Pas entièrement satisfaite de la recette de clafoutis vegan sans gluten que je vous avais proposée, il y a six ans, en voici une nouvelle, bien plus légère et fondante. Parfaite pour accompagner des fruits un peu acides mais juteux comme les mirabelles sauvages que j'ai eu la chance de découvrir lors d'une promenade avant qu'elles n'aient eu le temps de pourrir au sol.
Ingrédients
Pour 4 personnes :
- 500 g mirabelles dénoyautées
- 350 ml lait d'amandes - 1 cuil. à soupe sirop d'agave - 1 cuil. à café vanille en poudre - 1 goutte huile essentielle amande amère (facultatif) - 50 g farine de riz - 3 cuil. à soupe graines de lin moulues - 1 cuil. à soupe poudre d'amande
Réalisation
Graisser un plat à four (ou un moule) et tapisser le fond des mirabelles coupées en deux.
Diluer le sirop d'agave dans le lait avec la vanille et l'essence d'amande amère.
Mélanger les ingrédients secs : farine, graines de lin et poudre d'amande puis verser le mélange liquide en fouettant bien pour obtenir une pâte liquide mais homogène.
Verser sur les prunes et cuire 40 minutes à 200°C.
NOTE : Vous pouvez utiliser de l'extrait de vanille ou même une gousse de vanille. Dans ce cas, faites bouillir le lait avec et ajouter le sirop d'agave et l'essence d'amande hors feu. Et bien sûr, vous pouvez utiliser n'importe quelle variété de prunes mais pas que : cerises, groseilles, pêches, abricots, etc. La plupart des fruits devraient s'accorder avec l'arôme subtil des amandes.
Les feux d’artifice ont ce pouvoir de suspendre le temps, de nous raccrocher à
une émotion d’enfance, d’émerveillement. Hier encore, je trouvais quelque
chose de magique dans ces éclats colorés qui lacèrent le ciel.
Mais cette année, quelque chose s’est déplacé. En moi. Autour de moi.
Le bruit et la fumée intense ont résonné comme une agression ciblée. J'ai dû
rentrer pour ne pas suffoquer. Et même en observant depuis ma fenêtre, j'avais
hâte que tout ça se termine.
Là où j'imaginais la foule, masquée par les arbres, s'extasier devant ce
spectacle pyrotechnique, je ne voyais plus qu'un leurre. Un artifice comme son
nom l'indique.
N'oublions pas que ces fusées sont composées de vulgaire poudre à canon
améliorée — la même qui sert à tuer des gens en masse et importée de Chine en
Europe par Marco Polo. Elles sont donc assimilables à des explosifs et non
sans danger.
Je ne parle pas uniquement des risques accidentels bien réels de projection de
débris et d'incendie mais, aussi et surtout, des fumées nocives inhalées par
les spectateurs et dont les retombées nuisent gravement aux écosystèmes.
Mais on s'en fout, ce sont les voitures, le tabac et le pet des vaches qui
détruisent la planète. Pas les nitrate, chlorate, perchlorate, soufre et
autres métaux lourds carcinogènes comme le titane, le baryum et le strontium
dont on a retrouvé des traces dans les cours d'eau avoisinants après les feux
d'artifice du 14 juillet.
Sans compter qu'avec ces bombes de divertissement, ce sont des dizaines de
milliers d'euros (voire des centaines dans les grandes villes) qui partent en
fumées toxiques.
Mais chut… Les feux d’artifice, c’est la fête. Et ceux qui s’interrogent
passeront encore pour des rabat-joie. Alors passons !
Et si ces rites de célébration réitérés chaque année avaient une finalité tout
autre ?
Et si l'énergie de tous nos OH, nos AH et nos WAOUH était en fait captée,
redirigée, utilisée ?
Il y a d’ailleurs un nom pour ça : le loosh.
Que dire de cette sensation puissante d'être instrumentalisé par quelque chose
que notre mental a du mal à concevoir ?
Et si ce que nous qualifions de joie n'était, en fait, qu'une hypnose
collective sophistiquée ?
N'avez-vous jamais été confrontés à ces éclats de réel qui vous font vous
demander : « Est-ce que ce que je ressens vient de moi… ou de ce qu’on attend
que je ressente ? »
Si un jour, cette lucidité vous traverse, vous comprendrez alors pourquoi
cette année, je n’ai pas applaudi. Et ne le referai plus jamais.
J'avais un ami, c'était un grand joueur de
baseball. Quand on était au lycée, Il pouvait te lancer une de ces balles rapides À te
faire passer pour un con.
Empreinte carbone oblige, je reste au pays de l'oncle Charley (feu mon
grand-oncle), mon colt et mon chapeau de cowgirl troqués contre une batte et
une casquette de baseball et hop, me voilà sur le marbre, fin prête à tenter un home run. Un sacré défi, je vous l'accorde, mais c'est
justement ce que suggère le 7 de carreau, ce mois-ci — qui n'est d'ailleurs
pas sans rappeler le terrain en losange et les sept défenseurs (en sus du
lanceur et du receveur) de l'équipe adverse. Une carte qui encourage surtout à
prendre du recul et regarder au-delà des apparences. Parfois, ce qui semble
être un problème est, en réalité, une chance déguisée. Et si c’était
l’occasion de faire un saut quantique ?
Les As de base
Présent dans le paysage américain depuis près de deux siècles, le baseball est
plus qu'un simple sport : c'est une institution profondément ancrée dans la
culture et l'histoire du pays. C'est même le passe-temps favori des
Américains, une tradition transmise de génération en génération. Bien que,
depuis les années 60, le football (américain) ait largement pris l'ascendant
pour le titre symbolique de sport national.
Pour ma part, je vous avouerais que mon expérience se limite à la lecture de
La Petite Fille qui aimait Tom Gordon
de Stephen King, où une gamine égarée dans les bois survit à toutes les
terreurs qui l'envahissent en écoutant des retransmissions de matchs de
baseball sur son walkman (ancêtre du MP3). Ou bien à cette scène culte du film
Twilight, sur fond de "Supermassive Blackhole" de Muse, dans laquelle les vampires se
livrent à une partie de baseball en plein orage.
Un deuxième coup de tonnerre ébranla le ciel. Esmé s’arrêta. Visiblement,
nous étions parvenues au bout de leur terrain de jeu. Les autres
paraissaient avoir formé leurs équipes. Edward était positionné très loin,
sur le champ gauche, Carlisle se trouvait entre la première et la deuxième
base, et Alice s’était approprié la balle, à un endroit qui devait tenir
lieu de monticule du lanceur. Emmett brandissait une batte en aluminium qui
sifflait presque imperceptiblement dans l’air. J’attendais qu’il eût rejoint
le marbre quand je réalisai qu’il y était déjà, bien plus loin du lanceur
que les règles traditionnelles ne le stipulent. Jasper se tenait à plusieurs
mètres derrière lui, jouant le receveur pour l’équipe adverse. Bien sûr, nul
n’avait de gants. — Très bien, lança Esmé d’une voix claire que même
Edward devait percevoir. En jeu ! Alice se redressa, immobile. Tenant
la balle à deux mains, à hauteur de sa taille, elle semblait préférer la
ruse au rentre-dedans intimidant. Soudain, tel un cobra qui frappe, son bras
droit jaillit, et la balle alla frapper la main de Jasper. — C’est un
strike, ça ? chuchotai-je à Esmé. — Quand le batteur n’arrive pas à
frapper, oui.
Fascination, Stephenie Meyer (2005)
Du coup, je suis allée creuser un peu pour tenter d'en comprendre les
rudiments, nettement plus compliqués que ceux de ce que les Américains
appellent soccer (football chez nous). Si déjà vous êtes perdus
avec les règles du foot, attendez de voir celles du baseball !
Le jeu des quatre coins
Deux équipes de neuf joueurs s’affrontent. L’une attaque (elle envoie un de
ses joueurs frapper), l’autre défend (elle lance la balle et tente d’éliminer
les batteurs).
Le lanceur (défenseur) envoie une balle. Le batteur (attaquant) essaie de
l'intercepter en la frappant avec une batte.
S’il réussit, il court vers la première base, puis les suivantes, espérant
revenir à son point de départ — appelé le marbre — pour marquer un point.
Pendant ce temps, l’équipe en défense tente de récupérer la balle et de le
faire éliminer en la lançant à une base avant lui ou en le touchant avec.
Les batteurs se relaient un par un, dans un ordre fixe. Mais dès que trois
batteurs successifs sont éliminés, c’est au tour de l’équipe des défenseurs
d’attaquer. Les rôles sont alors inversés.
Chaque joueur conserve son poste : le lanceur reste lanceur, le receveur reste
receveur. Mais tous passent à la batte, à tour de rôle, quand leur équipe est
en phase d’attaque.
Le baseball est 90 % mental. L'autre moitié est physique.
Yogi Berra, ancien joueur de l'équipe des Yankees
Le duel entre le lanceur et le batteur est un moment clé de chaque match, où
stratégie, habileté et psychologie se rencontrent. La conception du monticule
sur lequel est positionné le premier joue également un rôle crucial dans ce face-à-face,
influençant le déroulement du jeu et offrant des moments de tension
inoubliables aux spectateurs.
Le lanceur est la clé de voûte de toute équipe de baseball de haut niveau.
C’est sa capacité à surprendre et éliminer les batteurs adverses qui permettra
à son équipe de triompher. Le lanceur doit analyser chaque frappeur, choisir
quels lancers utiliser en fonctions des qualités et défauts de son adversaire.
La tactique du tic-tac
Un match se joue en neuf manches, chacune composée de deux phases
: une où une équipe attaque, une où elle défend. Si les équipes sont à égalité
à la fin (on compte le nombre de points marqués et non le nombre de manches
remportées), on continue avec des manches supplémentaires jusqu’à ce que l’une
prenne l’avantage.
Le baseball n’est pas un sport au chronomètre. Il avance au rythme des
manches, dans une logique de cycle répété. Chaque équipe joue, attend,
reprend. Encore et encore. Il n’y a pas de « temps officiel », juste des tours à
compléter. Et parfois, ça n’en finit plus : certaines rencontres durent plus
de quatre heures. Au cricket, ancêtre britannique du baseball, les matchs peuvent
même s’étendre sur plusieurs jours. Comme une liturgie du temps suspendu.
Mais tout cela a un coût. Les lanceurs, véritables maîtres du tempo, subissent
une pression physique extrême. Le bras, l’épaule, le souffle. Il leur faut
parfois plusieurs jours de récupération après un seul match. Le joueur
s’épuise, mais la boucle, elle, continue.
Jeux de rôle pas drôles
Là-haut, parmi les nuages, où les aigles règnent en maîtres, Joe a
défoncé cette balle à l'en faire geindre et gémir. Arrivant au trot,
ses camarades tous s'esclaffent : Joe DiMaggio a encore frappé.
Le terrain s’appelle « le diamant » (ou losange), mais ce n'est qu'un cube
matriciel en 2D, vu d'un certain angle, qu’on parcourt de pilier en
pilier (base), toujours dans le sens contraire aux aiguilles d'une
montre. Même quand on réussit son circuit (home run), on
revient au point de départ, au marbre. En anglais, on dit « back to square one ». On a l'impression d'avancer, mais on est juste en train de valider
ton tour de cage.
Et pendant ce temps, la batte frappe, et le terrain use. La batte, c’est
l’outil qu’on brandit. Symbole de puissance, de frappe, de décision. Mais à
bien y regarder, elle a surtout été conçue pour frapper dans le cadre, pas
pour en sortir. Elle rappelle le bâton utilisé pour
les piñatas que l’on cogne à l’aveugle dans l’espoir de
libérer des bonbons. Et dans les théâtres de Guignol, c’est toujours le même «
méchant » qui prend les coups de matraque.
D'un tour à l'autre, les rôles s'inversent : un jour on lance, un jour on
frappe. Toujours sur le même terrain matriciel. Terre battue. Scénarios
rebattus. Panem et circenses. Du pain et des jeux. Une autre version
des cases de l'échiquier. Toujours et encore, la Matrice altère, recycle,
recombine... mais jamais ne crée. Elle a besoin de nous pour ça.
Pour parodier Téléphone, je dirais qu'on joue sa vie comme on joue au
baseball. On gagne, on perd, mais toujours on espère pouvoir remporter une
petite manche. Parfois, on se retrouve du côté du manche et on doit le jeter
après la cognée. D'autres fois, on perd des manches et on y laisse sa chemise.
On peut même finir manchot. Oups !
Bâts et débats
Les révolutions, c'est quand les battes de base-ball et les clubs de golf
changent de main. Les dates exactes et les litres de sang sont des querelles
d'historiens.
Anonyme
Dans le monde du sport comme dans celui du Démiurge, il y a cette notion
fondamentale de frappe qui revient en boucle : on bat la balle, on bat
le pavé, on bat des records. On tape du pied, on frappe des mains, on bat la
mesure… de la démesure.
On donne et reçoit beaucoup de coups aussi : coup de gueule, coup de foudre,
coup de colère, coup de sonnette, coup de minuit, d'un coup, pour le coup,
tout à coup... La violence (et la souffrance qu'elle engendre, génératrice de
loosh) apparaît comme un pilier fondamental dans ce monde de prédation. Même
la fête bat son plein, comme si la joie devait, elle aussi, passer sous les
fourches rythmiques d’un système bien huilé. Et quand ça devient trop évident,
on rebat les cartes. Mais le jeu reste le même.
Toutes les cartes sont marquées, Tous les destins vont se télescoper.
C’est que le langage sait, même si on ne l’écoute plus. On nous rebat les
oreilles, on nous fait parcourir les sentiers battus et pendant ce temps, on
porte le bât… là où il blesse.
Car il y a toujours quelque chose à supporter. Un poids, une règle, un cycle.
Un terrain à gagner, une base à atteindre. Encore. Et encore.
Et quand on croit avoir marqué un point… la boucle recommence.
Prendre pour argent comptant.Tenir pour acquis. Deux expressions idiomatiques
qui résument assez bien le paradoxe humain alimentant le courant alternatif de
la dissonance cognitive.
On veut tout mais si on nous le donne, on n'en veut pas car si c'est gratuit,
ça n'a aucune valeur.
Qu'il s'agisse d'objets manufacturés, de services, d'information, de
divertissement, d'aide ou même d'écoute et d'attention, si c'est gratuit,
offert sans contrepartie, on prend sans vergogne sans jamais dire merci.
Inconsciemment, on va se faire penser que si c'est gratuit, c'est parce que
c'est invendable et donc de moindre valeur. De là à suspecter cette générosité
d'abriter un motif caché, il n'y a qu'un pas que beaucoup franchissent
allègrement. Normal puisque rien n'est gratuit en ce bas monde.
Pire : non contents de prendre tout comme un dû, d'aucuns auront le culot de se
plaindre là où, par ailleurs, pour un service payant médiocre,
ils auront moins d'exigences. Leur argument sans faille étant : « Personne ne
t'oblige à faire ça gratuitement » ou encore : « On ne t'a rien demandé
».
Les signaleurs de vertu dans toute leur splendeur. Comme dirait Audiard… vous
connaissez la phrase. Sinon, ça fera 100 € pour que ce soit crédible à vos
yeux !
Finalement, la gratuité dérange parce qu’elle est un miroir. Elle révèle le
confort de celui qui prend et l’effort de celui qui donne.
Dans cette profusion de tout — car oui, même le manque, la pauvreté, la
violence, les abus et le « Mal » sont en surabondance du fait du jeu des
polarités sur lequel reposent les fondations de ce monde matriciel — et dans
cette culture du moindre effort, on finit par ne plus savoir distinguer ce qui
relève d’une démarche consciente ou d’une régurgitation automatique. C’est là
tout l’art du bruit : rendre le vrai inaudible.
Ce monde inverse tout : il valorise le superficiel, oublie le vrai, et
soupçonne la bonté de cacher une intention.
Iso V. Sinclair
Plus c’est rare, plus c’est cher, donc plus c’est précieux. Mais si quelque
chose est rare ET gratuit ? Là, les neurones buggent car on a été conditionnés
à croire que toute chose a un coût et que tout don cache une dette.
Un ami bienveillant (qui se reconnaîtra ici) a récemment hésité à partager une
de mes vidéos, souhaitant entretenir la rareté de sa présence en ligne sous
peine de décrochage de son audience. Et il a raison sur ce point : le flux
constant tue la réception. Trop de présence égale moins d’impact.
Peut-être devrait-on se demander si ce n’est pas l’attention elle-même qui
fait désormais office de nouvelle monnaie. Et par conséquent, la valeur finale
est déterminée davantage par l'audience plutôt que par le service ou
l'information proposés… gratuitement.
Cela s'étend à la disponibilité en général. Il y a ceux qui ne sont jamais là,
mais s’offusquent de ne plus être invités. Et il y a les chiens fidèles qui
sont toujours là comme des évidences immuables… jusqu’au jour où ils ne le
sont plus. Et alors, tout s’effondre : « Tu as changé ! »
s'entendent-ils reprocher. Sans doute. Ou bien, il est possible
qu’avant, ils ne regardaient pas vraiment.
Être disponible ne signifie pas être négligeable.
Finalement, ce n’est pas tant la gratuité qui dérange… que le fait que
certains donnent sans rien demander d'autre que d'être écoutés, entendus.
Vraiment. Que l’on prenne en conscience. Pas comme un dû, mais comme une
chance.
En anglais, « gratuit » se dit free, qui veut aussi dire « libre ». Or,
ce qui est libre n’entre dans aucun circuit, échappe à la logique du troc, de
la dette, de la redevabilité… donc aussi au contrôle.
Le don sans attente ne produit pas de loosh, cette énergie générée par
nos émotions et récupérée par la matrice. Il ne sert aucun programme. Il
libère.
Peut-être est-ce pour cela, au fond, qu’on s’en méfie tant.