L'anatomie du doute

Vous êtes le projet le plus précieux de votre vie.

Sifu Florin Szondi

Il y a des années, j'aurais certainement été en désaccord avec cette idée. J'aurais soutenu que ce « projet » ne me concernait pas moi mais la justice, le redressement des torts au service de l'intérêt supérieur et de la révélation au grand jour. Aujourd'hui, je réalise que tous ces projets visent un seul but. Chaque effort que j'ai pu faire, tout ce dans quoi je me suis impliquée m'a servi, au bout du compte, à devenir meilleure.

Le Royaume est au-dedans comme nous savons ou devrions tous savoir puisqu'on nous l'a raconté de bien des façons. Tous les projets concernent le royaume.

Toute vérité est-elle relative ?

Nous autres, êtres humains, avons de nombreuses opinions quant à l'amélioration du Soi. Votre vérité, ma vérité, sa vérité, la vérité — y a-t-il moyen de se faire une idée de ce dont nous parlons ? Il y a quelques mois, j'ai publié un article abordant l'importance de dire la vérité. On m'a répondu en retour qu'il n'y avait pas de « vérité », que toute vérité était relative et que tout ce que nous avions était « notre vérité ».

Toute vérité est-elle relative ? N'y a-t-il donc pas de « vérité » en tant que telle ? On pourrait penser qu'il y a l'information pure et que ce serait cela la Vérité. L'univers dont nous faisons partie est mathématique — constitué d'énergie pure, de lumière pure ne dépendant d'aucune interprétation humaine subjective. Alors bien sûr que la Vérité existe et c'est également l'Amour.

Un être humain peut-il en faire l'expérience ? Il nous faudrait admettre que la puissance divine s'étend tellement au-delà du concept même de ce qui est vaste que cette idée en devient minuscule. Et pourtant nous en faisons partie. Une réplique parfaite — une étincelle holographique — est en nous. Alors, peut-être est-il possible d'en avoir un aperçu aussi infime soit-il ? On pourrait également présumer que pour ce faire, il serait très utile de dire la vérité pour connaitre ainsi le ressenti de sa résonance pure en tant que vibration interne.

Un système défini par le mensonge

Nous savons quand nous mentons et l'impression que cela nous procure à l'intérieur. Il y en a à qui cela convient — pour qui c'est tellement automatique que cela ne leur cause pas le moindre remord. Mais la plupart d'entre nous, qui avons choisi le périple du guerrier, adeptes du « connais-toi toi-même » depuis un petit bout de temps, reconnaissons que le mensonge met en relief un aspect ombrageux ayant sa raison d'être, qu'il s'agisse d'auto-protection, de peur ou de manipulation — aspect sur lequel nous devons faire la lumière.

Nous vivons à l'intérieur d'un système défini par un mélange de mensonges et de parcelles de vérité — très efficace pour semer le trouble dans les esprits. Beaucoup cèdent à la malhonnêteté pour s'entendre avec les autres ou résister aux règles, aux lois et à la programmation. Beaucoup d'autres se battent pour dénoncer les mensonges au cœur du système, menant leurs recherches sans relâche, en quête de faits, les soumettant à notre pensée critique et à notre capacité de raisonnement.

Mais pour être honnête, de nos jours, la plupart d'entre nous contestons la moindre parole émise par les « autorités » — nous notons le moindre sourire feint, rejetons toute promesse et avons même du mal à croire que ceux qui occupent les « positions en haut lieu » puissent dire la vérité pour sauver les personnes qui leur sont proches. La matrice dans laquelle nous évoluons est une bonne raison pour entretenir le doute et l'inclure à son arsenal.

Croyance et doute

Comme l'a récemment souligné un de mes amis, il faut apprécier l'autre face de cette épée à double tranchant qu'est la peur face au doute. En pareil cas, ce dernier s'avère encore plus utile que la pensée critique. La peur confère du pouvoir à ceux qui sont déterminés à tout contrôler mais le doute les désarme, ce qui est une bonne chose. Il s'agit, en effet, d'une arme subtile et remarquable qui pourrait bien mettre fin à la domination.

Il se trouve que j'ai eu une conversation très enrichissante avec cet ami à propos des convictions et du doute — du genre qui recherchent la vérité et stimulent la croissance, ce qui les rend si précieuses.

Croyance et doute : en matière de « travail sur la conscience », le doute fait figure de vulgarité. Nous pouvons à la rigueur examiner, considérer, contester, analyser, réfuter, rejeter — voire même admettre éprouver de l’inquiétude ou de l'incertitude. Mais le doute vient du cœur et n'a rien à voir avec l'intellect ou l'ego.

Dans certains cas, on pourrait même le mettre dans la même pièce spirituelle que la mélancolie ou la solitude — un réservoir à semences dédié à la réflexion, la création et le pouvoir personnel. L'éluder serait comme faire l'impasse sur les aspects essentiels de l'étincelle divine humaine.

Aussi en considérant le doute non pas comme une arme mais comme un ressenti, une information, une énergie dans le lexique de la conscience, pouvons-nous le laisser entrer ? Et si nous le faisons, contribuera-t-il à notre projet de connaissance de soi ? Pour y répondre, demandons-nous d'abord dans quelles circonstances le doute est-il préjudiciable ?

Quand le doute est-il préjudiciable ?

Ce serait, à l'évidence, lorsqu'il vous embourbe dans l'indécision. Et cela, il n'en est absolument pas question. Tout comme la mélancolie ou la solitude peuvent se révéler des états créatifs profonds — il faut pénétrer, éprouver puis ressortir avec un certain éclairage — et il doit en être de même avec le doute.

L'autre préjudice potentiel manifeste serait sa relation avec la conviction du Soi. Cette dernière constitue le cheval de bataille du guerrier. C'est cette motivation qui nous fait nous lever le matin et vivre notre vie de manière aussi consciente que possible. Cette croyance est aussi essentielle que la confiance et la foi. Le doute provoque l'effondrement de son énergie et c'est pourquoi nous le considérons comme une faiblesse voire quelque chose « d'impie ». Nous pourrions vouloir examiner l'éventualité d'un objectif suprême derrière cet effondrement sporadique.

Le fait que nous recherchions un état de bonheur permanent en ayant recours à une litanie d'affirmations, constitue une autre raison pour laquelle le doute est mal vu. Je trouve cela un peu illusoire. Le bonheur et la joie de vivre sont des choses merveilleuses, saines, tonifiantes, stimulantes et très précieuses. Pourtant, de temps à autres, il arrive que le bonheur ne soit pas le seul état de cœur à s'avérer inestimable.

Jésus de Nazareth

J'aimerais maintenant aborder certaines réflexions auxquelles la conversation dont j'ai parlé plus haut m'a conduite. Tout d'abord, nous allons examiner le but suprême derrière l'effondrement sporadique de la conviction en prenant l'exemple du Grand Maître ésotérique que fut Jésus de Nazareth. Question : Jésus ne modifia-t-il jamais son intention ?

La plupart diraient sans doute que non mais nous pouvons rassembler quelques éléments de l'histoire indiquant qu'il l'aurait fait. Il vint un moment où il se rendit compte que les gens à qui il était venu prodiguer son enseignement n'étaient pas prêts pour recevoir ces informations. Il s'était retiré en temps utile et avait reconnu cela. Il informa ceux qui comprenaient ses enseignements qu'il lui fallait partir mais qu'il reviendrait le moment venu. Quelle humilité, quel bel hommage à la vérité, quelle réflexion, quelle divinité !

Et maintenant, la dernière question : Jésus douta-t-il ? Oui, nous savons que ce fut le cas. Nous sommes au courant pour le « aimez-vous les uns les autres », la foi, la promesse du Royaume, la « vérité qui vous libérera », la manifestation des miracles, la soumission aux railleries, le « pourquoi m'as-tu abandonné », le renoncement et la transformation.

La simple considération de cette information dans l'optique du « vous êtes le projet le plus précieux de votre vie » est si réelle qu'à côté notre adhésion à votre vérité, ma vérité, sa vérité, parait minuscule et semble manquer de vision. L'idée du Soi est essentielle mais ne peut être immuable. Continuez à progresser.

Texte original de IDA LAWRENCE traduit de l'anglais par EY@EL
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