On est allés trop loin

Si je m'étais défendue, il y a quelque temps, de faire dans la nostalgie, là pour le compte, je m'en suis prise une bonne dose d'un coup. C'est que le chanteur, auto-compositeur et fondateur du projet E-Rocket (devenu Sound Rocket après fusion avec le groupe The Life) dont le nom s'inspire d'un schéma de fusée électrique de Nikola Tesla — précurseur de l'énergie libre — François Demercastel est quelqu'un que j'ai eu le plaisir de connaitre et beaucoup apprécier dans mes jeunes années, du temps où nous fréquentions tous deux plus ou moins assidument (oups !) les bancs d'une certaine école d'audiovisuel que je ne nommerai point. Nos goûts musicaux communs (les Beatles, les Who, les Jam parmi tant d'autres) nous ayant naturellement rapprochés, je lui dois d'avoir beaucoup élargi mon horizon musical en me faisant découvrir des tas de groupes géniaux dont notamment les Plimsouls et Lone Justice. Aujourd'hui, nous avons repris contact par le plus grand des hasards (qui comme vous le savez n'existe pas) grâce à la même chose qui nous avait réunis des décennies auparavant : la musique.

Le morceau que je vous propose ici et que François interprète, seul à la guitare, provient d'un podcast d'une radio locale de Rambouillet (RVE) enregistré l'an dernier. Comme je lui ai expliqué, le choix de cette version plutôt qu'une autre qu'il dit préférer (à écouter ICI) s'est imposé à mes oreilles comme étant la plus aboutie — justement parce réduite à l'essentiel, à savoir une voix, une guitare et une mélodie accrocheuse avec un petit gimmick emprunté au "I Feel Fine" des Beatles. Humour cosmique ou private joke : "Gone Too Far" vient remplacer une chanson des Jam que j'avais programmée de longue date, intitulée "Running On The Spot" (qui n'est que partie remise).

Gone Too Far

On pourrait parler du temps qu'il fait,
On pourrait parler de la guerre.
Toutes ces journées où il ne se passe rien
Inspirent autant de solitude que nos années perdues.

On pourrait faire des projets d'avenir,
On pourrait faire comme si.
Tu vois bien que tu ne trouveras aucune satisfaction
À rester là dans l'expectative du plus.

Mais on est allés trop loin
Sans quitter les lieux.
On est allés trop loin,
Sans plus aucune raison de se battre.

On pourrait se découvrir mutuellement,
On pourrait observer le monde autour de nous.
On pourrait, comme des lâches,
Contempler nos pieds qui ne bougent plus.

Mais on est allés trop loin,
À tourner en rond.
On est allés trop loin,
En se disant que c'était pas de bol
(Hors de portée !)

Il y a des pays que tu ne connais pas.
Il y a des villes que tu ne connais pas.
Il y a des gens que tu ne connais pas.
Il y a quelque chose en toi que tu ne montres pas !

On pourrait parler du temps qu'il fait,
On pourrait parler de la guerre.
Toutes ces journées où il ne se passe rien
Inspirent autant de solitude que nos années perdues.

Mais on est allés trop loin,
À tourner en rond.
On est allés trop loin,
En se disant que c'était pas de bol.

On est allés trop loin — ouais !
On est allés trop loin — ouais !

François Demercastel

À propos de cette chanson

« C'est une chanson un peu spéciale, » explique François. « Je l'ai écrite en pensant au temps qui passe, aux rêves qui s'enfuient, aux compromissions par nécessité matérielle — notre lent changement de mentalité face à la vie, la politique, etc. Depuis quelque temps, ce morceau a pris une autre résonance. Mon meilleur ami d'adolescence, après une vie assez triste, lui qui était si vivant, est décédé prématurément de maladie. Il a fait tout son possible des années durant pour ne plus voir quiconque de sa "grande époque". Je me dis, comme dans la chanson : et si l'on s'était revus, de quoi aurions nous parlé ? C'est donc une chanson qui est devenue moins "sujet bateau" et plus personnelle, finalement. »

D'aucuns se demanderont sans doute pourquoi il a choisi de chanter en anglais. Ce à quoi il répond : « J'ai essayé de chanter en français mais d'un seul coup, j'ai moins ! En plus, le français est une langue qui est un peu arythmique dans le sens où les toniques de la phrase ne tombent pas toujours de façon régulière. Donc il faut être extrêmement balaise ou s'appeler Gainsbourg, pour ne citer que lui, pour réussir à vraiment conjuguer ce rythme, en général à quatre temps du rock — et de quasiment tout ce qui rythme notre vie aujourd'hui — avec la langue française qui, elle, ne fonctionne pas selon ce tempo-là. D'autre part, j'en ai mangé, mangé et remangé du rock anglo-saxon et au bout d'un moment ça devient un peu normal et naturel pour moi de le chanter. »

« Un grand plaisir, de l'émotion. Je ne vais pas céder à la nostalgie, promis ! Je vais essayer de ne pas… rester coincé "retourné" » m'a-t-il dit. Pour sûr, on ne risque pas de tomber à court de sujets de conversation avec nos Pensines pleines à ras bord et nos âmes de Peter Pan. Quant à vous chers lecteurs et chères lectrices, si cette chanson vous a plu, je vous invite à vous rendre sur le site de son groupe ou directement sur sa page Soundcloud pour écouter d'autres morceaux. Les commentaires seront également les bienvenus.

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