Sus à la pollution mentale !

Oui, le projet Eklabugs continue malgré le fiasco de la dernière session qui devait rendre hommage à ses cinq années d'existence et dont personne, visiblement, n'en a eu quelque chose à battre (nous, par contre, on a eu pas mal à débattre). À chacun ses raisons et ses excuses, mais pas question de se laisser atteindre par le virus de l'apathie et du renoncement. Marre des diktats ! Nous revoilu donc avec un sujet coup de gueule qui devrait au moins interpeller quelques cerveaux rescapés du grand lessivage de printemps. Aux autres, continuez à mariner dans le formol et vous verrez qu'un jour dans votre vie, on vous autopsiera ; qu'un jour dans vos esprits, le cauchemar continuera...

Ma claque des putaclics !

Il y a quatre ans, dans une intro pour vous présenter un article sur la tyrannie des marques et rebondir sur ma colère à l'annonce d'Eklablog (venant d'être racheté par Webedia) qui nous prenait littéralement en otages sans moyen de transférer nos blogs vers une autre plateforme, j'écrivais qu'à terme la pub risquait d'avoir le même effet sur Internet que la censure :

Pire en un sens du fait que si la censure incite à la rébellion, la pub, elle, inviterait plutôt à la fuite devant le sentiment d'étouffement et d'agression qu'elle suscite et à l'apathie chez ceux qui n'ont pas ce réflexe. Autrefois appelée « réclame » pour son côté racoleur — et de « pub » à « pute », il n'y a qu'une lettre — la publicité est devenue la gangrène de notre société, à l'image des corporations qui se sont emparées du monde. Ce ne sont pas les politiciens qui sont au pouvoir, ce sont les marques.

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Suffit de jeter un œil à ce blog pour voir à quel point la pub le défigure et le dénature. Là où j'ai mis tout mon cœur et investi des heures à essayer de créer quelque chose d'harmonieux qui reflète le fond de ma pensée, les vautours assoiffés de fric se sont octroyés le droit d'y déposer leurs fientes nauséabondes. Fientes ? Des bouses plutôt ! Et contrairement à certaines plateformes, pas le moindre centime ne nous est reversé. Nous travaillons gratuitement et Webedia encaisse. Bien sûr, ils nous fournissent l'infrastructure et je conçois que cela a un coût mais sans  blogueurs, pas de visiteurs. Donc quelque part, leur logique économique est carrément à contre-flux et finira bien, tel l'Ouroboros, par s'en mordre la queue. D'ailleurs, à l'origine, la publicité était conçue comme un partenariat dans lequel chaque blogueur avait le choix de percevoir ses rentrées publicitaires ou d'en faire don à une association de son choix.

La pub, on vous l'impose mais en plus c'est vous qui la payez car son coût est toujours répercuté sur le prix de vente d'un produit. Pourtant dans la tête des gens, prix élevé rime toujours avec qualité — cherchez l'erreur ! Je ne vous dirai pas quoi faire contre le parasitage publicitaire mais sachez que les énergies sur cette page sont bien différentes avec et sans.

Droit de cité

Métro c'est trop,
Métro c'est beaucoup trop
Publicité dans la cité
Affiche, tu t'en fiche, non ?

"Métro c'est trop", Téléphone (1977)

Presse, télé, radio, internet, affiches, vêtements, événements sportifs, concerts, cinéma, boites aux lettres, spam... impossible d'échapper à la pub. On pourrait même qualifier cela de harcèlement.

Un stress permanent qui ne connaît plus aucune limite depuis la prise de pouvoir des lobbys et qui s'est vu amplifié par l'explosion des technologies et la déconnexion des masses, surtout chez les plus jeunes, qui y voient un style de vie. Porter des « marques », c'est cool. Avant, c'était les SDF qui jouaient les hommes-sandwich. Aujourd'hui, on en viendra sans doute aux tatouages publicitaires.

Regarder un film à la télé est devenu mission impossible. La radio pareil. Un exemple : Radio Classique aux heures de grande écoute, c'est quarante minutes de pub pour vingt minutes de musique (j'éteins automatiquement quand je sens la vibration changer). 

La pub imprègne aussi notre langage — ce qui est grave car le langage est l'outil de la pensée. Dixit le fameux « coup de Calgon », l' « effet Kiss Cool », le « Mars et ça repart », les « tutti rikiki maousse costaud » ou encore les « parce que vous le valez bien ». Quand ce ne sont pas des marques elles-mêmes qui supplantent les termes existants comme le frigidaire, les kleenex, le typex, le stabilo, le sopalin, les boules Quiès, le coca, etc.

Sans foi ni loi

La publicité à la télévision, c'est pour les débiles mentaux. S'il y en a parmi vous, c'est pour eux. Les autres, circulez, y a rien à voir !

Coluche

Du latin publicus (qui concerne tout le monde, le public), « la publicité est une forme de communication de masse dont le but est de fixer l'attention d'une cible visée (consommateur, utilisateur, usager, électeur, etc.) afin de l'inciter à adopter un comportement souhaité : achat d'un produit, élection d'une personnalité politique, incitation à l'économie d'énergie, etc. » (source). 

Un terme politiquement correct édulcoré qui succéde à l'appelation d'origine (réclame) dont la conotation raccoleuse avait le mérite d'appeler un chat un chat, en l'occurence une pute une pute (désolée pour mon language mais la pub, c'est vulgaire — tout ce qui détruit l'harmonie est par définition, vulgaire). Propagande serait plutôt le mot qui convient. En langue des oiseaux, la pro-motion provoque une co-motion dans l'esprit du con sommateur qu'on somme en manipulant ses ré-actions. Une dé-finition pleine de sens et de sous-entendus. Comme les messages subliminaux dont la pub use et abuse à notre insu.

Si je vous dit quelque chose que je sais pertinemment être faux et que cela affecte votre perception et votre comportement, alors c'est de la manipulation mentale. J'ai manipulé vos pensées. Cela se produit chaque fois que vous regardez la télévision ou que vous lisez un journal ou un magazine et chaque publicité est conçue pour contrôler vos pensées et vos comportements émotionnels jusqu'à vous faire acheter le produit vanté. J'ai vu des publicitaires se faire qualifier de « persuasifs », ce qui revient à peu près à désigner un tueur à la hache comme « quelqu'un qui travaille avec des outils ». En novlangue, « persuasif » est le terme utilisé pour ceux qui manipulent l'esprit des gens. Les messages subliminaux qui s'adressent au subconscient, les déclencheurs émotionnels calculés et l'emploi de certains mots visant à obtenir une réaction spécifique n'ont rien à voir avec de la persuasion. Il s'agit d'invasion — l'invasion de notre sens de la perception.

David Icke, Guide to The Global Conspiracy
(And How to End It), 2007

Selon David Icke, dans son ouvrage précité, l'efficacité de la programmation subliminale — qui consiste à inclure des images d'une fraction de seconde que l'esprit conscient ne peut voir — serait une technique vieille comme le monde puisque Platon et Artistote y faisaient déjà référence. En outre, son efficacité a été confirmée par la publication de centaines d'articles scientifiques. Elle a été mise en lumière dans les années 50 après qu'on ait découvert que certaines publicités à la télévision ou au cinéma y avaient recours.

Apparemment, environ 5% des gens repèrent au premier coup d'œil le message subliminal inclus dans l'image ci-contre. Est-ce votre cas ? Sinon, regardez-bien dans le décor sous les fleurs. David explique que nos yeux percoivent en conscience ce qui apparait comme le sujet central d'une pub tout en zappant l'arrière plan. C'est pourquoi, dit-il, il est si important de communiquer ce type d'information le plus possible parce que le gros de cette machination agit sous le seuil de la conscience et que dès que les gens comprennent les régles de bases, ils deviennent bien plus difficiles à manipuler.

La pub, parce que vous l'avalez bien

Elle déchira sa robe en lamé,
Jamais plus elle ne remonterait sur scène.
Son déodorant l'avait laissé tomber,
Elle aurait dû utiliser Odorono.

"Odorono", The Who (1967)

Pour lutter contre ce terrible fléau mondial qu'est la pub, le gel bucolique et les masques ne servent malheureusement à rien (contre l'autre non plus, d'ailleurs). Par contre, vous pouvez essayer les bouchons de cire triple épaisseur et les lunettes noires 100% opaques. Sinon reste encore le boycott impitoyable des marques qui essaient de se taper l'incruste dans votre cerveau. Ou bien le détournement systématique des slogans chaque fois que vous les entendrez.

Avec humour, c'est encore mieux. Pas évident, mais à la guerre comme à la guerre comme disait mon grand-père (nan, c'est juste pour la rime). D'ailleurs, saviez-vous que le mot « slogan », d'origine écossaise, signifiait littéralement « cri de foule », évoquant le cri de guerre des clans ?

Il est bien le nouvel OMO. C'est celui qui lave encore plus blanc. Moi j'avais l'ancien OMO qui lavait plus blanc. Mais il lavait bien déjà hein ! [...] Et maintenant y'a le nouvel OMO qui lave encore plus blanc ! Moi, j'ose pas changer de lessive : j'ai peur que ça devienne transparent après ! [...] Alors dans les lessives — vous pourrez vérifier, c'est marqué sur le paquet — vous avez GAMMA la lessive poids lourd. C'est pour laver les camions. Vous avez CALGON. CALGON c'est la lessive qui lave l'eau avant de laver le linge. Des fois qui y aurait des cons qui laveraient le linge à l'eau sale. Et enfin vous avez BONUSQUE qui lave aussi propre à l'envers qu'à l'endroit. Parce qu'avant la lessive elle était con. Elle lavait le devant puis elle se barrait. C'est terminé, les enzymes font le tour : « Viens voir ! Viens becter derrière ! »

"La Publicité", Coluche (1979)

Et au cas où vous ne seriez pas encore totalement lessivés par la lecture de cet article interminable qui pourtant a une fin (c'est bon vous pouvez vous réveiller, c'est l'heure de la pub !), allez donc faire un tour chez la concurrence voir s'ils rasent d'aussi près et en plus court. Vous trouverez la liste sous la pile de prospectus ci-dessous qui servent à tapisser la litière du chat (il aime bien lire aux toilettes).

Projet EklaBugs #59

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