Aux isthmes, citoyens !

Un sujet très sulfureux que nous devons aborder ce mois-ci dans le cadre du projet Eklabugs : le féminisme, et qui l'a emporté d'une tête sur la connerie — ironie des suffrages que d'aucuns n'auront certainement pas manqué de relever. Bien leur fasse car il s'agit encore d'un de ces ismes savamment instaurés dans le but de diviser les êtres humains et les couper de leur connexion supérieure pour mieux les manipuler. Toujours la même infatiguable rengaine en somme. Une recette qui semble bien continuer à faire ses preuves. Ou pas ?

Le secret de la division est de répondre à un isme par un autre

Nous devons construire un mur.

Donald Trump

La définition d'un isme est  « un concept, le plus souvent idéologique, dont le nom se termine par le suffixe -isme. [Le terme permet de regrouper et donc d'analyser ensemble des notions qui seraient normalement incomparables du fait de dispositions morales ou de préjugés sociaux, par exemple le marxisme et l'olympisme] : Les ismes relèvent de champs aussi variés que la science, l'art, l'économie ou la philosophie. [...] Tous les mots se terminant par -isme ne sont pas des ismes, car tous ne portent pas en eux les potentiels idéologiques et mobilisateurs nécessaires à cette qualification. Ainsi, l'albinisme, l'alcoolisme ou le stylisme ne sont pas particulièrement marqués par des effets de croyance instaurant une vision du monde particulière, bien qu'aucun n'en soit complètement dépourvu ».

Quant à l'isthme auquel je fais référence dans le titre de cet article, qu'il soit géographique ou anatomique, il désigne toujours un passage étroit divisant ou reliant deux parties d'un tout.

Et McGyver/Dieu créa (accessoirement) la femme

La définition académique du féminisme en fait « un ensemble de mouvements et d'idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun : définir, établir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d'abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée ».

Et d'où le féminisme nous vient-il donc ? Du machisme.

Toujours selon les académiciens, le machisme désigne « la tendance de certains hommes ou femmes à mettre en avant de manière exacerbée et exclusive la virilité des hommes et de croire que les femmes leur seraient inférieures dans tous les domaines ou dans les domaines prestigieux, pensant ainsi qu'il est logique qu'elles soient cantonnées aux tâches subalternes ». Il est même précisé que « le machisme implique souvent la phallocratie (seuls les hommes décident ou ont le pouvoir de décider dans les domaines les plus importants) et peut impliquer la misogynie ».

Et le machisme alors, il vient d'où lui ? Du mythe biblique de la Génèse.

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.

Génèse 1-27

Contrairement au premier livre de la Génèse évoquant, pour qui voudrait bien lire entre les lignes, une « androgynie originelle », le second raconte comment après avoir créé Adam à partir rien et l'avoir animé de son souffle, Dieu considéra que ce dernier devait avoir une compagne et lui proposa d'abord les animaux (sic) puis voyant que celui-ci n'était guère emballé, il l'endormit et créa une femme à partir d'une de ses côtes (honni qui songerait à la Pentecôte !).

Incroyable qu'un tel monceau de connerie puisse encore faire recette dans l'inconscient collectif humain aujourd'hui alors que tant de machos s'affichent clairement athées. « Dieu est un concept pour évaluer notre douleur » chantait John Lennon. Le même qui écrivit aussi que « la femme est le négre du monde ».

La femme est le nègre du monde

On l'oblige à se peinturlurer le visage et à danser
Et quand elle refuse de nous servir d'esclave,
On dit qu'elle ne nous aime pas.
Quand elle est authentique,
On dit qu'elle se prend pour un homme.
Tout en la rabaissant, on fait comme si elle nous était supérieure.
La femme est le négre du monde, oh que oui !
[...]
On l'insulte tous les jours à la télé
Et après on se demande pourquoi
Elle n'a aucun cran ni confiance en elle.
Jeune, on détruit son désir de liberté.
On lui demande de ne pas être trop futée
Tout en lui reprochant d'être aussi sotte.

"Woman is The Nigger of The World", John Lennon (1972)

Un terme qualifié d'insultant et raciste (sic) qui vit la chanson se faire interdire d'antenne aux États-Unis (hypocrisie et paradoxe quand tu nous tiens) malgré les explications publiques de Lennon quant à son emploi du terme « nègre » comme faisant référence à toute personne opprimée. Ce qui nous amène à d'autres ismes dans l'isme (à l'image des poupées russes) comme le racisme, l'esclavagisme et le puritanisme où dans tous les cas, il est question de notion de supériorité d'une caste par rapport à une autre.

Outragette City

Une chose est sûre, c'est que le féminisme tel qu'il a évolué aujourd'hui ne se contente plus uniquement de diviser les hommes et les femmes, mais également les femmes entre elles. Parce qu'entre revendiquer une égalité de droits d'un point de vue légal, social et professionnel et déclarer la guerre aux hommes comme des ennemis à abattre, il y a plus d'un isthme de différence.

Alors qu'espèrent ces femmes-haine aux seins nus recouverts de slogans qui s'exhibent sans pudeur au nom d'une cause qui n'a plus rien à voir avec la parité des sexes et qui se préoccupent davantage de choquer les esprits que de faire réellement avancer les choses qu'elles ont plutôt tendance à aggraver, confortant l'idée que certains se font des femmes comme des hystériques qui voudraient les renverser pour prendre leur place et pratiquer le même genre de discrimination ? Qu'espèrent-elles obtenir à part émoustiller davantage les pervers en justifiant les excuses qu'ils se donnent et s'attirer le courroux des autres femmes qui ne se reconnaissent pas là-dedans ? Peut-être que c'est justement là le but finalement — surtout quand on apprend que l'imfame George Soros serait à l'origine du financement des Femen (source).

Alors choisis ton point général,
Introvertis l'ordre et la morale,
Choque les esprits et les étoiles,
Suffragettes qui se dévoilent,
Délivrez-nous des maux,
Je veux un monde nouveau.

"Suffragettes BB", Indochine (2017)

Car la raison d'être du mouvement féminisme, à la base, c'était de mettre un terme aux inégalités indéniables et inadmissibles qui subsistent encore à notre époque et de permettre à toute et une chacune de décider de son corps, d'être mère ou non sans avoir à être pénalisée pour cela d'une manière ou d'une autre. Mais pas d'instaurer une matriarchie ni de devenir les égales des hommes en tous points (en se montrant voire même plus violentes et plus manipulatrices et perverses qu'eux) car il ne s'agit nullement d'inverser la vapeur mais d'instaurer ou plutôt restaurer l'harmonie naturelle prévue entre les deux sexes en s'alignant sur les qualités de chacuns et non sur les travers comme nous y encourage à chaque instant cette matrice d'illusion.

Je ne suis pas un homme

Tout le monde (pour ceux qui l'ont vu) se souvient de cette fameuse scène brillamment adaptée à l'écran (et fortement décriée par les puristes) de l'œuvre culte de Tolkien, le Seigneur des Anneaux, dans laquelle Eowyn, nièce du roi Theoden, manie une lourde épée sous les yeux d'Aragorn qui, bien que la trouvant adroite avec une lame, estime que ce n'est pas le rôle d'une femme et encore moins celui d'une fille de roi, sous-entendant plus ou moins qu'elle devrait laisser aux hommes la charge de la défendre. Mais que craint-elle donc à la fin, hein ? « Une cage. Rester derrière des barreaux jusqu'à ce que l'usure et l'âge les acceptent et que toute forme de courage ait disparu irrévocablement ».

La même Eowyn qui à l'instar de tant d'autres héroïnes de la culture cinématographique ou littéraire et de l'histoire (Jeanne d'Arc), se voit obligée de se travestir en homme pour prendre son destin en main et non s'en remettre aux seules compétences et volonté des hommes. La voilà intégrant incognito les rangs des Rohirrim (armée du Rohan) sur le champ de bataille du Pelenor où elle tente de voler au secours de son oncle lorsque le chef des Nazgûl (Spectres de l'Anneau) lui tombe dessus. Le Roi-Sorcier d'Angmar lui rit au nez en lui disant qu'aucun homme vivant ne peut l'arrêter. Sur quoi, elle retire son casque avant de l'embrocher en lui rétorquant fièrement : « Mais je ne suis pas un homme ! » Et paf !

Ah, comme j'aime cette scène et surtout cette réplique. Non pas pour l'image guerrière reprise par les féministes qui se veulent les égales des hommes dans tous leurs côtés les plus sombres et violents, mais pour celle d'une femme qui ne cherche pas à être un homme justement tout en n'ayant d'autre choix que celui de prétendre en être un pour accomplir sa propre volonté dans un monde qui lui refuse ce droit.

Eowyn à beau se faire harceler sexuellement par l'intendant du roi, patroniser par son oncle et son frère, et rejeter par Aragorn, au final, c'est une gagnante car elle reste fidèle à elle-même. En incarnant jusqu'au bout son féminin sacré. Ni pute ni soumise comme on dit. Ni macho en jupons pour autant. Et alors qu'elle n'y croyait plus, elle trouve enfin son alter-ego en la personne de Faramir, fils de l'intendant du Gondor qui subit un peu le même sort (en version macho) de la part de son père Denethor et de son ainé Boromir. Ces deux-là, Eowyn et Faramir, sont mes personnages préférés car ils incarnent parfaitement l'image de l'union du masculin et du féminin sacrés dont nous parlerons dans un instant. Un couple passé à la trappe par Hollywood (puisque les scènes coupées de la version en salle ne sont visibles que sur les versions longues des DVD) au profit de celui formé par Aragorn et Arwen, tous deux des êtres supérieurs et quasi immortels auxquels il est difficile de s'identifier. Contrairement à Eowyn, Arwen (à peine mentionnée dans le livre) est plutôt soumise même si elle a son petit moment de pseudo-rébellion quand elle décide de désobéir à son papounet. Quant à Aragorn, il tue sans état d'âme contrairement à Faramir qui, à l'instar de Bilbon, épargne la vie de Gollum/Sméagol qui au final est victime du sortilège de l'Anneau.

L'union sacrée du Yin et du Yang

Comme l'explique Émilie Dedieu du site Soins et guérison, « il est coutume de croire que le féminin est signe de faiblesse, alors nous tendons à l'étouffer afin d'exprimer et mettre en avant le masculin. Nous pensons que le masculin est la force, et comme nous considérons notre monde comme "dur", monde dans lequel il faut se battre pour survivre, nous préférons mettre en avant notre partie masculine. Mais, cette partie manifestée est un masculin égotique, agressif, parfois violent, bien loin de notre masculin sacré ».

J'ai mésestimé tes limites,
Je t'ai poussée trop loin,
Je t'ai prise pour acquise,
Je croyais que tu avais encore plus besoin de moi.
Et maintenant je ferais n'importe quoi
Pour que tu me reviennes,
Mais je continue à rire
Pour cacher mes larmes
Parce qu'un garçon, ça ne pleure pas.

"Boys Don't Cry", The Cure (1980)

Saviez-vous par exemple qu'il existe probablement autant de violences conjugales perpétuées par des femmes que par des hommes mais que cela est peu documenté parce que les hommes ont honte de l'admettre et de demander de l'aide et aussi parce qu'ils auront du mal à se faire prendre au sérieux, la société estimant que le rôle de la victime appartient exclusivement aux femmes. Pourtant, au travers des affaires de meurtre médiatisées, on a pu se rendre compte combien c'était faux. Encore un mythe qui s'effondre.

Le masculin et le féminin sacrés, c'est quoi au juste? Tout l'opposé, en fait, de ce qu'est la norme actuelle incarnée par les hommes et les femmes et savamment entretenu par les médias et l'inconscient collectif.

En chacun de nous résident ces deux pôles que nous ne devrions jamais refouler contrairement à ce qu'on nous a conditionnés à faire. Le féminin sacré (ou principe Yin selon le Tao) est celui qui reçoit. Nous lui devons notre intuition, notre sagesse, notre accueil et notre force intérieure. Le masculin sacré (principe Yang) est celui qui donne. Il se rapporte à notre action, notre audace, notre vigueur et notre force extérieure. Au niveau de l'âme, nous ne sommes ni femmes ni hommes, la sélection se fait au niveau de notre véhicule physique et de notre psyché. C'est le fait de refouler cette part (animus pour les femmes, anima pour les hommes) qui nous fait nous sentir incomplets et nous pousse à tenter de combler ce vide à travers nos partenaires, ce qui au final se révélera toujours impossible car notre réalité extérieure se crée de l'intérieur.

Femme je sais que tu comprends
Le petit enfant qui sommeille en chaque homme.
Je t'en prie, rappelle-toi que ma vie est entre tes mains.
Et femme, garde-moi dans ton cœur,
Quelle que soit la distance, ne nous éloigne pas
Car après tout, c'est écrit dans les astres.

"Woman", John Lennon (1980)

En guise de conclusion à cet article beaucoup plus long que prévu, je me contenterai simplement de vous rappeler que ce qui vous met en colère exerce un contrôle sur vous (c'est très facile à observer, faites l'expérience). Je ne suis aucunement en train de dire non plus qu'il ne faille pas faire entendre sa voix pour dénoncer les injustices et tenter d'amener à une prise de conscience mais certainement pas de la manière dont on s'y prend actuellement parce qu'elle ne vise qu'à nous détourner sciemment de la vérité. À savoir que tant que nous entretiendrons cette division en nous, elle sera projetée à l'extérieur sur la toile de nos vies que nous percevons comme la Réalité. Par la loi d'attraction (oui, encore et toujours). C'est la nature même de l'illusion de la Matrice et que ça vous plaise ou non, que vous y croyez ou pas n'y changera rien. Par contre, ce qui changera quelque chose, c'est de cesser de vouloir nous faire entendre en commençant par nous entendre au sens premier. C'est un choix bien sûr alors autant qu'il soit conscient et éclairé. N'oubliez pas d'aller lire ce que les autres participants en pensent et de laisser un petit commentaire, ne serait-ce que pour le temps et l'énergie fournis à écrire ces articles. Merci à vous.

Projet EklaBugs #33

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