Faut pas pousser pépé dans le continuum

Qui es-tu ?
(Qui es-tu ? Qui qui ? Qui qui ?)
Parce que j'aimerais bien savoir...

"Who Are You", The Who (1978)

Il est tard, dit le Docteur. 
– Le Docteur qui ?
– Non, le Docteur Who !

Ce qui est kif-kif bourricot sauf si l'on tient compte de l'éventualité potentielle théorique improbable d'un jeu de mots sur l'acronyme anglais de l'OMS (World Health Organisation). Qui plus est, on s'en fout de l'heure puisque par définition, dans un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), le temps est une constante totalement inconstante sans queue ni tête — raison pour laquelle le lapin blanc lui court toujours après, le chapelier a pété une durite, et cette pauvre Alice est tombée dans un trou noir.

Vous n'avez rien capté ? Normal, c'est le sujet à la mords-moi ces nœuds de cette trente-neuvième session Eklabugs destiné à vous balader dans les méandres du continuum espace-temps pour vous emmêler encore plus les neurones (mais rassurez-vous, un petit coup de fluide quantique et tout redeviendra bien lisse comme avant). Alors parés pour un voyage dans le temps ? Bouclez votre mental, c'est parti mon qui-qui !

La machine à faire des nœuds

Je suis celui qui voyage dans le temps à reculons,
Un antique détricoteur de laine,
Naviguant en chansons, pleurant à la lune...

"Backwards Traveller", Paul McCartney & Wings (1978)

Fait paradoxal en soi avant même d'avoir provoqué le moindre paradoxe théorique, l'exploration temporelle semble obséder l'humain, conscient de la fugacité de son existence, de sa fragilité et de son impuissance ressentie face à sa destinée, et ce depuis la nuit des temps. Qu'il s'agisse de magiciens de légendes comme Merlin l'Enchanteur (Moyen-Age) ou de théâtre comme le Prospéro de La Tempête (1611) de Shakespeare, capables de modifier le cours des événements et d'influencer la courbe du temps — ou de savants « fous » mettant au point des technologies pour voyager sur le continuum comme dans La Machine à explorer le temps (1895) de H. G. Wells devenu un classique du genre, religion et science auront beau s'accorder à brider les esprits en décrétant que c'est impossible, la culture n'a eu, n'a et n'aura de cesse de nous en abreuver à toutes les sauces, que ce soit par le biais des légendes, de la littérature, de la bande dessinée, du cinéma ou des jeux vidéos.

Alors si ce n'est pas possible, pourquoi nous bourrer le mou avec tout ça, hein ? Notez que je ne fais que poser la question et que je ne prétends aucunement détenir la réponse (ce à quoi vous pourriez légitimement rétorquer que je fais du paradoxe dans le paradoxe mais vous ne le ferez pas car sinon votre tête va exploser avant même d'avoir abordé les paradoxes qui font bobo).

Bidouilles temporelles

Et vendredi qui a 11 ans, elle s'est construit
Son crime et son rêve,
C'est une machine à rattraper le temps.
Et sans manière, elle fout le camp
Vers moi devant,
Et moi je l'apprends et elle m'éprend
Et par derrière par devant.
Elle aura tout son temps,
Et sans retour en arrière,
Pour s'enfuir en avant.

"La Machine à rattraper le temps", Indochine (1987)

Qu'il s'agisse de retours dans le passé comme dans Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban (1999) et Harry Potter et l'enfant maudit (2016) où les protagonistes ont recours à un « retourneur de temps » pour revenir quelques heures ou décennies en arrière et la série Code Quantum (1993) dans laquelle un physicien découvre puis subit involontairement un moyen de voyager dans le temps par « sauts quantiques » — ou bien d'incursions dans l'avenir à l'aide d'une DeLorean trafiquée comme dans Retour vers le futur 3 (1990), d'une potion magique comme dans Les Visiteurs (1993) dont une erreur de formulation propulse les héros des siècles en avant au lieu de quelques heures en arrière — la motivation première de ces voyageurs du temps (chronautes) est toujours d'aller rectifier des erreurs en amont ou en aval pour tenter de réparer le présent.

Sauf dans certains cas où ces excursions dans le temps se produisent de manière totalement fortuite et accidentelle. Dans Phildelphia Experiment (1983), une expérience militaire, durant la seconde guerre mondiale, visant à rendre un navire de guerre invisible aux radars ennemis, tourne à la catastrophe et propulse deux matelots vers l'avenir, quarante ans plus tard. Dans Nimitz, retour vers l'enfer (1980), c'est le contraire :  un porte-avions nucléaire américain pris dans une tempête électromagnétique se retrouve quelques heures avant l'attaque de Pearl Harbor, soit quarante ans en arrière. Dans Les Langoliers (1995) adapté d'une nouvelle de Stephen King, certains passagers d'un avion qui s'étaient endormis avant de traverser une aurore boréale découvrent qu'ils sont seuls à bord et réalisent qu'ils sont restés coincés dans un espace temporel temporaire, sorte de no-man's land destiné à être dévoré par des créatures ressemblant au Pac-Man du jeu vidéo — les nettoyeurs/charognards du Temps. Enfin, dans Un Jour sans fin (1993), un homme se retrouve prisonnier d'une boucle temporelle à revivre inlassablement la même journée.

C'est sans parler non plus de toutes ces histoires dans lesquelles des visiteurs du futur font irruption dans notre présent pour tenter de nous mettre en garde, ce qui est plus ou moins la même chose, selon le point de vue sous lequel on se place. De mémoire, je pense à L'Armée des Douze Singes (1995) et à la série Les 4400 (2004).

Et puis, bien sûr, reste la science-fiction pure et dure où voyages dans le temps riment avec voyages intergalactiques par le biais de vaisseaux ou de portails spatiaux-temporels comme dans Doctor Who ou Star Trek que tout le monde connaît (curieusement moi pas trop car, en fait, je ne suis pas très fan de science-fiction).

L'effet papillon

Comment se fait-il que je revienne à mon point de départ ?
Comment se fait-il que je retombe sur mes erreurs ?
Je ne vais plus lâcher la balle des yeux,
Mon film se déroule quand tu coupes la corde.

"15 Step", Radiohead (2008)

Qu'est-ce que l'effet papillon ? Il s'agit d'une théorie métaphorique, émise par le météorologue Edward Lorenz au cours d'une conférence scientifique en 1972, selon laquelle un battement d’ailes de papillon au Brésil pourrait, par un enchaînement subtil de circonstances, provoquer une tempête au Texas. Un peu comme l'effet boule de neige. Ou la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Phénomène de réaction en chaine du domino qui provoque la chute en cascade de tous les autres.

Un concept que Ray Bradbury avait déjà exploré vingt ans plus tôt dans une nouvelle intitulée "Un Coup de tonnerre" (1952) et qui nous ramène aux voyages dans le temps en nous obligeant à considérer l'hypothèse d'un éventuel impact sur l'avenir si des êtres venus du futur altéraient un simple élément du passé, aussi insignifiant soit-il comme un papillon écrasé au Jurassique qui pourrait entraîner des conséquences dramatiques soixante millions d'années plus tard.

C'est également le thème du film éponyme L'Effet papillon (2004) dans lequel un homme a le pouvoir de retourner quelques instants en arrière dans son passé, ce qui à chaque fois modifie le cours entier de son existence sans jamais vraiment résoudre ses problèmes de fond.

Paradoxe quand tu nous tiens

Ce qui nous amène aux fameux paradoxes temporels dont le plus connu est sans doute celui du grand-père. Par exemple, si vous remontez le temps et tuez votre grand-père biologique avant que celui-ci n'ait pu concevoir votre père, vous ne pourrez pas venir au monde et par conséquent remonter le temps une fois adulte. C'est une des théories servant à réfuter toute possibilité de voyage dans le temps qui a été démontée à son tour par la physique quantique et le concept des multivers où les deux versions possibles existeraient indépendamment l'une de l'autre dans des univers semblables mais distincts (ouille !).

Un second classique du genre est le paradoxe de prédestination dans lequel le voyageur serait pris dans une boucle causale où quoi qu'il fasse, il ne peut rien changer à l'histoire car ce qu'il fait dans le passé serait, par définition, déjà arrivé. En fait son présent est déterminé par son excursion temporelle comme dans Terminator (1984) où un soldat envoyé dans le passé pour protéger la mère de son supérieur d'un cyborg du futur venu pour l'exterminer, finit par concevoir ce dernier avec elle, lequel une fois adulte l'enverra dans le passé protéger sa mère pour qu'il puisse naître (aïe !).

Souvent confondu avec le paradoxe de prédestination, le paradoxe ontologique ou paradoxe de l'écrivain concerne plus spécifiquement des objets et informations générés à partir d'une boucle temporelle comme dans l'extrait ci-dessus de Retour vers le futur (1985) où le héros joue un morceau de Chuck Berry lors d'un bal de promo, ce dernier l'entendant par téléphone s'en inspire alors, faisant qu'en fait "Johnny B. Goode" n'aurait jamais été écrit par personne (faites travailler vos méninges un peu, c'est de la pure logique cartésienne).

La théorie des cordes

C'est sans compter avec la physique quantique qui soutient que non seulement le temps ne serait pas linéaire comme nous le percevons mais qu'en plus il serait possible de le remonter en empruntant des trous de ver ou ponts d’Einstein-Rosen (sortes de pliures spatio-temporelles) ou encore en se servant de gigantesques cordes cosmiques (concentrés de matière filiformes d'une longueur et d'une densité presque inimaginables) se mouvant à une vitesse proche de celle de la lumière.

Il entreprit d’expliquer que l’univers était constitué à l’origine d’un point de matière unique et très dense, qu’il serait issu d’une énorme explosion survenue il y a dix-huit milliards d’années, nommée big bang.
– Après l’explosion, poursuivit Stern, l’univers s’est dilaté en prenant la forme d’une sphère, mais qui n’était pas parfaite. À l’intérieur de cette sphère l’univers n’était pas complètement homogène, ce qui explique pourquoi nous avons aujourd’hui des galaxies groupées et disséminées irrégulièrement au lieu d’être réparties de manière uniforme. Quoi qu’il en soit, cette sphère en expansion permanente avait de minuscules imperfections, qui n’ont jamais disparu et font toujours partie de l’univers.
– Où sont-elles ?
– Elles sont subatomiques. Parler d’écume quantique est une manière de dire qu’à des dimensions infinitésimales l’espace-temps forme des ondulations et des bulles. Mais au niveau atomique, il est possible qu’il y ait des trous dans cette écume.

Prisonniers du Temps, Michael Crichton

Disons pour faire court qu'en physique quantique, la matière au niveau subatomique existe, comme nous l'avons vu, de manière aléatoire et intriquée sous forme de particules et d'ondes et que les quantas sont des ondes mathématiques de probabilité d'existence de la matière définies par les physiciens.

Ce qui induit le concept de non-localité où les quantas échangent instantanément de l'information avec d'autres endroits ou dimensions par le biais de trous de ver. On parle alors de pluri ou multi-dimensionnalité impliquant l'existence d'autres univers en concomitance avec le nôtre.

Savoir également que nos neurones, pensées et cellules fonctionnent à une vitesse supraluminique (au-delà de la vitesse de la lumière) et construisent et formatent les particules physiques de notre réalité matérielle ; que ces ondes de force et de probabilité constituent une écume quantique informationnelle et énergétique des informations mathématiques qui sont composées de cordes harmoniques (minuscules  brins d'énergie en vibration, d'une taille incroyablement petite), comme celles d'un violon, et que chacune de ces cordes possède jusqu'à onze dimensions qui interagissent entre elles.

Selon une autre théorie dite des membranes, les cordes se déplaceraient grâce à leurs dimensions repliées, celles à onze dimensions (branes) pouvant s’étirer pour former une membrane ayant l’aspect d’une tranche spatio-temporelle dynamique. À noter aussi que sur ces onze dimensions, dix seraient spatiales, la onzième temporelle.

Enfin, il existerait deux types de cordes : les cordes ouvertes (indéfinies) des atomes de matière et de lumière de notre univers 3D rattachées à notre univers et les cordes fermées (finies) ou gravitons flottant à travers toutes les membranes et tous les univers et constituant la force de gravité. (Source)(Source)(Source)

Anachronismes et failles temporelles

Ça y est, vous avez mal au crâne ? Non, sans blague, moi aussi ! Mais attendez-voir : il y aurait des indices troublants semblant indiquer que, dans le futur, on aurait découvert comment voyager dans le temps. Vérité ou intox, à vous de vous faire une idée :

Coupe du monde de 1962 : un homme prend une photo avec un smartphone

Mais également que des failles temporelles soient possibles permettant au passé de faire irruption dans le présent :

Le 16 octobre 1997, un boulet de canon semblable à ceux utilisés durant la guerre de Sécession transperça la maison mobile de Léonard et Kathy Mickelson à House Springs, au Missouri, fracassant une fenêtre et défonçant deux murs. À la suite de leur enquête, les policiers conclurent que quelqu’un, dans le voisinage, s’était servi d’un canon utilisé lors d’une reconstitution de la guerre civile et que c’était peut-être la seule explication possible. Toutefois, cela semble un crime assez étrange, sans parler du coût, car il aurait été plutôt facile d’en retrouver l’auteur. Pouvez-vous honnêtement imaginer un individu installant un canon de la guerre de Sécession et faisant feu en direction d’une maison au milieu d’un parc de roulottes ? Bon, peut-être était-ce le fait d’un homme éméché, mais ça ne semble guère plausible. Il y a au moins une possibilité que cela ait été causé par un portail dans le temps-espace qui s’était ouvert dans un champ de bataille de la guerre de Sécession, ce qui permettait la traversée d’une période de temps beaucoup plus longue. Tout comme dans les cas de hantises où l’assassinat d’une victime semble se répéter constamment pour les personnes séjournant dans la maison hantée, il se pourrait bien que les morts violentes et les traumatismes extrêmes survenant sur un champ de bataille créent une perturbation assez forte dans le Champ unitaire pour ouvrir un portail, littéralement une faille dans le temps.

Champ de conscience unitaire, David Wilcock

Avant de vous téléporter vers les univers parallèles des autres participants dont vous trouverez la liste ci-dessous, j'aimerais encore vous interpeller sur Minority Report (2002) où on arrête les criminels avant qu'ils ne commettent leurs crimes grâce à l'intervention de mutants dotés du prescience. Ici l'avenir conditionne donc le présent sans que le passé ait existé puisque le crime n'est jamais commis. Encore un paradoxe ubuesque, me direz-vous ? Oui, mais non car c'est un fait avéré et officiel : les Américains sont déjà en train de développer des algorithmes permettant de prévoir les crimes et plus généralement le projet Far Out, fruit des efforts conjugués de Google et Microsoft devrait permettre de tout prévoir de A à Z. Visez à nouveau le paradoxe qui se pointe avec le caractère même des quantas. Quelle place pour l'infini — et accessoirement, la vie — là-dedans ?

Projet EklaBugs #39

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Souviens-moi l'été dernier

Le thème plébiscité de cette dernière session Eklabugs de l'année pourrait très bien servir de  prétexte à une rétrospective des douze derniers mois tant il s'y prête. Mais vous me connaissez, j'aime bien sortir des sentiers battus — d'une part parce que j'ai l'âme aventurière mais aussi parce que j'ai horreur de la violence. Paradoxe donc : qui aime se faire torturer les neurones me suive !

Des souvenirs et des hommes

Les souvenirs d'un homme constituent sa propre bibliothèque.

Aldous Huxley

Du latin subvenire (« se présenter, venir au secours ») par extension : « se présenter à la mémoire », les souvenirs sont l'ensemble des choses que l'on conserve physiquement ou que l'on garde en mémoire et qui nous rappellent une situation passée positive ou négative à leur simple vue ou évocation. Un souvenir est donc un élément de la mémoire.

Selon Descartes, le souvenir des choses matérielles serait la conservation de certaines traces de mouvements provoqués dans le cerveau. Pareillement, l'imagination ne s'expliquerait que par des mouvements corporels joints à une certaine activité de l'âme. Ainsi seule la pensée serait active puisqu'elle n'aurait pas besoin de mouvements matériels et serait donc possible sans la perception et sans l'imagination.

Pour les neuroscientifiques, un souvenir se construit en trois étapes :

  1. L'encodage de l'information transmise par le biais des sens jusqu'aux zones du cerveau concernées où elle sont traitées séparément, à savoir mémorisée (cortex périrhinal) et contextualisées (cortex parahippocampique). C'est l'hippocampe qui fera ensuite le lien en les deux types d'élément pour former un seul souvenir.
  2. La consolidation par le renforcement des connexions entre l'hippocampe et les deux zones du cerveau où a été stocké le souvenir (ce qui explique pourquoi on retient mieux par la répétition et pourquoi certains souvenirs s'effacent).
  3. La remémoration où le souvenir est ravivé par la mise en présence des sens par l'objet du souvenir où l'information va activer le cortex périrhinal qui va alors se connecter à l'hippocampe qui va réactiver le souvenir au niveau du cortex parahippocampique relié au contexte.

On comprend ainsi pourquoi on peut avoir des souvenirs « déconnectés », c'est-à-dire des souvenirs que l'on n'arrive pas à situer parce que la connexion avec le cortex parahippocampique a été perdue (ou corrompue). On comprend aussi comment il peut être possible ainsi d'interférer avec ces connexions et zones de stockage (néocortex) pour créer de faux souvenirs ou en effacer des vrais. Comme l'explique Julia Shaws, psychologue canadienne, « la mémoire est associative et les associations peuvent facilement être brisées et recombinées ».

Un thème souvent abordé par la science-fiction comme dans Souvenirs à vendre de Philip K. Dick (adapté au cinéma sous le titre Total Recall) où l'auteur soulève certains questionnements quant au rôle des souvenirs : peut-on leur faire confiance ? Comment nous définissent-ils ?

Un souvenir ça trompe énormément

Les souvenirs sont souvent aussi trompeurs que ceux et celles qui les nourrissent.

Robert Blondin

En fait, qu'ils soient authentiques ou non, les souvenirs ne sont pas fiables, n'en déplaise à certains, persuadées d'avoir une mémoire infaillible. Et ce pour plusieurs raisons.

La première est que pour qu'un souvenir soit consistant, il faut qu'il soit consulté assez souvent ou lié à suffisamment de repères pour qu'il y ait des points d'entrée forts permettant de le trouver — le problème n'étant pas la mémoire en elle-même mais la restitution des éléments qui la constituent. Ceci est dû à la plasticité du cerveau qui à l'instar d'un muscle change de taille et de forme selon qu'il est souvent sollicité ou non. Ainsi chaque expérience qui y est enregistrée en tant que souvenir modifie sa configuration et plus elle est répétée, plus les chemins synaptiques sont renforcés par le biais de la myélinisation des axones (la myéline est la gaine qui protège les cellules nerveuses et améliore leur conductivité). Des lésions, la maladie, le vieillissement ou certaines substances chimiques peuvent aussi altérer physiquement cette conductivité et la restitution des souvenirs.

La seconde raison est liée au fait que nous gardons en mémoire certains schémas visant notamment à faciliter l'encodage des souvenirs. Ainsi, nous n'enregistrons que certains détails, le reste étant complété à la restitution par le cerveau qui a recours à ces schémas associatifs totalement inconscients. On pourrait faire un parallèle avec l'informatique et certains formats multimédias compressés bien connus avec perte de qualité et de détails comme le MP3 (audio), le MP4 (vidéo) ou le JPEG (image). En réalité, en nous remémorant un souvenir nous enregistrons en même temps le souvenir de cette expérience de remémoration. Il en résulte qu'à chaque remémoration dudit souvenir, c'est l'expérience de remémoration et non le souvenir originel que nous récupérons. De fait, à chaque fois que nous nous remémorons un souvenir, il est un peu plus déformé jusqu'à parfois devenir complètement faux.

Mais il y a également beaucoup d'autres facteurs dans nos esprits riches et fertiles qui déforment nos souvenirs comme les polarisations sur ce qui capte notre attention et nos imperfections perceptives. Une particularité qui explique à la fois pourquoi beaucoup de faux souvenirs sont enracinés dans l'enfance et pourquoi ces derniers façonnent notre perception de nous-mêmes.

N'avez-vous jamais été choqués en confrontant un souvenir d'avant vos cinq ans avec la réalité d'aujourd'hui, comme des lieux qui vous paraissaient immenses qui ne le sont pas tant que ça ? Parce que l'être humain perçoit généralement les choses à son échelle et à mesure que l'enfant grandit, cette échelle change mais si le souvenir reste enfoui et n'est pas réactualisé régulièrement, l'ajustement n'est pas fait et le contraste est d'autant plus saisissant entre l'enregistrement mémoire et la réalité. Il y a également la confrontation de souvenirs communs que chacun a enregistré différemment parce que la mémoire est forcément subjective.

Selon Donna J. Bridge, chercheuse en neurosciences cognitives à la faculté de Northwestern de Chicago, « un souvenir n’est pas simplement une image produite par un voyage dans le temps jusqu’à l’événement original – il peut s’agir d’une image quelque peu déformée en raison des périodes antérieures dont vous vous souvenez. Votre mémoire d’un événement peut devenir moins précise au point d’être totalement fausse à chaque fois que vous la consultez ».

Les yeux grands fermés

Tant que le cœur conserve des souvenirs, l'esprit garde des illusions.

Chateaubriand

Les rêves constituent également des souvenirs parfois indissociables de ceux de la vie éveillée. N'avez-vous jamais vécu cet état de confusion momentanée de vous demander au réveil si un souvenir particulièrement chargé émotionnellement faisait partie de votre réalité éveillée ou onirique ? Vous noterez que je n'oppose pas songes à réalité car pour moi, ce sont deux états de conscience différents relevant de la pluridimensionnalité de l'être et qu'il serait à fois bien présomptueux et fallacieux de vouloir faire de l'un une réalité plutôt que l'autre. Sachant que ces deux « réalités » se nourrissent l'une de l'autre, cette confusion semble inévitable parfois, un peu comme si nous prenions fugacement conscience de notre existence en deux « endroits » à la fois.

À l'issue d'une étude, des chercheurs de la faculté de médecine de Harvard ont découvert que les rêves serviraient à faire le tri dans nos souvenirs de la veille en les évaluant avant de les consolider ou de les « stabiliser dans le néo-cortex et d'essayer d'établir des liens entre ces souvenirs pour les articuler de manière logique ». Le fait que certains rêves nous interpellent serait dû aux tentatives de notre hippocampe d'établir des liens entre des souvenirs récents et d'autres plus anciens. 

Des expériences avec des sujets amnésiques souffrant de dommages au niveau de cette zone clé de la mémoire qu'est l'hippocampe (suite à un AVC ou un traumatisme crânien) ont démontré que ces derniers faisaient bien des rêves en relation avec leurs activités de la veille mais qu'ils étaient incapables de s'en souvenir consciemment. Les chercheurs en ont conclu que les rêves ne s'organisaient pas autour de la connaissance réelle d'événements récents comme on le supposait et que contrairement à l'hippocampe, le néo-cortex jouait un rôle important dans la production de songes semblant s'articuler autour d'impressions, d'événements anciens et d'apprentissages de longue date.

Par ailleurs, d'autres études ont montré que les rêves servaient en quelque sorte à édulcorer les souvenirs afin d'en réduire l'impact émotionnel sur notre psyché. « Durant la phase de sommeil paradoxal, les souvenirs sont réactivés, mis en perspective, connectés et intégrés, mais afin que les substances neurochimiques du stress soient supprimées de manière bénéfique » explique le directeur de cette recherche. La phase de sommeil rapide durant laquelle se produisent les rêves serait basée sur une composition neurochimique unique qui nous fournirait une sorte de thérapie nocturne comparable à un baume apaisant pour notre psychisme.

Pareillement, les fameux « flashback » qui nous font revivre certaines expériences à forte charge émotionnelle seraient dus à ce que les émotions attachées à ces souvenirs n'auraient pas été correctement effacées de la mémoire durant le sommeil.

L'éclat éternel de l'esprit immaculé

Invisible pour tous,
Ton esprit devient un mur,
Toute ton histoire effacée d'un coup.

"MK Ultra", Muse (2009)

En matière de souvenirs, il a été démontré que l'esprit ne faisait pas la distinction entre le vrai et le faux, à savoir entre les expériences vécues et celles imaginées ou encore implantées par conditionnement mental. Sans entrer dans les détails ni revenir sur ce qui a déjà été dit dans des publications antérieures, nous retiendrons qu'outre l'aspect dangereux et ultra-négatif de la programmabilité de notre mémoire, l'aspect positif (dualité oblige) est qu'il est possible d'en tirer partie pour se défaire des mauvais conditionnements qui nous desservent afin de nous reprogrammer dans le bon sens par l'auto-hypnose et de récréer ainsi notre réalité au lieu de subir celle qu'on nous impose.  Une réalité qui n'a de réel que le fait d'y croire, ce qui renforce les connexions neurologiques activant cette croyance nourrie des souvenirs de l'inconscient collectif et qui se transmettraient génétiquement (mémoire cellulaire).

Que le sort de l'irréprochable vestale est heureux !
Le monde oubliant, par le monde oublié ;
Éclat éternel de l'esprit immaculé !
Chaque prière exaucée, et chaque souhait décliné.

Alexander Pope, Épître d'Éloïse à Abéliard

Nous voici maintenant arrivés au terme de ce long survol de ce que les anglophones appellent la Voie des souvenirs (Memoria Lane) qui j'espère vous aura laissé quelques séquelles agréables ou du moins utiles. Merci de m'en faire part dans vos commentaires. Je vous invite également à aller explorer les retours de mémoire des autres participants au projet dont vous trouverez la liste ci-dessous.

Sources

Projet EklaBugs #41

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Transformer un paysage diurne en une scène crépusculaire dramatique

Cela faisait presqu'un an que je n'avais pas publié de tutoriel de retouche photo. Il était grand temps. À l'occasion du passage à l'heure d'hiver ce week-end, je vous propose donc de transformer radicalement une paisible scène de jour en une scène crépusculaire dramatique simple à réaliser. Je me suis, à cet effet, servie de GIMP (sous Linux) mais n'importe quel logiciel de retouche digne de ce nom devrait faire l'affaire.

© Virevolte

Matériel nécessaire

  • un paysage de jour avec un ciel uni/surexposé, facile à détourer
  • un ciel crépusculaire avec de forts contrastes (ou un paysage dont on peut récupérer le ciel)
  • filtres G'MIC (si vous utilisez GIMP sous Linux/Windows)

Instructions

1. Dupliquez votre original et ajoutez-lui un canal alpha pour créer de la transparence.

2. Avec la baguette magique, sélectionnez votre ciel puis cliquez sur Supprimer. Suivant le type d'image, vous aurez peut-être besoin d'utiliser le lasso pour tracer le contour de votre sélection à la main ou encore la gomme.

3. Copiez le ciel que vous voulez mettre à la place de celui que vous venez de supprimer et collez-le comme nouveau calque dans votre image en le plaçant sous le calque existant. Ajustez sa taille et repositionnez-le pour qu'il recouvre bien toute la zone transparente. Dans mon exemple (réalisé avec une superbe photo de Virevolte), j'ai dû tricher avec les brosses de clonage et de maculage pour ne pas avoir à étirer — et donc déformer — mon ciel. Je lui ai également appliqué un effet miroir horizontal afin d'assurer une cohérence entre les sources de lumières.

4. La dernière étape sera sans doute la plus longue car vous devrez probablement faire des tas d'essais avant de parvenir au résultat escompté qui dépendra entièrement de votre image. En gros, il s'agit d'appliquer une série de réglages à votre image originale afin qu'elle s'harmonise avec le ciel, tant du point de vue teinte que contraste et éclairage. J'ai appliqué le filtre Basic Adjustments (G'MIC), pour modifier la teinte (hue) et diminuer le gamma (-9) afin d'assombrir les couleurs. J'ai également modifié le calque de mon ciel pour renforcer les ombres en lui appliquant le filtre Light Glow (G'MIC) pour lequel j'ai juste réduit l'opacité.

Pour ce deuxième exemple (à partir d'une photo prise en Hollande au début des années 90), j'ai réduit le gamma et la saturation du paysage pour l'assombrir et augmenté d'autant le contraste. J'ai ensuite ajusté l'équilibre des couleurs, désaturé une couleur sélectionnée et comme cela ne suffisait pas encore, j'ai ajusté le niveau en sortie et réduit un peu plus le gamma. Pour obtenir enfin l'effet dramatique que je voulais, j'ai dû me servir de Paint Shop Pro 8 (qui fonctionne bien avec Wine) afin de pouvoir utiliser le filtre Low Key (Color Efex Pro 3).

Voilà, j'espère que mes inspirations du moment vous inspireront à votre tour et si vous postez vos œuvres en ligne, n'hésitez pas à nous communiquer les liens en commentaires, je serai ravie de les voir.

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L'Église catholique fait fi de la pédophilie mais un évêque met en garde contre le reiki et les énergies de guérison qui seraient sataniques

Si la sagesse veut que l'on « balaie en premier lieu devant sa porte », c'est toujours peine perdue en ce qui concerne le clergé de l'Église catholique.

Selon un article du Irish News, l'évêque catholique Alphonsus Cullinan aurait fait part de son intention d'instaurer un « ministère de délivrance » constitués de personnes en charge d'essayer de débarrasser les autres du mal et aurait mis en garde contre le reiki et autres méthodes de guérison new-age qui pourraient exposer à d'éventuelles rencontres avec des esprits malveillants. Il dit avoir reçu « plusieurs requêtes » pour l'aider à affronter les forces du mal.

Sur la base de quelles preuves et recherche magiques cet évêque fonde-t-il son réquisitoire contre le teiki et les médecines douces ? Il raconte que le frère d'un maitre reiki lui aurait dit que « durant une séance sur un patient il aurait dit avoir eu une vision de Satan » et aurait déclaré avoir eu « une peur bleue, abandonné le reiki et rejoint l'Église ».

Mon dieu ! L'évêque Cullinan a-t-il ne serait-ce que pris la peine de s'entretenir lui-même en personne avec le maitre Reiki pour vérifier l'authenticité de ses dires et peut-être s'informer un chouilla plus sur la philosophie et la pratique du reiki avant de l'assimiler si catégoriquement au côté obscur ?

Bien sûr que non.

C'est quelque chose qui doit être fait en secret parce qu'il ne faut pas que l'on connaisse le nom de ces personnes qui vont se rendre dans des maisons où des gens ont pris part à des pratiques new-age ou ce genre de chose et qui ont malheureusemetn ouvert la porte à une force du mal, à Satan.

~ Évêque Alphonsus Cullinan

Absoudre de toute responsabilité personnelle

Que les choses soient claires sur ce raconte ce brave évêque : il s'inquiète que les gens puissent être influencés par Satan en se livrant des pratiques de guérison « new-age ». (En fait, il identifie à tort le reiki comme une pratique « new-age » alors qu'en fait, elle a été élaborée au début du siècle dernier au Japon par Mikao Usui qui s'était rendu compte que cette énergie de guérison pouvaient se transmettre d'un être humain à l'autre par le biais des mains et de l'intention et de la visualisation dirigées). Parle-t-il des conséquences éventuelles si les gens tombaient suffisamment profondément sous l'emprise de Satan sous ces conditions ? Seraient-ils soudainement tentés de voler une pomme à l'épicerie du coin ? Dire un mot qui fâche à son voisin ? Il n'en sait rien. Et il n'en parle pas. Et il n'a probablement pas été jusqu'à se poser la question.

Non, on dirait en fait que ce brave évêque voudrait arrêter les gens qui prennent la responsabilité personnelle de leur propre guérison et jouer la carte du diable pour les encourager à battre en retraite vers l'Église catholique dont les membres n'ont pas à assumer la moindre responsabilité de leurs actes et se contenter de croire que c'est le diable qui les a poussés à agir ainsi.

Dans un tel cas de figure, le brave évếque peut se sentir utile à donner des conseils parce qu'il a reçu le pouvoir de Dieu d'absoudre les participants de leurs péchés en récitant quelques "Je vous salue Marie".

Pourquoi ne pas aborder la pédophilie au sein de l'Église ?

On serait en droit de penser, pour peu que l'on croie en la sincérité de Cullinan, qu'il n'irait pas fourrer son nez dans quelque chose dont il ne sait pratiquement rien et reporterait plutôt son intention de lutter contre Satan sur les actions de ses frères catholiques dont on sait qu'ils violent et torturent des enfants. On serait en droit de penser que sa priorité absolue serait plutôt de mettre son pouvoir d'exorcisme à l'œuvre en l'appliquant à ses contemporains, ne serait-ce que pour tenter de resusciter la réputation de l'Église catholique descendue plus bas que terre.

Mais on a l'impression que son attitude s'aligne sur la position de l'Église en ce qui concerne la pédophilie en son sein. Leur inaction donne lieu de penser qu'ils ont le sentiment de ne pas pouvoir y faire grand chose. Il ne s'agit pas de responsabilité personnelle mais de possession démoniaque. Dans l'article, Cullinan explique qu'il souscrit « totalement » au point de vue du Pape François quand il dit que les abus sur les enfants sont provoqués par Satan. Ce qui sous-entend que les contrevenants ne sont pas à « blâmer » pour leurs actes. La propension de l'Église à se contenter d'éloigner ceux qui se rendent coupables de ces crimes violents de la communauté indignée afin qu'il puisse poursuivre leur activité criminelle ne fait que conforter cela.

Ce qu'il faut en retenir

L'évêque ne manque certainement pas de culot à prétendre s'inquiéter d'une influence démoniaque potentielle émanant de pratiques de soins énergétiques modernes auxquelles il ne connait rien. La bonne nouvelle c'est que l'hypocrisie de l'Église catholique continue de se dévoiler au grand jour dans cùes piètres tentatives de préserver son pouvoir sur les gens et pourrait bien servir de catalyseur pour que davantage de personnes qui s'abandonnent encore à ces institutions reprennent leur pouvoir.

Texte original de RICHARD ENOS traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : David Dees

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Le baratin scientifique ou comment on se sert de la « science » pour tromper le public

Saviez-vous qu'une étude scandaleuse publiée dans le Public Library of Science Journal (Revue scientifique de la bibliothèque publique) a découvert que « jusqu'à 72% » des scientifiques ont reconnu que leurs confrères étaient impliqués dans des « pratiques douteuses » et qu'un peu plus de 14% se livraient à à de la « falsification » pure et simple ?

Et comme si ça ne suffisait pas, entre 1977 et 1990, le FDA (agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) a trouvé des irrégularités scientifiques dans 10 à 20% de toutes les études auditées.

Mais il y a pire encore : des scientifiques de la société de biotechnologie Amgen basée à Thousand Oaks se sont lancés dans une contre-vérification des résultats de 53 études déterminantes publiées dans des revues collégiales dans les domaines de recherche du cancer et de la biologie sanguine. Ce qu'ils ont découvert est choquant : seules 6 études sur 53 ont pu être validées. Ce qui signifie que près de 90% comportaient des irrégularités mais qu'on les a quand même présentées au public comme des faits.

Autrement dit, il y a beaucoup de conneries scientifiques qui circulent, mes amis.

Ce qui devient particulièrement inquiétant quand on voit comment la « science » semble, à bien des égards, avoir remplacé la religion en tant que nouvelle autorité à laquelle il faudrait obéir aveuglement. Les gens en parlent comme si elle était infaillible et quiconque met en doute les grands prêtres scientifiques se fait généralement attaquer, dégrader et rejeter tel un hérétique des temps modernes.

Mais à l'instar de toute religion, la science n'est pas un dieu ne disant que la vérité pure. Elle est loin d'être infaillible et a constamment besoin d'être révisée, perfectionnée, remise en question, réévaluée et modifiée de par le simple fait qu'elle est soumise aux limites étroites de la minuscule et imparfaite perception humaine — laquelle n'ayant de cesse d'évoluer et de se développer — et facilement faussée par des choses comme le préjugé, la fierté et la corruption.

Il est évident que la science en soi est inanimée et ne peut par conséquent être ni bonne ni mauvaise puisqu'elle ne pense pas par elle-même. La science n'est pas une personne aussi nous devrions cesser de parler d'elle comme s'il s'agissait d'un super-héroïne. Elle n'est qu'un simple véhicule ayant besoin d'être piloté et dont la destination varie d'un conducteur à l'autre.

Même si d'aucuns ont probablement à cœur de rester toujours objectifs dans leur recherche de vérité, la plupart peuvent être corrompus par la quête d'argent (comme Dong-Pyou Han, ce professeur de l'université d'état d'Iowa, désormais en prison pour une escroquerie portant sur des vaccins contre le SIDA), de renommée ou tout simplement par les préjugés personnels et la fierté égotique. Pionnier dans le domaine de l'anesthésie qui a contribué à révolutionner la chirurgie orthopédique, Scott Reuben a trafiqué des données dans plus de vingt études, et Jan Hendrik Schön, le physicien allemand qui a remporté de multiples récompenses pour son travail, a également falsifié ses recherches.

Ces individus ont pu passer ce que le commun des mortels considère souvent comme le test « infaillible » de l'évaluation collégiale et ce, par justement, il n'est pas infaillible. En fait, un blogueur a soumis un article satirique sur les « midi-chloriens » (bactéries microscopiques — N.d.T.) tiré du film de science-fiction Star Wars et quatre revues scientifiques l'ont publié !

Par souci d'aider les gens à se rappeler pourquoi ils ne devraient pas accorder une confiance aveugle à la « science » (pas plus qu'à n'importe quel champ de connaissances présumées d'ailleurs), j'ai décidé d'écrire ce petit article sur la manière dont on s'est servi à travers l'histoire du baratin scientifique pour manipuler nos perceptions et croyances.

Les grandes industries du tabac et du sucre

Il y a plus d'un demi-siècle, la grande industrie du tabac s'est servie de la science comme d'une arme pour convaincre les naïfs et crédules de l’innocuité de ses cigarettes.

Plusieurs organisations et revues médicales, dont la Revue médicale de Nouvelle Angleterre et la Revue de l'association médicale américaine (JAMA), ont contribué à la promotion de leur agenda en se faisant les chantres de la « science » falsifiée.

Notez bien le slogan persuasif dans la publicité ci-contre : « ... les résultats finaux, publiés dans des revues médicales officielles, ont prouvé de manière concluante que lorsque des fumeurs passaient aux Philip Morris, toute irritation disparaissait totalement ou s'améliorait grandement ».

De même, dans les années soixante, l'industrie du sucre a recruté un groupe de chercheurs de Harvard pour masquer le lien entre le sucre et les maladies cardiaques et la fondation internationale de recherche sur le sucre (ISRF) a étouffé une étude qui démontrait que ce dernier pouvait potentiellement accroître le risque de cancer de la vessie.

Ce qu'il faut bien comprendre, mes amis, c'est que notre société mondialisée est dirigée comme une entreprise et non comme un organisme à but non lucratif qui valoriserait la vie humaine. Ce qui signifie que n'importe quelle branche professionnelle peut être facilement corrompue par l'argent. Malheureusement, nos problèmes sont de nature systémique et trouvent leur origine dans ce paradigme cruellement défectueux.

La manipulation de la science est toujours d'actualité

Plus récemment dans l'histoire, l'administration Bush s'est faite prendre à manipuler la science pour la conformer à son agenda. De la même manière, les grands du pétrole ont soudoyé des scientifiques pour corroborer leurs dires. Idem pour le géant de la biotechnologie, Monsanto et l'agence de protection de l'environnement (EPA) pris ensemble la main dans le sac se livrant à cette pratique immorale. Pour Monsanto, ce n'est pas la première fois non plus. Au Canada, un groupe de scientifiques ont témoigné que le géant des OGM leur avait proposé 1 à 2 millions de dollars de pots de vin, et en Indonésie, il a été également condamné à une amende pour corruption d'un représentant du gouvernement. Un autre géant de la biotechnologie, Syngenta, a recruté des scientifiques pour discréditer le professeur Tyrone Hayes, directeur d'une recherche ayant découvert que leur herbicide Atrazine présentait des risques sanitaires pour la population. Merck a été traîné en justice par deux scientifiques accusant le géant de Big Pharma d'avoir manipulé des tests concernant l'efficacité de leur vaccin contre les oreillons.

Coca Cola également a été pris en flagrant délit de payer des scientifiques (de l'ordre de 132,8 millions de dollars) afin de minimiser la gravité liée à la consommation de leurs boissons sucrées et autres produits mauvais pour la santé. En fait, les corporations font cela tout le temps. Un exemple parfait serait une étude réalisée par l'université du Colorado prétendant que le soda de régime était meilleur à promouvoir une perte de poids saine que l'eau. Comme l'on pouvait s'y attendre, cette étude avait été financée par l'industrie du soda.

Une autre soutenait que les enfants qui mangeaient du sucre pesaient moins lourd que ceux qui n'en consommaient pas et moins susceptibles d'être obèses. Encore une fois, et sans surprise, elle avait été financée par une association professionnelle représentant les géants de la confiserie Butterfingers, Hershey et Skittles.

Conclusion

Aujourd'hui, de nombreuses pratiques douteuses sont toujours perpétuées au nom de la science. Hélas, la manipulation (ou incompétence) de cette dernière est quelque chose qui ne sera probablement jamais vraiment éradiqué de la société parce qu'elle prend source dans la faillibilité et la corruption humaines. Richard Hortin, rédacteur en chef de la revue médicale The Lancet a d'ailleurs déclaré publiquement que « une large part des écrits scientifiques, sans doute la moitié, est peut-être erronée ».

Ce qui ne veut pas dire que le concept de la science ne joue pas un rôle important parce que ce n'est pas du tout le cas ; j'ai, pour ma part, recours à des méthodes et principes scientifiques au quotidien dans ma vie de tous les jours et je me suis appuyé sur la recherche scientifique pour mettre en lumière la corruption au sein de la communauté scientifique sur ce blog. Mais cet article a pour but de nous rappeler que toute cette « science » peut être (a été) utilisée pour nous abuser et devrait donc toujours être remise en question. Les chercheurs ont bien évidemment besoin d'argent pour mener leurs études et les corporations qui font passer le profit matériel avant la vie humaine en ont plein. Et c'est en général la main qui donne qui contrôle celle qui prend.

À l'évidence, tant que nous ne concevrons pas un système qui promeuve davantage la loyauté de l'enseignement au lieu de la propagande et l'ignorance comme il le fait, et ne récompense pas l'intégrité plus que la volonté de faire n'importe quoi pour de « l'argent », ce type de comportement humain pathétique persistera.

Doutez toujours de tout.

Texte original de GAVIN NASCIMENTO traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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10 rêves qui ont changé l'histoire de l'humanité

Ce sont des rêves qui sont à l'origine de certaines découvertes créatives et scientifiques majeures dans l'histoire de l'humanité.

Les psychologues ne considèrent plus les rêves ni comme des décharges neuronales aléatoires ou des fantasmes dénués de sens mais comme un processus de pensée continu se produisant durant notre sommeil.

Voici dix moments extraordinaires de perspicacité onirique de quelques-uns des plus grands scientifiques, écrivains, musiciens, mathématiciens et inventeurs au monde qui ont été rendus publics.

1. Mary Shelley : le tout premier roman de science-fiction

En 1816, l'histoire de Frankenstein, souvent mentionné comme étant le premier roman de science-fiction au monde, a été inspiré par un cauchemar impressionnant. Mary Shelley n'avait que 18 ans quand en rendit visite à Lord Byron en Suisse, au bord du lac de Genève.

Ils se retrouvèrent pris dans un hiver volcanique glacial provoqué par l'éruption du mont Tambora l'année précédente qui, en Europe, engendra « une année sans été ». Bloqués à l'intérieur et recroquevillés autour d'un feu de cheminée, Byron suggéra que chacun d'eux écrive une histoire de fantômes — mais toutes les fois, Shelley fut incapable de penser à quoi que ce soit d'approprié.

Et puis, un beau soir, alors qu'ils en vinrent à parler de la nature de la vie, elle émit l'hypothèse qu'un « cadavre pourrait peut-être être réanimé » s'appuyant sur l'idée que « le galvanisme avait donné lieu à de telles choses ». Plus tard, au cours de la nuit, son imagination pris le dessus et elle fit l'expérience d'un rêve lucide intense :

Je vis l'élève blafard de cet art maudit agenouillé auprès de la chose qu'il avait créée. Je vis le fantôme hideux d'un homme allongé et par l'œuvre d'une machinerie puissante donner des signes de vie en s'agitant dans un mouvement fragile à peine vital. Ce qui devait être horrible et suprêmement effrayant comme ne pourrait que l'être toute entreprise humaine qui chercherait à simuler le mécanisme extraordinaire de la Création.

2. Paul McCartney : la musique qui inspire la musique

En 1965, Paul McCartney composa en rêve l'intégralité de la mélodie de "Yesterday", un morceau acoustique qui devint un tube.

Au réveil, elle lui revint pleinement achevée et il s'empressa de la reproduire au piano, demandant à ses amis et à proches s'ils n'avaient jamais entendu cet air auparavant. Il craignait, à la base, de n'avoir fait que capter l'œuvre d'un autre (phénomène connu sous le nom de cryptomnésie).

Pendant un mois, je suis allée voir les gens de l'industrie musicale pour leur demander s'ils avaient déjà entendu cet air auparavant. Ce qui, au bout du compte, revint à remettre quelque chose entre les mains de la police. Je me suis dit que si personne ne le réclamait au bout de quelques semaines, je pourrais l'avoir.

Lennon et McCartney écrivirent alors les paroles et la chanson leur fut créditée sur l'album Help!

Toutefois, comme il s'agissait d'une ballade acoustique triste avec juste McCartney au piano, les autres membres des Beatles s'opposèrent à sa sortie en single sur le marché britannique cette année-là. Ce qui ne fut pas le cas en Amérique où "Yesterday" occupa pendant quatre semaines la première place des charts du Billboard.

Aujourd'hui, elle demeure immensément populaire avec plus de 2200 reprises d'autres artistes dont Aretha Franklin, Katy Perry, les Mamas & Papas, Michael Bolton, Bob Dylan, Ray Charles, Elvis Presley, Billy Dean et bien d'autres.

3. Niels Bohr : la structure de l'atome

Niels Bohr, père de la mécanique quantique, évoqua souvent le rêve inspirant qui le mena à la découverte de la structure de l'atome.

Fils d'universitaires, Bohr obtint son doctorat en 1911 et acquit sa notoriété en déchiffrant des problèmes complexes du monde de la physique qui laissaient ses collègues perplexes.

À terme, il s'attela à comprendre la structure de l'atome, mais aucune de ces configurations ne s'accordait. Un soir, il alla se coucher et se mit à rêver d'atomes. Il vit le noyau avec les électrons tournant autour à l'image des planètes autour du soleil.

Aussitôt en se réveillant, Bohr sentit que cette vision était exacte. Mais en bon scientifique, il connaissait l'importance de valider son idée avant de l'annoncer au monde. Il retourna donc dans son labo et se mit en quête de preuve pour étayer sa théorie.

Cela se confirma — et sa vision de la structure atomique s'avéra être l'une des plus grandes découvertes de son époque. Il reçut plus tard le prix Nobel de physique pour ce plongeon dans la pensée créative au cours de son sommeil.

4. Elias Howe : le chas de l'aiguille

En 1845, Howe inventa la machine à coudre en s'inspirant d'un fameux rêve qui l'aida à comprendre la pénétration mécanique de l'aiguille. Certes, il ne fut pas le premier à lancer l'idée d'un tel appareil mais il en perfectionna grandement le concept, ce qui lui valut l'obtention du premier brevet américain de machine à coudre à point noué. Selon les documents de son histoire familiale :

Il s'est presque ruiné avant de découvrir où le chas de l'aiguille de la machine à coudre devrait se trouver [...] il aurait bien pu échouer complètement s'il n'avait pas rêvé qu'il construisait une machine à coudre pour le roi sauvage d'une étrange contrée. Tout comme dans la réalité, il était perplexe quant au chas de l'aiguille. Il pensa que le roi lui avait donné 24 heures pour finir sa machine et faire en sorte qu'elle puisse coudre. S'il n'aboutissait pas dans ce délai imparti, il encourait la peine de mort.

Howe travailla sans relâche et déconcerté, il finit par renoncer. Puis il songea qu'on l'emmenait pour être exécuté. Il remarqua alors que les guerriers portaient des lances percées au niveau de la pointe. La solution au problème lui vint instantanément et tandis que l'inventeur mendiait un peu de temps, il se réveilla.

Il était 4 heures du matin. Il sauta du lit, se précipita dans son atelier et à 9 heures, une aiguille avec un chas au niveau du point avait été grossièrement modélisée. Après cela, ce fut un jeu d'enfant. Ceci est la véritable histoire d'un incident important dans l'invention de la machine à coudre.

5. Albert Einstein : la vitesse de la lumière

Einstein est célèbre pour ses éclairages de génie sur la nature de l'univers, mais qu'en est-il de ses rêves ?

En l'occurrence, il a abouti à cette incroyable percée scientifique qu'est la découverte du principe de relativité à l'issue d'un rêve intense.

Lorsqu'il était jeune, il rêva qu'il dévalait à la luge un flan de montagne escarpé, si vite qu'il approcha la vitesse de la lumière. A cet instant, les étoiles dans son rêve changèrent d'apparence en fonction de lui. Il se réveilla et médita sur ce concept, formulant bientôt ce qui deviendrait la plus célèbre théorie scientifique de toute l'histoire de l'humanité.

Quand Einstein rêvait, l'ouvrage d'Alan Lightman est désormais un classique des temps modernes, un assemblage fictif d'histoires rêvées par Albert Einstein en 1905, à l'aube de ses découvertes révolutionnaires. Dans l'une d'elle, le temps est circulaire et les gens sont condamnés à répéter en boucle leurs victoires et leurs échecs. Dans une autre, il est figé et les amants restent collés l'un à l'autre pour l'éternité. Dans une autre encore, le temps est un rossignol enfermé dans une cloche sous vide.

6. Srinivasa Ramanujan : l'homme qui défiait l'infini

Au cours de son existence, ce mathématicien de génie contribua beaucoup à la théorie analytique des nombres, aux fonctions elliptiques, aux fractions continues, ainsi qu'aux séries infinies et prouva plus de 3000 théorèmes mathématiques. Ramanujan déclara que les idées pour son travail lui étaient venues à maintes reprises par le biais de ses rêves.

Il raconte que, sa vie durant, il rêva plusieurs fois de la déesse hindoue Namakkal qui lui présenta à chaque fois des formules mathématiques complexes qu'il put ensuite tester et vérifier à son réveil. Parmi ces dernières, par exemple, il y eut la série infinie de pi :

Ramanunjan à propos d'un de ces nombreux rêves mathématiques inspirants explique :

Dans mon sommeil, je vécus une expérience inhabituelle. Il y a avait un écran rouge constitué pour ainsi dire par un écoulement de sang. Je l'observais. Soudain, une main se mit à écrire dessus. Mes yeux étaient rivés sur l'écran. La main inscrivit un certain nombre de résultats d'intégrales elliptique qui marquèrent mon esprit et dès mon réveil, je les mis par écrit...

L'histoire de ce rêveur prolifique est fascinante. Vous pourrez en apprendre plus sur la vie de Ramanujan, ce génie mathématicien autodidacte venu d'Inde et comment il élabora ses brillantes théories.

Des temples aux ghettos de Madras aux cours et chapelles de l'université de Cambridge, c'est une histoire improbable qui vit l'ascension de Ramanujan de l'obscurité défavorisée pour devenir l'un des plus grands génies du XXe siècle.

Voir la biographie en anglais écrite par Robert Kanigel The Man Who Knew Infinity: A Life of the Genius Ramanujan (dont fut tiré le film L'Homme qui défiait l'infini, sorti en 2016 — N.d.T.).

7. Robert Louis Stevenson : une belle histoire d'épouvante

En 1886, Stevenson rêva trois séquences clés de son tristement célèbre roman fantastique, L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.

Malade toute sa vie durant, il écrivait surtout pour subvenir aux besoins de sa famille. Du moins, jusqu'à la création de Jekyll et Hyde. Stevenson raconte :

Pendant deux jours, je me suis creusé les méninges en quête d'une intrigue quelle qu'elle soit et la seconde nuit, j'ai rêvé d'une scène à la fenêtre, puis un autre s'est ensuite scindée en deux dans laquelle Hyde, poursuivi pour un crime pris la poudre et subit la transformation en présence de ses poursuivants.

En convalescence à la suite d'une hémorragie, Fanny Stevenson entendit ses hurlements provoqués par un cauchemar induit par l'opium. Il se réveilla immédiatement en se plaignant : « Pourquoi m'as-tu réveillé ? J'étais en train de rêver une belle histoire d'épouvante ».

Fanny découvrit par la suite qu'elle l'avait réveillé au cours de la première scène de métamorphose.

Le matin suivant, Stevenson se mit à griffonner avec rage et trois jours plus tard, il avait écrit une première ébauche de 30.000 mots. Mais lorsque Fanny fit remarquer qu'il s'agissait d'une allégorie, contrairement à son intention initiale, il la jeta au feu et reprit tout à zéro.

Pendant encore trois jours, il resta assis dans son lit à écrire, entouré de pages déchirées, sa famille se déplaçant sur la pointe des pieds jusqu'à ce que le manuscrit final fut enfin prêt. En tout, il produisit 64.000 mots en six jours — un petit miracle pour l'époque où on ne pouvait compter sur l'aide de machines à écrire ou d'ordinateurs.

Voici ce qu'écrivit Lloyd Osbourne, son beau-fils, à propos de cet exploit extraordinaire :

Je ne crois pas qu'on ait jamais observé tel tour de force littéraire avant l'écriture de Dr Jekyll. Je me souviens de la première maladie au monde comme si c'était hier. Louis est descendu de l'escalier en proie à l'excitation ; il nous a lu presque la moitié du livre à voix haute ; et puis, alors que nous en avions encore le souffle coupé, il avait de nouveau disparu pour se remettre à écrire. Trois jours, c'est beaucoup, je ne pense pas que la première ébauche lui ait pris aussi longtemps.

Le succès du livre fut phénoménal. À ce jour, l'expression Jekyll & Hyde fait partie intégrante de notre langage et constitue une tournure idiomatique en référence à une personne dotée d'une double personnalité oscillant entre le bien et le mal.

Cette histoire a également inspiré des dérivés modernes tels que le film Limitless dans lequel un écrivain en herbe interprété par Bradley Cooper se transforme en une version « parfaite » de lui-même.

8. Otto Loewi : découverte de l'influx nerveux

Otto Loewi est un pharmacologue originaire d'Allemagne dont la découverte de l'acétylcholine (qui, ironie du sort, est un neurotransmetteur permettant le rêve) contribua à l'avancement des thérapies médicales et lui valut, 13 ans plus tard, un prix Nobel. Toutefois, il est tout aussi célèbre pour la manière dont il y est parvenu que pour cette découverte elle-même.

En 1921, Loewi rêva d'une expérience qui prouverait une fois pour toute que la transmission des influx nerveux était chimique et non électrique. Il se réveilla, nota cette expérience par écrit et se rendormit. Le matin suivant, il se réveilla tout excité à l'idée de la mettre en pratique mais s’aperçut avec horreur qu'il ne parvenait pas à déchiffrer ses divagations nocturnes. Ce jour-là, raconte-t-il, fut le plus long de son existence tant bien il essaya sans y parvenir de se souvenir de son rêve.

Mais la nuit suivante, il refit le même rêve et en se réveillant il se rendit directement dans son labo pour démonter la théorie de la transmission chimique de l'influx nerveux récompensée par un prix Nobel.

9. August Kekulé : le rêve de l’Ouroboros de benzène

L'éminent chimiste organicien allemand August Kekulé eut en rêve la révélation de la structure de la molécule de benzène qui, contrairement aux autres composés organiques connus, se trouvait être circulaire au lieu de linéaire.

Après 1865, cette nouvelle compréhension de tous les composés aromatiques s'avèra si importante pour la chimie pure et appliquée que la Société allemande de chimie organisa une commémoration élaborée en l'honneur de Kekulé dans laquelle il décrivait le rêve qui lui inspira cette révélation.

Il raconte qu'il découvrit la la forme circulaire de la molécule de benzène après avoir rêvassé d'un serpent se mordant la queue — un symbole ancien assez connu sous le nom d’Ouroboros.

J'étais assis en train de noter des choses dans mon cahier mais mes travaux n’avançaient pas ; mes pensées étaient ailleurs. J'ai tourné ma chaise vers la feu de cheminée et je me suis assoupi.

À nouveau, je voyais les atomes sautiller devant mes yeux. Cette fois, les groupes les plus petits se restaient modestement en arrière-plan. L'œil de mon mental, dont l'acuité s'était accrue par ce type de visions répétées était alors en mesure de distinguer des structures plus grandes de configurations variées : de longues rangées, parfois étroitement ajustées, s'enroulant et se tortillant comme un serpent en mouvement.

Mais Oh, qu'est-ce que c'était que ça ? Un des serpents s'était saisi de sa propre queue et la forme se mit à tourner devant mes yeux comme pour me narguer. Comme si j'avais été percuté par un éclair, je m'éveillais et cette fois aussi je passai le reste de la nuit à élaborer le restant de l'hypothèse.

10. Frederick Banting : progrès de la médecine

Après le décès de sa mère des suites d'un diabète, Frederick Banting était motivé à trouver un remède. Il finit par trouver ce qu'il y avait de mieux : un traitement à base d'injections d'insuline qui, bien que n'apportant aucune guérison, pouvait du moins prolonger considérablement la vie des patients atteints. Cette découverte lui valut le prix Nobel de médecine alors qu'il n'avait que 32 ans.

Bien qu'il n'ait eu les connaissances suffisantes sur le diabète et en recherche clinique, son savoir-faire unique en chirurgie combiné à celui de son assistant, Charles Best, en la matière firent d'eux l'équipe de chercheurs idéale. Alors qu'il cherchait à isoler la cause exacte du diabète, Banting fit un rêve lui intimant de ligaturer chirurgicalement (attacher) le pancréas d'un chien diabétique pour stopper le flux d'alimentation. Ce qu'il fit, découvrant ainsi un équilibre disproportionné entre le sucre et l'insuline.

Cette découverte capitale mena à un autre rêve lui révélant comment élaborer de l'insuline sous forme de médicament pour traiter cette affection.

Banting fut le premier Canadien à être nommé professeur de recherche médicale et ne 1923, il devint l'homme le plus célèbre du pays. Il reçu des lettres et des cadeaux du monde entier de la part de centaines de diabétiques reconnaissants et depuis ce jour, l'insuline a sauvé ou transformé les vies de millions de personnes.

♠  ♣  ♥  ♦

Avant de tomber sur cet article, vous étiez probablement juste curieux à propos des rêves et inventions célèbres...

Mais quand on apprend l'art de contrôler ses rêves, tout devient possible.

Tentez le coup — puisez dans votre source d'informations cachées — et qui sait, vous produirez peut-être vos propres inventions...

Texte original de REBECCA TURNER traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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Un rêve en chanson

Sorti le 13 septembre dernier, un an après l'album 13 dont il est extrait, ce quatrième single d'Indochine est sans doute l'un de mes préférés et celui qui me parle le plus. Le groupe m'avait d'ailleurs fait l'honneur de me retweeter en une sorte de dédicace pour mon anniversaire l'an dernier, ce qui m'avait beaucoup touchée (merci les gars ! ). Un clip, tourné au Chili, façon « road trip », tout aussi bouleversant et parfois choquant par la dure réalité qu'il dénonce — marque de fabrique d'Indo depuis "College Boy". À l'instar d'"Un singe en hiver", un texte purement autobiographique dans lequel Nicola Sirkis s'expose sans pudeur et évoque ses difficultés relationnelles avec son père (étalées au grand jour après le décès tragique, des suites d'une longue maladie, de son jumeau Stéphane au début du nouveau millénaire), ce frère qui lui manque, sa perte de foi en Dieu qu'il avait mentionnée dans une récente interview et qui se retrouve dans le thème récurrent de la crucifixion chez Indo et jusque dans cette croix bancale qui leur sert désormais de logo. Il faut dire qu'en tant que membre fondateur et seul survivant de la formation originelle, Nico (comme ses fans le surnomment affectueusement) a dû parcourir un véritable chemin de croix pour aller jusqu'au bout de son rêve et que l'on aime sa musique ou non, cela force obligatoirement l'admiration et le respect (sauf quand on est con et que ça vous rend méchamment envieux, ce qui en France, est particulièrement monnaie courante). Nico a une foi inébranlable en son rêve et incarne l'exemple vivant de ce formidable pouvoir qui nous habite tous. Merci.

Ey@el

Song For A Dream

J'aimerais être vivant
Et ne plus avoir peur.
J'aimerais aimer mon père,
J'aimerais savoir quoi faire.
J'aimerais bien le comprendre,
J'aimerais bien qu'il attende.
J'aimerais être important,
J'aimerais être un désir.
J'aimerais être impossible,
J'aimerais te voir guérir,
J'aimerais te voir grandir,
Atténuer tes douleurs.

Tombera les croix,
Mon rêve réussira !
Tomberont les diables,
Les dieux n'existent pas !

Attaque mes rêves
Ou détruis mon âme,
On sera un rêve incroyable.
C'est juste ma vie,
C'est juste mon âme,
On sera un rêve idéal —
On aura une vie incroyable,
Je voudrais un rêve idéal.

J'aimerais être un guerrier,
Quelqu'un d'effrayant.
J'aimerais que tu reviennes,
J'aimerais me sentir bien,
Accueillir des réfugiés,
Revenir en arrière.
J'aimerais ne plus vieillir
Et n'y avoir jamais cru —
J'aimerais juste essayer.

Tombera les croix,
Mon rêve réussira !
Tombera le diable,
Les dieux n'existent pas !

Attaque les rêves
Ou détruis les âmes,
On sera un rêve incroyable.
C'est juste ma vie,
C'est juste mon âme,
On sera un rêve idéal —
Tu seras un rêve idéal.

On m'avait dit
Que toutes mes peurs disparaîtraient,
Et moi la nuit,
Je rêvais d'une vie incroyable.

Et moi la nuit,
Je voudrais un rêve idéal.
Et moi j'oublie,
Que demain nos réalités...

J'aimerais être vivant,
Être quelqu'un de bien meilleur.
J'aimerais aimer mon père,
J'aimerais savoir comment faire.
J'aimerais te voir grandir,
J'aimerais ne plus te voir souffrir.
J'aimerais revenir en arrière
Où rien n'était important.

Texte original de NICOLA SIRKIS

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La preuve scientifique que les pensées négatives nuisent à votre santé

Si vous me suivez sur Twitter ou Eklabugs ou encore si vous avez lu mon article récent sur les cauchemars (au propre comme au figuré), vous saurez que le pouvoir de l'esprit sur le corps est une expérience que je vis actuellement à plein temps. Pour ceux qui auraient la flemme d'aller voir, il y a tout juste un mois, je me suis retrouvée hospitalisée à la suite d'une mauvaise chute en forêt qui m'a valut une fracture du grand trocanter (hanche) et une opération chirurgicale assortie d'un beau cocktail de produits chimiques pas vraiment top dont certains opiacés pour lutter contre la douleur. Mais on a beau être une « guerrière spirituelle » (sic), on n'en reste pas moins humaine et quand on dérouille, on accepte l'antirouille même si c'est toxique. Pas le choix non plus quand on est dans les vapes.

Du moins temporairement. Car justement, quand on a mal, l'esprit est plus vulnérable à la pensée d'autrui et quand médecins, infirmières et kiné vous conseillent de prendre vos cachets d'analgésiques « même si vous n'avez pas mal tout de suite car après vous ne pourrez plus vous levez et votre rééducation sera plus longue », vous avez tendance à vous laisser convaincre et à prendre leurs saloperies. Sauf que moi les calmants et autres, ça me met tellement le cerveau en vrac et ça me déconnecte tellement qu'en comparaison la douleur physique reste toujours préférable. Je pense que cela risque d'en choquer certains qui n'ont encore jamais vraiment fait l'expérience d'une connexion à leur âme, mais pas les autres qui savent à quel point ce sentiment est atroce. Un petit rappel qui m'a aidée à sortir du brouillard mental dans lequel je me trouvais momentanément et fait réaliser que même si j'avais besoin d'ouvriers chevronnés pour réparer mon corps, pour le reste, celle qui savait le mieux ce dont il a besoin ou pas, c'était moi.

J'ai donc décidé de laisser l'infirmière (une femme pourtant charmante et pleine d'empathie) me sortir sa rengaine en me déposant ses petites pilules colorées pour le cas où et de l'ignorer en lui répondant dans ma tête que non seulement j'allais les jeter dans les toilettes mais qu'en plus j'allais avoir de moins en moins mal et épater tout le monde avec mes progrès. Et effectivement, ce fut le cas car j'y croyais et je le voulais à fond (de la même manière que je souffrais le martyre après qu'on m'ait fait un planning précis de l'intensité et la durée de mes douleurs à venir). Fallait me voir faire le marathon dans les couloirs avec mon déambulateur même pas trois jours après l'opération ! J'aurais tant d'autres anecdotes comme celle-ci à vous raconter sur les effets placebo (du latin « je plairai »)/nocebo (« je nuirai ») et je suis sûre qu'en cherchant bien, vous aussi.

En guise de conclusion à ce long préambule, je dirais que la meilleure des préventions reste l'apprentissage de l'alchimie mentale, à savoir cultiver la pleine conscience pour être en mesure de transmuter les pensées négatives parasites avant qu'elles n'aient le temps d'aller s'implanter dans les méandres de la psyché pour nous empoisonner d'abord l'esprit puis le corps.

Ey@el

La médecine conventionnelle nous prouve depuis plus de 50 ans que l'esprit peut guérir le corps. On appelle ça « l'effet placebo » et on sait qu'au cours d'essais cliniques, quand des patients ne reçoivent que des pilules en sucre, des injections salines ou des actes chirurgicaux bidons tout en croyant qu'on leur administre le nouveau médicament miracle ou l'opération qui sauve, dans 18 à 80% leur état s'améliore.

Alors que beaucoup sont conscients de cet effet placebo si mystérieux en apparence, bien moins connaissent son jumeau maléfique, « l'effet nocebo ». En effectuant des recherches pour mon livre Au-delà de la médecine, notre esprit: Les preuves scientifiques de votre capacité à l'autoguérison, j'ai fini par acquérir la certitude, sans l'ombre d'un doute, qu'une combinaison de pensée positive et de soins attentifs dispensés par le bon praticien pouvait activer les mécanismes naturels d'autoguérison du corps et l'aider à se rétablir tout seul.

Mais qu'en serait-il si l'opposé était également vrai ? Les pensées négatives concernant notre santé ou des soins brutaux administrés par des médecins insensibles pourraient-ils nuire à l'organisme ?

Il s'avère que oui.

Les croyances nuisibles empoisonnent votre corps

Comme l'a rapporté dans un article The Lancet, des chercheurs de San Diego (Californie) ont examiné les actes de décès de plu sde 30.000 Sino-Américains et les ont comparés à ceux de plus de 400.000 personnes de race blanche sélectionnées au hasard. Ils ont découvert que les Sino-Américains et non les blancs, mourraient beaucoup plus tôt que la normale (jusqu'à cinq ans) lorsqu'ils souffraient d'une maladie combinée à une année de naissance estimée funeste par l'astrologie et la médecine chinoise.

Leurs résultats ont montré que plus les Sino-Américains étaient attachés aux superstitions chinoises traditionnelles, plus ils mourraient prématurément. En examinant les données, ils en ont conclu que cette réduction de l'espérance de vie ne pouvait s'expliquer ni par des facteurs génétiques ni par des adoptions de style de vie ou de comportement par les patients, mes compétences des médecins ou encore toute autre variable.

Pourquoi ces Sino-Américains sont-ils morts prématurément ?

La conclusion des chercheurs a été qu'ils mourraient plus jeunes non pas en raison de leurs gènes chinois mais à cause de de leurs croyances chinoises. Ils étaient persuadés qu'ils mourraient plus tôt parce qu'ils étaient nés sous une mauvaise configuration astrale et leurs pensées négatives se sont manifestées en réduisant leur espérance de vie.

Les Sino-Américains ne sont pas les seuls a être victimes des répercutions négatives sur leur santé de leurs peurs à ce sujet. Une étude a montré que 79% des étudiants en médecine rapportent développer des symptômes en corrélation avec les pathologies qu'ils étudient. Parce qu'ils deviennent paranoïaques en pensant qu'ils vont tomber malades, leur corps obéit en tombant malade.

J'en sais personnellement quelque chose. Au cours de ma première année de médecine, j'étudiais les nombreux moyens par lequel l'organisme pouvait échapper à notre contrôle, passant des nuits blanches à mémoriser la litanie de processus pathologiques pouvant aboutir à des milliers d'affections différentes — tout de la porphyrie à la dengue en passant par l'ostéogénèse imparfaite et la narcolepsie.

Et puis tout à coup, mon rythme cardiaque est passé à 230 lors de ma ronde en unité de soins intensifs et ce que je redoutais en lisant ce chapitre sur les arrhythmies cardiaques était en train de m'arriver. Mon médecin traitant m'a branché un électro-cardiogramme, les autres étudiants en médecine m'ont diagnostiqué une « tachychardie supraventiculaire » et pendant des années, j'ai souffert de palpitations cardiaques.

Et il n'y avait pas que moi. Le dispensaire étudiant n'avait pas l'air moindrement surpris de nous voir, moi et mes camarades déambuler juste avant les examens de fin d'année avec des plaintes insolites et tout un cortège de symptômes bizarres autodiagnostiqués. Les médecins et infirmières de ces étabissements avaient non seulement déjà entendu ce même genre de rapports de la part d'étudiants en médecine au cours de leurs années d'expérience mais ils m'apprirent alors que ce syndrome avait même un nom : « le syndrome de l'étudiant en médecine ».

On peut se rendre malade par la pensée

Que l'on soit Sino-Américain, étudiant en médecine, comme Angelina Jolie qui s'est faite « médicalement envoûter » par un prognostic défavorable ou un risque élevé de décès ou de maladie (pour minimiser les risques de développer un cancer du sein, elle a subi une mastectomie — N.d.T.) voire juste quelqu'un dont le subconscient est rempli de croyances limitatives héritées de l'enfance du style « j'ai une constitution fragile » ou « je viens d'une famille à cancer » qui focalise son attention sur une affection ayant été scientifiquement prouvée comme prédisposant le corps à la maladie. Trop de connaissances sur les dysfonctionnements possibles de l'organisme peuvent en fait vous nuire. Plus vous songerez aux innombrables façons dont le corps peut s'effondrer, plus vous risquez d'en ressentir les symptômes physiques.

Tandis que l'effet placebo démontre le pouvoir de la pensée positive, de l'attente, de l'espoir et des soins bienveillants, l'effet nocebo quant à lui illustre les effets physiologiques de la pensée négative, de la peur, de l'anxiété et de ce que Martin Seligman qualifie d' « impuissance acquise ». Ces émotions négatives appuie sur le déclencheur de l'amygdale du cerveau limbique pour envoyer une alerte rouge activant la réaction de stress de « combat ou de fuite ». Comme je l'ai décrit en détails dans mon livre, lorsque le système nerveux est en mode « combat ou de fuite », les mécanismes d'auto-guérison du coprs ne fonctionnent pas bien, le prédisposant à la maladie. Tout ça parce que vous vous êtes rendu malade par la pensée.

Jusqu'à quel âge pensez-vous pouvoir vivre ?

La bonne nouvelle, c'est qu'en modifiant vos pensées, vous pouvez transformer votre santé ! Becca Levy a mené une étude sur la manière dont nos croyances à propos de la longévité affectent notre espérance de vie. Qu'a-t-elle découvert ? Attention au scoop : ceux qui vivent le plus longtemps sont ceux qui croient qu'ils vivront le plus longtemps !

Lors de ma première rencontre avec le Dr Bernie Siegel, auteur de Love, Medicine & Miracles (Amour, médecine et miracles) et membre de l'Institut médical de santé totale, la faculté de formation médicale que j'ai fondée, il m'a demandé jusqu'à quel âge je comptais vivre. Je lui ai répondu « 100 ans » et il m'a dit : « Bonne réponse parce ce que vous croyez se réalisera ».

Je ne suis pas en train de dire que la pensée positive est le seul facteur. À l'évidence, les accidents arrivent, les facteurs de risque génétiques ont une influence sur notre santé, et il peut arriver de mauvaises choses même aux gens bien qui pensent positivement. Mais les études montrent que, même au su de ces aléas que l'on ne peut pas toujours empêcher, ce que nous croyons, et surtout ce que nous craignons, a tendance à se manifester dans la réalité parce les croyances négatives imprègnent notre organisme de cortisol et d'adrénaline nocifs tandis que les pensées positives détendent notre système nerveux et permettent à notre corps de guérir.

Vous êtes le gardien de votre esprit

Vous ne prendriez pas une pilule en provenance d'un flacon marqué d'une tête de mort mais chaque fois que vous avez des pensées négatives à propos de votre santé, vous empoisonnez éventuellement votre corps aved les hormones du stress qui désactivent les méchanismes naturels d'auto-réparation de l'organisme. Vous êtes le gardien de votre esprit et il est de votre responsabilité de protéger ce que vous pensez.

Alors quelles pensées choisissez-vous d'avoir pour votre corps ?

Texte original de DR LISSA RANKIN traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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