Que j'aime le monde

La New Model Army est l'armée que le Parlement anglais chargea Cromwell d'organiser sur le modèle de ses propres troupes en 1645 lors de la première révolution anglaise visant à renverser la Couronne et le gouvernement. C'est aussi un combo d'inspiration punk-folk formé à Bradford (une ville ouvrière du nord de l'Angleterre) au début des années 80 avec à leur tête Slade The Leveller alias Justin Sullivan dont les textes, souvent empreints de beaucoup de poésie et d'un grand héritage littéraire, véhiculent de puissants messages politiques et humanitaires. C'est assurément le plus connu "51st State" qui les installa dans un statut de groupe culte auprès des mouvements contre l'impérialisme américain mais qui les fit également interdire de visa aux États-Unis, grande terre de liberté et de tolérance comme chacun sait. J'ai choisi ce morceau issu de leur quatrième album, Thunder And Consolation, parce que c'est un de mes préférés mais surtout parce qu'il est tellement à propos. Puissant, direct et à la fois beau et sinistre. Toute explication de texte s'avérerait superflue.

Ey@el

I Love The World

Au loin éclate le grondement du tonnerre,
L'après-midi de silence s'éveille.
Ils se pressent aux portes de Saint-Pierre
Comme s'ils connaissaient la danse.
Aveuglé par la colère, je roule à travers la lande,
Sur les routes de rase campagne, en pleine nuit,
Sous le frimas de la voûte étoilée,
Fonçant à toute allure dans une espèce de transe.

Ces villes donnent l'illusion
De l'emporter sur les lois de la Nature.
On a vu rouiller des carcasses de fer
Et des immeubles tomber en poussière.
Et à mesure que les eaux montent,
On dirait que l'on s'accroche
À tout ce qui est déraciné,
Les mensonges chrétiens, la technologie,
Tandis que des esprits hurlent en chantant :

Oh mon dieu, que j'aime le monde !
Que j'aime le monde !
Que j'aime le monde...

Je n'irai pas jusqu'à me prétendre intelligent
Mais j'en sais suffisamment pour comprendre
Que ces grandes avancées et ces mesures sans limite
Devront un jour cesser.
Vous vous aveuglez avec des mensonges rassurants
Comme si la foudre ne frappait jamais deux fois.
Et vous nous faites bien rire avec votre grand effarement
Devant l'Arche qui commence à sombrer.

Ce temple si bien conçu
Pour nous séparer de nous-mêmes
Est un pouvoir qui échappe à notre contrôle,
Une volonté sans visage
Qui nous observe de l'extérieur.
J'aimerais pouvoir m'en laver les mains,
Mais nous sommes tous coincés ici
Dans cette étreinte douce-amère.

Oh mon dieu, que j'aime le monde !
Que j'aime le monde !
Que j'aime le monde...

Et si un jour, le feu ultime éclatait à travers le ciel délavé,
Je sais, vous avez dit que vous préféreriez
Mourir et en finir au plus vite
Avec la bravoure de vos amis les plus téméraires
Qui attendent de l'autre côté que tout s'arrête,
Sans amertume mais avec une naïveté
Que je ne saisis pas très bien.

Je sais que, d'une certaine manière,
Je survivrai à cette fureur, histoire de rester en vie.
Alors terrassé par la maladie, affaibli par la douleur,
Je pourrai parcourir une dernière fois ces collines.
Meurtri, le sourire aux lèvres, dans une mort lente,
Alors qu'il ne restera plus personne, je hurlerai :

Je vous l'avais bien dit !
Je vous l'avais bien dit !
Je vous l'avais bien dit...

Oh mon dieu, que j'aime le monde !
Que j'aime le monde !
Que j'aime le monde...

Texte original de JUSTIN SULLIVAN traduit de l'anglais par EY@EL
© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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