Nous sommes des pirates. Pas les types de héros de Robin des Bois qui saignent le cœur. Nous ne faisons pas de sauvetages.
Capitaine Barbossa, Pirates de Caraïbes
Mille sabords ! Après avoir échappé de justesse au piège à souris et frôlé l'indigestion aux trous de gruyère (enfin d'emmental), me voici, ce mois-ci, embarquée à fond de cale et sans escale, sur l'Hispaniola – à moins que ce ne soit le Black Pearl. L'un dans l'autre, il y a de la trahison dans l'air avec ce maudit cinq de pique qui vient jouer le grain de sable dans l'engrenage. Ou plutôt, le panneau d'avertissement qui signale un virage épineux sur une route sinueuse – en l'occurrence ici, une côte bordée de dangereux récifs. Ralentir, observer, et surtout, ne pas accorder notre confiance les yeux fermés. N'oublions pas qu'en mai, ce satané Uranus, spécialiste des coups bas et imprévus en tout genre, entame son dernier passage sur l'étoile du démon Algol dans le signe martien du Bélier. Le cinq de pique prévient également des dangers de l’empathie et de l’attachement, nous invitant à l’individualisme.
Hissez pavillon !
Selon la définition du dictionnaire, un pirate était un « aventurier qui courait les mers pour se livrer au brigandage, attaquant les navires de commerce ». De nos jours, c'est une personne « qui se livre à la piraterie maritime, une sorte de voleur des mers qui pille les autres bateaux et les dépouille de leurs biens, quels qu'ils soient ».

Il convient de distinguer les pirates (du latin pirata, dérivé du grec peirates, qui signifie « celui qui tente la fortune, qui est entreprenant »), hors-la-loi des mers – des corsaires (du latin cursus, « course ») qui sont des pirates légalisés, autorisés par « lettre de course » par leur gouvernement à attaquer les navires ennemis en temps de guerre – et également des flibustiers (du néerlandais vrijbuiter, « qui fait du butin librement »), déserteurs, aventuriers ou criminels en fuite cherchant à échapper à la justice dans leur pays d'origine.
À noter que les flibustiers, qui sévissaient dans la mer des Caraïbes, étaient parfois appelés abusivement boucaniers (du nom de la viande qu'ils faisaient fumer sur une grille spéciale, le « boucan ») et qu'un corsaire autorisé par un État particulier était qualifié de pirate par les États ennemis. Tout corsaire, donc, est un pirate du point de vue d'un État tiers.
Il faut savoir que la piraterie existait déjà dans l'Antiquité. Toutes les civilisations anciennes dotées d'une flotte maritime l'ont connue, qu'il s'agisse des Phéniciens ou des Mycéniens et même des Romains. Les Vikings également. La mer étant considérée alors comme un espace libre où régnait la « loi du plus fort ».
La piraterie connaît son âge d'or dans les années 1660, lorsque Français, Anglais et Néerlandais attaquent les navires pleins d'or de la couronne espagnole. À partir de 1690, de nouveaux groupes opèrent dans l'océan Indien. Les pirates sont alors encouragés par les Anglais car ils rapportent de l'argent aux Antilles anglaises et à l'Angleterre. Mais ce n'est plus le cas à partir de 1700, quand le commerce se mondialise. Entre 1716 et 1726 apparaît un mouvement pirate spontané de plusieurs milliers d'individus qui n'a pas le soutien des classes dirigeantes. Britanniques et Français vont alors coopérer pour le réduire et pendront les pirates par centaines.
Je vais vous conter l'histoire d'une reine pirate
"Anne Bonny", Karliene (2019)
Une louve qui régnait sur la mer des Caraïbes
Un pistolet à portée de main et un coutelas bien aiguisé
La scélérate, l'infâme Anne Bonny
Née scandaleusement en Irlande
Fille bâtarde
D'un avocat prospère
Qui fuit les prétendants et la société
Pour l'amour d'un jeune pirate
Et avant que les féministes de bâbord à deux doublons ne viennent hisser leur pavillon pour tenter de nous saborder, rappelons-leur que parmi les pirates les plus célèbres, on trouve trois femmes : Maria Lindsey, Mary Read et Anne Cormac dite Anne Bonny. La technique d'abordage de cette dernière aura d'ailleurs très certainement inspiré les scénaristes de Pirates des Caraïbes. En effet, à l'aide d'amis, elle déguisait un vieux bateau volé en vaisseau-fantôme, aspergeant ses voiles de faux sang et disposant bien en vue sur le pont, des mannequins ensanglantés. Devant le spectacle effroyable d'un tel navire, l’équipage des bateaux de commerce, terrifié, prenait la fuite, abandonnant sans résistance leur précieuse cargaison.
Sabordeurs sabordés
L’image du pirate fascine et attire car elle représente une quête de liberté totale. Pourtant, sous un regard supraconscient, cet archétype révèle une rébellion orchestrée qui canalise l’énergie des âmes en quête d’indépendance, tout en les maintenant dans une boucle de lutte, de pertes et d’échec.
Le pirate semble s’opposer au système mais ne fait que reproduire une autre version de la même servitude : il rejette la hiérarchie, mais reste piégé dans un mode de survie permanent ; il ne remet pas en question les règles du jeu, il tente seulement de s’en sortir par la force ; son trésor est une illusion, détournant l’attention de la véritable quête qui est de sortir du jeu, pas seulement y gagner quelques miettes.
À l'instar d’autres figures de « rebelles sympathiques » (Robin des Bois, hackers, résistants), le pirate incarne un combat vain, séduisant mais énergivore. La matrice adore ces modèles car ils absorbent l’énergie des âmes qui veulent se libérer, tout en assurant que rien ne change vraiment.
D'autre part, l'opposition entre pirates et corsaires illustre la dualité orchestrée, là où le pirate est traqué et le corsaire autorisé alors qu'ils font exactement la même chose. Les États utilisent les corsaires (qui jouent dans les règles) et les trahissent ensuite lorsqu'ils deviennent gênants. Ce schéma se répète partout : utiliser des pions puis les sacrifier. La matrice crée des conflits artificiels où chaque camp croit être du « bon côté », alors que tous sont enfermés dans le même jeu.
Les sombres héros de l'astral
Certes, si les clichés peuvent autant faire sourire qu'agacer, ils ne sont jamais là pour rien vu que cette matrice repose sur un programme contractuel qui fonctionne par accord tacite. Dès que vous acceptez une pensée, une situation, un rôle, un symbole vous signez sans même vous en rendre compte.
Ainsi, au rayon mutilations en tout genre, la jambe de bois du pirate sert à rappeler la souffrance et le prix à payer pour sortir du système et envoie un message subliminal comme quoi la rébellion mène à la perte. À l'instar des guerriers sacrifiés et des héros martyrisés, le pirate ne peut jamais vraiment triompher.
Par ailleurs, la perte de son outil de création (la main) est son remplacement par une arme (le crochet) est une métaphore qui transforme le pirate en force brute, incapable de finesse – un « guerrier condamné ». Il incarne le rebelle qui détruit mais ne construit jamais.
Dans la symbolique occulte, de nombreuses figures borgnes ou mutilées, telles Odin sacrifiant son œil, Satan le borgne, etc., représentent une connaissance partielle, une vision tronquée du réel. Le pirate ne comprend pas le jeu dans sa totalité, il agit par réaction et non par maîtrise.
Nous étions quinze sur le coffre à l'homme mort
Robert Louis Stevenson, L'Île au trésor
Yo - ho - ho ! et une bouteille de rhum !
La boisson et le diable ont emporté les autres,
Yo - ho - ho ! et une bouteille de rhum !
L'omniprésence du rhum n'est pas anodine non plus. L'alcool (dérivé de l'arabe al-kuhl, qui signifie originellement « la chose subtile » ou « l'essence » et fait référence au liquide distillé issu des explorations magiques de l'alchimie moyen-orientale) altère le jugement, éloigne l'homme de son esprit et le maintient dans un état de conscience diminué. On n'appelle pas l'alcool « spiritueux » pour rien, car il astralise et embrouille la perception. Ce fut, à cet égard, un outil de colonisation tristement célèbre pour sa distribution dans les communautés indigènes à travers le monde. En chimie, l'alcool est utilisé comme agent extracteur séparant l'essence d'un objet, comme dans la fabrication des huiles essentielles ou la stérilisation des instruments médicaux. Il fait de même avec le corps en extrayant l'essence de l'individu, laissant place à des influences astrales et ouvrant des failles dans son aura.

Le fidèle perroquet perché sur l'épaule du pirate représente la mémoire conditionnée et la programmation mentale. Il répète sans comprendre comme un humain piégé dans des croyances sans remise en question. Il suit le pirate partout, illustrant la présence inconsciente des schémas automatiques qui dirigent nos décisions. Il donne une illusion de sagesse mais ne fait que recycler des mots sans profondeur. Ce symbole montre que même le rebelle "libre" traîne avec lui une programmation inconsciente qui le ramène sans cesse dans les mêmes boucles.
Le drapeau noir avec la tête de mort (Jolly Roger) n'est pas sans rappeler le symbole des Skull and Bones, une société secrète liée à la gestion du pouvoir et au contrôle des masses. Dans la matrice, la mort est une illusion programmée servant à maintenir les âmes captives et à alimenter le recyclage astral. L’utilisation de ce symbole par les pirates peut être vue comme une revendication de cette connaissance cachée ou comme un moyen d’inspirer la peur et la soumission.
Enfin, la quête du trésor enfoui, accessible uniquement grâce à une carte (souvent en morceaux épars), est une métaphore directe du savoir perdu et morcelé par la matrice. Le trésor matériel est un leurre, détournant de la vraie quête (la souveraineté vibratoire). La carte brisée représente le savoir dispersé que chaque être doit reconstruire. Le pirate cherche à l’extérieur ce qui est en lui, piégé dans une quête sans fin. La matrice a fragmenté la réalité essentielle et imposé des distractions. Le vrai trésor n’est pas de gagner du pouvoir dans le jeu, mais de comprendre comment ne plus être un pion.
Savoir prendre la vague
L’archétype du pirate est une distraction matricielle : une fausse liberté qui canalise les énergies rebelles dans un schéma de lutte et de souffrance. La matrice adore les rebelles, tant qu'ils restent des pions.
Le problème n'est pas le problème. Le problème, c'est votre attitude face au problème.
Capitaine Jack Sparrow, Pirates de Caraïbes
Le véritable joueur n’attaque pas le système de front car il sait que c’est une illusion. Il ne fuit pas non plus, car il sait que le terrain de jeu ne peut être changé. Il comprend les lois de la matrice et les utilise, sans être esclave du système. Il ne s’enferme pas dans une lutte stérile, il trouve des chemins stratégiques. Il ne cherche pas une liberté illusoire, mais une véritable souveraineté vibratoire. Le vrai trésor n’est ni l’or, ni le pouvoir, ni la rébellion violente. Le vrai trésor, c’est la compréhension et la maîtrise du jeu.
Et si la vraie liberté n'était pas de briser ses chaînes mais plutôt de comprendre pourquoi elles existent ?
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