Le cirque, c'est un reflet de la société avec ses trois personnages principaux : le clown blanc, Auguste et Monsieur Loyal, soit le président, le peuple et la police.
Alexis Grüss
Boule de cristal, boules de gomme, bille de clown… ces défis mensuels vont finir pas me la faire perdre, la boule ! Nouvelle escale dans l'univers des forains donc, avec un 3 de carreau qui nous met en garde contre les distractions qui nous éloignent de nos objectifs. Ces petits riens qui détournent l'attention et finissent par rendre notre existence chaotique. Il est même à noter que certaines écoles anciennes de cartomancie retiraient cette carte maudite du jeu afin d'éviter d'introduire « un élément de tromperie dans les tirages ». D'aucuns lui donnent néanmoins une tout autre signification : celle du silence. « Dans un monde saturé de bruit en permanence dont nous voulons toujours extraire le maximum de sens et d'expérience, il est parfois utile de se mettre en retrait et de ne rien dire. »
C'est quoi ce cirque ?
Du latin circus, dérivé du grec kirkos signifiant « cercle », le cirque tiendrait ses origines des jeux organisés en Grèce par Circé en l'honneur de son père Hélios, le dieu Soleil, avant d'être popularisés par les Romains. Au Moyen-Âge, les arènes étant tombées en désuétude, les artistes itinérants, les dresseurs d'animaux et les forains se déplacèrent de villes en villes, à travers toute l'Europe, pour évoluer vers le cirque que nous connaissons aujourd'hui.
Mais de quel cirque parlons-nous au juste? Celui des acrobates, funambules, jongleurs, écuyers, dompteurs de fauves, clowns et autres prestidigitateurs ? Ou bien du show médiatico-politique qui tourne en boucle sur toutes les chaînes et qui nous les brise sans jamais les rompre ? Bah, c'est kif-kif bourricot.
Des slogans, des peintures de guerre
"Un Grand Carnaval", Indochine (1987)
Mais quel grand carnaval
Un monde parfait
Regarde ce monde
C'est un grand carnaval
Quid des numéros de haute voltige des magiciens de la finance qui jonglent avec les chiffres, des écuyers peu cavaliers, des dompteurs de foule ou cracheurs de feu mouillés comme jamais, tous au service de la femme à barbe et de son Monsieur Déloyal, en déséquilibre sur la corde raide, la queue-de-pie entre les jambes et le gibus au plus bas de sa forme ? Quid des clowns de plateau, la gueule enfarinée et le pif en DEFCON 2 après le rail de trop qui fait exploser la mule ? La faute à qui si tout part en sucette ?
Pas mon cirque, pas mes singes
Quel est donc ce cirque matriciel ? Un chaos organisé qui fournit une distraction permanente, empêchant l'homme de se recentrer sur son esprit ? Une illusion orchestrée dans le but de maintenir les consciences endormies dans une fausse réalité ? Ou bien un théâtre de manipulation dont les acteurs (politiques, médias, spiritualités, etc.) jouent un rôle destiné à canaliser l'énergie des individus vers des schémas préétablis ?
Personnellement, depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours détesté le cirque sans trop savoir pourquoi. Raison qui m'apparaît évidente aujourd'hui.
Le cirque est un spectacle répétitif, un cycle sans fin, où les mêmes actes se reproduisent sous des formes variées, mais avec une structure identique. Cela rejoint la nature cyclique de la matrice, où l’illusion du changement est entretenue, alors qu’en réalité, les âmes sont enfermées dans un programme récurrent avec une histoire qui se répète sans cesse.
Le chapiteau est un espace fermé, décoré pour donner l'illusion de grandeur mais, en réalité, limité. Une bulle coupée du réel, comme la Matrice qui empêche de voir les circuits universels. Un monde artificiel qui distrait et évite de chercher au-delà. Un décor éphémère qui semble réel tant qu'on s'y trouve mais qui disparaît lorsqu'on en sort (à l'image de la reconnexion à l'esprit qui fait effondrer les illusions).

Sous les yeux des masses endormies, âmes passives acceptant ce qui leur est présenté sans chercher à en comprendre la nature véritable et applaudissant ou huant au bon gré du maître de piste, jongleurs, acrobates et funambules tentent de conserver leur équilibre sur le fil extrêmement ténu entre influx électriques de l'Esprit et magnitudes astrales, risquant à tout moment de basculer dans les filets de récupération de la matrice. Ceux-là ne se laissent plus déconcentrer par les huées ou les applaudissements, les roulements de tambour et les projecteurs. Ils savent virevolter d'une piste de réalité à l'autre, tels des virtuoses du DJing.
Les dompteurs archontiques contrôlent les âmes incarnées par des méthodes coercitives (peur, récompense/punition, dressage répétitif) et ces dernières obéissent sans comprendre le véritable but de leur conditionnement. Après leur numéro (incarnation), elles retournent dans leur cage astrale (mort) jusqu'à la prochaine représentation en une boucle sans fin.
Engoncé dans son costume aux couleurs maçonniques et son haut-de-forme de chapelier fou (ou de prestidigitateur), c'est toujours le maître de piste, le directeur du cirque, Monsieur Loyal qui organise le spectacle, fixe les règles en coulisses et impose les rôles. Le démiurge correspond parfaitement à cette figure manipulatrice qui gère la Matrice mais ne se manifeste que sous des formes indirectes (religions, figures messianiques, lois karmiques). En anglais, on l'appelle aussi Ringmaster, à rapprocher sémantiquement du Seigneur des Anneaux.
Envoyez les clowns
Et les clowns ? À l'instar des avatars humains pilotés par les entités de l'astral, ils sont là pour divertir mais derrière le rire se cache souvent une profonde tristesse. Ridiculisés, ils portent des masques (sociaux) et exécutent des rôles absurdes sans comprendre le pourquoi de leur condition.
Mon maquillage a séché et s'accroche à mon menton
"Death of a Clown", The Kinks (1967)
Je noie mon chagrin dans le whisky et le gin
Le fouet du dompteur de fauves a cessé de claquer
Les lions ne veulent plus se battre et les tigres refusent de rugir
Allons boire à la mort d'un clown
Y a-t-il donc personne pour m'aider à briser cette couronne ?
Les premiers clowns documentés remonteraient à l'Egypte ancienne et également à la Grèce et à la Rome antiques avant leur évolution en bouffons de l'époque médiévale. Personnage burlesque à l'origine, l'archétype du clown a peu à peu vu son image détournée : tout d'abord en clown triste (très proche du nostalgique Pierrot lunaire) puis en clown maléfique, engendrant la coultrophobie.
Bien que de nombreuses théories tendent à vouloir démontrer que cette peur des clowns serait directement liée au maquillage de leur visage, d'aucuns soulignent les similitudes existantes entre l'apparition de clowns et les représentations culturelles des démons. En outre, Steven Schlozman, psychiatre de la prestigieuse école de médecine de Harvard, explique comment le bouffon médiéval pourrait alimenter cette vision moderne du clown effrayant : « Les clowns au Moyen Âge, s'ils ne faisaient pas rire le roi, en payaient un prix assez élevé. Beaucoup de bouffons ont été mutilés pour les faire sourire en permanence. » (source)
Dans la matrice démiurgique qui fonctionne toujours par inversion et faux-semblants, le clown incarne cette dualité apparente : il est censé faire rire et divertir mais cache une nature à la fois sombre et inquiétante.

Les clowns maléfiques les plus connus sont certainement Grippe-Sou de Stephen King (Ça) ; Ronald McDonald, mascotte des restaurants McDonald's ; et le méchant Joker de Batman. Ces trois figures incarnent différents aspects de la corruption matricielle.
Ainsi, à l'instar des archontes, Grippe-Sou, une entité métamorphe qui vit tapi dans les profondeurs et se nourrit de la peur des enfants, est l'archétype même du prédateur astral. Il se cache derrière une apparence inoffensive et ludique, piégeant ses victimes dans des illusions avant de les consommer.
À l'inverse, Ronald McDonald n'effraie pas directement mais conditionne à s'autodétruire en associant une nourriture toxique au plaisir et au jeu, créant un lien affectif dès l'enfance qui rendra ainsi l'addiction alimentaire d'autant plus forte à l'âge adulte. Il est lié aux clowns de foire qui symbolisent l'exploitation de l'innocence vers l'esclavage vibratoire (la malbouffe abaissant drastiquement les fréquences). Tout comme le démiurge, c'est une figure de faux bienfaiteur prétendant offrir du bonheur mais qui, en réalité, empoisonne.
Enfin, le plus complexe du trio, le Joker, s'en distingue en ce qu'il incarne l'agent du chaos matriciel. Il refuse l'ordre social et cherche à détruire la matrice ; il est incontrôlable et agit sans logique apparente. Il semble « éveillé » mais est encore piégé par la matrice. Il pense lui échapper en luttant contre le système mais reste un élément du spectacle. Il ne cherche pas la souveraineté mentale mais la destruction pure — une énergie recyclée par la matrice pour se maintenir en place, le chaos matriciel étant encore une illusion contrôlée qui empêche les individus de réellement s'éveiller.
Les autres caractéristiques importantes du Joker sont ses cicatrices, non sans rappeler les mutilations qu'on faisait subir aux bouffons du Moyen-Âge mais également aux enfants dans les rituels pédosataniques. Parmi les différentes raisons, l'intention de briser l'identité originelle ; l'inversion du sacré, le visage étant en connexion avec l'âme (la défiguration vise à effacer toute trace du divin) ; et l'exploitation de la souffrance et du trauma pour générer de l'énergie astrale et nourrir les entités.
En outre, il faut savoir que dans diverses traditions occultes, le masque (comme celui du clown) est considéré comme un outil de possession qui permettrait aux entités d'utiliser le corps comme réceptacle.
En résumé, le clown maléfique (ou démoniaque) est une figure matricielle puissante qui symbolise à la foi la dualité mensongère du système (joie/souffrance, illusion/réalité) ; la consommation énergétique de la peur (Grippe-Sou) ou de la chair (Ronald McDonald) ; le chaos programmé (comme le Joker qui détruit mais ne libère pas) ; et la corruption de l'enfance (rituels sataniques, manipulation psychique).
Ha ! ha ! fit le clown
"Ha! Ha! Said the Clown", Manfred Mann (1967)
Le roi aurait-il perdu sa couronne ?
Quand allons-nous rompre le cercle de feu et cesser de regarder, sans maudire, les fous rire à gorge dévoyée, d'un jaune hyène hystérique, des sombres facéties des bateleurs des hauts quartiers qui, eux, n'en font point ? Brisons la couronne du faux roi et reprenons possession de nos royaumes intérieurs. Ici et maintenant.
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