Le mythe des genres s'effondre avec une étude démontrant qu'il n'existe aucun cerveau masculin ou féminin

Si l'on en croit un article intitulé "Les différences cérébrales entre les deux sexes" du Dr Gregory L. Jantz pour la revue Psychology Today, les disparités de genre vont bien au-delà de l'apparence physique et des traits de caractère généraux, avec surtout des distinctions importantes entre les cerveaux masculin et féminin.

De nombreuses recherches viennent étayer ce point de vue. Les scientifiques savent, par exemple, que les hormones sexuelles commencent à exercer leur influence au cours du développement fœtal, et une étude récente menée par des chercheurs israéliens, portant sur l'observation de cerveaux masculins et féminins, a trouvé des différences nettes dans un fœtus en formation dès la 26ème semaine de grossesse. À l'aide d'un échographe, ils ont pu déterminer que le corps calleux — la commissure de tissu nerveux reliant les hémisphères gauche et droit du cerveau — était plus épais chez les fœtus féminins. Des échographies de cerveaux adultes ont également montré que cette zone pouvait demeurer plus importante chez les femmes.

Beaucoup d'autres études s'intéressent également à cette division. Toutefois, selon l'une d'elles, datant de l'an dernier et qui fut la toute première à effectuer une  recherche des différences sexuelles dans l'ensemble du cerveau humain, la plupart des gens présenteraient en fait un mélange de traits masculins et féminins, suggérant ainsi que les classifications par sexe dans diverses situations seraient foncièrement dénuées de sens. Psychologue de l'université libre de Milton Keynes au Royaume-Uni, Meg John Barker explique que cette étude « apporte un étayement biologique à ce que nous savions depuis quelque temps — que la sexuation n'est pas quelque chose de binaire ».

Des chercheurs ont examinés les images IRM de 1400 personnes différentes agées de 13 à 85 ans en quête de différences de taille des diverses zones cérébrales et de points communs entre elles. Des disparités ont été identifiées dans 29 de ces zones y compris dans l'hippocampe, mais en observant chaque cliché individuel, ils ont découvert que peu de gens — entre 0 et 8% — avaient des cerveaux purement masculins ou féminins. Daphna Joel, une psychologue de l'université de Tel Aviv ayant participé à l'étude, affirme que « la plupart des gens se situent entre les deux ». (source)

Cette étude ajoute une nuance à notre compréhension des sexes en fournissant la preuve que bien qu'il existe, en moyenne, des différences structurelles d'ordre cérébral, ces dernières se révèlent beaucoup moins importantes à l'examen individuel des cerveaux, la plupart des personnes présentant des caractéristiques typiques appartenant à la fois aux cerveaux masculin et féminin.

Ces résultats ont été publiés dans les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences avec pour 1400 scintigraphies cérébrales, 53% ou plus affichant un mélange de traits à la fois masculins et féminins. Et comme nous l'avons vu, seule une proportion comprise entre 0 et 8% se sont avérés clairement relever de l'un ou de l'autre genre.

Il s'agit là d'une étude très importante qui contredit nos idées reçues en matière de genres comme étant totalement binaires et au vu du nombre d'arguments contraires, il ne fait aucun doute qu'elle va surprendre bien des chercheurs.

En réaction à ces résultats, Bruce McEwen de l'université Rockefeller de New York, observe, dans la revue New Scientist, que nous  « commençons à réaliser la complexité de ce que nous avons toujours conçu comme étant "masculin" et "féminin" et cette étude constitue un premier pas dans cette direction. Je pense que cela fera changer les gens d'avis ».

Une neuroscientifique de l'école de médecine de Chicago dans l'Illinois, Lisa Eliot déclare à propos de cette étude que « personne auparavant n'avait eu le moyen de quantifier cela. Tout ce qu'ils ont fait est entièrement nouveau ».

Le mythe des genres et ses attentes culturelles

On sépare tout le temps les filles et les garçons, les hommes et les femmes. On a tort, pas juste d'un point de vue politique mais également scientifique — tout le monde est différent.

~ Daphna Joel, psychologue de l'université de Tel Aviv

Nous devons commencer à réfléchir plus attentivement au poids que nous accordons au sexe comme caractéristique déterminante des êtres humains et cesser d'y référer dans des cas où cette distinction n'a pas lieu d'être.

~ Meg John Barker, psychologue de l'univerités libre de Milton Keynes, Royaume Uni

Nous avons beau avoir beaucoup évolué en matière d'égalité des sexes, le mythe des genres continue d'affecter tous les aspects de notre société actuelle. L’obsession masculine envers le sexe est tellement ancrée dans la culture populaire que non seulement elle porte atteinte à la sensibilité et à l'intelligence des hommes qu'elle diminue, mais nie également la sexualité des femmes souvent dépeintes comme présentant une aversion pour le sexe et la masturbation.

Les stéréotypes de la femme commère et de l'homme meilleur en maths ne sont que deux exemples supplémentaires parmi tant d'autres. Ajoutez à cela des attentes culturelles quant à la manière dont chaque sexe est censé s'habiller et se comporter couplées à un ciblage marketing et publicitaire et le problème devient encore plus complexe. Les stéréotypes sexuels ont la dent dure et cela fait des années que les scientifiques s'intéressent à nos différences (bien réelles) plutôt qu'à nos similitudes. Pourquoi sommes-nous tant obsédés par ce qui nous différentie et pourquoi envisageons-nous cela comme une barrière plutôt qu'un trait d'union entre nous ?

Si l'on confiait à un neuroscientifique le cerveau de quelqu'un sans corps ni aucun renseignement complémentaire, il serait quand même probablement en mesure de deviner s'il avait appartenu à un homme ou une femme. Le cerveau des hommes, par exemple, est plus gros et susceptible de présenter globalement un plus grand nombre de traits masculins. Mais ces nouvelles découvertes suggèrent qu'il est impossible de prédire la combinaison de caractéristiques cérébrales dont une personne pourrait être dotée en se basant uniquement sur son sexe.

~ Jessica Hamzelou, rédactrice du New Scientist et auteur des "Écographies prouvent qu'il n'existe aucun cerveau masculin ou féminin" (source)

Cette étude fournit également des preuves supplémentaires incontestables quant au fait que les hommes et les femmes sont bien plus semblables que nous le pensions. L'équipe de chercheurs a analysé des ensembles de données multiples évaluant des comportements considérés comme hautement stéréotypés en matière de sexe tels que s'adonner au scrapbooking, prendre un bain ou jouer à des jeux vidéo et ils ont découvert que cela variait autant d'un individu à l'autre avec juste 0,1% de sujets présentant des comportements typiquement masculins ou typiquement féminins.

D'après Daphna Joel, « parler de nature masculine et de nature féminine ne rime à rien. Il n'existe pas un seul individu qui réunisse toutes les caractéristiques masculines ni une autre présentant toutes les caractéristiques féminines. Et si c'était le cas, ils constitueraient de très rares exceptions. » (source)

Intéressant, n'est-ce pas ? Qui aurait pu penser que nos cerveaux, bien qu'ils présentent effectivement des disparités selon les sexes, puissent en fait réunir un mélange de traits à la fois masculins et féminins.

Texte original de ARJUN WALIA traduit de l'anglais par EY@EL
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