Cancer et alimentation : les médias grand public se montrent sceptiques à l'égard des super-aliments et des régimes alcalins

Il y a plus d'une décennie déjà, j'ai été contactée par la BBC, à Londres, pour participer à l'enregistrement d'une émission de télévision sur les médecines dites « parallèles » animée par Nick Ross (membre, entre autres, de la Société royale de médecine et de diverses organisations scientifiques similaires). Parmi les invités sur le plateau ne figuraient que des partisans des médecines conventionnelles, grands défenseurs du NHS (l'équivalent britannique de notre sécurité sociale) tandis que le public intervenant était lui, à grande majorité, constitué de professionnels de la « santé alternative » et d'anciens malades condamnés à plus ou moins brève échéance par la sacro-sainte science mais miraculeusement « ressuscités » pour avoir osé franchir le Rubicon et encouru le risque d'aller mieux sans passer par les services des sus-mentionnés. Et ça, ils n'aiment pas ! Inutile de dire, que cette émission, qui était pourtant censée glorifier les « gentils empoisonneurs/mutilateurs » au détriment des « affreux charlatans », a pris une tournure tout à fait inattendue à une époque où le Royaume-Uni restait encore assez libéral en matière de santé mais où déjà des bruits de couloir laissaient entendre que cette tendance allait vite connaitre un revirement spectaculaire. Preuve en est, aujourd'hui, cet article publié par le site officiel britannique de la recherche contre le cancer dont il est question dans le billet ci-dessous que je me suis empressée de traduire. Pour la petite histoire, la BBC n'a pas censuré l'émission mais la « recruteuse de public » m'a confié, après coup, qu'elle s'était faite taper sur les doigts pour avoir mal choisi les intervenants. Moi, je trouve au contraire qu'elle a fait un travail remarquable et j'espère que quelque part cela lui aura porté chance. Quand on voit la multiplication des grands pains que se prend la BBC ces jours-ci, je fais comme David Icke, je n'arrête pas de me réjouir de les voir s'enliser de plus en plus dans leur fosse septique nauséabonde (un qualificatif bien trop faible d'ailleurs).

Ey@el

Un billet scientifique posté récemment sur le site Cancer Research UK déclarait triomphalement : « Ne croyez pas tout ce que vous lisez : la mise en lumière de 10 mythes tenaces au sujet du cancer ». Dans un monde où les cas de cancer augmentent de manière alarmante et où nous sommes de plus en plus nombreux à connaître une personne qui en soit atteinte sous une forme ou une autre, il fallait s'attendre au déclenchement d'une controverse acharnée quant à l'efficacité des nombreux types de traitements préconisés tout à la fois par l'industrie pharmaceutique traditionnelle et la recherche de méthodes alternatives.

Parmi les mythes que cet article prétendait démolir, on pouvait trouver :

  • Les super-aliments préviennent le cancer
  • Une alimentation « acide » provoque le cancer
  • Le cancer aime le sucre

Un sous-entendu qui ne fit aucun doute dans l'esprit des nombreux lecteurs que l'alimentation n'avait pratiquement rien à voir avec les cas de cancer, pas plus qu'elle ne pouvait contribuer le moins du monde à alléger la souffrance ni à provoquer une rémission. Selon cet article, la science était la seule option qu'une personne saine d'esprit devait retenir face à la maladie.

En citant l'exemple des bleuets, de la betterave, des brocolis, de l'ail et du thé vert en tant que « super-aliments » présumés, ce rapport réduit toutes ces allégations à ni plus ni moins qu'un terme de commercialisation dans le but de vendre des produits — en dépit du fait que tous ces aliments sont déjà disponibles en grande surface et que les nombreuses études soulignant leur efficacité ne sont pas présentées parallèlement à une campagne visant à pousser les lecteurs à la consommation. Effectivement, la recherche contre le cancer affirme que ce que vous consommez n'a pas vraiment d'importance pourvu qu'il s'agisse d'une nourriture saine et qu'il n'existe aucun aliment comportant des éléments davantage à même de lutter contre les cellules cancéreuses.

Naturellement, nous sommes nombreux à ressentir intuitivement qu'en éliminant certaines toxines de ce que nous mangeons, nous pouvons éviter divers maux.  Professeur de psychiatrie à l'université de Pittsburgh, le Dr Servan-Schreiber est de ceux qui ont prouvé à quel point un régime alimentaire pouvait aider l'organisme à combattre le cancer, ayant lui-même souffert de cette maladie et fait une rechute après avoir suivi le traitement conventionnel à la lettre. N'y connaissant pas grand chose en matière de prévention et de guérison par la diététique, son médecin lui conseilla de « vivre sa vie » normalement. « Nous ferons régulièrement des TDM (tomodensitométries) et si votre tumeur revient, nous la dépisterons dès les premiers signes » — des propos qui le conduisirent à réaliser, de son côté, une recherche approfondie afin de découvrir les diverses manières par lesquelles nous pouvons développer et stimuler les défenses naturelles de notre organisme. Du même coup, Servan-Shreiber comprit l'importance des dégâts que pouvait provoquer une mauvaise alimentation, riche en facteurs inflammatoires aggravants et cancérigènes, offrant ainsi un terrain propice à la maladie.

Il a effectivement été prouvé que les aliments cités dans l'article en question étaient efficaces à la fois dans la prévention et la lutte contre le cancer : le thé vert, par exemple, est reconnu comme étant un puissant antioxydant activateur des mécanismes du foie qui contribuent à éliminer les toxines cancéreuses, tout comme de nombreux fruits et légumes sont riches en caroténoïdes, qui contiennent de la vitamine A et des lycopènes, dont il a été démontré qu'ils inhibaient la croissance des cancers agressifs. En outre, il brouille les cartes en déformant délibérément ce que beaucoup ont souligné, qualifiant cela de « simplification exagérée de dire qu'un aliment donné pourrait, à lui seul, exercer une grande influence sur votre risque de développer un cancer ». Peu sont ceux, s'il y en a, qui laissent entendre qu'un aliment en particulier pourrait constituer un remède miracle ou prévenir du cancer à coup sûr — l'accumulation des bienfaits sur la santé d'un régime riche et varié en aliments anti-cancer serait plutôt susceptible d'augmenter vos risques de développer la maladie ou diminuer vos chances d'en guérir.

De même, leur rejet d'emblée de l'importance d'une alimentation riche en produits alcalins — allant jusqu'à insinuer que cela pouvait présenter un danger mortel — va à l'encontre des abondantes recherches indiquant le contraire. Le livre du Dr Kelly A. Turner, Radical Remission: Surviving Cancer Against All Odds (Rémission radicale : survivre au cancer contre tout espoir) n'est qu'un exemple célèbre parmi tant d'autres qui ressort dans les recherches pour illustrer les alternatives réussies à la médecine conventionnelle, avec des milliers de cas où le régime alimentaire, la nutrition et le lien entre le corps et l'esprit ont triomphé là où la chirurgie et la chimiothérapie ont échoué.

Que Cancer Research UK publie un billet réduisant de nombreux travaux de recherche à ni plus ni moins que des mythes ne demandant qu'à être réfutés, trahit peut-être plus que jamais son engagement en faveur de la procédure scientifique évaluée par les pairs — un engagement résolu repris par de nombreuses personnes, persuadées que seules les méthodes prescrites par ceux en situation « d'autorité » médicale peuvent marcher et que tout le reste n'est que foutaise ou pseudo-science.

S'il serait mal avisé de condamner purement et simplement la chirurgie, la chimiothérapie et toutes les autres méthodes conventionnelles, c'est, pour autant, faire preuve d'étroitesse d'esprit que de soutenir que seules et uniquement ces dernières ont la moindre chance de réussite dans la lutte contre le cancer. Seule une meilleure compréhension de la capacité naturelle de nos corps à combattre les tumeurs et du large éventail d'aliments et autres substances amènera une réduction vraiment efficace du nombre de cas de cancer déclarés dans le monde moderne ; seule une approche ouverte, franche et honnête dans la quête d'un remède pourra l'en rapprocher de la réalité — dans ce contexte, au lieu d'aider au débat, « réfuter » la valeur du régime alimentaire y fait plutôt obstacle.

Texte original de ANDY DILKS traduit de l'anglais par EY@EL
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