L'arrogance de l'ignorance

Cet article me tient particulièrement à cœur car, non seulement, il résume parfaitement le but que je poursuis à travers ce blog, mais également le « drame » de mon existence. Comment communiquer avec autrui lorsque l'on a pour motivation le développement personnel et l'éveil des consciences pour un monde meilleur et qu'en récompense de ces efforts, on se fait taxer de tas de choses avec procès d'intention à la clé ? Pas juste par des inconnus mais par les personnes qui nous sont les plus proches. Alors pourquoi nous obstinons-nous ? Parce que nous sommes stupides ? Naïfs ? Optimistes ? Ou bien parce que nous sommes finalement nous-mêmes et que rien ni personne — pas même le chantage affectif ou la peur du rejet — ne parviendra à nous couler de force dans le moule de conformité de cette société castratrice qui nous conditionne à tous les niveaux pour nous élever comme des poulets. Chicken run ! :D

Justement, hier encore, j'essayais de me montrer complaisante avec ma propre mère (self-hater ou « auto-haineuse » en puissance) qui se plaint constamment qu'elle ne peut jamais me parler. J'essaie donc de faire la conversation en choisissant un sujet assez banal afin d'éviter toute polémique. Je commence ainsi par expliquer comment j'ai découvert l'origine probable de certains de mes soucis de santé quand elle m'interrompt brutalement avant même que j'aie atteint le milieu de ma phrase pour s'exclamer : « Oui, je sais, c'est parce que... ». Ce qu'elle fait quasi systématiquement. Quoi que je dise, elle ne peut s'en empêcher pour montrer qu'elle SAIT. Et le pire, c'est qu'elle ne sait absolument rien et que ce qu'elle croit savoir en me coupant fièrement la parole pour balancer un lieu commun est toujours à mille lieues de ce que j'ai à dire. Alors soit je m'arrête et je me tais (à quoi bon puisqu'elle sait ?), ou alors j'insiste en m'efforçant de ne pas me laisser emporter devant son impolitesse caractérisée, en essayant de lui expliquer le plus calmement possible que ce serait bien de me laisser terminer car ce n'est pas du tout ce que je voulais dire. Et c'est toujours peine perdue car, dans tout les cas, elle continue comme si de rien n'était jusqu'à ce qu'excédée, je perde finalement mon sang froid pour, en quelque sorte, démontrer à ses yeux que c'est bien la preuve je cherche toujours à imposer mes vues aux autres... Hôpital, charité : même combat !

Bref, que faire ? Continuer d'assumer l'étiquette de la fille ingrate et me laisser manipuler en culpabilisant et en doutant de moi ? Ou bien réaliser que j'ai été élevée ainsi et que le manque de confiance qui m'a poursuivie toute ma vie et m'a fait rater des tas d'opportunités en influençant dramatiquement mes choix n'était, au final, qu'un conditionnement de plus.

En tout cas, cette lecture aura provoqué en moi un véritable feu d'artifice de connexions neuronales — des déclics de compréhension instantanée — et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Plus que jamais, les commentaires de partage de vos propres expériences seront les bienvenus.

Ey@el

Comment un mécanisme de contrôle basé sur une population minoritaire joue-t-il de son emprise sur la majorité ? En les dominant par la peur, l'insécurité, en gonflant leur importance tout en les opposant les uns aux autres et proposer ainsi les seules solutions viables.

Tirez sur le messager

Ce qui ramène tout au niveau personnel, tant et si bien que toute conversation (ou tentative) est immédiatement perçue comme une menace, peu importe son degré de logique. Il y aura toujours ces projections à la base du style « tu cherches juste à avoir raison » ou « tu voudrais que tout le monde pense comme toi » — toujours un ennemi extérieur plutôt que prêter attention aux paroles et à la logique que l'on essaie de communiquer. Diviser pour mieux régner selon son fondement, car cet échange porte sur des personnes issues d'un même milieu, avec des expériences similaires, se retournant sans crier gare les unes contre les autres sur de simples mots, des malentendus et  la crainte de voir leur ignorance décriée.

J'ai toujours dit que pour bien commencer à résoudre les innombrables problèmes de ce monde, il fallait d'abord comprendre et promulguer la communication véritable (un comble à « l'ère de la communication ») car on nous a délibérément programmés pour nous défaire de cette aptitude. Au lieu de cela, on se retrouve avec une base réactionnaire balançant à tout bout de champ le mème du « comment je l'entends » à propos de certains termes, au point que le mot en lui-même n'a pas tant d'importance que cela, avec cette façon de tenter d'invoquer le prétexte du « c'est la manière dont tu l'as dit », à savoir tirer sur le messager plutôt que d'entendre le message, qui est devenu en fait une « norme » aujourd'hui.

Plus besoin d'apprendre

C'est ce que j’appellerais « l'arrogance de l'ignorance ». À l'époque des « smart » trucs et des machins « intelligents », la somme existante d'ego et d'autocritique (ou plutôt la crainte d'être jugé par les autres) et la projection des fautes d'autrui est inconcevable ; car parmi toutes ces choses intelligentes que nous possédons, quelle place reste-t-il pour nous ? De nos jours, on dénombre bien plus d'individus ayant fait des « études supérieures » que ces dernières années, ce qui a fait rejaillir des airs de supériorité ou certains « droits » (je déteste l'emploi de ce terme car il s'agit encore d'une programmation) inhérents à l'intelligence qui semblent faire barrage au bon sens et la faculté d'apprentissage au-delà de ce qui est perçu comme « su ». Sans doute est-ce parce que toutes ces années et ressources investies dans l'élévation du statut social sont considérées comme le stade où l'on a « plus besoin d'apprendre », « voyez mes diplômes — je suis quelqu'un de brillant ».

C'est à force de toujours devoir faire leurs preuves en étant « meilleurs » ou du moins « compétents » pour sauver les apparences, avec pour couronner le tout, toutes ces projections basées sur la peur de ne pas être aussi bien informés qu'ils se l'imaginent. Il s'agit là de l'ego parfaitement programmé avec ses réactions conditionnées d'indignation, de crainte d'être dépassé par la concurrence (bien que tout soit dans la tête) et d'arrogance puérile. Ils doivent protéger leurs simples inadéquations programmées en se projetant extérieurement sur celui qui est à l'écoute et retient les informations. Au cours de ce dernier mois, des personnes que je n'ai jamais rencontrées m'ont dit que j'étais « dangereux » parce que j'écoutais sans trop parler. Ce à quoi j'ai rétorqué : « Mais dangereux pour qui ? ». « Pour tout le monde » me fut-il répondu. La peur de l'intelligence.

L'ignorance perçue comme une insulte

Ainsi, en l’occurrence, « l'ignorance » serait une insulte plutôt que ce que ce que signifie juste ce terme (vous ne voyez pas ? Attendez, je vais vous donner un indice). L'ignorance est quelque chose dont on peut tirer profit, une place pour l'apprentissage. La seule chose que l'on démontre en se défendant ou s'indignant de son ignorance est sa bêtise. Une fois que l'on est persuadé de tout savoir, est-il possible d'apprendre ? Une question importante à comprendre lorsque l'on aborde ce sujet. Ou peut-être que lorsque l'on pense que toute occasion offerte de réfléchir est une insulte, on cristallise ainsi sa détermination à demeurer dans l'ignorance.

Pour ma part, d'après ce que j'ai pu observer, la race humaine s'est dévolue au fil du temps jusqu'à devenir, dans l'ensemble, aussi bête que ses pieds. Reste à savoir comment VOUS l'interprétez. Est-ce ma faute ou la vôtre ? Devrais-je être tenu pour responsable de vos interprétations ? Qu'en avez-vous retiré ? Vous êtes-vous tout de suite dit que je haïssais l'humanité et que je voulais la voir souffrir et mourir ? Pourquoi ma simple observation devrait-elle être interprétée comme de la « haine » ?  À quel moment intervient, non pas la programmation réactive, mais la pensée ? C'est ce qui me vient à l'esprit, la manière dont de simples questions et constatations peuvent être aussi mal interprétées et déformées pour s'accorder au défaitisme et aux réflexes projectionnistes de chacun (car il faut bien se défendre lorsque l'on se « sent » attaqué) même s'il ne s'agit que d'une réaction conditionnée pour s'empêcher de se poser des questions en sortant des sentiers battus (ça va mieux maintenant ?) ?

Jusqu'où l'ego est-il prêt à aller pour protéger son ignorance ?

Vous arrive-t-il de vous interroger lorsque vous opposez un « NON » de manière quasi automatique (comme un enfant) ou lorsque vous dites quelque chose pour le simple fait de vous l'entendre dire même si cela n'a aucun rapport avec la conversation ou est même carrément absurde ? Vous demandez-vous même si vous avez bien capté ce que l'on vous avait transmis (ou tenté de le faire) ? Vous posez-vous la question de savoir pourquoi de telles réactions émanent de vous sans que vous puissiez apparemment les contrôler ? Vous êtes-vous jamais donné la moindre chance « d'apprendre quelque chose de nouveau » ? J'ai conscience de ne pas le faire en permanence mais je m'interroge réellement sur mes réactions et positionnements afin de voir s'il s'agit effectivement de conditionnements.

Ces questions sont-elles trop offensives ? Trop profondes ? Sans doute suis-je trop négatif ; quelles autres justifications et projections vous viennent-elles à l'esprit afin de ne pas entendre mon message ? Jusqu'où votre ego est-il prêt à aller pour protéger son ignorance ?

Questions essentielles

Il est très facile de mettre en doute les motivations d'autrui ; de se projeter à l'extérieur plutôt que de creuser de manière introspective en se voyant honnêtement tel que l'on est ; après tout, qui voudrait « avoir l'air bête » ? En vérité, ne serait-ce pas plutôt un jeu psychologique auquel nous jouons avec nous-mêmes ? Nous arrive-t-il de nous demander POURQUOI nous nous torturons ainsi ? Pourquoi accordons-nous tant de crédit à ce que les autres pourraient penser de nous même si les pensées que nous leur prêtons émanent de notre propre esprit ? Pourquoi accorder du pouvoir à autrui ? Ne devrions-nous pas en conserver pour nous afin de devenir plus forts et meilleurs en tant qu'êtres humains ? Ne devrions-nous pas apprendre dans le but de perpétuer des informations authentiques de source humaine et les transmettre aux futures générations à des fins d'évolution ?

Nous sommes en 2016 et en guerre contre tout y compris nous-mêmes ; avons-nous réellement « progressé » en tant que « civilisation » ou « société » ? Comment le pourrions-nous sans faire montre, dans l'ensemble, de civilité ou de sociabilité ?

Notes et références

  • ^ Élément reconnaissable relatif à la culture humaine. Cela peut être une idée, une forme, une règle de comportement, un code culturel, un symbole. Les mèmes se reproduisent par réplication (transmission orale, écrite, ou gestuelle), peuvent muter et sont en compétition darwinienne dans la sphère sociale.

Texte original de SYLVAIN LAMOUREUX traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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