Quand nos êtres chers viennent nous visiter en rêve depuis l'au-delà

Cet été, j'ai fait deux rêves étranges consécutifs impliquant une personne que j'ai fréquentée il y a une trentaine d'années. Dans le premier, nous nous promenions tous les deux dans une grande artère urbaine déserte, bordée de gratte-ciels de verre et d'acier. Soudain, les vitres d'un immeuble ont été soufflées par une déflagration. Par réflexe salutaire, je me suis jetée au sol, face contre terre et je m'en suis tirée indemne mais mon ami a eu le visage transpercé d'éclats. Il était couvert de sang, il ne voyait plus rien et commençait à paniquer. J'ai voulu l'emmener vers la pharmacie la plus proche mais il m'a dit que c'était trop tard. Je me suis réveillée perplexe et impuissante. La nuit suivante, j'ai rêvé que nous étions dans une gare de triage. Il était très triste et m'a fait ses adieux en m'embrassant avant de monter dans un wagon de marchandises et disparaitre sans un mot. Là encore, je me suis réveillée avec une sensation étrange et une immense tristesse. Et comme ce n'était pas la première fois que je faisais des rêves-contacts avec des personnes ayant compté pour moi — et pour une raison toujours bien particulière, qu'il s'agisse de pardon et de guérison ou de renouer des amitiés précieuses —, j'ai donc tout entrepris pour tenter de le retrouver, sachant que rien qu'aux États-Unis (son pays), j'allais trouver des centaines d'homonymes. Mais comme toujours lorsque je suis guidée, mes recherches ont naturellement abouti sans trop de mal. Ce fut donc un grand choc (mais pas une si grande surprise) d'apprendre qu'il était décédé l'été précédent, non pas des suites des graves problèmes de santé dont il souffrait depuis quelques temps (« c'est trop tard »), mais d'un accident de voiture (les éclats de verre sur le visage). La signification de ce rêve pour moi est très claire même si elle reste très personnelle.

Ey@el

La vie est une ballade onirique, la mort est un retour chez soi.

Proverbe chinois

Je viens juste de réaliser que ma première visitation en rêve fut celle de mon chat. Je me demande s'il n'est pas plus facile pour les animaux de franchir ces seuils puisqu'ils ne semblent pas limités par notre conception de ce qui est « réel » ou non. Ma chatte Aeshie (dont le nom m'a été inspiré en rêve) a souvent joué le rôle de co-thérapeute — une sorte de Bouddha en fourrure. Elle venait souvent participer aux thérapies dans mon cabinet (comme tous les chats quand l'envie lui en prenait). On aurait dit qu'elle avait un sens inné de qui avait besoin qu'on se frotte contre sa jambe ou qu'on se blottisse sur ses genoux et toujours au moment opportun.

En nous autorisant à mettre notre scepticisme entre parenthèses pour envisager la possibilité de réalités multiples, nous sommes en mesure d'éprouver un grand réconfort et une forte connexion lorsque que les esprits humains de nos défunts viennent nous visiter dans cet univers onirique. Beaucoup de personnes de ma connaissance ayant perdu un être cher disent avoir eu la sensation d'avoir reçu la visite de leur père ou de leur grand-mère en rêve mais n'étaient pas sûrs de pouvoir y croire. Ou bien en émettent le désir en se demandant pourquoi leur mère ne s'est toujours pas manifestée. (Mon premier conseil serait de lancer une invitation à la personne que vous aimez dans le cadre du processus d'incubation avant de s'endormir). Toutefois, les êtres d'énergie spirituelle ressemblent un peu aux chats — ils ont leurs vies (le jeu de mot est volontaire) et ne répondront probablement pas immédiatement à notre appel. Certaines traditions parlent d'une période après la mort où l'esprit désincarné doit apprendre à s'adapter à l'au-delà avant de pouvoir retourner sur le plan terrestre.

Retrouver des amis ou des membres de sa famille disparus en rêve peut avoir plusieurs significations allant du simple message au symbole ou à la visitation. Leur apparition voudra très certainement dire plusieurs choses en même temps. Comment faire la différence ? Nombreux sont ceux qui évoquent un élément viscéral dans cette visite non présent lorsqu'un personnage se présente en tant que symbole ou métaphore. Mon amie Joyce dit qu'elle pouvait sentir sa mère effleurer sa joue. D'autres parlent d'une sensation d'étreinte. Nancy a rêvé qu'elle rêvait que Peter, son mari bien-aimé, l'embrassait puis qu'elle s'était réveillée (dans son rêve) en racontant à tout le monde qu'elle avait rêvé de lui et ce qu'il lui avait dit. À son réveil pour de vrai, elle a inscrit dans son journal : « Je me suis réveillée avec un sentiment de bonheur comme s'il était réellement venu me retrouver ». Il y a souvent un ressenti de présence. Quand mon père se manifeste dans mes rêves, j'entends sa voix avec le ton et le timbre qu'elle avait de son vivant. Ma collègue Fran mentionne cette sensation qu'elle a parfois du poids léger de son chat couché sur sa poitrine des années après sa disparition.

Tout le monde semble s'accorder sur la présence d'un lien profond ; l'impression que l'énergie de l'être aimé est fidèle à celle de la personne décédée. Beaucoup disent également que très souvent il ne se passe pas grand chose dans le rêve hormis ces retrouvailles. Entendant par là qu'il n'y a pas vraiment de scénario ou d'histoire, la visite constituant l'événement principal.

Pour finir, mon cercle onirique évoque des sentiments de joie et d'émerveillement dans ces rêves qui dégagent presque toujours cette sensation de ce que Jung qualifiait de « grands rêves » en HD (haute définition) ou technicolor. La pratique chamanique nous enseigne que parfois la visite se fait en rêve ou à l'éveil sous forme animale. Chaque fois que ma mère ou moi apercevons un faucon, nous lui faisons : « Salut Bud ! ». Ces rêves se passent souvent d'interprétation à part pour dire au visiteur : « Coucou, je t'aime, ça m'a fait plaisir de te revoir » en savourant l'instant.

Dans un prochain article, nous examinerons le cas où Nana ou l'oncle Joe se présentent en tant que symboles ; ou viennent nous livrer un message concernant nos vies.

Puissiez-vous faire l'expérience de tels liens durables.

Texte original de LINDA YAEL SCHILLER traduit de l'anglais par EY@EL
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