

Il s'agit sans doute d'une variante de la règle n°9. Quel que soit ce présentera un adversaire sur les forums publics, déclarez-le sans fondement et exigez des preuves qu'il lui sera impossible de fournir (qui existent potentiellement mais non à sa portée ou encore que vous savez avoir été détruites ou escamotées en toute sécurité comme une arme de crime, par exemple). Pour esquiver totalement les questions, il vous faudra probablement nier catégoriquement et remettre en cause la validité de certaines sources médiatiques ou d'ouvrages publiés, réfuter certains témoins voire l'importance ou la pertinence de certaines déclarations faites par le gouvernement ou d'autres autorités.

20. Fausses preuves

Si possible, servez-vous de faits ou d'indices nouveaux comme de précieux outils conçus et inventés pour aller à l'encontre de ce qu'exposent vos adversaires afin de neutraliser les questions épineuses ou faire obstacle à leur résolution. Cela fonctionne mieux quand le crime a été organisé en prévoyant les impondérables et quand les faits sont pratiquement indissociables des inventions.

21. Faites appel à un grand jury, un procureur spécial ou tout autre organisme d'enquête habilité

Retournez le (processus) à votre avantage et neutralisez efficacement toute question épineuse sans débat ouvert. Une fois réunies, pièces à conviction et dépositions sont tenues de rester secrètes lorsqu'elles sont manipulées correctement. Par exemple, si vous avez acheté le procureur, il peut être fait en sorte que le grand jury n'entende aucune preuve utile et que ces dernières soient mises sous scellé et rendues inaccessibles à tout enquêteur par la suite. Une fois le verdict favorable obtenu (en général, on a recours à cette technique pour faire innocenter les coupables mais elle peut également servir à obtenir des charges contre on cherche à pièger une victime), l'affaire peut être considérée comme officiellement close.

22. Fabriquez une nouvelle vérité

Créez votre/vos propre(s) expert(s), groupe(s), auteur(s), dirigeant(s) ou influencez ceux déjà en place et désireux de défricher de nouveaux territoires via l'investigation, la recherche scientifique ou sociale ou encore des témoignages favorables. Ainsi, si vous devez aborder des questions, vous pouvez le faire avec autorité.

23. Créez de plus grandes diversions

Si ce qui précède ne semble pas fonctionner pour détourner les questions épineuses ou empêcher la médiatisation indésirable d'événements impossible à arrêter comme des procès, créez de nouvelles encore plus sensationnelles (ou bien traitez-les comme telles) pour distraire les masses.

24. Faites taire les critiques

Si les méthodes ci-dessus ne l'emportent pas, envisagez d'éliminer vos adversaires de la circulation en ayant recours à une solution définitive afin qu'il n'y ait plus besoin de traiter ces questions. Cela peut impliquer leur mort, leur arrestation et incarcération, le chantage ou la destruction de leur réputation par le chantage ou juste l'intimidation pure et simple par chantage et menaces diverses.

25. Disparaissez

Si vous êtes un détenteur principal de secrets ou, par ailleurs, beaucoup trop éclairé et que vous trouvez que ça chauffe trop, pour éviter les problèmes, quittez la cuisine.

Texte original de ISAAC DAVIS traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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