Lettre au père Noël (3)

J'ai beau ne pas être une célébrité (ce qui me va très bien), il n'empêche que j'ai quand même le droit d'écrire et publier ma lettre au père Noël. Non mais ! Voici donc comme promis.


Cher Père Noël,

Franchement, je ne me souviens même plus à quand remonte la dernière fois où j'ai dû t'écrire — d'autant que techniquement j'émets quelques doutes quant à l'authenticité présumée de telles missives vu que je venais tout juste à peine d'apprendre à lire et à écrire lorsque j'ai cessé de croire en toi. Hé oui, « diabolique cette enfant est », ont très certainement dû se dire mes parents et la voisine du dessus (qui était comme une grand-mère pour moi) après avoir vu leur complot mis à jour et leur tentative d'enfumage réduite à néant par une intuition et une logique sans faille portant sur des détails qui n'auraient jamais dû être négligés. Amateurs, pff !

Aujourd'hui, vois-tu, je suis toujours aussi chiante et mauvais public (les menteurs ne sont plus ce qu'ils étaient) et j'ai encore plus à cœur d'exposer les manipulations et les complots. On ne se refait pas ! Le plus drôle c'est que, selon certains, qui ont dû croire en toi jusqu'à leurs dix ans au moins, je serais une théoricienne du complot. Complots, mon globe (oculaire) ! Théories ma lune ! À la pratique quand ils veulent ! Mais le problème c'est qu'ils ne veulent pas, justement. Ils ne veulent pas voir, regarder, entendre ni même écouter. Ils préfèrent croire en toi et blâmer les uns et les autres pour avoir sali ton nom ou s'être faits passer pour toi. C'est sûr que dans bien des cas (et dans le leur en l'occurrence), il est plus facile de se faire passer pour personne que pour quelqu'un.

Contrairement à beaucoup, donc, qui, même encore aujourd'hui, à l'âge adulte, se plaisent à te représenter comme une espèce d'incarnation du Bon Dieu, pour moi tu ressemblerais davantage à Ragadast le Brun mais sans les fientes d'oiseau. Je t'imagine fort bien débarquant en pleine nuit sur ton traineau tiré par des lièvres de Roscovele (une idée géniale à laquelle Tolkien aurait dû penser lui-même), pour venir en découdre avec ces sales mioches mal élevés, pourris-gâtés, qui refusent de grandir et qui, au lieu de cela, font du monde leur cour de récréation.

Et ton collègue, Gandalf le Gris (blanchi après un passage forcé chez le cornu de l'étage du dessous), il est passé où d'abord ? C'est qu'on aurait bien besoin de lui pour faire comprendre à cette bande de décalqués du bulbe qu'ils ne passeront pas. Allez ouste ! Brebis galeuses et béliers belliqueux, allez vous faire rôtir en méchoui à l'étage du dessous. Nous, on aimerais juste pouvoir continuer à brouter paisiblement autre chose que de l'herbe fluo brevetée par Monsatan.

Mais pardonne-moi, je m'égare là, Ragad... Père Noël. Tradition oblige, je suis censée te demander quelque chose. C'est que c'est embarrassant et tellement personnel, et ma lettre va être lue par des tas de personnes... Alors chut, je te le murmure à l'oreille... Ah non, zut, j'oubliais ces satanés mouchards ! Bon alors on fait comme d'hab, par voie télépathique via les hautes sphères.

Enfin il y aurait juste un truc que je n'aurais pas trop honte de te demander en public, ce serait, comme pour Thom (note que je ne te la joue pas sainte nitouche pour obtenir tes faveurs) une paire de lunettes pour voir de plus près — mais surtout pas les bleues hein ! Je les aimerais bien arc-en-ciel, si possible, et avec décodeur intégré. Je sais qu'on n'en trouve pas encore dans le commerce mais Gogol doit déjà bien y avoir pensé.

Hasta la vista, Ragad... heu, padre !

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