Zombie

Pour être honnête, je n'ai jamais aimé la sauce aux canneberges : trop sucrée et pas assez rock à mon goût. À l'exception de ce tube planétaire. Et quelle chanson ! De la pure bombe tant sur la forme que sur le fond. Et quelles images aussi ! Un sans faute absolu pour la bande à Dolores.

Zombie

Encore une tête qui s'affaisse,
Un enfant pris au ralenti.
Et tout ce silence
Engendré par la violence.
Qui leurrons-nous ?
Mais ce n'est pas moi, vois-tu,
Ce n'est pas ma famille.

Dans ta tête, dans ta tête,
Ils s'affrontent
Avec leur tanks et leurs bombes,
Et leurs bombes et leurs fusils.
Dans ta tête, dans ta tête,
Ils pleurent...

Dans ta tête, dans ta tête :
Zombie ! Zombie ! Zombie !
Dans ta tête, qu'est-ce qu'il y a ?
Dans ta tête :
Zombie ! Zombie ! Zombie !

Encore un cœur qui se brise,
Une mère qui prend le relais.
Quand la violence
Engendre le silence.
Nous devons faire erreur.
C'est toujours la même histoire
Depuis 1916.

Dans ta tête, dans ta tête,
Ils s'affrontent toujours
Avec leur tanks et leurs bombes,
Et leurs bombes et leurs fusils.
Dans ta tête, dans ta tête,
Ils meurent...

Dans ta tête, dans ta tête :
Zombie ! Zombie ! Zombie !
Dans ta tête, qu'est-ce qu'il y a ?
Dans ta tête :
Zombie ! Zombie ! Zombie ! 

Dolores O'Riordan, 1994

Traduit de l'anglais par Ey@el
© lapensinemutine.eklablog.com

À propos de cette chanson

On l'aura compris, "Zombie" est un manifeste anti-violence au sens large, une condamnation de l'IRA au sens propre. En fait, cette chanson se veut spécifiquement un hommage à Jon Ball et Tim Parry, deux petits anglais respectivement âgés de trois et douze ans, qui trouvèrent la mort dans un attentat perpétré par l'IRA à Warrington, ville du nord-ouest de l'Angleterre (située entre Manchester et Liverpool), le 20 mars 1993. Quatre-vingt seize autres êtres humains laissèrent également des plumes dans cet acte inqualifiable qui est devenu d'une telle banalité de nos jours. La faute à qui ? Suivez la flèche comme dirait Hercule Poirot (à qui profite le crime), c'est aussi simple que cela. Une insupportable constatation qui, en soi, suffit à me provoquer des haut-le-cœur. Quant à l'écrire, c'est encore pire.

Au nom de quoi et pourquoi ? La réponse tient en un seul mot comme le veut le titre de ce morceau : ZOMBIE. Des coquilles vides qu'on a remplies de haine et qu'on pilote comme des cyborgs pour leur faire accomplir une tâche d'éradication systémique systématique. « Toujours la même histoire » mais qu'il fait bon de rappeler surtout lorsque les médias omettent sciemment l'essentiel.

« Toujours la même histoire depuis 1916 » fait référence à l'Insurrection de Pâques 1916, que l'on surnomme encore « Pâques sanglantes » en raison du bain de sang dans lequel cet affrontement de six jours entre insurgés et militaires se termina. Une poignée d'indépendantistes irlandais crurent pouvoir profiter de la situation internationale qui occupait les troupes britanniques à l'extérieur pour proclamer la république mais se fut sans compter sur des renforts venus d'Ulster. Bien que les faits restèrent cantonnés à la ville de Dublin, cet événement tragique fait désormais partie de la mémoire collective du peuple d'Irlande.

La haine et la vengeance éradiquent tout sur leur passage et transforment en zombies ceux qui les nourrissent en leur cœur et leur esprit. Ainsi pourrait-on résumer les paroles de cette chanson. Un hasard si l'acronyme IRA est également un mot latin désignant la rage et la colère ?

Notes et références

  • ^ Proclamée en 1919, l'Irlande n'est devenue officiellement une république que le 18 avril 1949. La province d'Ulster (Irlande du Nord), quant à elle, reste toujours rattachée au Royaume-Uni.

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