Un psychologue explique les motivations malsaines de la « culture de l'annulation »

La cancel culture (culture de l'annulation, culture du bannissement), ou call-out culture (culture de la dénonciation), est une pratique ravivée aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, les individus ou les groupes responsables d'actions ou de comportements perçus comme problématiques. Cette pratique, qui se rencontre dans le monde physique et sur les médias sociaux, suscite la controverse (Source)

Je vous laisse apprécier la définition de Wikipédia qui ne cache pas son parti pris en minimisant cette nouvelle forme de harcèlement hypocrite et « bien pensant » qui va de paire avec la campagne de diabolisation entretenue par les merdias du monde entier durant quatre ans, permettant à beaucoup d'exprimer leur haine pure en toute bienséance. Comme si on pouvait justifier la haine. Quelle bêtise de vouloir s'abaisser au niveau de ce que l'on dénigre en ignorant que le venin empoisonne surtout celui qui le crache, abaissant sa vibration et l'exposant à l'équivalent de ce qu'il fait lui-même subir. Et quel dommage de ne jamais faire le lien entre ce qui nous arrive et ce que nous émettons.

Donc selon Wikipédia (l'encyclopédie non-libre de la désinformation), la culture de l'annulation ne ferait que « susciter la controverse » alors qu'en réalité elle fait carrément régresser l'humanité à l'âge des invasions barbares ou des chasses aux sorcières. En cette heure où le monde bascule dans la dictature sanitaire, il y a grand danger à banaliser de tels comportements (surtout avec les appels à la délation, une des choses les plus abjectes qu'un être humain puisse faire à ses congénères) et il y a lieu de se demander comment on a bien pu en arriver là.

Sans doute l'illusion de toute-puissance que peut procurer la technologie, la réalité virtuelle, les jeux vidéos de plus en plus violents où l'on peut mourir et ressusciter, appuyer sur la touche Suppr pour effacer ses erreurs sans conséquences et jouir d'un sentiment d'impunité où l'ego négatif règne en maître. On se croirait dans Sa Majesté des mouches de William Golding. Et tout ça avec la bénédiction et le soutien de Big Tech qui censure l'opposition politique mais pas le harcèlement ni la pédophilie (allez donc faire quelques recherches sur Face de bouc si vous croyez que j'affabule).

D'ailleurs j'ai fait les frais de la grande purge hivernale et j'ai migré sur Telegram, VK et Gab mais les réseaux sociaux ça me gave alors si vous voulez m'aider à faire remonter le nombre de visites qui a chuté drastiquement et me motiver à continuer ce monologue, je vous invite à partager les liens vers mes articles sur vos réseaux persos. Merci.

Ey@el

S'il pouvait y avoir une vidéo documentant chaque instant de mon existence, vous pouvez parier qu'elle contiendrait quelques commentaires stupides que j'ai pu faire au fil des années. Elle me rappellerait probablement des idées auxquelles je ne crois plus. Et si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, les vôtres aussi vous feraient certainement grincer des dents.

Les propos que nous avons tenu par le passé ont beau sans doute ne pas avoir été outrageusement offensants, il n'en demeure pas moins que nous avons tous fait des commentaires ou partagé des opinions que nous regrettons par la suite. Nous sommes, après tout, des créatures foncièrement imparfaites.

Mais imaginez si un seul exemple de mauvais jugement ou d'opinion « marginale » vous collait à jamais à la peau. C'est bien là le problème auquel notre société se trouve confrontée avec la prévalence de la culture de l'annulation.

En 2016, Mimi Groves encore au collège avait posté une vidéo sur Snapchat comportant des injures raciales. Un peu plus tard, ladite vidéo fit le tour de l'école mais sans donner lieu à controverse.

Jimmy Galligan, son camarade de classe n'avait pas vu l'enregistrement avant qu'ils ne se retrouvent tous deux en dernière année — soit quatre ans après qu'il ait circulé dans tout Heritage High School. À l'époque, Groves avait reporté tous ses efforts sur son rôle de capitaine des pom-pom girls, nourrissant le grand rêve d'intégrer l'université de Knoxville au Tennessee, une école réputée pour son équipe de cheerleaders classée au niveau national.

L'été 2020 avait donc été pour elle l'occasion de célébrer son admission dans l'équipe de pom-pom girls de l'université. Mais sa joie fut de courte durée quand la mort de George Floyd suscita, à juste titre, l'indignation nationale, ravivant la flamme de la résurgence du mouvement Black Lives Matter.

Groves, à l'instar de beaucoup d'adolescents, se servit de ses comptes sur les réseaux sociaux pour exhorter gens à manifester, faire des dons et signer des pétitions pour mettre fin aux violences policières. C'est à ce moment-là que sa regrettable vidéo est revenue la hanter.

« Tu as l'audace de poster ceci après avoir employé le mot "nègre" » un commentateur inconnu d'elle écrivit sur son compte Instagram.

À partir de là, son téléphone n'arrêta pas de sonner.

Galligan s'était raccroché à cette vidéo datant d'il y a quatre ans et avait choisi de célébrer l'admission de Groves à l'Université du Tennessee en larguant sa bombe sur tous les principaux réseaux sociaux.

À mesure que la vidéo se mit à se propager comme une traînée de poudre, l'indignation du public s'ensuivit, exigeant de l'université qu'ils révoquent son admission.

Cédant à la populace, l'Université du Tennessee l'exclut de son équipe de pom-pom girls, laquelle décision faisant que Groves quitta l'école en raison de ce qu'elle perçut comme une pression de la part du bureau d'admission.

Ne vous méprenez pas : proférer des injures raciales de n'importe quel ordre est humiliant et inapproprié. Mais un commentaire datant de quatre ans suffit-il à justifier que l'on détruise l'avenir d'une adolescente qui n'est même pas encore entrée dans l'age adulte ?

Le tribunal de l'opinion publique a déclaré que oui sans offrir à Groves la moindre chance de se racheter.

Pourquoi les gens « annulent-ils » ?

L'histoire de Groves n'est qu'une parmi tant d'autres.

Au cours de ces dernières années, la culture de l'annulation s'est bien plus généralisée que l'on aurait pu l'imaginer. Lorsque j'ai écrit un article sur ce sujet il y a deux ans, je n'avais pas la moindre idée que ce problème prendrait l'ampleur qu'il a atteint aujourd'hui.

Cependant, la culture de l'annulation ne se borne pas à ceux qui ont tenus des propos de mauvais goût par le passé.

Maintenant, ceux qui adhèrent à toute opinion allant à l'encontre de la rhétorique « bienséante » se font ridiculiser en ligne, virer de leur emploi, et certains même se font bannir de toutes les plateformes de réseaux sociaux en vogue.

Mike Adams, professeur à l'Université de Wilmington en Caroline du nord a même mis fin à ses jours après que des tweets jugés offensants le force à prendre une retraite anticipée après des années de bons et loyaux services à l'institution.

Jonathan Haidt, auteur de The Righteous Mind (L'esprit bien-pensant) et co-auteur de The Coddling of The American Mind (Le dorlotage de l'esprit américain) s'est, pendant un temps, montré très critique à l'égard de ce phénomène de culture de l'annulation.

« Un des aspects de la culture de dénonciation est que vous obtenez du crédit sur la base des propos d'autrui si vous les " dénoncez" » déclarait-il dans une interview en 2018.

Il y a un marché de choix en toutes choses, des vêtements que vous portez aux produits que vous achetez et aux idées auxquelles vous souscrivez.

Cette signalisation de la vertu, qui n'est en réalité qu'un moyen de prouver à la société toute la « bienséance » et la « moralité » de vos opinions, ne constitue toutefois qu'une moitié de l'équation. La culture de l'annulation porte aussi à la destruction de la personne, ce qui est évident dans le cas de Groves puisque Galligan n'a utilisé cette arme contre elle qu'au moment le plus opportun pour lui causer le plus de tort possible.

« La culture de l'annulation a atteint un niveau de vindicte personnelle tel où les gens essaient par tous les moyens de trouver comment les propos de certaines personnes pourraient être jugés insensibles » explique Haidt.

Injures et commentaires déplacés mis à part, la culture de l'annulation a fini par faire que l'on a peur de partager son avis sur n'importe quelle question de peur d'être condamné pour pensée « incorrecte ».

Les coûts de la culture de l'annulation

Nous vivons actuellement à une époque où les gens passent leur temps à surveiller leurs arrières ou leurs écrans d'ordinateur, inquiets que la moindre opinion postée puisse faire d'eux des victimes de la culture de l'annulation.

Il est absolument impossible de changer d'avis pas plus que de défendre des idées auxquelles on croit vraiment. Et c'est un énorme problème pour toute société civile.

Haidt a évoqué l'importance de protéger le dialogue ouvert afin que nous puissions vivre dans une société remplie d'une grande diversité d'opinions parmi lesquelles choisir.

« Un des aspects les plus importants est que les gens n'aient pas peur de partager leurs avis — qu'ils n'aient pas peur d'être stigmatisés parce qu'ils ne sont pas d'accord avec l'opinion dominante » dit Haidt.

Il y a de fortes chances pour que vos opinions sur certains points changent avec le temps. Toutefois, certaines ne changeront peut-être pas et vous ne devriez pas avoir à vivre dans la peur que vos croyances soient sanctionnées d'une condamnation sociale et d'un isolement.

Aujourd'hui, on ne nous laisse plus la possibilité de partager nos opinions parce que nous ne sommes plus capables d'exprimer notre désaccord les uns envers les autres de manière respectueuse.

Vous n'allez pas toujours approuver tout ce que disent les autres — vos professeurs, vos camarades de classe ou vos parents. En fait, vous allez probablement vous rendre compte que vos idées changent à mesure que vous apprenez de nouvelles choses et que vous évoluez en tant que personne et en tant qu'adulte.

Mais avoir la liberté de prendre en compte toutes les opinions pour décider ce que vous croyez vraiment est essentiel à l'expérience humaine et au discours civil.

Lorsque vous faites les magasins, il se peut que vous n'aimiez pas le premier vêtement que vous essayerez. Ni le second ou même le troisième. Mais pouvoir essayer différents looks ou opinions vous permet de penser par vous-même et de trouver ce que vous voulez ou croyez.

Pour être vraiment ouvert d'esprit, vous devez être en mesure de prendre en compte toutes les opinions et non condamner toute pensée contraire à la vôtre. Le libre échange des idées pousse les individus à partager leurs idées uniques et permet aux opinions d'évoluer.

La dissension est qui fait la force d'une démocratie. Notre Constitution a survécu à tant d'autres parce les Fondateurs ne partageaient pas le même avis et débattaient entre eux jusqu'à ce qu'ils rédigent un document favorisant « une union plus parfaite » qu'on ait pu voir jusqu'alors. Nous ferions bien de ne pas oublier leur exemplarité.

En clair, humilier autrui ne fonctionne pas. C'est une approche purement punitive et auto-glorifiante qui ne fait rarement changer quiconque d'avis et souvent radicalise encore plus leurs croyances, creusant davantage le fossé déjà grandissant dans notre pays.

Sans la possibilité de parler librement et de prendre en compte toutes les opinions, il ne peut y avoir de discours civil. Et sans discours civil, la société que nous connaissons cessera d'exister et les divisions entre nous ne feront que s'accentuer.

Texte original de BRITTANY HUNTER traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : Markus Winkler

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