Tu ne voleras point

Internet est le fruit du travail assidu de gens honnêtes qui consacrent leur temps et leur énergie à produire des contenus originaux. L'épidémie mondiale de vol de contenu porte atteinte aux droits de la personne et décourage la création de nouveaux contenus en ligne. (Source)

Vous n'aurez certainement pas manqué de le remarquer (il faut dire que j'y ai mis le paquet), depuis une quinzaine de jours, j'ai dû me résoudre à modifier les conditions de partage des contenus originaux de la Pensine en interdisant désormais toute republication. Comme je l'avais expliqué dans une note brève avant de trouver le temps de rédiger ce billet, les sites respectueux des anciens termes et ayant obtenu ma permission pourront bien entendu conserver ce qu'ils avaient repris mais ne pourront plus, à partir de maintenant, continuer leurs emprunts. J'en suis vraiment désolée mais j'ai mûrement réfléchi à la question et ma décision est irrévocable.

Alors pourquoi ?

Ceux qui me suivent depuis le début de cette aventure se souviendront qu'au départ, en créant ce blog, je publiais tous mes contenus (à l'exception des graphismes) sous licence Creative Commons1 laissant ainsi à chacun la possibilité de diffuser ce qu'il voulait à condition de ne rien modifier et d'en indiquer la source directe et la paternité. Après m'être rendu compte que certains de mes textes et traductions recevaient plus de commentaires chez les autres, je me suis sentie un peu frustrée de toutes ces heures de travail et de recherche pour devoir aller en ramasser les fruits chez le voisin. Afin de couper la poire en deux et d'éviter que des sites commerciaux (ou rémunérés par de la publicité ou des dons) ne fassent leur beurre sur mon dos alors que je ne demande rien en contrepartie — et aussi pour savoir où aller lire les commentaires — j'avais donc décidé d'inclure une clause spécifiant que toute reproduction était interdite sans mon accord préalable et que cette mention devait impérativement figurer au bas des articles.

Jusqu'alors tout fonctionnait très bien. D'autant que comme me l'a fait remarquer dernièrement une nouvelle lectrice (qui se reconnaitra sûrement), je me permets moi-même à mon tour, de temps à autre, d'aller ramasser quelques pommes chez le voisin leur apportant parfois de la « valeur ajoutée » (dixit un autre lecteur qui se reconnaitra lui aussi) sous forme d'éditoriaux ou de notes complémentaires — ce afin de ne pas tomber dans le repompage-remplissage qui semble constituer l'activité principale de bon nombre de blogs et dont, cela dit en passant, je n'ai jamais trop bien saisi l'intérêt.

Hail to the thieves2

Un de ces sites rémunérés, justement, a donc repris une des mes traductions originales en l'imputant tout bonnement à quelqu'un d'autre. En me rendant sur ledit blog crédité à tort du fruit de mon travail, j'ai pu en effet constater qu'il n'y était fait mention que du nom de l'auteur de la source en anglais tandis que la traductrice (bibi) et son blog étaient passés directement à la trappe ! Malencontreuse omission ? Et ce en dépit de tout le soin apporté pour indiquer clairement, sous les titres, la paternité des articles et des traductions (hyperliens directs inclus) ? Non, mais j'hallucine. J'ai noté, par ailleurs, que le titre avait été légèrement modifié ainsi que les illustrations. Pour donner le change ? De sorte qu'en y regardant vite, j'aurais très certainement pu passer à côté — d'autant qu'à ce jour j'ai déjà publié près de 600 articles.

J'ai donc parcouru tous leurs billets (heureusement ils n'en ont pas autant que moi) et j'en ai trouvé un bon paquet d'autres que j'ai eu du mal à repérer pour la même raison. Même méthode : titres modifiés, nouvelles illustrations, on cite l'auteur anglophone mais le traducteur, la Pensine tout ça, on s'en fout ! Toutefois mes notes de traduction ou de renvoi (qui nécessitent souvent beaucoup de recherches et qui ne figurent pas dans les textes originaux) les intéressent. Curieux comme pratique, non ?

« Je crois qu'ajouter les sources dans votre cas n'avait pas été bien compris » m'a expliqué un responsable qui ne m'a jamais donné son nom. « La traduction est un travail, nous en faisons aussi et nos textes sont souvent repris sans que l'on nous cite. Mais nous sommes pour le partage d'informations et même si nos sources ne sont pas citées, au fond pour nous, c'est le message qui compte. »

No comments.

Pour quelqu'un comme moi qui met un point d'honneur à bien identifier ses sources (qu'il s'agisse de textes en français ou en anglais), j'en ai les yeux révulsés et la nausée. Qu'on m'appelle un exorciste !

Mais attendez, ce n'est pas fini.

J'ai découvert ensuite qu'un site homonyme (seule l'extension du nom de domaine différant), ressemblant en tous points au précédent jusque dans la hiérarchie des menus, l'air de rien, s'était également approprié mon travail en faisant son marché sur les lieux du crime. Pour faire court, un petit message au responsable sur Fesse Bouc (si tu me lis, merci encore Féeline pour ton aide précieuse) et hop, articles retirés illico « avec toutes nos excuses ».

Au pays de Candy

« Vous savez, on a été jusqu’à copier entièrement notre site » m'a confié, en guise d'excuse, l'un des responsables du blog indélicat, « et cet individu continue à nous piller sans aucun souci ».

Moi, je veux bien d'autant que c'est l'impression qui en ressort à première vue. Sauf que les auteurs du blog soi-disant hacké y sont souvent crédités.

« Nous avons déjà essayé de porter plainte car on nous avait piraté notre serveur, il y a trois mois, mais nous n'avons aucune suite. »

Ah bon, et c'est tout ? Pourquoi n'avoir pas publié la moindre ligne à ce sujet ?

Réponse : « Nous avons ajouté un lien vers votre blog dans notre liste de partenaires pour essayer de nous faire pardonner3 ».

Plouf ! Plouf !

Je réitère la question.

On me demande un numéro de portable : pas question (en plus je n'en ai pas). « Un Skype ? » Ah, pas de ça non plus (même pas de webcam). Et pourquoi pas par courriel ? La CIA espionne aussi bien les smartphones, les Skypes que les mails de toute façon.

On me prend vraiment pour une quiche.

Depuis, aucune nouvelle. Voici donc les explications que je vous avais promises.

Au bout du compte

Désormais, plus d'excuses pour se livrer au plagiat déguisé en pardon-je-ne-l'ai-pas-fait-exprès : on ne copie plus, un point c'est tout. La police karmique veille au grain. La Pensine n'est pas un libre-service pour blogueurs en mal d'inspiration.

Il n'empêche que toutes ces démarches pour faire valoir mes droits et modifier les conditions de partage ont occupé tout mon temps libre et je n'en ai donc pas eu beaucoup pour rédiger ni pour traduire de nouveaux articles pour le mois à venir. Aussi, ne me blâmez pas moi mais tous ces copieurs-colleurs ayant pris le train en marche et qui sous prétexte de diffuser le « spirituel » en vogue en oublient aisément les valeurs et les règles essentielles du respect du travail d'autrui. J'irai même jusqu'à dire qu'ils œuvrent, en quelque sorte, pour l'ombre en décourageant ceux qui ne suivent non pas la voie tendance du moment génératrice de visites — et de revenus par la publicité pour certains — mais celle de leur âme et conscience en se donnant sans compter.

Au bout du compte, il se pourrait bien que ça finisse par compter  et qu'en fin de compte, on y voie même la fin du conte à défaut de ne plus y trouver son compte.

Alors jusqu'à quand ?

Notes et références

  1. ^ Creative Commons (CC) est une organisation à but non lucratif dont le but est de proposer une solution alternative légale aux personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standards de leur pays, jugés trop restrictifs. L’organisation a créé plusieurs licences, connues sous le nom de licences Creative Commons. Ces licences, selon leur choix, restreignent seulement quelques droits (ou aucun) des travaux, le droit d'auteur (ou « copyright » dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis) étant plus restrictif. (Wikipédia)
  2. ^ Saluons les voleurs. Clin d’œil à Hail To The Thief, le sixième album de Radiohead sorti en 2003, lui-même parodiant "Hail To The Chief", la marche musicale qui accompagne le Président américain lors de toutes ses apparitions publiques.
  3. ^ Je constate que, peu après la parution de ce billet, ce lien non sollicité a été retiré. No comments.

© La Pensine Mutine. Tous droits réservés. Reproduction interdite.

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