Peins ça en noir

Mais non, je ne broie pas du noir, ce serait plutôt le blanc qui aurait tendance à me rendre dingo. Manquerait plus qu'il neige en plus ! La vérité vraie est que le choix de cette chanson, dont les paroles ressemblent étrangement à une pub pour du Prozac, est purement dû à son titre (et à sa virgule que j'ai choisi d'omettre), rapport à une vanne qu'on m'avait lancée pour se payer ma tête à propos de la dernière de mes gaffes en série. Voici donc ce qui arrive quand on me cherche des poux dans ma cabane au fond du jardin : je balance des vieux cailloux. Et puis ce n'est pas moi qui ait lancé la première pierre donc... aïe ! Mais ne vous fiez pas trop aux apparences, ce billet vous fera sans doute sourire une fois passée la traduction du texte original. Qui lira verra.

Paint It Black

J'aperçois une porte rouge et je veux la peindre en noir.
Je ne veux plus voir de couleurs, il faut que tout soit noir.
Je vois passer des filles dans leurs vêtements d'été,
Je dois détourner mon regard jusqu'à ce que mes ténèbres se dissipent.

Je vois une file de voitures entièrement peintes en noir
Avec des fleurs qui comme mon amour ne reviendront jamais.
J'aperçois des gens qui s'empressent de tourner la tête pour regarder ailleurs.
Comme pour les naissances, cela se produit tous les jours.

Un peu d'introspection et je découvre que mon cœur est noir.
Je constate que ma porte rouge a été peinte en noir.
Peut-être bien que je vais disparaitre sans avoir à affronter la réalité.
Pas facile de faire face quand le monde a viré au noir.

Plus jamais le vert de mon océan ne redeviendra bleu et dense.
Je n'aurais pu prédire qu'une telle chose puisse t'arriver.
En contemplant assez longtemps le coucher du soleil,
Mon amour rira avec moi avant l'arrivée de l'aube.

J'aperçois une porte rouge et je veux la peindre en noir.
Je ne veux plus voir de couleurs, il faut que tout soit noir.
Je vois passer des filles dans leurs vêtements d'été,
Je dois détourner mon regard jusqu'à ce que mes ténèbres se dissipent.

Je veux qu'on le souille de noir, tout en noir,
Noir comme la nuit, noir comme le charbon.
Je veux que le soleil soit effacé du ciel.
Je veux qu'on le souille, qu'on le souille, qu'on le souille,
Qu'on le souille de noir !
Ouais...

Mick Jagger, 1966

À propos de cette chanson

Numéro un des deux côtés de l'Atlantique à sa sortie en mai 1966, la polémique derrière cette chanson ne tient pas tant au côté profondément morbide et déprimant de ses paroles qu'à une « sombre » histoire de virgule rajoutée dans le titre par le manager du groupe (complot des poudres ou MK Ultra ?) à laquelle personne n'a jamais rien compris d'ailleurs, sauf les activistes noirs américains de l'époque, un peu hermétiques à l'anglais britannique, sans doute, qui y auraient entendu « Peins ça, nègre » (camomille ou gaz de schiste ?). La preuve en est que Keith Richards, qui a pourtant tout essayé (même la lessive), n'avait rien capté non plus malgré qu'il soit le cosignataire de cette œuvre : « Ne me demandez pas à quoi sert la virgule du titre — il faut poser la question à Decca ». Cette satanée virgule offensante a donc finalement été retirée du marché américain (non, ce n'est pas une blague).1

Le petit côté oriental « danse du ventre » de "Paint It Black" (sans virgule donc) serait surtout dû à l'utilisation d'un sitar par feu Brian Jones, soi-disant pour faire comme les Beatles dans "Norwegian Wood", et la fin s'inspirerait même du "Boléro" de Ravel. À ces influences musicales s'ajoute un peu de culture littéraire avec une ligne directement empruntée au Ulysse de Joyce : « Je dois détourner mon regard jusqu'à ce que mes ténèbres se dissipent ».

À noter également que ma traduction ci-dessus tient compte de l'erreur de transcription fréquente qui remplace à tort « taint » par « paint » et que par conséquent il s'agit bien de souiller le soleil et non de le peindre.

Et si on refaisait les peintures ?

Alors voici le meilleur pour la fin ou comment transcender le négatif. Très simple : suffit de puiser dans les bouffonneries du quotidien. Je ne sais plus quel écrivain disait, à propos de création littéraire, « n'écrivez que sur ce que vous connaissez ». Et bien, ce qui suit n'est assurément pas de la grande littérature, mais le conseil vaut ce qu'il vaut et je me suis donc inspirée de ma toute récente mésaventure avec une extension pour Firefox qui avait transformé ma Pensine en terrain poudreux que j'étais, au final, bien entendu, seule à voir mais qui m'a quand même fait perdre un temps infini pour rien (sans compter de me ridiculiser sur les forums à demander de l'aide). Ce qui est peu de choses en comparaison à ce qu'ont dû endurer mes pauvres yeux. À lire en version karaoké.

Peignez-moi tout ça en blanc

J'aperçois un encadré rose et je veux le peindre en blanc.
Je ne veux plus voir de couleurs, il faut que tout soit blanc.
Je vois défiler des voyelles sans leurs accents circonflexes,
Je dois détourner mon regard jusqu'à que ces horreurs disparaissent.

Je ne vois que des titres entièrement peints en blanc
Avec des parenthèses qui comme mon arobase ne reviendront jamais.
Et tous ces astronautes qui me conseillent de changer de navigateur.
Des bugs comme ça, il s'en produit tous les jours.

Un peu d'investigation et je découvre que tous mes styles sont blancs.
Je constate que mon encadré rose a été peint en blanc.
Peut-être bien que je vais péter un câble avant de découvrir pourquoi.
Pas facile de rester zen quand on n'y voit plus que du blanc.

Plus jamais je ne corrigerai mes fautes avec du Typex.
Je n'aurais pu prédire qu'une telle chose puisse m'arriver.
En grattant assez longtemps mon écran,
J'arriverai bien à flinguer toutes ces saletés de pixels blancs.

J'aperçois un encadré rose et je veux le peindre en blanc.
Je ne veux plus voir de couleurs, il faut que tout soit blanc.
Je vois défiler des voyelles sans leurs accents circonflexes,
Je dois détourner mon regard jusqu'à que ces horreurs disparaissent.

Je veux qu'on l'immacule de blanc, tout en blanc,
Blanc comme du polystyrène, blanc comme la neige.
Je veux qu'on le récure à l'eau de Javel.
Je veux qu'on l'immacule, qu'on l'immacule, qu'on l'immacule
Qu'on l'immacule de blanc !
Nan...

Notes et références

  1. ^ Source : Wikipédia.

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