L'esprit de Noel pour les nuls

Pour cette vingt-neuvième et dernière session Eklabugs de l'année, il m'a été demandé de disséquer un cerveau : beurk ! Imaginez, à peine remise d'une gastro et du premier réveillon (courage, il en reste encore un), aller fouiner dans la caboche du père Noel pour tenter d'en capturer l'esprit et vous le resservir ici, sur un plateau, juste avant la Saint Sylvestre, ce n'est pas vraiment comme ça que j'envisageais les festivités. Mais bon quand il faut, il faut. Et puis, ça vous fera les pieds à tous ceux qui viennent lire mais ne laissent jamais de com.

ATTENTION : Cet article comporte du langage cru qui n'a pas été censuré afin d'extraire au maximum tout le suc (vénéneux) de l'esprit de Noel dont je vous conte ma quête ci-dessous.

Esprit es-tu là ?

Le soir de Noël, je pris donc mon courage à deux mains, où plutôt je cherchai quelques gogos — non pas danseurs mais âmes crédules (ou bien allumées) avec qui poser mes mimines autour d'une table pour voir si on arriverait à la faire tourner. Et incroyable : ça a marché ! Ceci dit, il n'y a pas eu que la table qui a tourné...

J'ai commencé par poser la question :

« Esprit, m'entends-tu ? Si oui, tape une fois. Si non, tape deux fois. »

Nous attendîmes un long moment sans qu'il ne se passe rien. Alors que j'allai répéter ma question, l'ampoule du plafonnier se prit soudain à vaciller au dessus de nos têtes ; le sèche-cheveu que je n'utilise plus depuis des lustres se mit en marche et la baignoire commença à se remplir toute seule. Puis le phénomène cessa. Et reprit. Et ainsi de suite. Et ça s'en va et ça revient... Je vous avouerais que nous n'en menions pas large.

« Esprit, es-tu parmi nous ? Peux-tu taper une fois pour oui, deux fois pour non ? »

Rien. Une idée me traversa l'esprit : et si celui de Noël n'était pas frappeur mais complètement frappé ? Oui-ja, dans quels beaux suaires nous nous étions fourrés ! Bien décidée à en avoir le cœur net, je réitérai ma question :

« Esprit, pourquoi ne tapes-tu pas ? »

Silence radio. Puis d'un coup, celle de Ed s'alluma et nous entendîmes :

« Ah, si j'avais un marteau, je cognerais le jour, je cognerais la nuit... »

Pas possible : le fameux esprit de Noël dont tout le monde nous rabâche les oreilles chaque fin d'année serait donc celui de Claude François ? Dégoûtée, je fus. Ed encore plus car il ne parvenait plus à éteindre sa radio qui s'était mise à brailler du Cloclo non stop.

« Esprit, tu nous tapes sur les nerfs !!! »

Finalement, Eddie dut recourir à sa célèbre chanson d'Halloween qui fait peur pour faire fuir le poltergeist récalcitrant.

Ouf ! Il était moins une. Pile à l'heure pour la messe.

L'enfant du vin et la quête du Graas

Et dire qu'au départ, je m'imaginais naïvement écrire un banal article sur le petit Jésus et le Saint Doux (foie gras, dinde farcie au cholestérol XXL, bûche 100% pur triglycérides, enfin vous voyez le genre) dans les auberges de Bethléem où naquit le divin enfant. Sauf que tout le monde sait que le Christ poussa son premier cri non pas dans un lit bien propre avec des draps blancs mais dans une grotte parce que tous les établissements du coin affichaient complet. Joseph eut beau implorer les aubergistes que sa femme était enceinte, tous lui refusèrent le gîte en prétextant que ce n'était pas leur faute. Et Joseph excédé, de rétorquer que ce n'était pas la sienne non plus. Ce qui, en l'occurrence, était parfaitement vrai.

« Dis-moi que ce n'est pas vrai, Joe » lui dit Marie.

« Oh Marie, si tu savais... » lui répondit-il.

Détrompez-vous, les bergers de l'époque, premières victimes de l'esprit de Noël et qui selon Luc (de l'Évangile) s'en seraient retournés « glorifiant et louant Dieu pour toutes les choses qu’ils avaient vues et entendues », n'étaient pas tels qu'on nous les présente dans les crèches. C'étaient des rustres, grossiers, vulgaires et un peu barbares, à l'image des Romains lors des Saturnales dont Noël n'est que la resucée biblico-commerciale.

Imaginez une pièce pleine de buveurs de bière, faisant toutes sortes de bruits typiquement masculins dégoûtants, et regardant un match de foot. Ils encouragent leur équipe favorite avec grand plaisir et excitation. Il y a des tas de mots et d’expressions pas vraiment polies qui sont lancées ; cela se rapproche plus d’une description juste des bergers du premier siècle. (source)

On dit aussi que lorsque la Bible évoque la glorification et tout le tralala, ça « ressemblait plus aux dernières secondes des prolongations à l’issue d’un match nul, quand l’équipe locale gagne et que les cris de joie commencent ».

Le Père Noel est une ordure

Vous avez dit supporters de foot ? Hooligans ? Voyous ? Bad boys qui crachent partout et sur tout le monde ? Mais oui, c'est bien sûr : l'esprit de Noel... Gallagher !

Oasis, c'est con, c'est con...
~ Carlos

Nous ne parlerons pas de Liam, son frère cadet qu'il adore « mais pas autant que les nouilles chinoises » et qui est « grossier, arrogant, intimidant et paresseux [...] un peu comme un mec avec une fourchette dans un monde où il n'y aurait que de la soupe » — mais c'est kif-kif bourricot. Abel et Caïn sauf que (pas faute d'avoir essayé), aucun n'a encore réussi à tuer l'autre.

Alors Noel l'avoue sans honte, il a une grande gueule :

Devine qui va prendre pour sa grande gueule ?
Dans ma grande gueule,
On pourrait y faire voler un avion.

"My Big Mouth", Oasis (1997)

Après tout, cracher sur tout le monde a toujours été son fond de commerce et il ne se prive pas de le faire savoir : « C'est mon hobby ! [...] Je pourrais le faire toute la journée, c'est un truc de malade. [...] Je suis devenu ce genre d'enfoiré, le dernier représentant d'une génération mourante. »

Chic alors !

En attendant, parmi les vivants, tout le monde en prend donc pour son grade. Surtout Thom Yorke qui selon le père Noel, s'il « chiait dans une ampoule et soufflait dedans comme dans une bouteille de bière vide, cela vaudrait sûrement un 9/10 pour le Mojo ». Ce qui ne l'empêche pas d'aller voir Radiohead en concert (bah oui, on n'est plus à un paradoxe près). Qui aime bien châtie bien comme on dit.

Pareil pour son idole : « Paul Mc Cartney, l'un des meilleurs auteurs-compositeurs de tous les temps, n'a fait que de la merde ces 25 dernières années. [...] Je pense qu'il est en train de devenir sénile, hein ? »

Ou Wayne Rooney le meilleur buteur du Manchester United : « Il ressemble à un putain de ballon avec un putain de Weetabix écrabouillé sur le crâne. Il ferait mieux de virer skinhead, non ? »

Et parfois, il n'a pas tout à fait tort comme, par exemple, à propos de Nigel Farage (leader du UKIP, le parti pro-Brexit) : « Il n'a pas l'air de quelqu'un mentalement capable de gérer une échoppe de quartier alors encore moins un putain de pays ».

Même si, dans sa suprême arrogance, il ne voit pas forcément qu'il parle aussi (et surtout) de lui-même : « Je vois des politiciens tous les soirs à la télé nous dire que c'est une putain de décision historique qui pourrait changer cette putain de Grande-Bretagne pour toujours et bla bla bla. C'est bon, pourquoi ne pas faire ce pour quoi on vous paye, à savoir diriger ce putain de pays et vous décider une putain de fois pour toutes... Vous demandez quoi aux gens ? 99% sont aussi cons que des bites ».

Il a la classe et le sens de la poésie, le père Noel, pas vrai ? Et ça vole tellement haut qu'il a baptisé son nouveau groupe High Flying Birds (les oiseaux qui volent haut) tandis que celui de son cadet, Beady Eye (l'œil en vrille), ressemble fort à un hommage inavoué à Thom Yorke.

Sans rancune et surtout :

Ne mettez pas votre vie entre les mains
D'un groupe de rock qui la foutra en l'air.

"Don't Look Back In Anger", Oasis (1995)

Alors vous l'aimez toujours autant le père Noël ? Quelle que soit votre opinion, attendez tout de même d'avoir lu les articles des autres participants (dont vous trouverez la liste ci-dessous) avant de vous décider.

Projet EklaBugs #29

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