La minute papillon

Comme dans la chanson1, il est temps à nouveau de nous jeter à l'eau pour un énième plongeon dans la mare Eklabugs qui, pour fêter sa première année d'existence (déjà), nous laisse carte blanche (ou presque) quant au thème de cette session dont vous trouverez, comme toujours, la liste des participants à la fin de ce billet. Mutine étant l'anagramme de minute, en deux temps trois mouvements, mon choix était fait. Maintenant lui seul nous dira si j'ai eu raison. Mais qui ça « il » ? Ben, le temps, pardi !

L'ennemi temps

C'est vrai qu'il a tendance à filer si vite — les Anglais disent même qu'il vole2 — qu'on ne le voit jamais passer. Sauf en cas de contretemps où l'on passe un mauvais quart d'heure. Ou bien quand on s'emm*** à égrener les secondes, à compter les minutes, les heures, au point de virer psychopathe et de chercher à le tuer par tous les moyens quand bien même il s'agit déjà d'un temps mort dans notre perpétuelle course effrénée contre la montre. D'ailleurs ne parle-t-on pas, outre-Manche, de battre la pendule3 ?

Tuons les pendules, ces sales voleuses de temps
Qui hantent chaque cheminée, chaque poignet et chaque mur,
Nous hurlant sans cesse que notre temps est écoulé
Dans leur guerre déclarée contre nous tous.4

Tic-Tac le crocodile

Dieu cruel et impitoyable, régissant nos existences de notre premier à notre dernier souffle, le temps nous apparait tant compté (temps conté ?) qu'il nous presse sans cesse d'essayer de le rattraper alors qu'il est tout le temps derrière nous. Et celui qu'il nous reste. Ou nous tarde.

Ne t'attarde pas, le temps, c'est de l'argent.

Avez-vous un instant ? Désolé, je n'ai pas de temps à perdre. Je n'ai jamais une minute à moi. Essayons de gagner du temps. Je n'ai plus le temps. Mon temps est révolu. Game over.

Tuons les pendules, elles me font penser à des gens
Que j'ai croisés un jour et qui m'ont écartés de leur chemin,
Pressés d'attraper leur train, leur avion ou leur bus,
Sans jamais voir leur véritable ennemi.4

Remettre les pendules à l'heure

Au final, nous gaspillons un temps fou à essayer d'en gagner, parfois en sacrifiant celui que nous avons de libre dans l'espoir insensé d'une plus-value.

Mi-temps, temps alterné, temps partiel, plein temps : entre-temps, nous n'avons plus le temps de prendre du bon temps. Et au fil du temps, nous regrettons celui perdu à avoir trop voulu thésauriser une illusion — une fabrication de l'esprit.

Tuons les pendules avant qu'elles ne te dévoient
À n'exister, comme elles, que dans les ombres du passé,
Comptant les jours à mesure qu'ils passent,
Coincées dans un monde dans lequel rien ne dure jamais.4

L'instant vérité

Il est grand temps à présent de vivre notre présent. De figer le temps en cessant de nous téléporter hors de nous-mêmes dans ce qui fut, sera, pourrait avoir été ou pourrait être sans jamais prendre le temps de savourer ce qui est et ce qui peut.

Juste à temps pour renaître des cendres de notre passé à venir ou de notre futur passé. Si tout cela n'a aucun sens, c'est justement parce que le temps n'en a pas non plus. Car là où la raison s'achève, la conscience s'éveille enfin.

Tuons les pendules et vivons dans l'instant,
Sans rouage ni engrenage pour nous voler notre présent.
Quand tu ris avec moi, le temps s'arrête.
Et sur le moment, je suis parfait en quelque sorte.4

Notes et références

  1. ^ "Temps à nouveau", Jean-Louis Aubert (1993)
  2. ^ Time flies (expression anglaise).
  3. ^ To beat the clock (expression anglaise).
  4. ^ Poème extrait du roman Feverborn © Karen Marie Moning, 2016. Actuellement non disponible en français et traduit ici de l'anglais pour l'occasion par mes soins.

Projet EklaBugs #12

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Image couverture : Xetobyte

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