Et la musique fut

Cette vingt-huitième session du projet Eklabugs est comme qui dirait un peu celle de la dernière chance. En effet, après le fiasco du mois dernier qui n'avait enregistré que deux participations (dont la mienne), le départ d'un membre de l'équipe et le silence radio de l'autre, je me retrouvai seule, une citrouille dans la main, avec ce dilemme autant shakespearien que cornélien : continuer ou ne pas continuer ? À cette question, mon cœur répondit « oui » sans hésitation tandis que mon mental égotique avec son réalisme fataliste et sa logique infaillible à deux balles tentait encore de m'en dissuader comme il l'a toujours fait. Jusqu'à présent. Car cette fois, j'ai dit « non ». Non au défaitisme. Non à l'apathie. Non au cynisme. Détruis mes illusions tant que tu voudras, j'y verrai plus clair mais ne touche pas à mes rêves ! Alors si personne ne suit, tant pis. Tant que je prendrai du plaisir à cet exercice stimulant, je m'y investirai. Et si en chemin, j’entraîne avec moi quelques âmes perdues dans cette farandole joyeuse et bien tant mieux.

Ce qui tombe bien justement, car le thème voté ce mois-ci est la musique. Un sujet tellement vaste que je ne sais vraiment pas par quel bout le prendre. Que dire que je ne vous ai déjà dit ou que vous ne sachiez déjà ? Qu'avec Neptune culminant dans mon thème de naissance, la musique n'a cessé de m'inspirer et de jouer un grand rôle dans ma vie même si je ne suis pas musicienne. Comme le dit si bien Fabrice Luchini, « les mots sont des notes de musique ». Et s'il est vrai également que « la musique fait danser les consciences » (Enzo Cormann) ou « double la vie » (Sully Prudhomme), « de musique à magique, il n'y a que deux lettres » (Ed O'Brien de Radiohead).

La Grande Musique

J'ai entendu la grande musique
Et je ne serai plus jamais le même :
Quelque chose de très pur
M'a appelé par mon nom.

"The Big Music", The Waterboys (1983)

Contrairement à la science du Big Bazar Bang, toutes les religions et même la physique quantique s'accordent à dire que l'univers ne serait qu'Un et « unilatéralement désigné comme Lumière blanche parfaite mais également comme "son semence" ou Aum ».

Pour les hindouistes, AUM ou OM (à ne pas confondre avec l'Olympique Marseille), syllabe sanskrite aussi connue comme « mantra primordial »,  représente le son originel primal à partir duquel l'Univers se serait structuré. On raconte donc que pour pallier à la stagnation éternelle, « l'Un décida d'engendrer la vie à partir de lui-même et que pour ce faire, il se fit vibrer en "octave" ».

Jai Guru Deva Om (Toute gloire au maître divin )
Rien ne va changer mon Univers

"Across the Universe", The Beatles (1968)

Un thème repris en littérature notamment par Tolkien dans le Silmarillion, œuvre posthume réalisée à partir de la compilation de ses nombreuses notes et appendices sur lesquels reposent toute la trame et l'univers du Hobbit et du Seigneur des Anneaux. Dans le tout premier chapitre intitulé "Ainulindalë" y est décrite la création d'Eä, l'univers, par la volonté d'Eru/Ilúvatar.

Il y eut Eru, le Premier, qu’en Arda on appelle Ilúvatar ; il créa d’abord les Ainur, les Bénis, qu’il engendra de sa pensée, et ceux-là furent avec lui avant que nulle chose ne fût créée. Et il leur parla, leur proposa des thèmes musicaux, ils chantèrent devant lui et il en fut heureux. Un long temps s’écoula où ils chantèrent chacun seul, ou à quelques-uns, pendant que les autres écoutaient, car chacun ne comprenait que cette part de l’esprit d’Ilúvatar d’où lui-même était issu, et le sentiment de leur ressemblance mit longtemps à venir. Pourtant une meilleure compréhension leur vint à mesure qu’ils écoutaient et les fit croître en accord et en harmonie.

L'harmonie est brisée lorsque Melkor (équivalent de Lucifer dans la tradition chrétienne ou du Démiurge des anciens gnostiques grecs), l'un des plus puissants Ainur, introduit dans la musique des éléments ne venant pas d'Eru.

Souvent, seul, il s’était aventuré dans les espaces du vide pour chercher la Flamme Éternelle, car il avait en lui un furieux désir d’amener à l’Être des œuvres de sa propre volonté, et il lui semblait qu’Ilúvatar n’avait aucune pensée pour le Vide, alors que lui-même ne pouvait souffrir qu’il restât vide. Mais il ne trouva pas le Feu, partage d’Ilúvatar. Et la solitude lui fit concevoir des pensées à part, différentes de celles de ses frères. Il les fit venir dans sa musique, et une discordance aussitôt s’éleva tout autour.

Courroucé, Eru/Ilúvatar interrompt la musique en expliquant à son Ainur rebelle que ce qu'il joue vient de lui et que « nul ne peut changer la musique malgré moi ».

Il présente ensuite aux Ainur une vision de leur musique, un Monde entouré par le Vide, dont l'histoire se déroule sous leurs yeux. Certains Ainur se prennent d'amour pour cette création et pour les Enfants d'Ilúvatar, les Elfes et les Hommes ; et lorsque Eru leur retire la vision, ils sont pris de désarroi. C'est alors que le monde est véritablement créé, à travers un simple mot d'Eru : « Eä ! Que ces choses soient ! » À rapprocher, bien sûr, de la Bible où les premières paroles prononcées par Dieu après la création du monde seraient : class="citation">« Que la lumière soit, et la lumière fut ».

La couleur des notes

Il était une fois une note
Pure et simple,
S'écoulant si librement
Comme l'ondulement d'une respiration.
 
Cette note est éternelle,
Je l'entends, elle me voit,
À jamais nous fusionnons
Et à jamais nous mourons.
 
J'ai écouté et j'ai entendu
La musique contenue dans un mot
Et des mots quand tu jouais de la guitare.
Le bruit que je percevais
Était celui des acclamations d'un million de personnes
Et un enfant sur une étoile filant au-dessus de moi.

"Pure And Easy", The Who (1971)

Dans sa série de livres Convergence, David Wilcock nous explique comment la lumière blanche se serait divisée en sept couleurs correspondant au spectre visible, à savoir le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo et le violet — et le bruit blanc (son semence ou Aum) en autant de notes pures : do, ré, mi, fa, sol, la, si.

Les Grecs de l'Antiquité (Aristote, Pythagore) seraient les premiers a avoir remarqué l'existence d'une analogie entre les deux gammes (chromatique et diatonique) que, beaucoup plus tard, Newton s'efforça de mettre en correspondance à l'aide d'un prisme et de cordes vibrantes. Son contemporain Voltaire écrivit à ce propos que : « Cette analogie secrète entre la lumière et le son donne lieu de soupçonner que toutes les choses de la nature ont des rapports cachés que peut-être on découvrira quelque jour ».

C'est finalement à l'aube du XXIe siècle qu'un autre scientifique du nom de Dale Pond aurait démontré la réalité de cette équivalence par la multiplication successive de fréquences de sons purs dont il obtint des fréquences de couleurs visibles.

Rappelons que cette concordance était déjà reconnue, de manière plus empirique, en Inde à travers le système des chakras du corps et qu'aujourd'hui, la « vraie science » (à savoir celle qui avance et non celle qui s'est emparée du sceptre et du trône de la religion despote pour nous bourrer le mou et nous contrôler à sa place) a découvert et infirmé le potentiel thérapeutique des sons et des couleurs.

Musique quantique

« Il nous faut garder à l'esprit que cette lumière blanche parfaite et ce son pur sont juste deux manières différentes de décrire les mêmes vibrations de l' « énergie intelligente » liquide de l'Un. Qu'il n'existe aucune véritable différence entre les deux car ce sont toutes deux des fonctions de la vibration » explique David Wilcock. « Le son est produit par la vibration de molécules d'air et la lumière n'est, en fin de compte, que celui de la vibration de l'éther liquide ».

Même si la plupart des scientifiques s'accordent sur le fait que la lumière se comporte comme une onde, « ils essaient également de faire valoir qu'il n'existe aucun support pouvant permettre à cette dernière de se mouvoir — qu'elle n'est qu'une simple entité corpusculaire connue sous le nom de "photon" qui se déplace au travers du vide ou "vacuum" ». Une notion que Wilcock considère comme absurde car selon lui « tous les exemples d'ondes naturelles disposent de quelque chose au travers de quoi elles "ondulent". La définition élémentaire d'une onde est celle d'"une impulsion se déplaçant au travers d'un support" et en réalité, il en va de même pour la lumière ».

« En résumé, les vibrations sonores ne se produisent pas uniquement dans l'air mais vibrent essentiellement dans tout. Capter un son est pour nous un moyen simple de percevoir et éprouver des vibrations. »

Les effets directs du son sur la matière que cela implique ont d'ailleurs été largement démontrés par la cymatique et les fameuses expériences sur des molécules d'eau ou des particules de sable qui selon les notes de musique auxquelles on les soumet, adoptent instantanément des formes d'une géométrie parfaite.

« La géométrie est une caractéristique très fondamentale de la vibration » ou, comme le disait Pythagore, « la géométrie est une musique figée ». 

Ainsi, conclut Wilcock dans The Shift of The Ages (le changement d'ères) « comme les Hindous ont émis le concept du AUM en tant que son primal qui aurait engendré la Création, nous pouvons voir que le son construit l'Univers et que la musique est pour nous un moyen physique. L'exclure de nos vies serait nous refuser la connaissance intérieure et la jouissance même de notre propre existence. Après tout, nous sommes nous-mêmes constitués d'ondes musicales vivantes en oscillation ».

D'où l'impact phénoménal qu'a atteint la musique dans nos sociétés modernes. Elle est partout : dans la publicité, les magasins, les transports, avant et après chaque programme de télévision, dans les films, les jeux... sans oublier nos sonneries de téléphone. À ceci près que toutes les musiques sont loin d'être bonnes pour nous et incorporent souvent des messages subliminaux pour influencer nos comportements mais là est un autre débat et cet article est suffisamment long comme ça. Alors si vous ne ronflez pas déjà (son dysharmonique empêchant les autres de dormir), félicitations !

Quand la musique est bonne,
Quand la musique donne,
Quand la musique sonne, sonne, sonne...
Quand elle ne triche pas,
Quand elle guide mes pas...

"Quand la musique est bonne", Jean-Jacques Goldman (1982)

Allez, encore une petite berceuse et puis au dodo ! N'oubliez pas quand même d'aller lire les articles des autres participants, très nombreux cette fois (ouf et merci à tous !) dont vous trouverez la liste ci-dessous.

Sources

Projet EklaBugs #28

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